Vainqueur du Challenge Open N/3

C’est au volant d’une Honda Civic Type R qu’Alexandre Neulat disputait cette année sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne. Une saison de découverte qui lui aura permis de progresser et d’accrocher à son palmarès une victoire sur le Challenge Open N/3.

C’est une tradition depuis de nombreuses années, l’ouverture du Championnat de France de la Montagne a pour cadre la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Et lorsque, comme Alexandre Neulat, on réside à deux kilomètres du village de Sabran, il est impossible d’ignorer un événement qui accueille les plus belles voitures de la discipline et un grand nombre de passionnés venus assister à un spectacle de haut-vol.

Depuis sa plus tendre enfance, Alexandre Neulat compte parmi les spectateurs de l’épreuve gardoise, et c’est presque naturellement qu’est née chez lui l’envie de s’impliquer dans l’organisation de la course : « Au début j’étais bénévole, je donnais la main pour mettre en place tout ce qui est indispensable à la bonne tenue de l’épreuve. Et ensuite j’ai eu envie de m’essayer derrière le volant », confie Alexandre.

Rouler en compétition, c’est quelque chose que l’on connait chez les Neulat, mais avec comme seul moteur, les mollets… Alexandre a en effet grandi au sein d’une famille de cyclistes. De 2010 à 2014, Alexandre participait au Championnat de France de VTT de descente : « Je figurais alors parmi les 60 meilleurs vététistes dans cette discipline. » Ses années de vélos permettaient à Alexandre d’acquérir de bonnes notions de trajectoires qui lui seront utiles par la suite, avec toutefois deux différences notoires : Il allait passer de deux à quatre roues, et les descentes allaient se transformer en montées.

En 2014, Alexandre Neulat était victime d’un violent accident de voiture qui lui laissait des séquelles physiques, et lui interdisait de remonter sur un vélo : « Je savais que je devais mettre une croix sur le cyclisme, mais je ne m’imaginais pas encore me tourner vers le sport auto. D’autant qu’au sein de ma famille, l’automobile n’est pas un sujet de préoccupation. Personne n’a d’attirance pour les sports mécaniques, ni d’attrait pour les voitures sportives », explique le Gardois. « Lorsque j’ai acheté la Honda Civic avec laquelle je cours actuellement, j’habitais encore chez mes parents et ma mère m’a ouvertement dit, ’’tu ne ramèneras jamais cette voiture à la maison’’. Depuis les choses ont changé et mon entourage suit de plus en plus mes prestations. »

Une Honda Civic groupe N pour débuter
S’il est d’une approche dès plus sympathique et bienveillante, Alexandre Neulat a également comme trait de caractère d’être particulièrement têtu. Et malgré la désapprobation des siens, il allait poursuivre dans la voie qu’il s’était fixée et faire l’acquisition de sa Civic Type R : « Je l’ai acheté en 2019. N’ayant jamais couru, pendant un an j’ai roulé en circuit, en loisir, pour me faire la main. Et en 2020 je me suis engagé sur la Course de Côte du Pont des Abarines, à Saint-Jean-du-Gard. » La Honda Civic groupe N sera par la suite au départ des Courses de Côte de Font-Romeu, la Malène, le Mont-Dore, Turckheim et Bagnols-Sabran qui cette année-là concluait exceptionnellement la saison du championnat. A Sabran, à domicile, Alexandre terminait troisième de la classe N/3 sur les deux courses programmées lors de ce week-end.

En 2021, on retrouvait Alexandre Neulat sur les Courses de Côte de Font-Romeu, Le Pompidou, le Race Track Hillclimb au pôle mécanique d’Alès, avant qu’il ne prenne part à la Finale de la Coupe de France de la Montagne et de terminer la saison à Lodève : « Le fait d’avoir pu lors de ces deux premières saisons courir sur plusieurs épreuves, et notamment sur des manches du Championnat de France, m’aura permis de découvrir de beaux tracés, de faire de nouvelles rencontres. C’est intéressant de se confronter à d’autres pilotes, à des gens qui suivant les régions ont des approches différentes de la course. »

Pour ce qui est du choix de la Honda Civic, Alexandre estime qu’elle représente un excellent compromis : « Elle est plus abordable qu’une Clio et d’autres modèles étaient réputés moins performants. Au moment où je cherchais une auto, Noël Coudène mettait cette Civic à la vente parce que des contraintes l’obligeaient à mettre la course entre parenthèses. La voiture venait d’être préparée, elle était dans mes prix, je n’ai pas hésité. »

A la découverte du Championnat
Alexandre Neulat compte parmi ses amis Stéphane Villain et Charly Brosset qui cette année devaient s’engager sur le championnat, et c’est l’envie d’en découdre avec eux qui incitait Alexandre à les rejoindre : « Stéphane se désolait d’être un peu seul dans la classe N/3, et m’a demandé de le rejoindre. Malheureusement, suite à une sortie de route sur le Col Saint-Pierre, il n’a pu revenir qu’à Chamrousse. Charly devait également être de la partie avant que des obligations professionnelles ne l’obligent à renoncer », explique Alexandre. « De ce fait je me suis retrouvé un peu seul, même si sur plusieurs courses il y avait de la concurrence dans ma classe, mais j’étais confronté à des pilotes qui ne participaient pas au championnat. »

Initialement, Alexandre Neulat n’avait pas de réels objectifs pour cette saison 2022, si ce n’est de se confronter à Stéphane Villain : « Il roulait plus fort que moi sur les épreuves régionales sur lesquelles nous nous sommes retrouvés. Je voulais savoir s’il en serait de même sur des courses que nous allions tous les deux découvrir cette saison. S’engager sur le championnat permettait de nous affronter sur de nouveaux terrains. »

Avant de débuter sa campagne de France sur le championnat, Alexandre Neulat participait à la Course de Côte du Luc sur laquelle il terminait deuxième de sa classe derrière la Clio de Christophe Anastasio : « C’était une découverte et ça se passe plutôt bien puisque je termine à moins d’un dixième d’un pilote local, alors que je roulais en pneus usagés. Je voulais garder mes gommes neuves pour Sabran. »

Plus que tout autre, Alexandre Neulat attendait l’ouverture du championnat qui, pour lui, se déroule à domicile. Sur cette 51ème édition de Bagnols-Sabran, il allait accrocher la troisième place de sa classe : « Ca été très compliqué parce que je roule avec des pneumatiques qui ont énormément de mal à monter en température. Durant un week-end où le thermomètre est rarement monté au-dessus de cinq degrés, c’était un calvaire. Je connais le tracé par cœur, et je ne parvenais pas à tenir l’auto en ligne, ça glissait dans tous les sens, c’était une horreur. Finalement je pense que l’adage qui dit que l’on ne peut pas être prophète en son pays est vrai, parce qu’à Sabran je ne suis jamais parvenu à signer de bons résultats. Là le vainqueur de la classe ’’me colle’’ cinq secondes. Ça fait mal », reconnait Alexandre sans se départir de son sourire.

Même s’il est natif du Gard, Alexandre Neulat n’avait jamais eu l’occasion de s’engager sur le Col Saint-Pierre, et l’apprentissage de l’épreuve cévenole sera pour lui assez compliqué : « J’ai du mal à assimiler les tracés, j’en suis conscient, et celui du Saint-Pierre et particulièrement difficile à apprendre. Donc ce fut pour moi un week-end difficile, d’autant que plusieurs de mes copains sont allés à la faute. Stéphane (Villain) fait une grosse touchette, Jonathan Bariol détruit sa Norma, heureusement sans mal pour eux deux, mais ça ne m’a pas mis en confiance. Mais comme je ne suis pas du genre à tenter le diable pour aller chercher un résultat, j’ai préféré assurer. »

La Honda Civic Type R d’Alexandre Neulat souffrait d’un déficit de chevaux. Le Gardois en était conscient, mais ne parvenait pas à trouver quelqu’un de compétent pour se pencher sur son moteur : « Je cherchais depuis un long moment, mais je ne parvenais à mettre la main sur une personne capable de revoir la carto de la Honda. Finalement je suis parvenu à trouver quelqu’un sur Lyon qui s’en est chargé. Et là j’ai vraiment vu la différence. » C’est en effet avec une auto régénérée, disposant d’une nouvelle cartographie est de 30 chevaux supplémentaires qu’il se rendait à la Course de Côte du Pin à Saint Peray : « C’était une découverte pour tout le monde, et je voulais voir ce que je pouvais faire sur un tracé qui était inconnu de mes adversaires. Finalement je gagne ma classe, ce qui m’a mis en confiance pour la suite. »

La suite, elle aura lieu à Dunières où Alexandre Neulat découvrait le tracé auvergnat : « Pour une découverte, j’ai plutôt bien aimé. Ça me rappelait un peu Sabran, par les enfilades, le rythme que nécessite ce tracé. Ça reste un bon souvenir », estime Alexandre qui termine cinquième du N/3 avant d’aller chercher un podium de classe à Marchampt : « C’était beaucoup trop rapide pour moi et il a fallu vraiment que je me force. Pour une première c’était un peu compliqué. J’avais du mal à me situer sur le parcours, et là où les autres me disaient que ça passait à fond, j’avais du mal à garder le pied dedans. »

La participation d’Alexandre au Mont-Dore allait se solder par une nouvelle troisième place de classe : « J’apprécie énormément cette épreuve. C’est une des rares courses que j’ai réellement préparée en amont en travaillant sur les caméras embarquées. Je voulais réellement performer et au final je gagne sept secondes par rapport à la précédente édition », se souvient-il. « Vraiment s’il y avait deux épreuves à faire dans l’année, dans mon esprit ça serait Bagnols-Sabran et le Mont-Dore. Une parce qu’à la maison, l’autre parce que mythique. »

En 2021, la participation d’Alexandre Neulat à Chamrousse s’était arrêtée prématurément suite à un souci mécanique. Mais en cette année 2022, le Gardois parviendra à se mettre en valeur en accrochant une nouvelle fois la troisième place de la classe N/3 : « Dimanche matin, il faisait froid et je ne suis pas parvenu à signer un bon résultat. Par la suite je suis remonté sur le deuxième, et sur la troisième montée je voulais aller le chercher, mais avec l’annulation de l’ultime ascension, la course s’est arrêtée là », regrette-t-il.

Alexandre Neulat signera un très bon résultat à Limonest où on le retrouvait à la sixième place du groupe N, deuxième de sa classe : « Des échos que j’avais eu de ce tracé, j’étais plutôt confiant avant de m’y rendre. Je savais que ce n’était pas hyper rapide, assez technique. Je suis content de mon week-end sur lequel je retrouvais Florian Audigier avec qui je m’entends particulièrement bien, et ça faisait plaisir de rouler ensemble. Terminer la saison par une deuxième place de classe, c’est très satisfaisant pour moi. »

Vainqueur du Challenge Open N/3
La première saison sur le Championnat de France de la Montagne d’Alexandre Neulat se conclut par une victoire sur le Challenge Open N/3. « Participer au championnat demande un réel investissement, et je ne suis pas sûr de pouvoir l’assumer durant plusieurs saisons. Mais ce que je retiendrai c’est que j’ai le sentiment d’avoir progressé, les chronos réalisés sur les épreuves auxquelles j’avais déjà participé le confirme, j’ai vraiment ’’explosé’’ mes temps. Je me suis enrichi de belles expériences et j’ai fait surtout de belles rencontres. Le bilan est donc largement positif. »

Une belle saison à l’issue de laquelle Alexandre Neulat ne manque pas de remercier ses soutiens : « Merci à Espace Jardins, Moschietto TP, à mes parents qui m’ont soutenu et supporté tout au long de la saison. Merci à Mickael Polge, à l’ASA Rhône-Cèze et au Cèze Sport Racing. »

Comme pour beaucoup de pilotes, le programme d’Alexandre Neulat en 2023 sera déterminé par les finances dont il disposera : « Je suis à la recherche de partenaires, mais autour de chez moi nous sommes une vingtaine de pilotes dans le même cas et il est évidemment hors de question d’aller démarcher les sponsors des copains. Ce n’est donc pas évident. Nous roulons tous dans le même team, quasi familial, qui nous permet de nous retrouver en dehors des courses, il est donc essentiel de conserver de bons rapports. Je verrai donc ce que je ferai en fonction des soutiens qui me suivront. » Alexandre ne désespère donc pas de repartir sur le championnat, mais il n’est pas dit que ce soit avec la Honda : « J’aimerais bien rouler en CM, mais là encore il est difficile de trouver un proto abordable. Je dois avant tout vendre la Civic si je veux réaliser ce projet. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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