Premier des GTTS/1 au Championnat et vainqueur du Challenge Open

Sociétaire du Team Schatz Compétition, Jean-Michel Lestienne avait comme objectif de ramener à son coach, Nicolas Schatz, le doublé à l’issue de cette saison. Il y parvient en terminant en tête des GTTS/1 sur le Championnat de France de la Montagne, et en remportant également le Challenge Open de la catégorie.

En 2016, Jean-Michel Lestienne s’était concocté un calendrier sur lequel figurait l’ensemble des manches du Championnat de France de la Montagne. Une première saison complète qui lui permettait de terminer en tête des GTTS/1 sur ce Championnat, mais c’est Jérémy Avellaneda qui sortait vainqueur du Challenge Open : « Fort de ce constat, j’estimais que pour 2017 je devais changer de braquet, car mon objectif annoncé était le doublé Championnat / Challenge Open », débute Jean-Michel Lestienne.

Dans le même temps le TTE (promoteur du trophée Mitjet en circuit) décidait d’homologuer un nouveau moteur pour propulser les Mitjet, avec refroidissement liquide afin d’éviter les casses répétitives du moteur Yamaha « air » en circuit. Le choix du constructeur se portait sur le 1352 cm3 Kawasaki qui équipe alors la 1400 GTR : « Bien entendu ce moteur est réglé et plombé en usine pour délivrer la même puissance que le Yamaha pour une équité totale. D’ailleurs en circuit, c’est toujours le Yamaha qui fait la loi », poursuit l’assureur Marnais. « Sur le papier toutefois, les quelques cm3 supplémentaires du Kawasaki laissent supposer plus de couple et de rondeur pour une meilleure exploitation en côte. Que nenni, dès les premiers tests, nous constatons effectivement une belle arrache, mais aussi un moteur violent et surtout pointu, avec une plage d’utilisation très courte sur chaque rapport. Pas top en côte, notamment sur le mouillé, mais il faudra faire avec, les jeux sont faits. »

Jean-Michel Lestienne disposait toutefois de sérieux atouts dans son jeu. Une meilleure connaissance des tracés, mais également une belle évolution de son pilotage grâce aux conseils avisés de son coach Nicolas Schatz : « C’est grâce à cela que je pouvais faire jeu égal avec mon principal adversaire, Jérémy Avellaneda. Nous nous sommes rendus coup pour coup tout au long de la saison, dans une parfaite amitié. Je souhaite à tous de vivre ce respect et cette complicité avec votre principal adversaire en course. Merci à Jérémy pour sa sportivité. Au final, je l’emporte. Il fallait bien un vainqueur. »

Début de saison compliquée
Cette saison riche en péripéties, Jean-Michel Lestienne l’évoque en déroulant le menu, épreuve par épreuve. Et c’est donc à Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du Championnat, qu’il faisait son entrée en lice : « Ce fut très compliquée, car j’avais récupéré mon auto chez le constructeur le lundi précédent la course. Nous réalisions immédiatement un essai circuit le mardi. Les premiers tours de roues se terminaient par la rupture d’une rotule avant lors d’un gros freinage, avec sortie de piste à la clef. Par malheur, l’auto terminait sa course dans des herbes sèches et prenait immédiatement feu », se souvient-il. « Nous avons limité les dégâts par une intervention rapide avec extincteurs, pour un retour en atelier et une réparation en urgence avant Bagnols. Je tiens d’ailleurs à remercier le Team Schatz Compétition pour le travail de malade réalisé en seulement deux jours. »

Le pilote de la Mitjet découvrait donc sa nouvelle auto en situation réelle, directement en course… Sur le mouillé : « Dans des conditions où l’auto s’avérait inconduisible, moteur trop brutal et trop pointu », analyse-t-il. « Heureusement la troisième montée se faisait sur le sec, après l’épisode angoissant de la violente sortie de Fabien, et malgré un châssis mal réglé, je pouvais néanmoins vérifier que le potentiel était là. La preuve nous réalisions un véritable hold-up avec mon ami Jérémy (Avellaneda), de toute façon imbattable chez lui à Bagnols, puisque nous terminions troisième et quatrième du groupe GTTS, devancés seulement par Christian Schmitter et Pierre Beal, qui évoluent tous les deux avec de très grosses autos. »

Le Col Saint-Pierre sera pour Jean-Michel Lestienne le théâtre d’une nouvelle déception : « La voiture chauffait, et nous ne trouvions toujours pas le moyen de la rendre moins pointue. D’autant plus que l’étagement de la nouvelle boite de série du moteur Kawa cette fois, n’était absolument pas adapté à cette course, sur laquelle j’évoluais en plus pour la première fois. Le dimanche soir, c’était un peu la soupe à la grimace, et j’étais en droit de me poser la question, ’’avais-je fait le bon choix ?’’. »

A l’Est du nouveau, à l’Ouest des succès
Après deux épreuves disputées dans le Gard, les animateurs du Championnat de France de la Montagne retrouvaient l’Est, et Jean-Michel une épreuve plus proche de chez lui : « Là, les réglages commençaient à payer, mais l’auto chauffait toujours. Le tracé correspond précisément à la nouvelle configuration de mon auto et je bats le record des Mitjet sur ce tracé. Le sourire revient », reconnait-il.

La Course de Côte de Thèreval ne pouvait pas plus mal commencer. Dès les essais libres, Jean-Michel se retrouvait avec une boite de vitesses bloquée : « Heureusement j’avais mon mulet dans le camion, et le Directeur de course et le collège m’ont autorisé à l’utiliser. Certes je gagne cette course, mais les problèmes persistent sur mon auto de course. » La Mitjet est alors renvoyée chez le constructeur car elle dispose de nombreux plombages afin de lever toute ambiguïté sur la puissance égale au banc, avec le moteur Yamaha concurrent.  « Et nous ne voulons pas que l’équipe assume de ’’déplomber’’ l’auto. »

C’est au volant de son mulet que Jean-Michel Lestienne se présentait au départ de La Pommeraye, son auto de course étant toujours chez le constructeur : « Je gagne à nouveau cette épreuve, avec la déception de ne n’avoir pas pu utiliser mon auto de course sur ce tracé rapide. Du coup, je ne bats pas mon record de l’année dernière, mais je reste devant la concurrence. »

A l’heure de se rendre à Saint Gouëno, Jean-Michel ne disposait toujours pas de son auto de course. Frustrant alors qu’il s’élançait sur un tracé qu’il affectionne, « et sur lequel il faut une godasse de plomb. Je me remotive car il ne fonctionne pas si mal que ça ce fidèle « mulet ». Je m’impose à nouveau sur ce dernier épisode de cette très belle campagne de l’ouest. »

A Marchampt en Beaujolais, Jean-Michel retrouvait face à lui son rival et condisciple, Jérémy Avellaneda : « Marchampt, c’est une des montées ’’monument’’ de la saison. L’une de celle où le pied supplie ’’à genou’’ le cerveau de relever, alors qu’il faut rester soudé. Comme d’habitude mon adversaire préféré me refait le coup du « père Jérémy », à savoir que d’entrée de jeu dès la première montée, il tape un gros temps, en battant d’ailleurs son record de l’année précédente. Il me reste ensuite à me battre contre le chrono tout le weekend, car je sais qu’après, généralement il n’améliore pas, contrairement à moi qui progresse de montée en montée grâce à mon coach préféré, Nico Schatz. A la troisième, je sors le grand jeu, je tombe le record de la montée et par la même occasion je bats Jérémy de quelques centièmes. Je rentre au stand avec le plaisir d’avoir fait le boulot. Comme toujours entre nous deux, Jérémy vient me féliciter. Politesse ou respect, voire amitié que nous souhaitons conserver avant tout l’un et l’autre. »

La saine émulation qui règne entre les deux pilotes et l’un des éléments qui les motive : « Autant, nous ne lâchons rien de rien jusqu’au bout, ni Jérémy ni moi sur la piste, autant nous nous tombons dans les bras après, car nous savons que celui qui a gagné de nous deux, à respecter toutes les règles du combat que nous nous menons. »

Combat sans relâche face à Jérémy Avellaneda
Pour Jean-Michel Lestienne, Vuillafans s’annonçait comme le « bis repetita » De Marchampt, le tracé Franc-Comtois convenant logiquement mieux son auto : « Mais Jérémy reproduit le coup du père…. Et moi aussi dans ma progression habituelle. Je suis persuadé de passer devant à la troisième montée avec des balles neuves. Et paf… j’insiste en quatrième où il faut passer en trois, et je perds logiquement une bonne seconde dans l’opération. Raté pour moi et Bravo Jérémy. »

C’est un Jean-Michel Lestienne enjoué qui se rendait à Dunières au mois de Juillet : « J’aime bien cette épreuve car je revois des bons copains, je suis bien logé et je mange bien à l’hôtel restaurant de La Tour (bonne adresse). Sur le tracé, hormis qu’il ne convient pas à mon pilotage, je m’adapte. Je gagne sans plus. J’ai fait le boulot encore une fois », estime-t-il.

S’il compte trois participations au Mont-Dore, Jean-Michel reconnait avoir encore du mal à mémoriser le tracé de ce monument de la discipline : « Je ne prévois pas de pneus neufs pour cette course où, pour la première fois, j’ai pris du plaisir sur ce tracé. J’ai cassé ma tringlerie de boite dans la deuxième, mais les mécanos ont réparé en urgence. Je bats quand même mon propre record de plus de quatre secondes, et je marque les points « syndicaux » face à Jérémy. »

Dans l’esprit de Jean-Michel Lestienne, la Course de Côte de Chamrousse est faite pour lui : « Nous avons la même stratégie de pneus avec Jérémy, il n’y a pu qu’à… Sauf que lorsque nous montons tous les deux des balles neuves à la même montée, son train fonctionne, alors que le mien ne donnera jamais son jus. C’est rare mais ça arrive. Je marque des points mais le suspense est à son comble, car tout va se jouer entre nous à Turckheim… MA course qui sent le sapin des Vosges ! »

« La course de la mort en quelque sorte pour l’attribution de l’Open », estime Jean-Michel quand il évoque Turckheim : « J’ai décidé, d’une part de gagner… Comme quoi le mental joue !  Mais aussi de ne pas laisser Jérémy me refaire le coup du... ! Après une première montée avortée par un drapeau rouge, non signalé derrière moi… Qui a failli me faire prendre Christian Schmitter, surmotivé, à plus de 200 dans le derrière… Ouf c’est passé ! Nous repartons logiquement avec Jérémy, également gêné, pour une vraie montée. » Hyper motivé, Jean-Michel tombe immédiatement le record de la montée des Mitjet de plus de quatre secondes. Il signe le seizième temps scratch sur 80 autos engagées en Production, « avec sans doute le plus petit moteur du lot, c’est juste Incroyable sur ce tracé. Pour la deuxième montée, je monte les pneus neufs. J’améliore de cinq dixièmes, mais je ne fais pas suffisamment confiance aux pneus pour faire tomber un temps qui resterait gravé très longtemps avant d’être battu. »

Malgré tout l’Assureur Champenois a course gagnée et sortait vainqueur du Challenge Open : « 3’17’’4 et des poussières restera malgré tout un temps qui sera difficile à battre à l’avenir. Bonne chance à mes successeurs dans la catégorie. »

La messe est dite lorsque Jean-Michel prend part à la Course de Côte de Limonest, manche de clôture de la saison : « Encore une fois mon auto de course me fait défaut, embrayage hors-service. Et en plus, suite à une incompréhension, Kawa nous livre une pièce inadaptée. Mon fidèle mulet revient aux commandes pour le plaisir. Le championnat est joué de toute façon depuis début aout, et l’open depuis Turckheim.  Jérémy roule en CN2 en prévision de 2018. La motivation est retombée pour moi. »

Mission accomplie !
A l’heure de faire le bilan de cette saison 2017, Jean-Michel Lestienne ne peut être que pleinement satisfait de sa prestation : « J’ai le sentiment très agréable d’avoir rempli mon contrat au sein de mon équipe de cœur, le Team Schatz Compétition, et surtout auprès de mon coach et mon ami Nico Schatz, à qui j’avais annoncé en début de saison que je ramènerais le doublé Championnat de France / Challenge Open. Contrat rempli ! »

Si Jean-Michel Lestienne donne le sentiment de s’être totalement épanoui sur les épreuves du Championnat cette saison, il le doit en partie à ceux qui l’ont entouré et à qui il tient à rendre hommage : « Avant tout je remercie mon épouse de supporter la vie que je lui fais mener, car nous sommes partis sur différents meetings, largement plus de vingt fois par an (CFM, circuits, rallyes, salons… etc). Il faut vraiment qu’elle aime les autos. Ensuite bien entendu, je remercie le Team Schatz Compétition qui doit aussi me supporter. Tout le monde est au top. Merci aux mécanos efficaces et totalement intègres à la structure, merci à Joëlle et la « bête » pour la partie intendance, merci aux accompagnants toujours dévoués et d’une gentillesse hors normes, merci à mes amis pilotes du Team avec qui nous entretenons une super ambiance d’équipe, et surtout un grand merci à Nicolas Schatz, mon coach et plus que ça, qui est d’une patience à toute épreuve avec moi. Son coaching est parfait avec des conseils sportifs et techniques toujours cohérents avec les situations que nous rencontrons forcément sur chaque course. Son efficacité est redoutable. La preuve est que sur cinq pilotes réguliers du Team, nous emportons quatre titres. Geoffrey, vice-champion de France, Sarah Championne de France Féminine, David Meillon premier au Championnat de France en CN3 + vainqueur du Challenge Open, et moi-même premier au Championnat de France en GTTS/1 et vainqueur du Challenge Open. Les autres n’ont pas démérité pour autant. Avec seulement quelques piges, c’est compliqué de jouer un titre. Bravo à eux pour leurs participations. »

« Pour terminer, je voudrai également remercier tous les organisateurs qui se dévouent pour nous organiser de beaux meetings, malgré toutes les critiques dont ils font régulièrement l’objet. Je connais bien cette problématique car j’assure à ce jour plus de 2000 manifestations par saison, et je suis par conséquent en relation constante avec tous ces bénévoles passionnés qui font preuve d’un grand courage. »

2018, nouveau défi
L’implication de Jean-Michel Lestienne en Course de Côte va encore s’étoffer la saison prochaine : « Depuis peu, j’ai racheté le constructeur Funyo avec mes trois associés de la marque e-racingcar.com constructeur de protos électriques, avec de grandes ambitions commerciales et sportives. Je roulerai donc la saison prochaine en circuit avec VDEV, et sur le Championnat de France de la Montagne, dans un proto de ma marque, une Funyo SP 05, qui figurera dans un nouveau groupe du fait de sa motorisation 1.6 turbo. Amateur de nouveaux défis, appelez-moi ! »

« Nous reviendrons certainement sur le sujet avant la prochaine saison car un trophée Funyo est envisagé avec le promoteur, avec des compétitions satellites insolites et originales, avec de grosses dotations. »

A suivre !

B. Valette avec Compte rendu J-M. Lestienne

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Jean-Michel Lestienne.


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