Saison mitigée pour Jean-Jacques Louvet

Si Jean-Jacques Louvet a fait son entrée en lice sur le Championnat de France de la Montagne, il y a seulement trois ans, il en est devenu aujourd’hui l’un des animateurs les plus assidus. Malgré de nombreux petits problèmes qui sont venus perturber sa saison 2016, le Chef d’Entreprise Lyonnais a mis à profit ses participations pour accroitre son expérience, et mieux se familiariser avec les épreuves.

Des souvenirs qui ont marqué sa jeunesse parisienne, Jean-Jacques Louvet retient les magnifiques autos croisées au hasard des boulevards de la capitale. De belles mécaniques qui suscitaient déjà chez lui un réel intérêt. Plus tard, dans les années 80, Jean-Jacques s’éloignait de Paris pour débuter une nouvelle vie en région lyonnaise. Et si l’Ille de France offre peut d’occasion de voir des voitures de course évoluer dans leur environnement habituel, en revanche, tout autour de Lyon sont organisées de nombreuses épreuves, ce qui offrait à Jean-Jacques l’opportunité de découvrir le sport automobile autrement que lors des rendez-vous dominicaux, devant le poste de télévision, pour suivre les Grand Prix de F1.

Passionné et spectateur avant d’être pilote
Au début des années 2010, le hasard mettait sur la route de Jean-Jacques, un certain Sébastien Chabin. Entre le pilote qui est reconnu comme l’un des animateurs les plus talentueux des épreuves régionales, et l’entrepreneur lyonnais, allait naitre une amitié qui poussait Jean-Jacques à suivre les prestations de Sébastien, lors des week-ends de course. Durant ces manifestations, Jean-Jacques Louvet allait côtoyer les Alain Perraud, Daniel Coquet, Jérôme Labrosse, Olivier Augusto, et bien d’autres Montagnards plus passionnés les uns que les autres.

Ce sont ces pilotes qui allaient convaincre Jean-Jacques de s’installer derrière le volant, alors que ce dernier restait persuadé qu’il n’était plus en âge de débuter une carrière de pilote, fusse de pilote amateur. En guise de mise en bouche, Olivier Augusto lui proposait de tester sa Formule Renault sur le Circuit du Bourbonnais. Une première approche qui laissait Jean-Jacques dubitatif. Erreurs de pilotage, multiples tête-à-queue, environnement difficile à cerner, tout laissait à penser qu’il n’était pas destiné à évoluer au volant d’un bolide de compétition. Mais Olivier Augusto, qui avait cerné chez Jean-Jacques un réel potentiel qui pouvait lui permettre rapidement de se faire plaisir, insistait et le poussait à poursuivre l’aventure… A l’heure où de nombreux pilotes songent donc à la retraite, Jean-Jacques débutait dans le sport automobile. Il n’était alors évidemment pas question de viser les titres et autres trophées, pour Jean-Jacques, la course devait être synonyme de plaisir et de partage avec sa fille Sarah, elle aussi animée par la passion pour le sport automobile.

A 65 ans passé, Jean-Jacques s’alignait donc au départ de Chamrousse au volant d’une Formule Renault. Une première expérience en course qui le faisait tomber sous le charme de la discipline, et prendre conscience qu’il allait devoir combler certaines lacunes avant de profiter pleinement de son nouveau statut de pilotes. Dans l’esprit d’Olivier Augusto, rien de mieux pour acquérir des notions de pilotage et bien cerner l’environnement de la course, que de passer entre les mains expertes de Nicolas Schatz. C’est donc Olivier qui poussait Jean-Jacques à rejoindre le multiple Champion de France.

En 2013, Jean-Jacques prenait part à quatre épreuves – Chamrousse, La Mure, Saint-Savin et Limonest – qui allaient constituer son calendrier pour cette première saison d’apprentissage. Mais si le plaisir était au rendez-vous, le pilotage de la Formule Renault s’avérait inconfortable, l’habitacle de la petite Tatuus n’étant pas adapté au gabarit de Jean-Jacques. Il portait alors son choix sur une Norma ayant précédemment appartenu à Geoffrey Schatz. Au volant de cette voiture, il prenait part à plus d’une dizaine d’épreuves, régionales et nationales, durant l’année 2014.

L’intégralité du Championnat au sein du Team Schatz Compétition
Pour 2015, Olivier Augusto ayant décidé de se tourner vers le circuit, Jean-Jacques intégrait le Team Schatz Compétition qui allait prendre en charge sa Norma. Côté calendrier, afin d’accroitre son expérience et de se familiariser avec les épreuves du Championnat, Jean-Jacques se concoctait un programme incluant les douze manches du Championnat de France de la Montagne.

Cette saison 2015 allait également permettre à l’entrepreneur lyonnais de partager sa passion avec sa fille, Sarah intégrant également le Team Schatz Compétition afin de tester ses capacités au volant d’une Formule Renault. L’occasion rêvée pour le père et la fille de se livrer un fort sympathique duel familial. Et si Jean-Jacques espérait secrètement devancer sa progéniture, en l’espace de quelques courses, il devait accepter l’évidence, la progression de Sarah était fulgurante et lui interdisait de rivaliser. Un constat appuyé par Bruno Schatz qui, fort de sa longue expérience, lui assénait sur un ton péremptoire : « Ta fille, tu ne la reverras plus ! »

Si Jean-Jacques acceptait avec un fatalisme, teinté d’une certaine fierté, qu’il ne serait plus jamais en mesure de rivaliser avec Sarah, c’est tout de même avec énormément d’enthousiasme qu’il décidait d’être à nouveau au départ de l’ensemble des manches du Championnat pour cette saison 2016.

L’objectif de Jean-Jacques Louvet pour cette nouvelle saison, était une nouvelle fois de se faire plaisir derrière le volant de sa Norma, et si possible de faire évoluer ses chronos de l’année précédente : « Je n’ai pas la prétention d’afficher des ambitions », confie-t-il en toute humilité. « Je commence à bien connaitre les épreuves que j’ai dû faire à ce jour trois fois pour la majorité d’entre elles. Cela facilite grandement les choses, notamment en matière de reconnaissance. »

S’il bénéficie à présent d’une bonne connaissance des courses inscrites au calendrier du Championnat, en revanche, Jean-Jacques devait repasser par une nouvelle phase d’adaptation, puisque c’est au volant d’une nouvelle Norma qu’il débutait cette saison : « Cette voiture appartenait précédemment à Dominique Carifi, il l’a vendue à Olivier Augusto, qui a son tour me l’a cédée. J’ai de ce fait dû m’adapter aux grosses roues, à une nouvelle position de conduite et aux palettes de changements de vitesses au volant, que je n’avais jamais utilisées jusqu’alors. La particularité de ce ’’paddle shift’’, dont j’ai confié l’installation à une société italienne, c’est d’être totalement électrique, sans apport d’air ou d’hydraulique. »

Présent à Bagnols-Sabran, Jean-Jacques Louvet ne cache pas une certaine incompréhension face au drame qui a endeuillé la course : « Nous sommes là avant tout pour le plaisir et pour nous amuser, et qu’un pilote puisse disparaitre sur une épreuve est difficilement acceptable. C’est d’autant plus rageant que, lors des reconnaissances, j’ai eu le sentiment que l’organisation avait fait de gros efforts en matière de sécurité. Mais on ne peut rien faire contre le destin… »

Jean-Jacques Louvet a une affection particulière pour le Col Saint-Pierre, « et pourtant ce n’est pas l’épreuve la plus facile. Le début me convient parfaitement, j’ai l’impression d’évoluer sur une course de côte tout ce qu’il y a de classique. Mais à l’issue des deux premiers kilomètres, les choses se compliquent et il faut avoir un gros cœur et une bonne mémoire pour être à son affaire. Malheureusement, je n’ai ni l’un ni l’autre », lâche-t-il dans un large sourire. La difficulté était accrue, lors de cette édition, par de longs moments d’attente en pré-grille qui ont fait que Jean-Jacques, comme nombre de ses adversaires, ne disposait pas de gommes adaptées à la route au moment de s’élancer : « Mais malgré tout je garde un très bon souvenir de ce Saint-Pierre, sur lequel il faut se dépasser, et où j’améliore mes chronos des années précédentes. »

Les conditions météorologiques particulières, avec l’apparition de la pluie et de la neige qui s’invitaient à Abreschviller, n’allaient pas perturber outre mesure le Chef d’entreprise lyonnais : « J’aime beaucoup Abreschviller, car le tracé est assez facile à assimiler. Mais si l’épreuve est facile à apprendre, il n’est jamais facile d’être rapide sur ce parcours. Pour le reste, la pluie ne me gêne pas car elle oblige à aborder les montées avec une certaine retenue, ce qui me convient plutôt bien et me permet de réduire l’écart qui me sépare de mes adversaires », avoue-t-il. « J’ai passé un excellent week-end, sur une épreuve où l’on est toujours très bien accueilli, cette épreuve fait partie de celles qui doivent être à mon sens montrées exemple pour ce qui est de l’accueil. »

A Hébécrevon, Jean-Jacques connaissait cette année une course sans encombre qui ne lui laissera pas de souvenirs particuliers : « Excepté là encore l’accueil, qui est très chaleureux, et une excellente organisation, je n’ai pas le souvenir de m’être particulièrement illustré sur cette épreuve. Par contre, je garde à l’esprit que Sarah a signé là une performance de tout premier ordre », rappelle Jean-Jacques qui se souvient que sa fille s’est imposée en Formule Renault, en accrochant par la même occasion la 15ème place du classement scratch.

Une nouvelle fois, la météo venait passablement perturber le déroulement de la Course de Côte de La Pommeraye. Mais ce ne sont pas tant les conditions climatiques que le parcours qui gêne Jean-Jacques : « J’ai du mal avec ce tracé. Sur la première partie ça se passe plutôt bien, mais à partir de la passerelle, j’ai vraiment quelques soucis pour me livrer totalement. Mais là encore, je garde un excellent souvenir de mon week-end. »

Le rendez-vous suivant, à Saint-Gouëno, plait nettement plus à Jean-Jacques, qui reconnait que l’accueil y est fabuleux et le tracé plus à sa convenance : « Le seul bémol c’est que j’ai connu durant le week-end quelques soucis mécaniques qui m’ont privé d’une paire de montées. Mais cette participation m’a permis de comprendre des choses que je n’avais pas assimilé lors des précédentes éditions. J’espère que je serai en mesure de mettre en pratique ces enseignements en 2017. »

De Marchampt en Beaujolais, Jean-Jacques Louvet ne garde en tête que la violente sortie de route dont a été victime Sarah : « J’ai eu très peur… Elle ne s’est pas fait mal, et j’estime que dans son malheur elle a eu une bonne part de chance. Quand j’ai vu l’état de la voiture, j’ai pris un coup sur la tête, et bien évidemment cela m’a fait cogiter. Par la suite, j’ai roulé mais sans être réellement dans la course. »

Des abandons en fin de saison
Pour Jean-Jacques Louvet, les week-ends de course sont des moments de pur bonheur. Quels que soient les problèmes, il ne se départi jamais de son sourire et savoure ces petites madeleines sans songer à se plaindre. Pourtant, depuis le début de la saison, sa Norma connaissait d’infimes problèmes qui perturbaient ses courses. A Vuillafans, l’accumulation de souci allait le contraindre à l’abandon : « J’accumulais les petits problèmes sans que l’on parvienne à en trouver l’origine. Et à Vuillafans j’ai eu un souci de batterie, et sur une montée d’essais, je me retrouve avec la boîte bloquée en quatrième. Alban Thomas a eu la gentillesse de me prêter une batterie, mais finalement le problème provenait de l’alternateur qui commençait à rendre l’âme. On l’a compris par la suite, mais je n’ai pas pu prendre part à une seule montée de course. C’est dommage, car j’adore ce tracé si particulier. »

Et lorsque l’on parle de tracé particulier, Jean-Jacques Louvet affrontait par la suite celui de Dunières, réputé pour son manque d’adhérence : « Je n’arrive vraiment pas à m’y faire. Ça glisse à des endroits improbables, jamais au même endroit sur chacune des montées. C’est vraiment spécial et je ne suis pas à l’aise sur ce parcours. C’est certainement l’épreuve qui me plait le moins dans la saison, ce qui ne m’empêchera certainement pas d’être au départ l’an prochain. »

La course de Côte du Mont-Dore, sur laquelle il s’engageait pour la première fois, se présentait sous de bien meilleurs augures, et sur ce tracé mythique Jean-Jacques semblait être à son affaire, tout au moins sur les deux premières montées de course. Car sur l’ultime confrontation disputée dimanche, il ne parviendra pas à rejoindre l’arrivée : « Entre la pompe à huile et le fond-plat, il y a une sorte de boulon-clapet qui a pour fonction de régler la pression d’huile. C’est un truc que je ne touche jamais, et qui, je ne sais pourquoi, s’est dévissé. A l’approche du Rouveyran, j’ai freiné et je suis parti en tête-à-queue. Et à ce moment-là je me suis rendu compte que j’avais laissé de l’huile partout. » Si les dégâts occasionnés n’étaient pas énormes, selon les dires de Jean-Jacques, ils nécessitaient un démontage et le remplacement des coussinets : « Je n’ai pas voulu prendre de risque, et j’ai préféré commander un vilebrequin neuf. J’ai confié la réparation à Miguel Vidal qui s’est chargé de remonter le moteur et qui a fait un excellent travail. »

Privé de sa Norma indisponible à l’heure de se rendre à Chamrousse, Jean-Jacques se rabattait sur l’une des Mitjet du Team Schatz Compétition : « Je n’avais pas les pneus adaptés, puisqu’il n’était pas question d’acheter des pneus neufs pour une auto qui tourne essentiellement en circuit, mais je me suis vraiment amusé. Quand tu sors d’une Norma et que tu t’installes au volant de la Mitjet, tu as l’impression que tout se fait au ralenti. Après, ne nous y trompons pas, aller vite avec une Mitjet nécessite une bonne dose de talent et de sens de l’attaque. » La saison de Jean-Jacques Louvet se terminait donc à Chamrousse, sa Norma n’étant pas opérationnelle pour se présenter au départ de Turckheim.

L’accumulation de problèmes ont un tant soit peu gâché la saison de Jean-Jacques Louvet, même s’il reconnait avoir pris beaucoup de plaisir sur les épreuves : « A l’heure de faire le bilan, finalement, j’ai connu des problèmes sur l’ensemble des épreuves. Des soucis parfois mineurs, dont j’étais par moment responsable, mais souvent totalement indépendants de ma volonté. J’avoue que c’est parfois un peu pénible et par moment frustrant. Après, je garde à l’esprit que de rouler sur le Championnat de France de la Montagne est quelque chose de fabuleux, et presque d’inespéré pour moi qui a débuté sur le tard. »

Au terme de cette saison, Jean-Jacques Louvet veut remercier ceux qui lui ont permis de réaliser son rêve : « Merci à Nicolas Schatz qui m’a appris énormément de chose et m’a permis d’évoluer, et merci également à l’ensemble de l’équipe dont les membres sont aussi sympathiques que compétents. Merci à Sarah pour ses sempiternels ’’Mais si papa, tu vas y arriver’’, qui me vont droit au cœur. Merci à AdhéVif et notamment à Olivier, alias le Vif, qui a pris en charge la décoration de ma voiture, à Global Hydro, à Dynelec situé à Toulouse, au Garage Montbel situé à Brignais, au Restaurant l’Apéro Gourmand à Vaugneray. »

En 2017, Olivier Augusto, qui a amené Jean-Jacques Louvet à la Course de Côte, fera son retour sur la discipline. S’ils sont amis, les deux hommes sont également associés dans le garage automobile que gère Olivier. C’est donc tout naturellement que Jean-Jacques rejoindra Olivier la saison prochaine : « Jusqu’à présent, Olivier n’avait pas suffisamment de temps disponible à consacrer à la course. Il va pouvoir enfin se libérer, et l’opportunité de pouvoir courir avec celui qui m’a mis le pied à l’étrier ne se refuse pas. J’ai fait ma première course au volant de sa Formule Renault, il a fait preuve avec moi d’une incroyable patience, et lorsqu’il m’a fait savoir qu’il repartait pour une saison complète, je ne pouvais que le suivre. »

L’an prochain, c’est donc Olivier Augusto qui prendra en charge la Norma de Jean-Jacques. Ils devraient logiquement être tous les deux au départ des treize manches inscrites au calendrier 2017 : « Ça promet de grands moments de partage et d’amusement », conclut Jean-Jacques.


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