Le jeune Belge toujours en lutte pour la gagne

Lors de ses participations sur le Championnat de France de la Montagne 2016, Corentin Starck avait enchaîné les succès de classe. Des résultats qui faisaient de lui un potentiel vainqueur du Challenge Open en 2017. Mais si le jeune belge a une nouvelle fois joué les premiers rôles, il n’a pas été en mesure de concrétiser ses objectifs.

Lorsque l’on habite à Francorchamps, il est difficile d’ignorer l’existence de la compétition automobile. Ce fut le cas du grand-père de Corentin Starck qui, après avoir voué une passion pour les engins militaires, se découvrait une attirance immodérée pour les bolides qui passaient devant sa porte, avant d’aller rejoindre le célèbre circuit belge.

La passion est transmissible, et Claude, le père de Corentin, allait à son tour s’enthousiasmer pour les belles mécaniques. Mais il ne se contentera pas de vivre la course en spectateur, mais officiera l’espace de quelques saisons, en tant que copilote sur des rallyes de sa Belgique natale, avant de prendre part à quelques courses de côte. Corentin n’était qu’un nourrisson, lorsqu’en 1993, il accompagnait ses parents sur ses premières courses. Tout au long de sa jeunesse, il assistera à de nombreuses compétitions, tant routières qu’en circuit.

Loin des bruits de moteurs, c’est en participant à des compétitions de tennis de table que Corentin évacuait son trop plein d’énergie : « Mes parents ne voulaient pas que je fasse du karting, et je me suis donc tourné vers le tennis de table où je suis parvenu à atteindre un bon niveau régional », confie Corentin.

Première course en Proto, et premier succès
En 2012, Corentin, alors âgé de 19 ans, décidait de prendre part à ses premières courses. N’ayant aucune idée de son niveau de pilotage, avant d’investir dans une voiture, il décidait de louer une Peugeot 106, afin de se familiariser avec l’environnement des Courses de Côte : « J’ai alors roulé sur des épreuves belges dans le cadre du Championnat Provincial, et j’ai dû prendre part à quatre ou cinq courses. »

L’expérience étant concluante, Corentin Starck décidait de faire l’acquisition d’une Clio Cup : « J’ai roulé avec cette auto entre 2013 et 2015. La première année, je n’ai eu l’opportunité de prendre part qu’à quatre courses, dont Abreschviller et Eschdorf. Par la suite, j’ai continué à rouler en Belgique, tout en participant à des manches du Championnat de France », se souvient le jeune belge que l’on a pu voir, lors de la saison 2015, à Abreschviller, Vuillafans et Turckheim.

Mais à l’occasion de cette 59ème édition de Turckheim, Corentin décidait de franchir un nouveau cap et de s’installer derrière le volant d’une Norma 2 litres. Il intégrait alors le Team Frantz Racing pour disputer sa toute première course en Proto. Un coup d’essais qui sera un coup de maître, puisqu’il accrochait la sixième place du classement scratch et terminait en tête du CN/2 : « Ce fut pour moi une énorme surprise car je ne m’attendais pas à être devant », reconnait-il.

Fort de ce premier succès, Corentin Starck décidait de poursuivre sa collaboration avec Cyrille Frantz sur quatre épreuves du Championnat de France de la Montagne 2016 : « J’ai débuté la saison à Bagnols-Sabran, j’ai terminé troisième, mais après le drame que nous avons vécu sur cette épreuve, le résultat n’avait aucune espèce d’importante. C’est une course que je préfère oublier. » Par la suite, Corentin se classera deuxième du CN/2 à Abreschviller, avant de s’imposer assez largement à Vuillafans et de signer un nouveau succès à Turckheim où on le retrouvait une nouvelle fois à la sixième place du classement scratch.

En l’espace de quatre courses disputées en France, le jeune Belge a acquis une réputation de pilote talentueux, capable de jouer les tous premiers rôles. Ses résultats ne pouvaient que l’inciter à s’engager sur le Championnat de France pour la saison 2017 : « Je n’avais disputé que quatre courses en 2016, et compte tenu des résultats, je me suis dit que si j’avais pris part à deux épreuves supplémentaires, j’aurais pu accrocher une bonne place sur le Challenge Open. C’est dans cette optique que j’ai abordé la saison 2017. Bien évidemment, je suis un compétiteur, et j’espérais vraiment gagner. Mais face à la forte opposition que l’on trouvait cette année en CN/2 (avec dix-sept engagés, ndlr) je pensais que terminer sur le podium serait déjà un très bon résultat. »

La Norma M20 FC semblait parfaitement convenir à Corentin, et c’est donc en toute logique qu’il optait pour ce proto : « J’avais jusqu’alors loué la voiture, et je me suis dit que c’était un investissement à perte. Aussi, ai-je décidé de faire l’acquisition d’une Norma. Je connaissais parfaitement celle du Frantz Racing, je l’ai donc acheté parce que je savais exactement quel était son potentiel. »

Succession de podiums de classe
D’entrée de jeu, à Bagnols-Sabran, Corentin Starck tirait son épingle du jeu en se hissant sur le podium du CN/2. Troisième derrière les expérimentés Olivier Augusto et Yannick Latreille, il terminait à seulement quatre dixièmes de l’Auvergnat : « Je suis arrivé à Bagnols sans préparation. J’avais programmé une séance de tests une semaine auparavant, mais une fuite d’huile m’a empêché de rouler », explique le pilote belge. « C’est une course sur laquelle il faut vraiment être en confiance, et pour ma part, ce n’était pas le cas. La météo ne nous a pas aidé, et il a fallu que je me force pour aller vite. Pour une première épreuve c’était compliqué, mais à l’issue des deux premières montées de course, je pointais en tête de la classe. Je me suis fait passer sur la dernière, mais au final je ne peux être que satisfait de cette troisième place. »

Quatre pilotes, évoluant en CN/2, pointeront dans la même seconde à l’heure de faire les comptes, dimanche, à Abreschviller. Malheureusement pour Corentin, c’est lui qui occupait la quatrième place, à un dixième de seconde du podium : « C’est pour moi une course à oublier. J’aime beaucoup l’ambiance qui règne à Abreschviller, mais le parcours ne permet pas de mettre en exergue le pilotage. Tout se joue sur les réglages. Il faut, pour être rapide, avoir un moteur et des pneus au top. Là, j’ai fait de mon mieux, mais je ne pouvais pas mieux faire… »

Corentin Starck ne regrettera pas son déplacement à Saint Gouëno, où à l’issue d’un combat acharné face à un autre jeune espoir, Julien Français, il terminait deuxième du CN/2 : « On m’avait dit beaucoup de bien de cette épreuve, mais j’hésitais à y aller compte tenu de la distance qui nous sépare de la Bretagne. L’ambiance est fabuleuse, les organisateurs sont vraiment au top, j’ai adoré. » Dimanche, à l’issue de la deuxième montée de course, Corentin occupait la troisième place du classement scratch, leader des CN/2 : « Mais avec une météo capricieuse, ce fut une véritable loterie pour choisir les pneus et sur la dernière, je n’ai pas pris la bonne option. C’est le jeu ! »

« Quand je disais qu’Abreschviller était à oublier, c’était sans parler de Vuillafans », lâche Corentin hilare. Sixième à l’issue des essais, premier des CN/2, le Belge s’élançait dimanche parmi les dix derniers, et sera l’une des victimes du scénario ubuesque voulu par la météo : « C’est bien évidemment la course la plus frustrante que je n’ai jamais courue. Tout au long du dimanche, la route séchait entre les montées, et la pluie faisait son apparition chaque fois que nous nous présentions au départ. Un truc de fou ! »

A Turckheim, où il concluait sa saison, Corentin Starck se voyait proposer un nouveau duel face à Julien Français. Au départ de la dernière montée, c’est le Belge qui menait le bal du côté des CN/2, deux dixièmes devant son rival. Mais sur la dernière montée, le sociétaire du Team CroisiEurope prenait l’avantage et s’imposait pour 221 millièmes : « Ce fut une belle bagarre, une belle course, et je suis content de ce que j’ai fait. Ma seule petite frustration vient du fait que je ne suis pas parvenu à rééditer mes chronos de l’an dernier. »

A l’heure de faire le bilan, Corentin n’a pu finalement prendre part qu’à cinq manches du Championnat, et se classe neuvième du Challenge Open CN/2 : « Certes la concurrence était forte cette année, mais compte tenu de mes résultats de 2016, j’aurais dû faire bien mieux. Je suis un peu déçu mais en partie fautif, car je me suis un peu trop reposé sur mes acquis. Je savais la voiture performante, et je n’ai pas travaillé dessus alors que mes adversaires faisaient évoluer les leurs. Il aurait fallu que j’apporte des améliorations, que je fasse réviser le moteur », estime le jeune Belge. « Après, il est évident que lorsque tu sors d’une structure comme le Frantz Racing et que tu te retrouves à devoir gérer seul tes courses, ça complexifie un peu les choses. Auparavant je n’avais rien à gérer si ce n’est mon pilotage, alors que là il fallait que je me débrouille tout seul pour gérer l’ensemble des paramètres… Ce que je veux retenir, c’est que sur chaque course, je me battais pour la victoire et je me suis souvent fait passer sur la dernière montée. Ça n’a pas voulu sourire, voilà tout ! »

D’excellents résultats en Belgique, Luxembourg et Suisse
Si sa saison sur le Championnat de France a été un peu décevante, Corentin a en revanche brillé à domicile : « Sur la Course de Côte de Alle-sur-Sémois, qui se déroule à côté de chez moi, j’ai terminé deuxième au général derrière un Proto 3 litres, à deux dixièmes de la victoire. J’ai bien failli remporter ma première victoire scratch. J’ai participé ensuite à Sainte Cécile où je termine cinquième au général et vainqueur de ma classe. » Le Belge ne s’exporte pas uniquement en France, on a pu le voir à Eschdorf, au Luxembourg, où il remportait sa catégorie. Il participait également à la manche suisse du Championnat d’Europe, Saint Ursanne – Les Rangiers où il termine neuvième au scratch et s’impose en CN : « Là j’étais vraiment content de mon résultat, ce fut un superbe week-end. »

Tout au long de la saison, Corentin Starck a porté haut les couleurs de partenaires qu’il tient aujourd’hui à remercier : « Un grand merci à la société ARHS Group, le Garage Auto-Service Luxembourg, mon partenaire et employeur Florexpo-Groupe Willaime, la Carrosserie Ludo à Bertrix, le Restaurant Camping Ban de Laviot, la société RS Bois Sprl et Mottet-Huybens parcs et jardins. Merci également à Alison, ma compagne, qui s'investit beaucoup dans ma passion, que ce soit sur les courses où en dehors, et qui sacrifie pas mal de choses pour moi. Et bien sûr mes parents qui m'ont toujours soutenu et sans qui je n'en serais pas là. »

Afin de poursuivre sa progression, Corentin Starck a décidé de changer de monture pour aborder la saison 2018. Il évoluera au volant de l’Osella PA21 2 litres qu’il a rachetée à Cyrille Frantz : « C’est une auto plus récente, donc plus performante, et je pense avoir fait le bon choix en optant pour une voiture de nouvelle génération. J’aurai pu investir pour apporter des améliorations à la Norma, mais ça restait malgré tout une auto d’ancienne génération, qui n’aurait pas été aussi performante qu’une voiture plus récente. » Pour ce qui est de son programme, on devrait normalement retrouver Corentin sur des épreuves du Championnat de France : « Mais je ne suis pas en mesure aujourd’hui de dire sur combien d’épreuves, sachant que souhaiterais également disputer plus de courses en Belgique », explique le Belge dont le programme 2018 devrait être dévoilé lors d’une soirée qui se tiendra le 10 mars prochain.

Propos recueillis par Bruno Valette


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