A l’issue d’une saison très disputée

Vainqueur des douze manches inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne 2015, Nicolas Werver se présentait en grandissime favori au départ de cette saison 2016. L’objectif de l’Alsacien était bien évidemment de décrocher un sixième titre de Champion de France, ce qu’il parviendra à faire au prix de combats durement menés.

Nicolas Werver n’était encore qu’un jeune garçon lorsqu’il accompagnait ses parents sur la Course de Côte de Fouchy, située près de chez lui. C’est également en spectateurs assidus, que chaque année, les Werver assistaient à la Course de Côte de Turckheim et à quelques rallyes organisés non loin du domicile familial.

Du rallye à la côte
Rien de bien surprenant que, très tôt, Nicolas ait partagé ce goût immodéré pour les voitures de course. Passionné de rallye, il débutait sa carrière sportive sur cette discipline, au volant d’une BMW 325 I, voiture assez atypique pour l’époque. Peu enclin à conserver longtemps la même voiture, Nicolas délaissait rapidement sa 325 Groupe N, au profit de plusieurs BMW Groupe A, avant de revenir au Groupe N avec une M3. Suivront des bolides tout aussi différents que des Honda Civic ou Peugeot 106 Rallye.

Durant plusieurs saisons, Nicolas Werver prendra part chaque année à trois ou quatre manches du Championnat de France des Rallyes, afin de s’essayer sur des parcours aussi prestigieux que difficiles à aborder. Mais la réussite en rallye passe nécessairement par un engagement personnel intense, qui nécessite de disposer de longues plages de temps libre, et ce n’était pas le cas de Nicolas. Conscient qu’il lui serait difficile de s’illustrer en rallye, il se tournait vers la montagne, discipline nettement moins chronophage.

En 2005, il s’engageait sur plusieurs épreuves du Championnat de France de la Montagne au volant d’une BMW M3 E36. Toujours disposé à relever des défis, Nicolas faisait le choix de chausser des gommes Yokohama, qui n’étaient pas à l’époque les mieux adaptées. En 2007, c’est au volant d’une nouvelle BMW M3 E36, cette fois équipée de pneus Michelin, que Nicolas Werver s’engageait pour une campagne sur le Championnat. Et les succès ne se feront pas attendre… Au terme de la saison, il remportait le Trophée du Groupe N devant des pilotes de renom, tels que Pascal Cat, Olivier Nicolle ou Fabrice Marchal… N’ayant pas vendu sa M3 en fin de saison, Nicolas repartait en 2008 avec l’intention de conserver son titre, mais devra s’incliner face à Olivier Nicolle.

2009 voyait Nicolas Werver tourner la page du Groupe N, et se dirigeait vers le GTTS au volant d’une Porsche 996 Cup. D’entrée de jeu, l’Alsacien allait aligner d’excellents chronos, qui lui permettront de s’imposer à cinq reprises et de remporter le Trophée dans la catégorie.

Il n’était évidemment pas question pour Nicolas de se reposer sur ses lauriers. Chaque saison lui offre la possibilité de relever de nouveaux challenges, et il met un point d’honneur à saisir la moindre opportunité. C’est pour cela que la 996 laissait rapidement place à une 997 Cup, au volant de laquelle il disputait la saison 2010. Devenu en l’espace de quelques années l’un des ténors du Championnat, Nicolas Werver coiffait au terme de cette saison une première couronne de Champion de France.

Devancé par Anthony Cosson et Yannick Poinsignon en 2011, Nicolas Werver sera à nouveau sacré Champion de France Production en 2012, et restera depuis invaincu. En 2014 une nouvelle Porsche 997 Cup venait remplacer la précédente, et en 2015 Nicolas dominait le Championnat de la tête et des épaules, en s’imposant sur la totalité des manches inscrites au calendrier du Championnat.

A la conquête d’un sixième titre
L’objectif avoué de Nicolas Werver était bien évidemment de partir cette année à la conquête d’un sixième titre : « Le fait d’avoir remporté les douze manches du Championnat l’an dernier ne modifie en rien l’approche que je peux avoir de la course. Il est juste logique, que lorsque tu remets une nouvelle fois ton titre en jeu, c’est avec l’ambition de le conserver », confirme Nicolas.

A l’heure d’aborder cette nouvelle campagne, Nicolas savait qu’avec un plateau en GTTS nettement plus relevé, l’accession à une nouvelle couronne pouvait s’avérer plus compliquée : « Je devais faire face à un plus grand nombre d’adversaires, qui disposaient de nouvelles voitures qui apparaissaient plus performantes. »

Initialement, le pilote alsacien souhaitait disposer d’une nouvelle monture pour rivaliser face à une concurrence plus affûtée, « mais pour faire l’acquisition d’une nouvelle voiture je devais impérativement vendre ma Porsche. N’ayant pas trouvé d’acquéreur, je me suis résolu à conserver la 997 Cup. » Invaincu, Nicolas aurait pu conserver sa Porsche en l’état, mais en compétiteur averti, il a toujours eu pour principe d’optimiser au maximum les autos avec lesquelles il évolue : « De ce fait, j’ai tout mis en œuvre pour la rendre la plus performante et fiable possible, en apportant comme principale évolution, l’adaptation du paddle shift pour changer les rapports. J’estimais que les palettes au volant devaient apporter un gain de temps lors des changements de vitesses et m’offrir un regain de fiabilité. »

Nicolas Werver n’a aucun souvenir de la place qu’il occupait au classement de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, au moment où la course sera endeuillée par la disparition de Steve Cabelo : « Tout ce que je retiens c’est que nous avons perdu un membre de notre grande famille, pour le reste j’ai tout effacé de ma mémoire. »

Nicolas espérait donc signer son premier succès de la saison sur les pentes du Col Saint-Pierre, mais la pluie allait en décider autrement : « Pour être honnête, c’est certainement la course qui fut pour moi la plus frustrante de la saison. Lors des essais, j’avais assez largement dominé les débats, et ce sera également le cas lors de la première montée de course », rappelle Nicolas qui à l’issue des essais comptait plus de trois secondes d’avance sur son premier poursuivant, et plus de cinq secondes au terme de la première montée disputée dimanche. « La météo a ensuite perturbé les débats, et l’on sait que ce genre de chose peut arriver et qu’il faut l’accepter. Mais c’est très désagréable de devoir s’incliner dans ces conditions. » Deuxième du GTTS, l’Alsacien figure au final à la 12ème place.

Le scénario d’Abreschviller allait être identique à celui vécu au Col Saint-Pierre, et une nouvelle fois, Nicolas Werver comptait parmi les victimes des conditions météorologiques : « A ce moment-là, j’ai vraiment eu le sentiment de jouer de malchance. J’avais l’impression que le sort s’acharner sur moi. Je ne me plains pas, cela fait partie intégrante de la course, et je gardais à l’esprit que le vent finirait par tourner. Je me devais de rester concentré, et de donner le meilleur de moi-même », confie Nicolas que l’on retrouve sur l’épreuve Lorraine à la cinquième place.

La Course de Côte d’Hébécrevon sera le théâtre cette année d’un combat épique, d’où Philippe Schmitter sortira vainqueur, 18 millièmes devant David Dieulangard, 36 millièmes devant Nicolas. L’Alsacien se hisse sur le podium, mais ne peut cacher une légère frustration : « L’écart est tellement infime que ça se joue à rien. Là encore je suis en droit de penser que ça ne veut pas me sourire. Je reconnais que le tracé d’Hébécrevon n’est pas celui sur lequel je suis le plus à mon aise. Je ne me présente jamais en favori sur cette épreuve. Ce que je retiendrais c’est que j’ai assez nettement amélioré mes chronos, je ne peux donc être que content de ma course. Après, Philippe et David ont su aller plus vite, ils méritent amplement leurs positions. »

La pluie qui s’invitait à nouveau sur la Course de Côte de La Pommeraye pénalisait une nouvelle fois Nicolas Werver. A ce stade de la saison, en classant sa Porsche à la sixième place, l’Alsacien aurait été en droit de douter : « Les prévisions météorologiques n’annonçaient pas forcément la pluie pour le dimanche après-midi. J’ai donc plus ou moins assuré sur la première montée, et il s’est avéré par la suite que c’était une erreur tactique », reconnait-il. « Sur la montée où se joue le scratch, David (Dieulangard) est nettement plus rapide, il va chercher la gagne à la régulière, il n’y a rien à dire. » Sixième au scratch, Nicolas termine deuxième des GTTS et n’est devancé que par David Dieulangard et des pilotes évoluant en FC : « Pour le Championnat, finalement je ne fais pas une mauvaise opération, la position des Groupes F est, entre guillemets, anecdotiques puisqu’ils ne marquent pas de points. »

La campagne de l’Ouest se terminait à Saint-Gouëno, l’épreuve bretonne marquait la fin de la première moitié de la saison. L’occasion pour Nicolas Werver de monter une nouvelle fois sur le podium, mais pas sur la première marche, puisqu’il est devancé par Pierre Courroye et Philippe Schmitter : « Que dire, c’est une course à la régulière où je suis devancé par plus fort que moi », confie Nicolas en toute humilité. « C’est une épreuve que j’apprécie, sur laquelle j’ai eu le sentiment de bien faire, mais d’autres ont fait mieux. »

A l’heure de se présenter au départ de Marchampt en Beaujolais, Nicolas Werver savait qu’il devait impérativement signer un excellent résultat, s’il ne voulait pas compromettre ses chances de remporter un nouveau titre en fin de saison : « Sur le papier, je pensais que ma Porsche n’était pas favorite face à ses concurrentes. Je savais qu’il me serait difficile de m’imposer, mais je suis parti avec un vrai esprit de conquête. Je n’avais plus trop le choix, je n’avais pas remporté la moindre victoire depuis le début de la saison, je devais donc tout faire pour m’imposer. »  Pour 153 millièmes, Nicolas devançait alors la Porsche de Christian, et reléguait la Lamborghini de Philippe Schmitter à moins d’une seconde. Un podium 100% alsacien avec Nicolas sur la plus haute marche, et le sentiment que sa saison était enfin lancée.

Le Champion de France confirmait dès Vuillafans où il imposait sa Porsche avec près de deux secondes d’avance sur celle de Pierre Courroye : « Je suis resté dans la même état d’esprit qu’à Marchampt, mais en étant plus confiant car j’avais le sentiment que le tracé de Vuillafans convenait mieux à ma voiture. Je ne pensais pas pour autant que c’était gagné d’avance, j’ai dû batailler pour signer un bon chrono. »

Mais le jeune Pierre Courroye prenait sa revanche dès la confrontation suivante, tenue à Dunières, où il devançait Nicolas Werver de 85 millièmes : « Sur chaque montée, j’ai eu la sensation de progresser et de réellement optimiser ma voiture. Je suis très satisfait de mon week-end, et je ne m’incline que parce que Pierre a su être plus rapide que moi. »

A ce stade de la saison, Nicolas Werver commençait à faire les comptes et à analyser les classements. Il lui semblait que Philippe Schmitter se présentait comme son principal adversaire, et il se devait donc de devancer avant tout la Lamborghini aux couleurs de CroisiEurope : « A Dunières, je suis un peu déçu de ne pas m’être imposé, mais pleinement satisfait de devancer Philippe. »

Les épreuves auvergnates se succèdent, et après Dunières les animateurs du Championnat ont rendez-vous au Mont-Dore. Un monument du championnat, sur lequel Nicolas allait être monumental. Il remporte en effet cette édition, avec près de trois secondes d’avance sur Pierre Courroye : « J’adore cette épreuve sur laquelle je suis particulièrement à l’aise. Celle-là je n’avais pas le droit de ne pas la gagner, et je pense avoir mis tout en œuvre pour y parvenir », estime-t-il.

A deux épreuves de la fin de saison, le dénouement n’était pas encore connu, et de nombreux observateurs de notre championnat furent étonnés de voir Nicolas Werver faire l’impasse sur Chamrousse pour se rendre à Saint-Ursanne – Les Rangiers. Mais Nicolas Werver n’est pas homme à ne pas respecter ses engagements, et pour satisfaire ses partenaires qui tenaient à le voir rouler en dehors de nos frontières, il se présentait au départ de l’épreuve suisse : « Je ne décide malheureusement pas du calendrier, et les deux épreuves étaient organisées conjointement. Il m’était difficile de renoncer à être au départ des Rangiers, alors que je m’étais engagé auprès de certains de mes partenaires à disputer cette épreuve proche de chez moi. Mais j’avoue que je regrette sincèrement de ne pas avoir pu disputer Chamrousse qui est une épreuve que j’adore. »

C’est en Alsace, sur le sol natal des deux prétendants au titre, Nicolas Werver et Philippe Schmitter, qu’allait se jouer le dénouement du Championnat. Un scénario idéal, un combat d’une rare intensité, d’où Nicolas sort vainqueur en devançant Philippe d’une seconde : « Nous avons conservé le suspense jusqu’au bout, et c’est encore plus palpitant de jouer le titre à domicile. Philippe est un ami, mais également l’un de mes partenaires, tout était donc réuni pour offrir une magnifique conclusion. »

De belles prestation en dehors de nos frontières
Présent à Saint-Ursanne les Rangiers, manche suisse du Championnat d’Europe, Nicolas Werver a disputé cette saison d’autres épreuves en dehors de nos frontières. En point d’orgue, une participation à la Glasbachrennen, manche allemande du Championnat d’Europe de la Montagne, où il se classait deuxième du ’’Tourenwagen’’ derrière la surpuissante Porsche 991 GT3 de Timo Bernhard, et vainqueur du GR/GT : « C’est toujours un bonheur pour moi de courir à l’étranger, de voir autre chose, de changer de contexte, de défier d’autres pilotes. C’est toujours des moments très positifs dans ma saison, d’autant que partout où j’ai roulé tout s’est parfaitement passé. »

Pour conclure cette saison, Nicolas Werver, accompagné de Philippe Schmitter, Sébastien Petit et Cyrille Frantz, intégrait l’équipe de France sur les FIA Hill Climb Masters. Une manifestation particulière sur laquelle les deux alsaciens allaient une nouvelle fois s’illustrer : « C’est un rendez-vous très important pour moi. Cela nous permet de se confronter aux meilleurs pilotes européens, de nous retrouver, et de fêter comme il se doit notre discipline. J’espère sincèrement que tout sera fait pour pérenniser cet évènement », commente Nicolas qui rejoignait Philippe Schmitter sur le podium de cette épreuve.

Au terme d’un combat épique, Nicolas Werver coiffe à l’issue de cette saison 2016, une sixième couronne de Champion de France de la Montagne Production. De quoi bien évidemment ravir le pilote alsacien : « La lutte acharnée que j’ai dû mener pour conquérir ce nouveau titre prouve que je ne m’étais pas trompé. La concurrence était particulièrement relevée. Je savoure ce titre avec d’autant plus de plaisir qu’il n’a pas été facile à aller chercher. Ce n’est jamais facile pour être honnête, l’an dernier contrairement à ce que l’on peut croire j’ai dû cravacher pour remporter toutes les épreuves. Réussir un grand chelem, comme ce fut le cas l’an dernier, est avant tout le fruit d’un travail acharné et d’une motivation extrême. »

A l’heure de remercier ceux qui l’ont soutenu dans la quête de cette sixième couronne, Nicolas Werver veut mettre en avant les frères Schmitter : « Il faut en particulier souligner leur fair-play. Nous sommes des adversaires directs, mais malgré cette concurrence, ils mettent un point d’honneur à continuer à m’aider financièrement par l’intermédiaire de CroisiEurope. Je tiens également à remercier Michelin qui met à ma disposition des gommes compétitives et endurantes. Un grand merci à Stand 21 pour l’équipement pilote ’’haut de gamme’’ et d’un confort incomparable, à Atelier MD Classic qui m’aide tout au long de la saison et bien sûr à mon fidèle amis ’’Pascalou’’ qui est présent sur le terrain et avec qui nous formons une petite équipe, toujours dans la bonne humeur ! »

La Porsche 997 Cup avec laquelle Nicolas Werver a remporté ses trois derniers titres, n’appartient plus au pilote alsacien. Fidèle à la marque allemande, c’est au volant d’une nouvelle Porsche qu’il prendra part à la saison 2017. La voiture est bien connue des spectateurs du Championnat, puisqu’elle était pilotée cette saison par Christian Schmitter : « J’ai porté mon choix sur la Porsche GT2 de Christian. Je sais que je me lance un nouveau défi car elle est très différente de la 997 Cup et que je vais certainement avoir une approche technique différente de celle de Christian. Et puis je reste toujours fidèle à Michelin, et là encore, ce sera une nouveauté pour cette GT2. Mais le fait de m’élancer avec une nouvelle auto, de devoir relever de nouveaux défis, me donne un énorme coup de boots, et je suis vraiment impatient de débuter la saison à venir. »

Malgré les nombreuses inconnues auxquelles il va devoir faire face, Nicolas aura pour objectif d’aller chercher un septième titre de Champion de France, « et d’accroitre mes participations à l’étranger, puisque le calendrier du 2017 devrait me le permettre, et ça c’est également une excellente chose. »


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