Cumul de belles performances tout au long de la saison

Il est de notoriété de dire que la quatrième place est certainement la plus mauvaise, puisqu’elle ne permet pas d’accéder au podium. Mais en terminant la saison au quatrième rang, Yannick Poinsignon a démontré qu’au volant d’une BMW qui affichait des performances en deçà de ses rivales, il pouvait s’immiscer dans la lutte en tête. Il s’en est en effet fallu de peu, pour que le Vosgien conclut la saison par une victoire.

C’est à Vuillafans, en 2016, que pour la première fois Yannick Poinsignon alignait au départ sa toute nouvelle BMW M3 E92. Au fil des épreuves, l’auto allait rapidement évoluer pour, en fin de saison, se retrouver à deux reprises sur le podium, à Chamrousse et Turckheim. Des résultats qui permettaient au pilote de Rambervillers d’aborder cette saison 2017 en confiance.

Car même si en cette fin d’année 2016, les chronos n’étaient pas à la hauteur de ceux réalisés par les GTTS qui tenaient le haut du pavé, la progression de la M3 E92 était constante : « C’était plutôt prometteur car nous parvenions à améliorer les performances au fil des épreuves. On se rapprochait alors des meilleurs, ce qui était rassurant pour la suite », analyse Yannick.

Mais chez les Poinsignon, se reposer sur ses lauriers n’est pas dans la tradition familiale. Même si la voiture donnait satisfaction, il n’était pas question de la laisser hiberner durant l’intersaison, pour la ressortir du garage et l’aligner au départ du Championnat : « La voiture souffrait d’un excès de poids, et nous avons beaucoup travaillé pour l’alléger, afin qu’elle se rapproche de la limite autorisée. Cela nous a obligé à intervenir sur la carrosserie pour lui offrir des éléments plus légers. »

Au regard de la liste des concurrents engagés cette saison en GTTS, Yannick savait que le challenge pour figurer en bonne place s’annonçait difficile à relever : « Nous nous retrouvions confrontés à de grosses autos, menées par de bons pilotes, et l’on savait dès lors que la tâche qui nous attendait n’allait pas être facile. Face à une telle concurrence, nous savions pertinemment qu’il nous serait impossible de contester le titre. Maintenant, nous espérions accrocher des podiums tout au long de la saison, et pourquoi pas terminer parmi les trois premiers du Championnat. »

Cumul de quatrièmes places en début de saison
Mais la saison débutait mal pour Yannick qui, à Bagnols-Sabran, était victime d’une sortie de route : « Durant l’intersaison, nous avions travaillé sur les freins, car l’an dernier j’avais trop de freins sur l’arrière. Lors des essais préparatoires, j’ai constaté que j’avais maintenant trop de freins sur l’avant. J’ai donc corrigé grâce au répartiteur, mais apparemment pas suffisamment. C’est ce qui m’a piégé. » Cardan, fond plat, extracteur, aile, amortisseur, demi-train avant, une jante, les dégâts étaient importants et auraient pu compromettre la participation de Yannick au Col Saint Pierre.

Mais il en faut plus pour décourager Guy, le père de Yannick, qui une nouvelle fois allait bosser comme un forcené pour trouver les pièces et réparer la voiture en temps et en heure : « Pour lui, les journées ont été longues et les nuits courtes, mais sa détermination me permet d’être présent à Saint-Jean-du-Gard. » Et pour remercier son père des efforts consentis, Yannick accrochait sur le Col Saint-Pierre une belle quatrième place : « C’était pour moi satisfaisant, car il n’est jamais facile de se relancer suite à une sortie de route. Il faut retrouver la confiance et parvenir à se lâcher. Et si je dois avouer que le week-end fut difficile, je suis plutôt content du chrono réalisé sur la dernière montée. »

Quatrième sur le Saint-Pierre, Yannick allait prendre en ce début de saison un abonnement à la porte du podium. C’est en effet une nouvelle fois au quatrième rang que l’on retrouvait la BMW M3 E92 à l’arrivée d’Abreschviller : « Je confirme que quatrième n’est pas la meilleure des places » lâche Yannick dans un large sourire. « C’est toujours un peu décevant de s’approcher du podium et de ne pas y accéder. Après, je ne vais pas dénigrer une position qui est malgré tout très satisfaisante. Ce que je retiendrais avant tout d’Abreschviller, c’est que nous avons remarqué que les amortisseurs arrière venaient en butée. Samedi soir, nous avons pu rectifier le tir, et de ce point de vue-là, le week-end est positif. »

Quatrième à Thèreval, Yannick et son équipe mettaient à profit l’épreuve normande pour poursuivre l’affinage des réglages de la BMW : « Nous n’avons pas eu de mauvaises surprises. Le week-end s’est dans l’ensemble bien passé. »

Yannick Poinsignon poursuivait sa campagne de l’Ouest sur la Course de Côte de La Pommeraye où, s’il se classe à nouveau quatrième, ce n’est qu’à deux dixièmes de Christian Schmitter et à seulement un dixième de Nicolas Werver : « Ça peut paraitre frustrant, mais au final ça rend la course plus intéressante. Je préfère nettement ce type de résultat, en terminant vraiment dans le sillage des hommes du podium, c’est rassurant car cela confirme le potentiel de la voiture. On ne pouvait qu’être satisfait de notre week-end à La Pommeraye. »

A Saint Gouëno, c’est sur une route sèche que se déroulaient les essais samedi. Dans ces conditions, Yannick plaçait sa BMW au cinquième rang, et restait assez proche du podium. Mais dimanche, sous la pluie, le Vosgien ne forçait pas outre mesure la cadence : « Je n’avais pas spécialement envie de sortir la grosse attaque sur une route mouillée. Mais avec le recul, je suis tout de même satisfait des chronos que j’ai réalisés à Saint Gouëno », commente le Vosgien qui se classe au sixième rang du GTTS.

La lutte à Marchampt en Beaujolais fut cette année particulièrement intense. Et si à l’heure de faire les comptes Yannick se retrouve au cinquième rang, c’est à seulement un dérisoire dixième du podium : « La seule petite frustration vient du fait que j’avais commandé des pneus neufs pour cette épreuve dans le Beaujolais, et qu’ils n’étaient pas disponibles. Bien évidemment, je ne dis pas qu’avec des pneus neufs j’aurais été devant, mais j’aurais aimé pouvoir me battre avec des gommes neuves. »

Succession de podium pour conclure la saison
A Vuillafans, Yannick retrouvait le terrain sur lequel, un an auparavant, il a fait débuter sa BMW M3 E92. Et pour fêter cet anniversaire, il accrochait en Franche-Comté son premier podium de la saison : « Là je suis vraiment content, d’une part de la troisième place, mais également de mon chrono. Sur cette épreuve tout s’est extrêmement bien passé. »

Terminées les quatrièmes places, c’est sur le podium que Yannick prenait un abonnement. Après Vuillafans, on le retrouvait à nouveau à la troisième place sur la Course de Côte de Dunières : « J’avais déjà roulé à Dunières avec le CG, et contrairement à ce que disent la plupart des pilotes, je n’avais jamais été gêné par le manque de grip. Mais là, j’ai vraiment ressenti que l’adhérence était précaire, et ce fut difficile. Il faut dire que j’étais parti à l’envers en ce qui concerne les réglages de suspensions, et qu’il a fallu rectifier le tir durant le week-end. Si je fais le bilan, je ne suis pas content de mon chrono, mais évidemment satisfait de terminer sur le podium. »

C’est au Mont-Dore, sur une épreuve qui reste mythique dans l’esprit des Montagnards, que Yannick Poinsignon allait réaliser une de ses plus belles performances de la saison, en terminant à la deuxième place : « Pierre (Courroye) étant intouchable, je peux considérer ça comme une victoire », estime Yannick dans un éclat de rire. « Je n’y croyais pas vraiment, je pensais que sur la dernière montée, Nicolas (Werver), Philippe et Christian (Schmitter) allaient améliorer leurs chronos. Mais finalement ils n’y sont pas parvenus et je termine devant eux. Ça fait énormément plaisir de signer ce résultat au Mont-Dore, sur une épreuve légendaire, toujours bien organisée grâce à l’investissement de Benoît (Bouche) et de son équipe. »

Les nombreuses épingles de la Course de Côte de Chamrousse donnaient cette année du fil à retordre à Yannick, qui au final se classe au cinquième rang : « J’avais pour objectif de terminer la saison sans utiliser de pneus neufs. Mais là, ça n’allait pas du tout. On a tenté de régler les trains différemment, d’ajuster certains réglages de suspension, mais ça ne fonctionnait pas. C’est un week-end frustrant, et finalement le seul bon souvenir que je garderai de cette édition de Chamrousse, c’est d’avoir fait une montée de Drift aux côtés de Marc Fleury », confie Yannick dans un grand éclat de rire.

Comme l’an dernier, la Course de Côte de Turckheim permettait à Yannick Poinsignon d’accrocher un nouveau podium : « Ce fut vraiment une belle bagarre ! Christian (Schmitter) me passe devant sur la dernière montée, et si bien évidemment j’aurais préféré terminer deuxième, je garde un excellent souvenir de cette confrontation et de ce nouveau podium. De plus je me rapproche de l’ancien record de la piste, et j’améliore mon chrono de l’an dernier de près de trois secondes. »

Les nombreux supporters de Yannick espéraient que le Vosgien inscrive cette année son nom au palmarès d’une épreuve du Championnat de France de la Montagne. Un succès qui aurait été mérité, vu l’implication et l’engagement de la famille Poinsignon. Un succès qui a bien failli lui tendre les bras à Limonest, mais pour seulement deux dixièmes, c’est le Vice-champion de France, Christian Schmitter qui aura le dernier mot : « Samedi, je boucle les essais en étant en tête. J’avais bien roulé, et j’estimais avoir une marge de progression pour la course. Mais dimanche, à l’arrivée de la première montée, je n’étais pas du tout satisfait de ma prestation. J’ai commis plusieurs erreurs que je n’avais pas faites la veille, j’ai rétrogradé à des endroits où le samedi je passais sans changer de rapport… Je n’étais pas du tout content de moi », avoue Yannick. « J’étais confiant pour la deuxième montée, mais j’ai raté mon départ. J’ai essayé de compenser par la suite, mais j’ai raté mon freinage au ’’Portail’’, et finalement je fais moins bien que le matin. Après la pluie a fait son apparition… Il est évident qu’en l’absence de Pierre, j’aurais aimé terminer la saison en beauté par une victoire. Mais je devais finir deuxième, c’était écrit », lâche Yannick fataliste.

Auteur de nombreux podiums, quatrième du Championnat, Yannick Poinsignon estime en toute humilité le bilan de sa saison, « pas si mauvais. On a progressé avec l’auto, à titre personnel je pense avoir également progressé en termes de pilotage à son volant. Les chronos se sont améliorés et s’il reste encore un peu de travail à faire au niveau du châssis, pour le reste la voiture nous donne satisfaction. »

Yannick aura donc vécu une belle saison 2017, grâce son talent, à l’engagement du clan familial mais également à ses partenaires : « Je tiens à remercier mon père, sans qui rien ne serait possible, ma famille, amis et bien sûr mes partenaires : le « Bar Au Bon accueil » à Hébécrevon, « Barba T P » Entreprise de Travaux publics à Aube, « Streit Groupe » Usinage et assemblage de pièces pour l’industrie automobile à Clerval, « Tenn-Glasz » tous types de clôtures et portails à Wisches, « Fra Presse » transports, services, presse à Richardménil, « Redline Performance » pilote instructeur à Sailly-Achâtel , « Earl Saint Wendelin », vins d’Alsace à Niedermorschwihr, « Epinal Express » transports toutes distances à Thaon Les Vosges. »

Alors que se tourne la page de la saison 2017, le Team Poinsignon Compétition travaille déjà sur l’avenir et sur la préparation de la campagne 2018 : « La situation est compliquée. Nous n’avons pas les moyens d’investir dans une autre auto, et repartir sur un championnat en sachant pertinemment que tu n’as aucune chance de le remporter, ce n’est pas très motivant. Donc nous préparons la voiture pour la rendre plus compétitive pour 2018, mais en toute honnêteté, pour l’heure, je ne sais pas de quoi sera composé mon programme la saison prochaine », conclut Yannick

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Yannick Poinsignon.


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