40 ans de course et un enviable palmarès

Pour cette saison 2019, Alain Nogret avait porté son choix sur une Norma M20 FC. Une voiture qu’il découvrait à Bagnols-Sabran et avec laquelle, tout au long de la saison, il n’allait pas manquer de progresser et d’enrichir un peu plus une expérience longue d’une quarantaine d’années dans le sport automobile.

C’était il y a 40 ans, en 1979, qu’Alain Nogret s’installait pour la première fois dans l’habitacle d’une voiture de course. Une première approche due à un ami, Claude Cabasson, lui-même pilote, qui sera à l’origine de la nouvelle passion d’Alain Nogret.

Les débuts se feront au volant d’une Toyota Starlet avant qu’Alain n’enchaine les saisons et que la vénérable japonaise ne soit remplacée par différents bolides tels que Ford Sierra Cosworth, BMW M3… Si durant ses premières saisons, Alain Nogret évoluait sur les épreuves martiniquaises, il fera par la suite quelques apparitions en Métropole, l’occasion pour lui de rencontrer les acteurs impliqués dans le sport automobile hexagonal.

De la Martinique à la Métropole…
Parmi ses nouvelles fréquentations, on retrouvait Hugues Delage, préparateur de renom : « C’est lui qui m’a incité à venir découvrir les rallyes de la métropole, et je me souviens m’être engagé pour mon premier rallye hors de la Martinique sur le Vallespir », évoque Alain Nogret. « Ensuite, j’ai pris part à des épreuves du Championnat 2ème division comme le Rallye Jeanne d’Arc. Durant cette période, je roulais tout d’abord avec des M3 louée chez Hugues Delage, puis par la suite avec ma propre BMW. J’appréciais de courir en Métropole car l’ambiance était particulièrement conviviale et que cela me permettait de me mesurer à des pilotes différents que ceux que je côtoyais en Martinique. »

L’expérience permettait à Alain Nogret de progresser. Une progression qui passera par un retour derrière le volant de Sierra Cosworth 4 roues motrices, avant qu’un ami ne lui fasse découvrir le maniement d’une monoplace : « C’était en 2006, et mes obligations professionnelles me laissaient de moins en moins de temps à consacrer à la compétition automobile. La découverte de la Course de Côte me permettait de continuer à courir, sur une discipline moins chronophage, un compromis idéal pour moi. »

Alain Nogret faisait alors l’acquisition d’une Martini MK 37 qui sera par la suite remplacée par une AGS propulsée par un moteur BMW 1600 cm3 : « En m’impliquant dans la Course de Côte, j’ai fait la connaissance de Jean-Marie Autuche, le concepteur des Protos Jema. Et à partir de ce moment là j’ai roulé en Jema, en me partageant entre le Championnat Martiniquais et des apparitions sur des épreuves du Championnat de France. »

En Martinique, une confrontation sans répit se dessinait alors entre Alain Nogret, son ami Michel Accary et Thierry Lebrazidec (qui évoluait au volant d’une Norma), les trois hommes se disputant continuellement les titres. De nombreuses victoires scratch et de nombreux podiums venaient alors enrichir le palmarès d’Alain qui, après un premier titre de Vice-champion en 2008, figurera à nouveau sur la deuxième marche du podium trois années consécutives, en 2011, 2012 et 2013.

Durant cette période, on pouvait également retrouvait Alain Nogret sur des manches du Championnat de France : « Je participais à deux ou trois épreuves par an, notamment au Mont-Dore et au Col Saint-Pierre. J’ai également pris part aux volants de Jema à des épreuves sur circuit, et j’avoue avoir pris goût à cette discipline que je découvrais. »

La passion est communicative, et Alain Nogret finira par faire l’acquisition de plusieurs Jema afin que ses enfants puissent, comme lui, découvrir les sensations que l’on peut ressentir au volant d’une voiture de course : « Nous avons eu l’occasion de faire plusieurs courses en Métropole, avant que je ne me sépare des Jema pour passer à tout autre chose. »

Sous la structure d’Olivier Augusto
Un ami Martiniquais permettait à Alain Nogret de faire la connaissance d’Olivier Augusto. Rapidement le courant passait entre les deux hommes qui ont une approche sensiblement identique de la course, et Alain ne tardait à intégrer le Team du pilote lyonnais : « J’ai d’abord couru avec une Osella qui était une ancienne voiture d’Olivier et que j’avais racheté à Michel Accary. En 2016, j’ai d’ailleurs pris part au Col Saint-Pierre avec cette voiture, dont un collectionneur est tombé amoureux. Il a voulu l’acheter, j’ai saisi l’occasion et je me souviens que je n’ai même pas terminé mon week-end de course, car il est reparti immédiatement avec », se remémore Alain, l’anecdote déclenchant toujours un large sourire.

Côté programme, Alain qui sera sacré Champion de la Martinique en 2014, délaissait par la suite les épreuves antillaises : « Cela fait maintenant quatre ou cinq ans que je ne cours plus en Martinique et que je me concentre sur les épreuves de Métropole. »

Par la suite, toujours en compagnie d’Olivier Augusto, Alain Nogret faisait l’acquisition d’une Norma M20 F: « Olivier m’a fait comprendre que pour des facilités d’entretien, il valait mieux que je dispose d’une Norma, proche de la sienne. C’est une voiture qu’il connait bien ce qui facilite les choses. » Satisfait de sa Norma, Alain la remplacera début 2019 par une version carbone, afin de disposer de la même voiture que celle avec laquelle évolue Olivier Augusto.

C’est d’ailleurs Olivier Augusto qui assurait la vente de la Norma M20 F et qui trouvait une version M20 FC de substitution à Alain Nogret. L’acquisition se fera en l’absence d’Alain qui revenait en Métropole pour disputer la Course de Côte de Bagnols-Sabran, où il allait découvrir sa nouvelle monture : « Je ne l’avais jamais vu auparavant si ce n’est en photo, je devais donc tout découvrir à Bagnols. »

Alain Nogret était conscient que le comportement d’une Norma à coque carbone est bien différent de ce qu’il avait connu avec la version M20 F. De ce fait, il abordait cette saison 2019 comme une année d’apprentissage, sans se fixer d’objectif : « Je voulais avant tout réitérer les chronos que j’avais signés précédemment, et puis livrer un petit duel à Jean-Jacques Louvet, qui évoluait cette année lui aussi sous la structure d’Olivier. »

Si Alain Nogret avait déjà eu l’occasion d’affronter le tracé de Bagnols-Sabran, en revanche, comme on a pu le voir, il devait découvrir dans son moindre détail sa nouvelle monture : « La météo était capricieuse et sous le mouillé, pour moi qui n’avais pas roulé depuis un moment, j’ai fait preuve de prudence. Mais je suis parvenu à rééditer les chronos réalisés avec la M20F, je suis donc satisfait de ce week-end de découverte. »

La Course de Côte du Col Saint-Pierre permettait à Alain Nogret d’être en constante progression tout au long du week-end : « Là aussi tout s’est bien passé, j’ai amélioré mes chronos à chaque montée sans prendre de risque. Je suis enchanté de cette semaine passée en Métropole. »

Il faudra attendre Marchampt pour retrouver le pilote Martiniquais qui avoue avoir abordé son week-end dans le Beaujolais avec une certaine appréhension : « En 2018, je suis sorti sur la dernière montée, et ce n’était pas évident pour moi de revenir sur ce tracé très rapide. D’autant qu’en Martinique nous ne sommes pas habitués à ce genre de profils. Malgré tout, grâce aux conseils d’Olivier, je suis parvenu à me battre avec Jean-Jacques (Louvet) et je garde là encore un très bon souvenir de ce week-end. »

Comme pour beaucoup de concurrents, Alain Nogret considère que l’édition 2019 du Mont-Dore est une course à oublier : « La météo était exécrable, et je ne me suis vraiment pas fait plaisir. Tout ce que je suis parvenu à faire, c’est une grosse frayeur dans le brouillard… Je n’étais plus venu au Mont-Dore depuis trois ans, je me languissais d’y revenir, mais les conditions ont gâché la fête… Le seul aspect positif c’est que nous étions en famille, mon épouse était là, ma fille et mes petits enfants étaient également présents, j’ai donc tout de même pu pleinement profiter du séjour. »

On retrouvait ensuite Alain Nogret à Chamrousse où le Martiniquais bénéficiait d’une bonne connaissance d’un tracé qu’il avait déjà eu l’occasion d’aborder : « C’est une épreuve magnifique sur laquelle j’avais envie de bien faire. J’étais parti serein et confiant, mais malheureusement j’ai été victime d’un début d’incendie sur la voiture. Heureusement l’incident est survenu au moment où on m’a stoppé sous drapeau rouge, ce qui a permis aux commissaires de circonscrire l’incendie avant qu’il ne se propage », se souvient Alain. « Par la suite, Olivier (Augusto) et Jérôme (Tournier) ont réalisé des prouesses pour tout démonter, remplacer les pièces défectueuse, réparer et me permettre de me relancer. Ils ont vraiment fait un boulot extraordinaire. » Le seul hic, c’est que le nouveau faisceau monté sur la Norma n’était pas totalement adapté : « Et de ce fait je ne disposais plus des palettes au volant. J’ai dû composer avec ce problème jusqu’à la fin du week-end. »

Pour conclure sa saison, Alain Nogret se rendait pour la première fois sur la Course de Côte de Turckheim. Une découverte de l’épreuve alsacienne qui allait se faire dans des conditions difficiles, la pluie s’invitant à la fête : « J’ai vraiment trouvé le tracé magnifique… Le samedi tout s’est bien passé et je termine la journée devant Jean-Jacques (Louvet). Dimanche, sous la pluie, sur une route humide, je n’avais pas suffisamment d’expérience de cette épreuve pour pouvoir me lâcher. Mais je suis tout de même satisfait de mes chronos. »

Une saison largement positive…
« J’ai la chance de rouler au volant d’une très belle voiture », confie Alain Nogret lorsqu’on lui demande de tirer un bilan de sa saison. « En cela, c’est très positif. Je me suis fait énormément plaisir, dans une catégorie où on trouve des pilotes talentueux, et un Championnat sur lequel évoluent de magnifiques voitures. Je garderai un excellent souvenir de cette saison », confie le Martiniquais avant de rentrer plus en détail sur l’aspect sportif : « J’avoue avoir eu du mal à ressentir le châssis comme c’était le cas avec les voitures dont je disposais auparavant. Côté performance, je n’ai fait ni mieux ni moins bien qu’avec la Norma M20F. Mais je le répète, pour moi cette saison est largement positive. »

Une saison qui laissera d’excellents souvenirs à Alain Nogret, et notamment des moments de partage avec ceux qui sont à ses côtés et le soutiennent : « Un grand merci avant tout à Olivier Augusto et Jérôme Tournier qui me permettent de courir dans les meilleures conditions. Merci à ma famille, mon épouse Patricia, mes enfants Sébastien et Jérôme qui gèrent mes affaires en Martinique et qui me permettent donc de venir courir en Métropole. Merci également à Michel Accary qui roule essentiellement en Martinique et qui par l’intermédiaire de sa société de travaux électrique, E.T.E, me soutien. »

On le sait, pour 2020, Olivier Augusto a décidé d’axer sa saison sur le circuit. Une nouvelle aventure dans laquelle Alain Nogret sera impliqué : « Je repars avec la même voiture en m’orientant avec Olivier sur des épreuves en circuit. J’avoue que le côté un peu frustrant de la Course de Côte c’est de venir de la Martinique pour finalement peu rouler durant le week-end. En circuit, cela me donnera l’occasion de couvrir bien plus de kilomètres. Ça me permettra de plus rouler, d’acquérir de l’expérience et de la confiance. »

Une expérience que le Martiniquais espère bien mettre en pratique en Course de Côte : « Je ne délaisse pas la discipline puisque je devrais être au départ du Col Saint-Pierre et de plusieurs autres manches du Championnat de France de la Montagne comme Marchampt, Chamrousse, Turckheim… », conclut-il.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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