Pour sa saison de découverte du Championnat

Ces dernières années, Fabien Ponchant avait pris pour habitude de s’illustrer sur des Courses de Côte Régionales. En 2020, pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, il confirme son talent en remportant au volant de sa Dallara F302 le Challenge Open F3.

Entre 1980 et 1986, Jean-Marie Ponchant, le père de Fabien, prenait part à plusieurs épreuves. Et même si, en étant né en 1989, Fabien n’a jamais eu l’occasion de voir rouler son père, c’est tout de même lui qui lui transmettait sa passion pour la compétition automobile, en l’amenant notamment assister dès son plus jeune âge à de nombreux rallyes. Avec comme parrain ’’Nono’’ Herreng, préparateur renommé tant de motos que de voitures, Fabien avait l’occasion de prendre part, lors des réunions familiales, à des discussions axées sur la mécanique.

Mais c’est grâce au regretté Noël Cordonnier, le cousin de la maman de Fabien, ancien pilote de rallye qui durant les années 90 a fait carrière en défendant les couleurs de Peugeot Sport, que Fabien Ponchant allait découvrir le pilotage : « C’est lui qui m’a incité à prendre part à une course de Karting, et c’est cette première approche de la conduite qui sera à l’origine de mon envie de piloter. Je me souviens que c’était une course d’endurance de 3 heures, par équipe de trois pilotes, et que nous nous sommes imposés », se rappelle Fabien.

Le karting, école de la compétition
En ce milieu des années 2000, Fabien Ponchant faisait donc ses premiers pas en karting, et ce premier succès l’encourageait à poursuivre dans cette voie : « Finalement, six mois après je prenais part à mes premières courses, et il allait s’en suivre six années de compétitions. Cela m’a permis de faire mes armes, mais mes budgets limités ne me permettaient pas de me battre pour les premières places, face à une concurrence particulièrement affutée. »

Le karting est une parfaite école pour se forger un mental de compétiteur, ce que Fabien n’allait pas manquer d’acquérir : « J’avais la rage de vouloir toujours être devant, l’envie de me battre. Cela m’a permis également de développer un bon sens de la trajectoire, ce qui me sera vraiment utile par la suite. »

Par la suite, ’’Nono’’ Herreng allait pousser le jeune Fabien vers sa discipline de prédilection, le Rallye : « Il m’a dit ’’filleul, tu vas venir courir avec moi’’, et durant six saisons j’ai officié comme copilote. Nous avons reconstruit une Opel Manta 2 litres avec laquelle nous avons couru ensemble en Historique. C’était à l’époque un excellent préparateur, et nous disposions donc d’une fabuleuse auto. »

L’expérience en Historique débouchait sur des propositions pour courir en Moderne, et Fabien aura alors l’occasion de s’installer aux côtés de pilotes qui roulaient sur des épreuves du Championnat de France des Rallyes : « Cela m’a permis de rencontrer énormément de monde et d’étendre mon expérience dans cet univers de la compétition automobile. »

L’envie de se retrouver derrière un volant n’allait pas tarder, et Fabien Ponchant faisait alors l’acquisition d’un Fun Boost avec la ferme intention de démontrer que, comme en karting, il pouvait tirer son épingle du jeu : « Mais à cette période j’étais trop impliqué dans le rallye et finalement le Fun Boost a dû rester 4 ans dans mon garage avant que je ne m’en préoccupe réellement. »

Du Fun Boost à la F3 !
C’est sur la Course de Côte de Pouilly que Fabien engageait pour la première fois son Fun Boost : « Une première apparition qui n’a pas été fructueuse puisque je suis sorti. En fait, je suis totalement responsable, parce que j’ai fait l’erreur d’aborder cette course comme une épreuve de karting, sans me laisser la moindre marge de sécurité. » Mais rapidement Fabien parvenait à signer des chronos probants qui lui permettront de décrocher, en 2016, son ticket pour la Finale de la Coupe de France à Limonest : « Avec mon Fun Boost il n’était pas évident de se battre face à la nouvelle génération des Speed Car et autre TracKing, mais à l’issue de cette finale, j’avais reçu les félicitations d’un certain Yves Tholy qui est une référence en CM. »

Même s’il n’en avait pas encore la certitude, Fabien Ponchant était en droit de penser qu’il avait un réel potentiel à exploiter en tant que pilote : « Plusieurs observateurs de la discipline me disaient qu’il était temps pour moi de changer de voiture, de passer à autre chose. J’ai donc décidé de vendre le Fun Boost et je me suis dit qu’il fallait que je trouve une F3, la catégorie qui semblait le mieux me correspondre, même si je partais dans l’inconnue puisque, jusqu’alors, je n’avais piloté que le Fun Boost. »

Le fruit de ses recherches sera payant, puisque Fabien parvenait à trouver une Dallara F302 réellement à sa convenance : « C’est l’ancienne voiture de Samy Guth et je peux dire qu’elle est réellement performante. J’en profite pour le remercier de m’avoir vendu une auto magnifique, qui m’a offert de belles satisfactions durant ces quatre dernières saisons. »

Les premiers essais hivernaux menés sur le circuit de Croix-en-Ternois, faisaient prendre conscience à Fabien qu’il disposait d’une arme redoutable avec laquelle il allait pouvoir mener de beaux combats : « Je suis parvenu, lors de ces essais, à réaliser des chronos dans les temps des F3 de la Coupe de France des circuits, ce qui était très encourageant. »

Pour sa première course avec la F3, à Saint-Pierre-de-Varengeville, Fabien se hissait sur le podium en terminant troisième au scratch. Rapidement, il allait devenir un des hommes forts sur les épreuves normandes où l’on retrouvait la Dallara F302. En fin de saison 2018, on retrouvait Fabien à Urcy où, sur la Finale de la Coupe de France, il se classait septième au scratch, troisième des F3 : « Pour une première finale avec cette voiture j’étais vraiment super content. Mais mon objectif restait de m’illustrer en régional où, si je fais le bilan, j’ai dû remporter 90% des courses auxquelles j’ai participé. »

Mais loin de se laisser enivrer par la victoire, Fabien veut conserver une approche toute en humilité des épreuves : « Je garde toujours à l’esprit que je peux être confronté à un pilote talentueux, qui n’a pas encore fait parler de lui et qui peux mettre tout le monde à l’heure », analyse-t-il. « J’adore me retrouver dans ce cas de figure, cette combativité. »

En 2019, pour la première fois, Fabien Ponchant s’engageait sur une manche du Championnat de France de la Montagne, et pas la plus facile, le Mont-Dore : « C’était grandiose, et c’était pour moi déjà fabuleux de pouvoir être là. Je suis parvenu pour ma première participation à égaler les chronos des Dallara F302, ce qui était encourageant et ce qui me laissait penser que j’avais peut-être la possibilité de tirer mon épingle du jeu face aux ténors du Championnat. »

L’expérience concluante du Mont-Dore décidait Fabien Ponchant à établir un calendrier 2020 axé principalement sur les épreuves régionales, mais avec quelques apparitions sur le Championnat de France… La crise sanitaire allait brouiller les cartes, et l’annulation de nombreuses courses incitait Fabien à construire un programme dédié au championnat : « Je voulais être au départ du Mont-Dore et de Turckheim, quand j’ai vu que trois meetings étaient inscrits au calendrier, et que ces deux épreuves en faisaient partie, je me suis dit qu’il fallait faire le Championnat. »

Les performances réalisées jusqu’alors, ses facultés à s’adapter à des nouveaux tracés, son âme de compétiteur, permettaient à Fabien Ponchant d’afficher certaines ambitions au départ de cette saison : « Sans vouloir paraitre prétention, j’estimais être en mesure de me battre pour la gagne, en F3, face aux habitués du Championnat. Je savais aussi pouvoir compter sur les conseils avisés du staff de Pirelli qui était en mesure de me fournir des pneumatiques pour me battre devant. »

En lutte pour la victoire en F3
C’est sans avoir pu faire le moindre kilomètre en roulage que Fabien Ponchant se présentait au départ du Mont-Dore. Cela ne l’empêchait pas de se livrer à la lutte en tête pour un succès en F3. A l’heure de faire les comptes, à deux reprises Fabien accrochait la deuxième place de la catégorie dédiée au F3, derrière Didier Brun. De quoi laisser au pilote Nordiste d’excellents souvenirs : « Mémorable ! » lâche-t-il d’ailleurs lorsqu’on évoque le Mont-Dore. « Avant tout je veux tirer un grand coup de chapeau à Didier Brun, adversaire redoutable sur la piste mais qui a fait preuve d’un fabuleux fair-play. Samedi, ma course était potentiellement terminée suite à la rupture d’un arbre de roue. Je n’avais pas la pièce pour réparer et c’est Didier qui me l’a prêtée pour que je puisse poursuivre mon week-end. Un immense merci pour ce geste spontané ! »

Pour Fabien Ponchant, la Course de Côte de Turckheim allait être une découverte. Pas évident dans ces conditions de lutter face à des pilotes plus expérimentés : « C’est un monument, et j’ai dû apporter des modifications pour aborder ce tracé, et notamment changer mes rapports de boîte. Là encore je dois chaleureusement remercier Philippe Lassalle qui, après avoir remplacé mon cardan au Mont-Dore, m’a été d’une aide très importante à Turckheim pour monter des pignons de boite adaptés à la configuration du parcours. »

Sur l’épreuve alsacienne, Fabien allait trouver un adversaire de taille en la personne de Steeve Gerard qui évoluait là à domicile, et qui s’imposait à deux reprises en F3. Mais le combat fut rude car si samedi Steeve devance Fabien de trois dixièmes, dimanche ce ne sont que 131 millièmes qui séparaient les deux pilotes à l’arrivée : « Pour moi, c’est ultra satisfaisant. Pour un mec comme moi qui découvrait, battre le record des F302 de plus de trois secondes c’est plutôt enthousiasmant. »

Pour conclure la saison, Fabien Ponchant devait traverser la France pour, de son Nord natal, se rendre à Bagnols-sur-Cèze. Mais le jeu en valait la chandelle puisqu’il allait signer dans le Gard de belles performances : « Je me devais d’être au départ parce qu’à ce moment là je jouais le titre en F3. J’ai découvert un tracé plus court mais très atypique, sur lequel il faut rapidement comprendre qu’il faut rejoindre l’arrivée sans rien toucher. »

Samedi, à l’issue de la première course, c’est à la cinquième place du scratch que l’on retrouvait Fabien Ponchant, vainqueur du Groupe DE et par la même occasion leader des F3 : « J’ai touché le Graal ! Me retrouvait à la cinquième place derrière Fabien Bourgeon, Geoffrey Schatz, David Meillon et Sébastien Petit, que pouvais-je rêver de mieux ? Après il est clair que j’ai bénéficié de bonnes conditions météos, mais le chronos il fallait tout de même aller le chercher. Je garde en tête que j’ai eu les félicitations de la famille Petit qui m’a dit que je méritais le respect des pilotes de la Course de Côte. »

Le lendemain, Steeve Gerard prenait l’ascendant en devançant Fabien de 113 millièmes : « Je retrouvais Didier Brun et j’étais comme la veille devant lui. Cela démontrait, comme me l’a confirmait Fabien Bourgeon, que je suis en capacité de m’adapter à tous les terrains. »

Vainqueur du Challenge Open F3
Neuvième du Championnat de France de la Montagne à l’issue de cette sa toute première saison, Fabien Ponchant remporte le Challenge Open F3 : « Fabuleux… ! Que dire d’autres ? C’est le plus beau résultat de ma carrière. Quand je vois mon nom dans le top 10 du Championnat, au milieu des grands noms de la discipline que j’observe depuis cinq ou six ans, c’est évidemment très émouvant pour moi. Je me suis battu avec les meilleurs pilotes français de la F3, je réalise un rêve… Un énorme merci à ma voiture de m’avoir permis de faire ça. »

Les remerciements de Fabien ne vont pas uniquement à sa voiture, mais à tous ceux qui lui ont permis de concrétiser ce rêve : « Avant tout je veux remercier mes parents, qui m’accompagnent sur toutes les courses et qui m’encouragent. Un grand merci à la famille Lassalle, à ma compagne Cassandra dont le soutien n’est pas étranger à mes résultats. Merci à Pirelli – Ivalto pour son support technique et pour m’avoir permis de disposer de pneus performants sur toutes les épreuves, et à Auto Sport Lefebvre et tous mes amis proches qui me suivent sur place ou à distance. »

La Dallara F302, dont les performances ne sont plus à démontrer, est à la vente : « Si je parviens à la vendre, je vais essayer de passer à l’échelon supérieur, mais rien n’est définitif. Pour ce qui est de mon programme sportif, il est possible que je reparte sur un Open, mais là encore rien n’est réellement défini. J’aimerai bien être au départ du Mont-Dore et de Turckheim, et pourquoi pas découvrir les manches de l’Ouest. A termes, j’ai envie sur plusieurs saisons de découvrir toutes les manches du Championnat. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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