2022, une saison un ''pneu'' compliquée

Après avoir découvert le maniement de sa Supercopa MK3 durant la saison 2021, Rémi Courtois poursuivait en 2022 l’apprentissage de sa belle espagnole. Mais un manque crucial de pneus neufs obligeait le Bourguignon à adopter un rythme prudent, en opposition avec la moindre velléité de signer des résultats probants.

Cette saison 2022 fut marquée par la 400ème participation de Rémi Courtois à une compétition automobile. Une longue implication qui a permis à ce sportif émérite d’inscrire à son palmarès de nombreux succès. Durant cette dernière campagne de France, le Bourguignon n’a pas joué les premiers rôles. Rien de frustrant pour un compétiteur qui dispose d’énormément d’expériences dans divers domaines, et qui a suffisamment de recul pour avoir une juste idée de ce qu’il est en mesure de faire.

Rémi Courtois a en effet eu l’occasion de connaitre les joies et les affres de la compétition sur les terrains de football, dans les descentes en ski, sur les tatamis, en sautant en parachute et enfin dans le sport automobile où il a pu exprimer son talent en rallye et en course de côte. Depuis 10 ans il anime de manière régulière les épreuves du Championnat de France de la Montagne et il est devenu l’un des personnages attachants de ce microcosme. Par son sens du spectacle, son humour, sa façon très particulière d’aborder les courses de manière professionnelle tout en laissant apparaitre un total détachement, Rémi fait depuis longtemps l’unanimité dans les paddocks.

C’est donc au volant d’une Léon Supercopa MK3 découverte en 2021 que Rémi Courtois se lançait en 2022 sur une nouvelle campagne de France. Le Bourguignon animait une classe A/5 considérée comme la plus concurrentielle du Championnat Production, et de ce fait affichait des ambitions mesurées : « Avec le temps j’ai appris à être lucide. J’étais opposé à des pilotes performants, de vrais compétiteurs et des compétiteurs en devenir. Je savais qu’il serait compliqué d’aller chercher des podiums, et j’avais donc à cœur avant tout de progresser sans vraiment tenter de contrarier mes petits camarades. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être toujours un compétiteur, mais peut-être plus un performer, et c’est un ressenti qui ne laisse apparaitre ni animosité ni frustration », analyse Rémi.

A l’issue de la saison 2021, Rémi Courtois était conscient que sa Léon Supercopa MK3 était loin de correspondre à ses attentes, qu’il fallait revoir un nombre substantiel de réglages avant de la relancer pour une nouvelle campagne : « Avec le Team Helium Racing, au sein duquel j’évoluais, nous avons pris le temps de travailler sur la voiture », commente Rémi. « Nous avons mené à bien deux séances d’essais sur l’Anneau du Rhin, et j’ai pour l’occasion pu disposer de pneus circuit et de plaquettes dures, des conditions idéales pour enregistrer des datas. » Le travail réalisé permettait alors de trouver un set up plus en adéquation avec les attentes de Rémi.

Son intégration au sein du Team Helium Racing apparaissait rapidement comme primordiale pour Rémi Courtois : « J’avais trouvé exactement la formule qui me convenait avec des gens passionnés et professionnels mais qui conservent un esprit d’amateurs en ce sens où ils réunissent toutes les conditions pour que l’on soit compétitif sans pousser à la performance. C’était d’un incroyable confort d’évoluer dans une vraie équipe, au sein de laquelle régnait une fabuleuse ambiance, en disposant d’excellents conseils. »

Une saison un ''pneu'' compliquée
Engagé au sein du Challenge Open A/5, Rémi Courtois débutait sa saison sur la manche d’ouverture du Championnat de France : « Je ne savais pas que Bagnols-Sabran se trouvait autant dans le Nord », plaisante Rémi en se remémorant le froid polaire qui régnait lors de cette première confrontation de l’année. « Je tire un coup de chapeau à tous ceux qui se sont investis sur cette épreuves, les commissaires, les assistances, les officiels, parce qu’il fallait vraiment en vouloir pour officier avec ce vent glacial et ces températures hivernales. »

Outre le froid, Rémi Courtois allait connaitre à Sabran un souci qui sera récurrent tout au long de la saison, le manque flagrant de pneumatiques : « Nous devions logiquement sur cette première épreuve récupérer quatre pneus neufs, mais on a découvert que nous n’en n’aurions pas. Ce problème de gomme était d’autant plus gênant que certains disposaient encore de pneumatiques neufs alors que d’autres, et j’en faisais partie, allaient devoir composer avec des pneumatiques usagés. J’ai donc débuté ma saison 2022 avec des pneus que j’utilisais en essais fin 2021. Autant dire que ça ne motive pas à se lâcher, et si j’aime le sport automobile, je suis nettement moins friand des exercices d’équilibriste », ironise Rémi.

Le manque de pneumatiques neufs contraignait Rémi Courtois à aborder la Course de Côte de Bagnols-Sabran sur un rythme prudent, ce qu’il sera également obligé de faire sur le long parcours du Col Saint-Pierre : « Il n’était pas question d’endommager la voiture, d’autant qu’avec des gommes usagées ça peut très vite mal se passer, j’ai donc abordé cette saison en descendant d’un ton par rapport à ce que je fais habituellement. » Même s’il conservait un rythme prudent, Rémi Courtois restait scrupuleux sur son approche du Col Saint-Pierre : « Nous avons beaucoup travaillé sur les caméras embarquées, ce qui m’a permis de progresser sur chacune des montées et de constater que le set-up que nous avions trouvé était vraiment efficace », explique-t-il.

A l’issue des deux premières épreuves, Rémi Courtois devait accepté fataliste qu’il devrait composer tout au long de la saison avec des pneumatiques usagés. Et c’est donc en sachant qu’il ne pourrait pas augmenter le rythme qu’il se rendait sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, où il parvenait tout de même à se hisser sur le podium de sa classe derrière Julien Dupont et Sarah Bernard-Louvet : « L’avantage c’est que la pluie ne me dérange pas et que là je pouvais rouler avec mes pneus pluie. C’était plutôt bien de pouvoir évoluer dans ces conditions, d’enregistrer de précieuses informations. »

A La Pommeraye, c’est à la cinquième place d’une classe particulièrement étoffée que l’on retrouvait Rémi Courtois à l’arrivée d’une épreuve où il allait connaitre un petit souci : « Le tableau de bord affichait une température qui avait de quoi nous inquiéter, avant que l’on se rende compte que cela provenait d’un capteur défectueux. Mais de ce fait je n’ai pas pris part à la quatrième montée de course, d’autant que cela me permettait d’économiser mes vieux pneus. »

Aborder Vuillafans avec des gommes usagées n’est pas une sinécure, mais Rémi Courtois allait se sortir plutôt bien des pièges de l’épreuve Franc-Comtoise : « J’ai signé le scratch, je peux le prouver, j’ai la feuille de chronométrage qui montre que je colle deux secondes à Denis Millet », s’enthousiasme Rémi avant de relativiser : « Bon, il y avait une erreur de chrono. J’avoue que je m’en doutais un peu », confirme-t-il dans un éclat de rire. « En plaisantant, j’ai porté réclamation, mais on m’a bien fait comprendre qu’il valait mieux que je retourne gentiment dans mon stand. Finalement j’ai été sympa, j’ai laissé tomber ! » confirme Rémi qui avoue adorer cette épreuve et qui reconnait que le fait de ne pas pouvoir se lâcher était un peu frustrant : « Là c’était énervant de ne pas disposer de pneus pour vraiment augmenter la cadence. »

Malgré sa longue expérience, Rémi Courtois n’avait eu l’occasion de se présenter au départ de Chamrousse qu’une fois avant sa participation en 2022 : « Je n’avais donc pas une très bonne connaissance du parcours, mais malgré tout ça s’est plutôt bien passé sur cette épreuve que j’apprécie vraiment. Après, je ne peux occulter l’accident de Damien qui nous a gâché le week-end. C’est le genre de chose qui me glace le sang et même si la dernière montée avait eu lieu je ne serais pas reparti », confie Rémi qui, en 2016 à Bagnols-Sabran, s’élançait derrière Steve Cabelo et qui sera un des premiers témoins de l’accident qui allait couter la vie au jeune Belfortain. Un drame qui a profondément marqué le Bourguignon.

La campagne de France de Rémi Courtois s’achevait sur la Course de Côte de Turckheim, sur les terres de son équipe, le Team Helium Racing. A cette occasion, le Bourguignon allait fêter sa 400ème participation à une compétition automobile, et connaitre un fait de course qu’il n’avait jamais vécu en 38 ans de licence : « La Supercopa MK3 a cette particularité que si tu fais une touchette sur les côtés, tu endommages les ailes et tu plies les rétroviseurs. Ceci étant dit, sur la première montée, je réalise une bonne prestation et je signe un très bon temps. Et lorsque je consulte le tableau d’affichage, je m’aperçois que je perds dix secondes par rapport à mon temps initial. Je pense tout d’abord à une erreur, mais par acquis de conscience je vais m’informer auprès des relations concurrents. » Là, Rémi apprendra qu’il est pénalisé de dix secondes pour avoir touché la chicane : « J’explique alors que ce n’est pas possible, sinon j’aurais les rétros qui aurait bien chargés et en l’occurrence ils n’ont pas bougé. Et aucune trace des pneus qui composent la chicane n’apparait sur la voiture… Finalement, j’apprends que c’est un juge de fait qui m’a vu touché la chicane. »

Rémi Courtois n’est pas du genre à envenimer les situations, mais n’accepte pas non plus aisément ce qu’il considère comme une injustice : « Sur la montée suivante je suis arrivé encore plus fort sur la chicane, j’ai freiné encore plus fort, et je me suis quasiment arrêté, j’ai passé la chicane en décortiquant le tour et j’ai pris le temps de regarder le juge de fait en lui faisant un signe de la main pour lui demander si c’était ok pour lui… Alors, il est clair que ça ne fait pas un bon chrono, mais ça soulage face à quelqu’un qui se refuse à toute discussion estimant qu’il a le droit avec lui. »

S’il n’est pas rancunier, Rémi reconnait qu’il a du mal à accepter ce genre de comportement : « J’ai un respect sans égal pour les commissaires sans qui il nous serait impossible d’assouvir notre passion. Et si je sais pertinemment que je ne serai jamais Champion du Monde, je fais l’effort comme beaucoup de pilote de présenter une belle auto, d’animer au mieux un championnat, et je considère que le respect doit être réciproque. Donc, quand tu apportes ta caméra embarquée pour prouver ta bonne foi, et que tu as en retour une fin de non-recevoir, c’est difficile à accepter. »

Mais malgré tout Rémi gardera un excellent souvenir de son week-end alsacien : « Samedi matin, quand je suis arrivé chez Helium, ils avaient décoré la Supercopa en affichant dessus que c’était ma 400ème. J’ai beaucoup apprécié parce que je n’avais évoqué le fait qu’une fois dans la saison que Turckheim devait marquer mon 400ème départ, et ils ont su s’en rappeler. C’est fabuleux et le reste est anecdotique. »

Rémi sans famille !
S’il n’a pas été en mesure cette saison de signer des performances de tout premier ordre, Rémi Courtois dégage un bilan malgré tout positif : « Ça s’est bien passé dans le sens où la voiture est entière. Mais j’ai bien acté que sans pneus neufs il faut rester sage avec une auto aussi performantes. Après j’ai pu courir dans des conditions optimales grâce à la structure Helium Racing, et j’ai pris énormément de plaisir tant sur la piste que dans les paddocks », confie Rémi.

« Je me sens vraiment orphelin », poursuit le Bourguignon qui, suite au retrait d’Helium, ne sait pas comment il va pouvoir poursuivre. La structure alsacienne se présentait comme la solution idoine pour Rémi qui lors de ces deux dernières saisons évoluait dans des conditions idéales. « J’avais vraiment trouvé ce que je cherchais depuis longtemps, et il est regrettable que d’autres structures ne viennent pas s’impliquer parce que je reste persuadé qu’il y a une vraie demande de la part de nombreux pilotes amateurs. »

A l’issue de sa 400ème course en sport automobile, Rémi Courtois ne manque pas de remercier ceux qui, en 2022, lui ont apporté leurs soutiens. Et ses premiers remerciements vont vers sa seconde famille : « Ma famille Helium qui est composée de gens géniaux qui ont fait un super boulot, une fabuleuse prestation dans tous les domaines. Je suis vraiment profondément attristé qu’ils ne soient pas présents sur le CFM en 2023. Merci à mon épouse, Flavie, qui accepte de me voir courir les week-ends, même si je la soupçonne d’être parfois contente de me voir partir », plaisante Rémi. « Merci à mes enfants Nicolas, Théo, Marion et la Lilou, et je fais un petit clin d’œil à ma société, AT’ Risk, et un merci également à tous mes soutiens qui n’apparaissent pas sur la voiture. Un immense bravo à tous ceux qui donnent de leurs temps pour nous permettre d’assouvir notre passion, les organisateurs, les commissaires, les bénévoles et les gens que je côtoie sur les épreuves. »

La Léon Supercopa MK3 avec laquelle évoluait cette saison Rémi Courtois est vendue, et Rémi ne sait absolument pas de quoi sera faite sa saison 2023 : « Je suis incapable de dire vers quoi je vais me diriger. D’autant que ma société, AT’ Risk, prend de l’expansion », confirme Rémi qui, fin 2019, créait une structure qui propose des formations sur les conduites à risque à destination des entreprises, mais également des lycées, ainsi que des forums lors de manifestations évènementielles. « Le boulot me prend beaucoup de temps, et ce n’est pas aussi simple de consacrer du temps à la course. Donc pour l’heure je n’ai pas arrêté de décision concernant ma saison 2023. Il est possible que ce soit une saison intermédiaire. Nous verrons bien, et j’avoue que c’est la première fois qu’à un mois du lancement du championnat je ne sais pas ce que je vais faire », conclut Rémi.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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