Seule organisatrice d’une manche du CFM

Présidente de l’ASA Beaujolais, Chrystèle Petit a pris en charge les destinées d’une structure qui organise trois épreuves majeures : La Course de Côte de Marchampt, Le Rallye des Vignes de Régnié, et depuis l’an dernier la Finale de la Coupe de France de la Montagne. Seule femme organisatrice d’une manche du Championnat de France de la Montagne, Chrystèle ne manque pas d’apporter sa touche de féminité dans son approche de l’organisation.

Dans un monde de la compétition automobile où la testostérone règne en maitre, rares sont les femmes qui occupent le devant de la scène. La parité a bien du mal à s’installer dans un univers d’hommes, et si la présence des pilotes féminines peut être considérée comme marginale, elles sont également peu nombreuses à officier dans le personnel encadrant… Chrystèle Petit fait donc figure d’exception, en étant la seule femme à organiser une des treize manches inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne !

Commissaire, secrétaire d’ASA et Présidente
Chrystèle était adolescente lorsque Jo, son papa, lui proposait de l’accompagner sur un week-end de course afin de suivre la prestation d’un de ses copains, Daniel Petit, pilote de son état : « J’ai rapidement découvert une passion, et bien plus encore puisque par la suite Daniel allait devenir mon mari », évoque Chrystèle.

Rapidement, Chrystèle Petit allait intégrer l’ASA Beaujolais au sein de laquelle était licencié son mari, ce qui lui permettait de faire la connaissance d’un autre Daniel, Daniel Demare, alors président de l’association : « En 1983, j’étais membre honoraire de l’ASA Beaujolais, l’année suivante j’ai passé mon examen de commissaire avant que Daniel Demare ne me propose le poste de secrétaire de l’ASA, qui venait de se libérer. »

Sa rigueur dans le suivi des dossiers, sa passion, son enthousiasme, son envie de mener à bien des missions feront que durant plus de 20 ans, Chrystèle Petit officiera en qualité de secrétaire de l’ASA : « Lorsque la fédération a demandé aux Associations Sportives Automobiles qu’elles disposent d’un président délégué, Daniel Demare m’a demandé d’assumer cette fonction. Et il y a quatre ans, quand il a décidé de prendre du recul, c’est tout naturellement que j’ai postulé à la présidence. »

Elue, Chrystèle garde à l’esprit qu’elle doit énormément à son prédécesseur : « Daniel Demare m’a mis le pied à l’étrier, il m’a énormément appris, aiguillé. Lorsque j’occupais le poste de secrétaire, une osmose s’était créée avec Daniel, et nous avons travaillé à pérenniser les épreuves organisées par l’ASA en parfaite entente », se souvient-elle. « Après, le passage de témoin n’a pas été sans les difficultés, un changement de présidence génère certaines complexités qu’il faut savoir gérer. »

Pour Chrystèle Petit, reprendre la présidence de l’ASA Beaujolais était un défi à relever, « mais avant tout une suite logique à de nombreuses années d’implication », analyse-t-elle. Même si d’autres femmes avant elle avaient présidé des structures organisatrices, Chrystèle Petit était consciente que concernant le Championnat de France de la Montagne, elle serait seule organisatrice face à douze de ses homologues : « Dans mon esprit ça ne changeait pas grand-chose. L’ensemble des organisateurs me connaissent depuis de nombreuses années et personne ne pouvait remettre en cause ma légitimité… »

Malgré tout, certains ne manqueront pas de tester l’organisatrice fraichement élue : « Ce fut le cas de certains pilotes qui ont essayé de voir si je maitrisais totalement le sujet. Mais cela a toujours été fait avec une certaine bienveillance, sans réelle animosité. »

Garder à Marchampt son identité !
Dans son approche de l’organisation d’une épreuve, il était évident que Chrystèle Petit allait amener sa touche de féminité, « d’autant que l’ASA Beaujolais a la réputation d’être une ASA de filles, puisque je travaille avec une équipe au sein de laquelle les femmes sont majoritairement représentées », rappelle Chrystèle. « En termes d’accueil, de décorum, il est clair que nous apportons notre touche de féminité, certainement plus chaleureuse... Je pense que souvent, les femmes font preuve de plus de rigueur, ce qui dans l’organisation d’une épreuve est un plus non négligeable. Mais pour le reste, nous nous confortons au cahier des charges et à la réglementation du Championnat. »

Contrairement à bon nombre d’organisations, l’ASA Beaujolais ne peut pas s’appuyer sur une entité qui prend en charge l’aspect technique, ce qui pour Chrystèle Petit engendre des difficultés supplémentaires : « Nous n’avons pas d’écurie qui nous seconde, et c’est donc l’ASA qui mène à bien les différentes actions nécessaires au bon déroulement de nos épreuves. Cette autonomie nous contraint à être constamment sur la brèche. Avec trois événements majeurs à organiser, nous n’avons pas réellement de période chômée », estime Chrystèle. Il est vrai que le calendrier de l’ASA est chargé, avec le Rallye des Vignes de Régnié qui se déroule fin mars, le Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, manche du Championnat de France de la Montagne qui est prévue le troisième week-end de juin, et la Montées des Sarmentelles, théâtre de la Finale de la Coupe de France de la Montagne fin septembre.

Malheureusement, la crise due au coronavirus aura raison de ces trois épreuves, aucune n’aura lieu en cette année 2020 : « Je ne cache pas que j’ai une véritable boule au ventre à l’idée de voir nos épreuves annulées. C’est un véritable crève-cœur. Nous avons tout fait pour retarder les échéances avant de nous rendre à l’évidence et d’annoncer l’annulation de nos manifestation, mais j’avoue que je le vis très mal », confie Chrystèle pour qui la seule satisfaction vient de la reconnaissance du travail bien fait : « J’ai la chance de disposer d’une équipe composée de gens très motivés, qui s’impliquent corps et âme dans l’organisation de nos épreuves. Pour eux, comme pour moi, nous tirons une légitime fierté de la satisfaction des pilotes et de l’ensemble des acteurs de la discipline. Quand un pilote me dit que c’est vraiment génial de venir à Marchampt, c’est une vrai récompense. On a alors le sentiment d’avoir fait le job. »

L’organisation elle-même apporte son lot de plaisir, « celui d’être ensemble, de partager de très bons moments avec toute l’équipe », confie Chrystèle qui apprécie également de se rendre sur les autres manches de notre Championnat : « C’est toujours un vrai plaisir de rencontrer les autres organisateurs, d’évoquer nos spécificités, d’échanger des idées. Cela permet indéniablement de progresser, car pour aller de l’avant il faut savoir se remettre en cause, faire preuve d’énormément d’ouverture d’esprit, et de ne surtout pas croire que l’on est les meilleurs. Même si l’on considère que ce que l’on a mis en place est très bien, il faut toujours rester humble et ne pas hésiter à se remettre en question pour les éditions suivantes. » Mais si Chrystèle Petit avoue qu’elle ne se prive pas d’adapter des concepts vus ailleurs, elle ne veut surtout pas dénaturer son épreuve : « Marchampt a une réelle identité, des spécificités qui sont également des atouts et qu’il faut absolument conserver. »

Redonner l’envie aux spectateurs…
Pour ce qui est du plateau de son épreuve, Chrystèle Petit n’a guère de souci à se faire. La Course de Côte de Marchampt est l’une des plus prisées du Championnat. Un engouement dû en partie à une situation géographique idéale, les vignobles du Beaujolais étant situés au croisement de l’ensemble des épreuves, mais surtout au travail réalisé par l’équipe organisatrice : « Concernant le nombre des engagés, nous ne pouvons pas nous plaindre, nous mettons d’ailleurs tout en œuvre pour que cet engouement reste intact. Après, on regrette le manque de spectateurs. Il faudra à terme étudier des pistes pour inciter des passionnés de sport, constamment sollicités par une multitudes d’événements sportifs, à nous rejoindre. Le manque de spectateurs est d’autant plus regrettable, que les plateaux sont de qualité et les confrontations présentes à tous les niveaux… Il faut espérer que l’arrivée d’un tout nouveau speaker, qui a moins de 30 ans, amènera une vision plus moderne et incitera un jeune public à nous suivre. »

Même si elle ne pourra pas avoir lieu cette année, la Course de Côte du Beaujolais semble avoir de beaux jours devant elle. La 59ème édition est donc reportée à l’année 2021, et une nouvelle fois, Chrystèle Petit est l’ensemble de son équipe ne va pas compter ses heures pour que tout soit réuni afin de faire de cette manifestation un rendez-vous incontournable : « Je veux profiter de l’occasion pour remercier l’ensemble des membres de l’ASA Beaujolais, tous ceux qui s’impliquent dans les diverses organisations, et qui surtout me supportent » lâche Chrystèle dans un éclat de rire. « Un grand merci également aux Grobis – les habitants de Marchampt – qui acceptent avec grand plaisir que chaque année nous envahissions leur village et qui nous accueillent très chaleureusement. Merci à nos principaux partenaires, le Garage Citroën Guy Fiard, l’Entreprise d’Electricité Berney, nos partenaires institutionnels qui sont la Région Auvergne - Rhône-Alpes et le Département du Rhône. Et je n’oublie pas l’ensemble de nos partenaires qui au fil des ans nous renouvellent leur confiance », conclut Chrystèle Petit.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 


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