Troisième d’un Challenge Open A/5 très disputé

Vainqueur du Challenge Open A/4 et du Trophée FFSA Groupe A à l’issue de la saison 2017, Francis Dosières se relançait cette année sur une nouvelle campagne de France. Le plus titré des Montagnards en activité décidait de poursuivre son implication en groupe A, mais optait pour une toute nouvelle monture, une Seat Léon Supercopa MK3. Contraint de passer par une phase d’adaptation et de mise au point de sa nouvelle voiture, le garagiste de Fouchères accroche finalement la troisième place d’un Challenge qui fut certainement cette saison le plus disputé.

La Supercopa avec laquelle Francis Dosières a un peu plus étoffé son imposant palmarès en 2017 appartenait à Philippe Marion qui, pour 2018, souhaitait la récupérer afin de la vendre et de se tourner vers une MK3. Un choix qui paraissait judicieux tant à Philippe qu’à Francis, les deux amis se mettaient donc en quête de MK3, soit pour en faire l’acquisition, soit pour une location : « Mais tout ne s’est pas passé comme nous le souhaitions », explique Francis Dosières. « Il y a eu un véritable imbroglio avec les personnes avec qui nous étions en contact. Finalement, Philippe est parvenu à trouver une MK3, mais en ce qui me concerne, les contacts que j’avais se sont avérés infructueux. Nous avons perdu du temps, et à quelques semaines du début de la saison j’étais dans encore l’expectative. »

Michel Courroye proposait alors à Francis Dosières la Porsche 997 GT2 avec laquelle son fils Pierre évoluait précédemment : « Mais j’avoue que j’avais plus envie de rouler en Groupe A qu’en GT de Série. Philippe (Marion) m’a alors proposé de me laisser sa MK3, et de rouler lui avec la Porsche en GT de Série. » Les liens d’amitiés et la bonne entente qui règnent au sein de la structure dirigée par Francis Dosières permettaient à chacun de trouver la solution adéquate pour aborder cette nouvelle saison.

Une toute nouvelle Supercopa MK3
C’est donc avec une voiture qui n’avait jamais eu l’occasion de rouler en Course de Côte que Francis Dosières remettait son titre en jeu. Un pari osé, la principale difficulté résidant dans la mise au point de la belle espagnole : « Je savais que je risquais d’essuyer les plâtres, mais cela fait partie du jeu. Dans mon esprit les deux modèles de la Supercopa devaient être assez proches, finalement on découvrira rapidement que les différences étaient importantes, ce qui nous obligeait à exploiter différents réglages pour configurer au mieux l’auto à la discipline. Quand on regarde la MK3 de plus près, on s’aperçoit que le châssis est différent, ce que je savais, mais également que le moteur et la boîte sont différents. Mais dans la logique des choses, en comparaison avec la MK2, sur le papier la MK3 devait s’avérer plus performante. »

Avec une nouvelle auto, Francis Dosières se devait de passer par des essais préparatoires afin de valider les réglages de sa Seat : « J’ai eu la voiture deux semaines avant le coup d’envoi de la saison. Il fallait donc que je teste cette auto, et nous nous sommes rendus au circuit du Bourbonnais, mais ça ne s’est pas bien passé. Je suis sorti dans un bac à graviers, et cela a occasionné pas mal de dégâts, bien plus importants qu’il ne pouvait y paraitre suite à une escapade hors trajectoire qui pouvait semblait anodine. De ce fait j’ai dû réparer dans l’urgence, mais sans pouvoir prendre le temps de régler la voiture et de la configurer réellement pour la côte. »

Malgré tout, vainqueur du Challenge Open A/4 en 2017, Francis Dosières repartait donc dans un Challenge devenu A/5, avec la ferme intention de conserver son titre : « C’était bien évidemment l’objectif au départ, même si je savais que ce serait une saison difficile. Je m’attendais à ce qu’Antoine (Uny) soit compétitif d’entrée de jeu, et que Jérôme (Janny) soit une nouvelle fois un adversaire de taille. »

Avec une Seat Léon Supercopa MK3 sur laquelle il n’avait pas pu travailler comme il le souhaitait, Francis Dosières se présentait à Bagnols-Sabran en n’étant pas dans les meilleures dispositions : « La voiture n’était pas prête », se contente de dire Francis. Et la semaine qui séparait les deux épreuves gardoises du début de saison, n’allait pas lui laisser le temps de modifier la donne : « J’ai pu malgré tout faire quelques réglages, ce qui me permet de réduire l’écart face à mes adversaires, et j’avoue que j’étais vraiment content de cette progression », confie Francis qui, sur le Col Saint-Pierre, termine troisième du Groupe A. Il pointe à seulement deux dixièmes de la Mitsubishi de Guillaume Plan et à un dixième de la Supercopa de Jérôme Janny, alors que le résultat de l’épreuve cévenole prenait en compte le cumul des deux meilleures montées.

Succès de classe et podium en Production
Avant de rejoindre la Lorraine et la Course de Côte d’Abreschviller, Francis Dosières prenait le temps de peaufiner les réglages de sa Seat : « Et là tout s’est bien passé. Je signe un nouveau record du groupe, et comme l’an dernier je m’impose, c’était plutôt encourageant pour la suite. »

Une suite qui allait apporter à Francis Dosières de belles satisfactions. A Thèreval, le pilote aubois remportait non seulement un nouveau succès en Groupe A, mais il montait également sur le podium du Production, en terminant troisième de l’épreuve normande : « Pour être tout à fait honnête, j’étais un peu déçu de mes chronos par rapport à l’année précédente. Je pensais faire mieux… »

En homme d’expérience, Francis Dosières ne tardait pas à comprendre les raisons de sa déception suite à sa prestation à Thèreval. Un manque de motricité sur sa Supercopa l’empêchait de pouvoir pleinement s’exprimer. Et ce mal récurrent allait le suivre à La Pommeraye : « Ça s’est avéré encore plus important, et comme l’auto ne retournait pas au garage entre les trois épreuves de l’Ouest, nous n’avons pas eu l’opportunité de travailler sur la voiture. » Malgré tout, Francis parvenait à accrocher la troisième place à La Pommeraye derrière Jérôme Janny et Antoine Uny, puis à se classer deuxième à Saint Gouëno en étant devancé par Jérôme, mais en prenant l’ascendant sur Antoine : « Je dois ma deuxième place à la sortie de route d’Antoine, sans cela, je pense qu’il aurait été devant moi », commente Francis en toute honnêteté.

Les trois hommes forts du Groupe A se retrouvaient pour une nouvelle confrontation sur la Course de Côte rapide et technique de Marchampt. Et l’épreuve tracée dans les vignobles du Beaujolais allait être le théâtre d’une magnifique passe d’armes d’où Francis sortait vainqueur, en devançant Antoine Uny de 170 millièmes : « Nous avons encore travaillé sur la voiture, mais j’avais toujours des problèmes de motricité, et j’avoue que je ne sais pas comment je suis parvenu à m’imposer. C’était vraiment serré ! Après, sur un tracé comme celui de Marchampt, il est logique que la MK3 soit à son avantage, mais j’ai vraiment dû batailler. Sur la dernière montée, je me suis loupé au freinage de l’épingle, et je pensais qu’Antoine et Jérôme allaient me passer devant. Je suis parvenu à conserver la tête grâce à un très bon chrono réalisé plus tôt, mais que ce fut chaud ! »

Pour palier à ses problèmes de motricité et pour poursuivre le développement de sa Supercopa MK3, Francis Dosières se devait de faire des tests. Ce sera le cas à Vuillafans, où une tentative d’innovation allait s’avérer improductive : « J’ai suivi les conseils que l’on m’avait donnés, et j’ai surgonflé les pneus lors des essais… Et j’ai bien failli être victime d’une grosse sortie de route. A la deuxième épingle je ne suis pas parvenu à m’arrêter, et si je passe finalement, ça tient du miracle. » Francis optait alors pour une approche différente pour la suite, et sur la deuxième montée de course, il réduisait l’écart sur Antoine Uny : « J’avais modifié des réglages, c’était un pari osé, mais nous étions dans la bonne direction », confie Francis qui termine deuxième à seulement six dixièmes d’Antoine Uny.

La belle prestation de Vuillafans offrait à Francis un regain de confiance à l’heure d’aborder Dunières : « Nous avions le sentiment d’aller dans la bonne voie, ce qui se confirmera à Dunières où, sur les premières montées, je devance mes adversaires habituels. Mais sur la dernière, Antoine revient super fort et me devance pour 16 millièmes. Là j’avoue que j’y croyais un peu, mais c’est la course, et je ne peux que le féliciter. »

Au Mont-Dore, Francis Dosières allait vivre un début de week-end difficile : « Lors des essais et de la première montée de course, l’auto était tout simplement inconduisible... Là encore il nous a fallu bosser pour rectifier le tir, et au final je loupe la deuxième place pour seulement cinq millièmes », un écart dérisoire sur une épreuve de 5 kilomètres.

Difficile pour Francis de solutionner ses problèmes de motricité, et c’est toujours avec une auto ne correspondant pas totalement à ses attentes qu’il se présentait à Chamrousse : « Le souci c’est que la MK3 dispose d’un autobloquant hydraulique, que personne ne connait ici en France. Pour résoudre mes problèmes, compte tenu des délais, il aurait fallu que je fasse le choix de louper une épreuve pour qu’on puisse ouvrir la boite, sans avoir la certitude de trouver la solution. C’était trop osé, et je n’ai pas voulu prendre le risque. Malgré le manque de motricité, je suis assez satisfait des chronos réalisés à Chamrousse. Je pensais d’ailleurs qu’avec le temps réalisé sur la deuxième manche, je pouvais me retrouver en tête, mais Antoine et Jérôme ont signé de très bons chronos, ils descendent le record, et ils restent devant moi. »

Cette édition 2018 de la Course de Côte de Turckheim ne restera pas dans les nombreux souvenirs marquants de Francis Dosières, qui s’avoue déçu de son week-end alsacien : « Je ne suis pas parvenu à réaliser les chronos que j’avais signés en 2017. A partir du moment où les autres sont plus performants, et que toi tu ne parviens pas à améliorer, c’est qu’il y a un problème. Dans le sinueux, dès que j’accélérais, la voiture patinait énormément et elle était particulièrement sous-vireuse », explique Francis qui termine troisième, à seulement un dixièmes d’Antoine Uny, alors que Jérôme Janny signe en Alsace une large victoire.

A l’heure de se rendre à Limonest, manche de clôture de la saison, Francis Dosières ne se faisait guère d’illusions : « Sur ce tracé aussi technique et sinueux, je savais qu’avec mes problèmes de motricité, je n’avais aucune chance d’être performant. J’y suis allé pour honorer mes engagements, mais en étant réaliste quant au résultat final », avoue Francis qui se classe quatrième du groupe A.

De beaux combats et une belle saison
S’il n’est pas parvenu à conserver son titre, Francis Dosières reconnait que, malgré les problèmes récurrents qui l’ont pénalisé, il a vécu une superbe saison : « J’aime la compétition, et donc j’apprécie tout particulièrement d’évoluer dans une catégorie où il y a de la concurrence. Cette année j’étais servi… Je retiendrai que dans une classe où il y avait de nombreux adversaires, nous nous sommes rapidement détachés du lot avec Jérôme et Antoine, et que tout au long de la saison nous avons livré de superbes combats, en signant des chronos très proches. »

Référence parmi les Montagnards, Francis sait que son statut peut lui compliquer les choses, ses adversaires trouvant toujours un regain de motivation à essayer de devancer un pilote au palmarès aussi important. Mais le Garagiste de Fouchères apprécie ses combats face à la jeune garde, et apprécie toujours autant l’ambiance qui règne sur la discipline et le soutien dont il fait preuve : « Je profite d’ailleurs de l’occasion pour remercier tous ceux qui m’entourent, Yacco qui est mon partenaire principal, Michelin qui m’a bien aidé cette année, CTF Performance pour la gestion moteur, Seat Jeannin Automobile à Troyes, les membres de l’ASA Rhône-Cèze qui me viennent en aide et notamment son président Régis Court qui m’accompagne sur les épreuves, ainsi que Marc Lafont, mon mécano Jeannot Natter, Bastien Barbaud, mon frère Marc qui me donne un coup de main sur certaines épreuves et entre les courses. »

La Seat Léon Supercopa MK3 affiche un réel potentiel. Bien réglée, une fois gommés les problèmes de motricité, la belle espagnole pourrait s’avérer être une arme redoutable. C’est ce qui devrait inciter Francis Dosières à se relancer à son volant pour une nouvelle campagne en 2019 : « Nous sommes en train de finaliser tout ça, la priorité étant de résoudre les problèmes que nous avons rencontrés cette saison », conclut-il.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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