Le Bourguignon vainqueur de l’Open Formule Renault

Pénalisé par une fracture consécutive à un accident domestique survenu durant l’intersaison, Didier Chaumont a connu une année d’autant plus difficile qu’il était affecté par les problèmes de santé qui allaient mener à la disparition de son père. Mais le viticulteur bourguignon a su mettre à profit son immense expérience pour s’imposer sur le Challenge Open Formule Renault.

C’est initialement pour parfaire son pilotage, avant de se destiner aux rallyes, que Didier Chaumont a participé à sa première course de côte. A tout juste 20 ans, il tombait sous la charme de la Montagne, et oubliait définitivement le rallye pour se consacrer à ce nouvel amour. Un amour un tant soit peu contrarié, puisqu’à ses débuts, Didier avait bien du mal à boucler une saison sans casser une Rallye II, voiture sur laquelle il avait porté son choix.

Mais son indéfectible pugnacité l’incitait à repartir au combat et, dans le même temps, à faire évoluer sa monture. C’est donc au volant d’une Rallye II Maxi Côte qu’il animait les épreuves au début des années 90, accumulant déjà les victoires de classe. Il en fera de même en F3, catégorie dans laquelle il a évolué durant une douzaine d’années, puis en Formule Renault, où il bénéficie aujourd’hui du statut d’homme fort de la catégorie.

Reconnu pour ses aptitudes de pilotes, Didier l’est également pour ses talents de viticulteurs. Ses traits d’humour sont autant appréciés par les Montagnards que le vin qu’il produit dans sa Bourgogne natale. Didier Chaumont est un épicurien dans l’âme. C’est avec cette philosophie qu’il aborde la compétition, estimant qu’il faut avant tout se faire plaisir. Un plaisir qui n’est pas incompatible avec compétitivité, puisque Didier a accumulé en plus de 25 ans de carrière les victoires de classe, pour en compter à ce jour plus de 90.

Début de saison dans la douleur
Ce début de saison 2016 s’annonçait difficile pour le viticulteur Bourguignon. Victime d’une fracture d’une jambe suite à un accident domestique, c’est avec des béquilles qu’il devait se déplacer sur les premières épreuves. Blessé dans sa chair, il était également moralement affecté par l’hospitalisation de son père qui, malheureusement, devait le quitter au mois de septembre.

Fin 2015, Didier Chaumont évoquait la possibilité de changer de monture. Le pilote de Solutré-Pouilly souhaitait rester en Formule Renault, mais pensait troquer sa Tatuus contre une Caparo, « et puis finalement, j’ai su que les Tatuus version 2013 seraient homologuées en côte à partir du 1er janvier 2017. J’ai donc préféré conserver ma voiture, et attendre cette échéance pour procéder à un changement », explique-t-il.

Pour aborder cette saison 2016, Didier n’affichait pas de prétentions particulières en termes de classement, si ce n’est qu’il avait comme objectif de signer le plus grand nombre de victoires possibles en Formule Renault. Lorsqu’on lui demande s’il se considérait comme un favori logique, il répond en toute humilité, « je ne me suis même pas posé la question. Je savais qu’il y aurait de la concurrence, qu’un garçon comme Rémi Béchadergue pouvait être un sérieux adversaire, et que les filles avaient énormément progressé. »

Gagner oui, mais pas à n’importe quel prix. Didier Chaumont se refuse à prendre le moindre risque. Car comme il se plait à le rappeler : « Le plus important pour moi, à l’approche de la cinquantaine, c’est que la voiture et le bonhomme soient entiers le dimanche soir. Casser son auto pour gagner la classe ne m’intéresse pas, je pense avoir passé l’âge de faire n’importe quoi. »

Présent à Bagnols-Sabran, Didier ne souhaite pas évoquer cette épreuve, dont le résultat sportif n’a pour lui aucune espère d’importance. Dans son esprit, la saison débutait réellement au Col Saint-Pierre, où il imposait sa Formule Renault devant celles de Guillaume Veyrat et Thierry Bertin : « Vraiment, Guillaume Veyrat fait là une superbe performance. Moi qui connait bien le Col Saint-Pierre, j’avoue qu’il m’a surpris en terminant à seulement trois dixièmes. »

A Abreschviller ce sont les féminines de la Formule Renault, Sarah Louvet et Estel Bouche qui allaient lui donner du fil à retordre. Troisième à l’issue de cette confrontation, le Bourguignon regrette les conditions météos qui l’obligent à renoncer à la troisième montée : « Sarah avait pris une large avance, mais j’aurais peut-être pu devancer Estel, sait-on jamais », confie Didier. « Mais les chronos réalisés lors des précédentes éditions n’ont pas été améliorés. Mon temps de l’année dernière, lorsque j’ai terminé deuxième derrière Antoine (Betzel), m’aurait permis d’être en tête cette année. De toute manière, je ne prends aucun risque, et les conditions n’étaient pas idéales pour se permettre la moindre attaque. »

La météo sera nettement plus clémente à l’heure de se présenter sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais. Didier en profitait pour établir un nouveau record en Formule Renault, et s’imposer dans la catégorie : « C’est pour moi un excellent week-end, mais j’ai dû une nouvelle fois cravacher pour empêcher Estel de me devancer. Elle termine à seulement huit dixièmes. Une nouvelle fois c’était très chaud. »

C’est toujours dans le même état d’esprit que Didier Chaumont abordait la Course de Côte du Beaujolais : « Il était pour moi hors de question de prendre le moindre risque. Ma fracture m’avait pénalisé dans mon travail, je ne pouvais pas me permettre de me faire mal à moins de deux mois des vendanges. De plus, à ce moment-là mon père été hospitalisé, et je n’étais pas totalement à la course. » Didier s’assurait toutefois une place sur le podium de la Formule Renault, en terminant à la troisième place, derrière Marc Pernot et Rémi Béchadergue.

A Dunières, Didier trouvait face à lui un débutant particulièrement véloce, en la personne de Kévin Petit : « Il m’a vraiment donné du fil à retordre. Je n’ai pas amusé le terrain, et je le devance de seulement 60 millièmes, c’est dire s’il a été rapide. C’est bien de voir arriver des jeunes, l’essentiel c’est de rester devant », plaisante Didier.

La victoire de Didier Chaumont au Mont-Dore est incontestable. C’est avec plus d’une seconde d’avance qu’il s’imposait devant Rémi Béchadergue : « Je suis d’autant plus satisfait que je me suis approché à 17 centièmes du record de la catégorie détenu, par Jérôme Viarino », rappelle Didier. « Je suis content de moi car je sais que sur cette épreuve il faut être performant dès le matin, la route offre souvent une meilleure adhérence, et l’on n’a pas le soleil dans la tronche. C’est ce que j’ai fait, en signant mon meilleur chrono sur la première montée. »

S’il avoue ne pas être totalement satisfait de son chrono sur la Course de Côte de Chamrousse, Didier Chaumont a malgré tout imposé sa Tatuus, une nouvelle fois devant celle de Kévin Petit : « La route était mouillée lors des essais, et je n’ai donc pas poussé la voiture. Par la suite, j’ai abordé la course en restant très sage. »

Particulièrement en verve dimanche matin à Turckheim, Didier ne parviendra pas par la suite à se mettre en valeur. Il réalise sur cette dernière manche de la saison, son plus mauvais résultat en positionnant sa Formule Renault au septième rang de la classe DE/7 : « C’est vraiment pour moi le loupé de la saison », reconnait-il. « Je savais que mon père vivait ses derniers jours, que les vendanges débutaient dans moins de deux semaines. Pour moi la course était alors secondaire. J’ai fait de mon mieux, mais dans de très mauvaises conditions. »

Vainqueur du Challenge Open Formule Renault
A l’heure de faire les comptes, Didier Chaumont a enrichi son palmarès de cinq victoires de classe supplémentaires cette saison. Des succès qui lui permettent de remporter le Challenge Open Formule Renault : « Ça n’a pas été facile. Sur chaque course j’ai eu au moins un adversaire qui me talonnait de près », analyse-t-il. « Je me souviens avoir remporté huit ou neuf victoires de classe en une saison en F3. L’an dernier, je ne m’impose qu’à deux reprises, donc cette saison avec cinq victoires, le bilan est pour moi positif. Excepté Turckheim où je suis passé à côté, et Vuillafans où je n’étais pas vraiment dans la course, pour le reste je suis satisfait de mes prestations. »

Homme d’expérience, Didier Chaumont connait parfaitement l’environnement des épreuves du Championnat de France de la Montagne, et apprécie toujours autant l’ambiance qui y règne : « Je prends toujours énormément de plaisir sur les épreuves, c’est d’ailleurs primordial pour moi. Les moments de partages et de convivialité font partie intégrante de la course. Je remercie d’ailleurs ceux qui m’accompagnent, et notamment Raynald (Thomas) qui prend en charge ma voiture, Thomas Chavot qui a réparé mon moteur entre Dunières et le Mont-Dore. Merci également à Bruno et Florence, qui m’apportent leur soutien, à Thierry Ferrand, ainsi qu’à mes mécanos Christophe et Anthony. »

L’an prochain, au mois de juin, Didier Chaumont fêtera ses 50 ans. Le viticulteur bourguignon est conscient que, face à l’arrivée de jeunes pilotes particulièrement combattifs, s’imposer sera de moins en moins facile : « Mais bon, c’est le jeu, et c’est particulièrement motivant. De toute façon, je savais que cette année les filles allaient être de très sérieuses adversaires. Sarah (Louvet) avait démontré l’an dernier qu’elle pouvait aller très vite, et Estel (Bouche) qu’elle était en pleine phase de progression. »

Mais la motivation de Didier reste intacte et pour relever le défi l’an prochain, il devrait en toute logique disposer d’une nouvelle monture : « Normalement, je devrais être au départ de la saison avec une Formule Renault version 2013. Pour ce qui est du calendrier, il devrait être similaire à celui de cette saison », conclut-il.


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