Meilleur Jeune Production et 2ème du Challenge Open A/3

Récompensée par le Trophée FFSA du Meilleur Jeune Production, la toute première saison d’Elie Théophile sur le Championnat de France de la Montagne lui laissera des souvenirs impérissables. Car non seulement l’espoir Gardois se classe deuxième du Challenge Open A/3, mais veut surtout retenir, outre ses excellents résultats sportifs, la parfaite entente qui règne au sein du Challenge, et les valeurs humaines qui s’en dégagent.

Même si Elie Théophile a passé sa tendre enfance près de Sabran, la Course de Côte n’était pas un événement qui suscitait le moindre enthousiasme au sein de sa famille. Elie se souvient qu’il devait avoir une dizaine d’années, lorsque son père décida, en guise de sortie dominicale, d’aller voir la manche d’ouverture du Championnat de France de la Montagne. Pour Elie, se fut un déclic, les premiers vrombissements de moteur entendus allaient lui inoculer le virus de la course.

« A partir de là, tous les week-end nous étions sur le bord des routes pour assister à des compétitions automobiles », se souvient Elie qui ne délaissait pas pour autant son sport le prédilection, le football. Gardien de but au sein de l’équipe de l’Association Sportive de Saint Paulet de Caisson, Elie sera le portier de l’équipe durant une dizaine de saison.

Premières sensations en tant que copilote
Sa passion naissante pour le sport automobile entrainait tout naturellement une certaine admiration pour les pilotes qui évoluaient dans sa région. Elie se rapprochait alors d’un licencié de son village avec qui il tissait des liens d’amitiés, et qui lui proposait rapidement de l’embarquer en qualité de copilote : « J’avais alors 16 ans lorsque j’ai disputé mon tout premier rallye à bord d’une BMW 320 Groupe N. Un excellent souvenir, même si on a cassé le moteur au bout de trois spéciales », se remémore Elie.

C’est ensuite aux côtés de son voisin, Mikael Monier, que Elie prendra part à une quinzaine de rallyes, à bord d’une Peugeot 205 GTI, sur trois saisons entre 2016 et 2018. Mais dès 2016, Elie décidait de faire l’acquisition de sa toute première voiture de course, une 205 en configuration F2000 : « Il y avait beaucoup de travail à faire dessus, et je n’avais quasiment pas de budget. J’ai fait deux courses de côte et deux slaloms avec, mais sans enregistrer de vrais résultats. »

La 205 vendue, Elie Théophile faisait six mois plus tard l’acquisition d’un Proto PRM avec lequel, toujours par manque de budget, il ne pourra prendre part qu’à cinq épreuves : « Cela m’a donné l’occasion de rouler à Sabran et à Marchampt en Beaujolais. »

Si Elie Théophile n’avait pas les moyens d’assouvir sa passion, il n’était pas pour autant question qu’il reste éloigné des épreuves. En 2018, il sera présent sur onze manches du Championnat de France de la Montagne, et gravitera tout au long de l’année dans l’entourage des stars de la discipline, auprès desquels il glanait de précieux enseignements et s’imprégnait de la philosophie de ce microcosme si attachant.

Motivé par son principal partenaire, Stylimmo, Elie Théophile décidait de s’engager sur le Championnat pour cette saison 2019 : « Nous nous sommes d’abord tournés vers le Team Schatz Compétition pour rouler en Mitjet. L’auto pouvait parfaitement me convenir, et l’idée d’évoluer dans une équipe aussi professionnelle que celle de Nicolas Schatz était attrayante. Mais j’avais le sentiment que toutes les Mitjet engagées sur le Championnat n’offraient pas les mêmes performances, et j’ai préféré opter pour une Clio Cup, catégorie qui à mon sens offre des garanties d’équité plus nettes. »

Le choix de la voiture vient également d’une discussion avec un autre animateur du Championnat, lui aussi évoluant au volant d’une Clio : « Jimmy (Ermann) m’a en effet motivé à le rejoindre, en m’expliquant qu’en ayant le même âge, on allait vivre une saison sympa en se confrontant tous les deux. »

C’est avant tout comme une saison d’apprentissage que Elie Théophile abordait sa toute première campagne de France : « Je voulais avant tout apprendre, et ne pas commettre de fautes, donc surtout ne pas sortir. Je ne m’étais donc pas fixé d’objectif particulier, si ce n’est de me mesurer à Jimmy en me faisant plaisir. »

Succession de Coupes du Meilleur Jeune
C’est donc au volant d’une Clio Cup 3 que Elie Théophile se présentait au départ de Bagnols-Sabran, où il allait enregistrer un premier résultat probant en terminant deuxième de sa classe derrière Stéphane Martinet, et en remportant la Coupe dédiée au Meilleur Jeune : « Ça restera un souvenir chargé en émotion. C’était intense pour moi de monter sur le podium, sur cette épreuve à la maison, devant ma famille et mes amis. Je n’attendais rien de cette épreuve, je termine deuxième derrière Stéphane qui réalise une magistrale dernière montée. C’est vraiment un fabuleux souvenir. »

Impossible d’aller chercher la Mégane Kit-Car de Nicolas Liron sur les pentes du Col Saint-Pierre. En terminant deuxième, Elie considère donc sa performance comme une victoire, d’autant que la concurrence était relevée : « On m’avait dit que le Saint-Pierre était un tracé difficile à assimiler. C’était pour moi une première, et j’ai bossé comme jamais. Finalement ça a payé ! » estime Elie. « Samedi, trois montées étaient au programme, deux d’essais et une première montée de course, et nous sommes chacun à notre tour, Stéphane (Martinet), Jimmy (Ermann) et moi en tête. C’était prometteur pour le lendemain… Dimanche, au final, au cumul de deux montées de 5 kilomètres, je m’impose avec un dixième d’avance sur Jimmy et deux sur Stéphane, scénario incroyable... » confie Elie qui remporte par la même occasion une nouvelle Coupe du Meilleur Jeune en Production.

Abreschviller fut plus compliqué pour le jeune gardois qui pour la première fois évoluait sous la pluie : « Nous ne sommes jamais parvenus à trouver les bons réglages. Nous n’avions pas les bons pneus, et je n’étais pas en confiance. Je passe à côté, ce sont des choses qui arrivent. Mais c’est un tracé qui ne me convenait pas et que j’ai abordé avec beaucoup de sagesse », analyse Elie qui termine quatrième de sa classe.

C’est à la quatrième place du Groupe A, derrière les trois ténors de la catégorie et en tête des A/3 que l’on retrouve Elie Théophile à l’arrivée de La Pommeraye : « Après Sabran couru pour moi à la maison, c’est la deuxième course que j’ai préférée du Championnat. Je me suis fait vraiment plaisir sur ce tracé rapide, j’étais vraiment super bien, à la limite partout mais sans avoir le sentiment d’en faire trop », explique Elie qui s’impose trois dixièmes devant la Nissan Almera de Michel Bineau, et qui en profite pour terminer une nouvelle fois premier des Jeunes en Production. « Et puis j’ai adoré l’accueil et l’organisation de La Pommeraye », ajoute-t-il.

A Saint Gouëno, derrière les trois Supercopa qui jouent la gagne en Groupe A, on retrouvait sa Clio d’Elie Théophile, là encore meilleur jeune en Production : « L’ambiance de Saint Gouëno est fabuleuse, mais j’ai vécu un week-end bizarre. J’avais en fait le sentiment de me trainer tout au long du week-end, et pourtant le résultat est là. Comme au Saint-Pierre et à La Pommeraye je bats le record des Clio Cup, alors que je n’ai jamais eu l’impression d’être vite. »

Particulièrement en verve lors des essais, Elie allait commettre à Marchampt une erreur sur la première montée de course. Une touchette qui fort heureusement n’engendrera pas de gros dommages, mais qui aura pour effet de lui gâcher son week-end : « Je venais de signer deux excellents résultats et j’ai peut-être fait preuve d’un excès de confiance », reconnait humblement Elie. « J’ai tapé un talus, mais sans gros dégâts. J’ai pu repartir sur les montées suivantes, mais en ’’roulant sur des œufs’’, et le résultat n’est pas au bout. »

Cette épreuve de Marchampt marquera un tournant dans la saison d’Elie Théophile. Ce dernier optait en effet pour une toute nouvelle Clio Cup 3 avec laquelle il se présentait à Vuillafans. Il devait alors s’adapter à sa nouvelle monture, dont les réglages étaient bien évidemment à revoir. « Vuillafans fut un week-end très compliqué… Samedi je me suis fait peur lors des essais avec la nouvelle auto. Ça a rapidement calmé mes ardeurs », se souvient Elie. « Dimanche matin, j’étais déjà monté lorsque l’on a appris la violente sortie de Jimmy, et bien évidemment ça nous a profondément marqué, et par la suite je ne suis plus parvenu à me lâcher. »

Le retrait de Jimmy Ermann allait influer sur l’approche de fin de saison de Elie : « Nous devions nous battre pour le titre de Meilleur Jeune, et sa fin prématurée de saison me prive d’un adversaire et d’un ami, c’est très frustrant. »

Elie Théophile garde un souvenir particulier de Dunières, épreuve durant laquelle il a passé le week-end avec son principal adversaire pour le titre, Stéphane Martinet : « Nous ne nous connaissions pas en début de saison, mais ça a tout de suite accroché. A partir de Vuillafans, nous avons décidé de faire assistance commune. De ce fait j’ai pu à partir de ce moment là bénéficier de ses précieux conseils et de son expérience. C’est aussi pour cet aspect humain que j’apprécie le Championnat, et même si j’ai connu en Auvergne un week-end difficile avec une Clio qui m’a donné énormément de fil à retordre, je veux avant tout retenir le soutien et la solidarité des gens qui m’entourent et notamment de Stéphane. » Malgré les difficultés, Elie parvenait à accrocher la deuxième place de sa classe, et à remporter la Coupe du Meilleur Jeune : « C’est bien évidemment positif, même si au niveau des chronos ce fut un peu frustrant. »

Les conditions climatiques qui régnaient sur le Mont-Dore étaient loin d’être idéales lorsque l’on découvre ce monument de la discipline. Là encore, le jeune gardois allait connaitre un week-end difficile : « Quelle galère ! On m’avait dit que plus tu avais l’impression d’aller vite, plus tu étais largué… C’est exactement ça ! Dès les essais, j’ai attaqué fort, et j’en ’’ramasse’’ énorme. Par la suite, avec une visibilité réduite, des conditions météorologiques très délicates, je n’ai pas pu profiter pleinement de ce tracé fabuleux. Mais je profite de l’occasion qui m’est donnée pour tirer un coup de chapeau à Christophe Ortiz, le Directeur de Course, qui a su gérer au mieux les problématiques. J’ai pu le voir à l’œuvre sur les courses de l’Ouest, c’est quelqu’un qui est à l’écoute des pilotes, très sympathique, et qui sait parfaitement gérer au mieux les différents paramètres. »

A trois courses de la fin de saison, le doute s’est installé dans l’esprit de Elie Théophile, qui a le sentiment de ne pas signer des performances à la hauteur de ses attentes : « Avec Stéphane, nous avons visionné mes caméras embarquées et il avait le sentiment que je me donnais à fond. Mais les chronos disaient le contraire. Quelque chose n’allait pas, j’en prenais une au kil’. »

Les choses n’allaient pas s’arranger sur l’épreuve de Chamrousse où, finalement, Elie se positionne au quatrième rang de sa classe derrière Michel Bineau, Stéphane Martinet et Philibert Michy : « Je me suis battu au mieux, avec le sentiment de tout donner, mais les chronos n’étaient pas au rendez-vous, même si je termine meilleur jeune. »

Dans la semaine qui a suivi Chamrousse, lors d’un passage au banc, le moteur de la Clio laissera entrevoir un défaut de capteur qui générait un manque de puissance. Un élément qui expliquait des chronos en deçà des attentes du pilote : « Je sais maintenant que ça m’a coûté quelques résultats, mais nous avons pu changer la pièce pour nous présenter à Turckheim avec une Clio compétitive. »

Sur l’épreuve alsacienne, Elie retrouvait Stéphane Martinet à qui il allait livrer un nouveau combat : « J’avais également comme repère Sébastien Starck qui fait habituellement des chronos similaires aux miens. Au final, je termine devant lui, mais derrière Stéphane qui dimanche matin nous aligne un chrono stratosphérique… »

Le duel avec Stéphane Martinet allait se poursuivre jusqu’à la dernière manche de la saison, à Limonest, où au final Elie se verra devancé mais tirera une légitime satisfaction de sa prestation : « Je me suis bien battu, les écarts le démontrent. On s’est vraiment fait plaisir et on a passé un excellent week-end. Ce que je retiens avant tout c’est que nous étions parmi les engagés en Production six pilotes de moins de 25 ans, et que je termine une nouvelle fois Meilleur Jeune, ce qui sur cette épreuve me fait particulièrement plaisir compte tenu de la concurrence. Seul bémol, c’est que mon pote Enzo (Chiocci) soit sorti sur cette épreuve. C’est dommage car j’aurais aimé me battre avec lui… »

Trophée FFSA du Meilleur Jeune Production et 2ème du Challenge A/3
A l’issue de sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Elie Théophile remporte le Trophée FFSA du Meilleur Jeune en Production et termine deuxième du Challenge Open A/3. Le bilan pour l’espoir gardois est donc largement positif : « J’étais en tête du Challenge A/3 à partir du Saint-Pierre et j’ai conservé la tête jusqu’à Turckheim. Evidemment c’est un peu frustrant de ne pas l’avoir remporté. Mais ma voiture n’était pas toujours à 100%, et face à un pilote de la trempe de Stéphane, le moindre grain de sable vous prive d’une victoire. C’est vraiment mon petit regret, même si je sais qu’il a sorti des chronos que je n’aurais pas été capable de signer, et toujours en restant d’une déconcertante humilité. Je sais que Stéphane m’a tiré vers le haut, qu’il m’a permis de progresser. Pour moi cette saison est mémorable, avec l’acquisition d’un Trophée FFSA du Meilleur Jeune que j’estime être allé chercher. Après, outre l’aspect sportif et humain, le charme du Championnat s’est également de découvrir des régions, de faire de nouvelles rencontres, et rien que pour ça j’ai passé une fabuleuse année. »

Une fabuleuse année que Elie a partagé avec ceux qui l’ont soutenu et qu’il veut remercier : « Une énorme merci avant tout à Jean-Pierre Vasile, que l’on appelle dans les paddocks ’’Monsieur Stylimmo’’, puisqu’il représente le réseaux Stylimmo. Je le dépeins comme l’homme qui est derrière chaque mètre que j’ai pu couvrir avec la Clio. Merci bien évidemment à Jeanne ma copine, qui dans les moments de doute est là pour me rassurer et me remotiver, à mon beau-père Patrick Balme qui depuis Vuillafans se charge de transporter la Clio et d’assurer mon assistance. Je n’oublie pas évidemment l’ensemble de mes partenaires, We Tell You, Michelin, Renault Bagnols-sur-Cèze, Nicolas Millet et Pilotes tv pour leur boulots d'exception, les amis, toute l'équipe de Cht'amuz… Eric Bady pour ses précieux conseils, Alain Thierry qui est mon papa du sport auto. Merci à JP Pope, à ma mère, mon frère, Didier de m'avoir soutenu à tous les instants. Les bénévoles et commissaires, les organisations qui nous ont dans l'ensemble très bien accueilli, la FFSA et le promoteur qui permettent de faire vivre ce beau championnat. Merci à tous les jeunes photographes, vidéastes, passionnés qui nous soutiennent ! Et merci à tous ceux qui m'ont suivi dans la belle aventure qu'est le Championnat de France de la Montagne. »

Une aventure qui devrait se poursuivre l’an prochain, puisque Elie Théophile devrait relancer sa Clio sur le Championnat : « Nous nous sommes posé la question de savoir si je ne devais pas passer à une auto plus performante. Mais nous avons préféré faire preuve de sagesse en estimant qu’il était certainement un peu tôt » confie Elie qui fêtera ses 22 ans en janvier prochain. « Je vais donc conserver la Clio avec l’objectif d’être au départ des 13 manches du Championnat l’an prochain, pour essayer de remporter le Challenge Open A/3, qui selon toute prévision sera particulièrement disputé en 2020. Mais pour l’heure le budget n’est pas bouclé, et ma saison prochaine est bien évidemment dépendante des financements que je trouverai… A bon entendeur ! »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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