A l’issue d’une saison riche en émotion

Vainqueur du Challenge Open A/5 à l’issue de la saison 2018, Jérôme Janny se relançait cette année sur une nouvelle campagne de France avec comme objectif de conserver son titre. La lutte fut une nouvelle fois aussi intense qu’amicale entre les hommes forts de la catégorie, et au prix de gros efforts consentis suite à une violente sortie de route, le Lorrain parvient à remporter un nouveau Challenge Open.

L’âpreté des combats qui font rage au sein du Groupe A se mesure à l’amitié qui lie les principaux protagonistes. Entre les trois hommes fort de la catégorie – Jérôme Janny, Antoine Uny et Francis Dosières, règne en effet une complicité qui transcende leur motivation. Et c’est en partie pour cette raison que Jérôme Janny a accepté de retrouver cette saison le volant de sa Seat Léon Supercopa : « Pour être honnête, durant l’intersaison je ne savais pas si j’allais me relancer sur un championnat complet. C’est Antoine qui m’a motivé pour que nous puissions, comme l’an dernier, nous livrer de belles empoignades et partager durant les week-end des tranches de franches rigolades », confie Jérôme en guise de préambule.

Les souvenirs d’une saison où confrontations se mêlaient à des moments de convivialité, poussaient donc Jérôme Janny à reprendre le volant de sa belle espagnole : « Antoine et Francis repartaient, je ne me voyais pas rester sur le bord de la route », plaisante Jérôme.

Avant de retrouver les épreuves du Championnat de France de la Montagne, la Léon subissait une révision des amortisseurs et de sa boîte de vitesses : « Ce sont des éléments que je n’avais jamais révisés jusqu’alors, cela me permettait donc de disposer d’une auto capable d’aller chercher les petits dixièmes qui font parfois la différence. » Après trois tours de circuit pour s’assurer que la boîte fonctionnait correctement, Jérôme Janny pouvait débuter la saison.

L’objectif était bien évidemment de conserver le titre, même si Jérôme avoue qu’il ne se faisait guère d’illusion : « Je suis parti sans grande conviction. Les résultats affichés par Antoine en fin de saison laissaient entrevoir qu’il serait difficile de lui contester la victoire. Je savais que ça serait un adversaire redoutable, mais je me devais d’essayer de le contrer du mieux que je pouvais. »

Leader dès le début de la saison
Et d’entrée de jeu, Jérôme Janny allait placer un uppercut à son ami Antoine Uny en accrochant la quatrième place sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, et en signant par la même occasion un succès en Groupe A : « Antoine s’était imposé à Bagnols l’an dernier, donc je ne m’attendais pas du tout à le devancer cette fois. Je n’étais vraiment pas parti dans l’objectif de revenir de Bagnols-Sabran avec une victoire. Mais tout s’est bien passé et ça me fait réellement plaisir, d’autant que la voiture se comportait très bien. »

Alors que Francis Dosières s'imposait sur le Col Saint-Pierre, Antoine Uny ne tardait pas à prendre sa revanche en devançant Jérôme : « Avec la chaleur et la longueur du tracé, les nouveaux pneus me donnaient quelques soucis en fin de parcours. Je n’ai pas voulu changer de gommes et de ce fait j’ai lâché de précieux dixièmes. Pour le reste, j’adore cette épreuve que je trouve magnifique, mais je reconnais que j’ai toujours eu du mal être totalement à mon aise sur les portions rapides en fin de parcours. »

A Abreschviller, sous la pluie, Jérôme Janny signait le meilleur chrono absolu des Groupe A. Mais à l’heure de faire les comptes, au cumul des deux meilleures montées, Francis Dosières lui grillait la politesse pour 484 millièmes : « Je suis pour le cumul des deux montées, mais là j’en suis une victime », plaisante Jérôme. « C’est comme ça, c’est le jeu… Le samedi soir, à l’occasion de la première montée de course, je pars en slicks sur une route encore humide. C’est payant, puisqu’en prenant quelques risques je creuse un écart de près de trois secondes sur mes adversaires. Dimanche, je pensais que sous la pluie il me suffisait d’assurer, qu’ils ne pouvaient pas revenir. Finalement j’ai trop assuré et Francis est parvenu à me devancer en signant un super chrono dans la dernière. Bravo à lui !  »

A Thèreval – Agneaux on retrouvait Jérôme Janny au pied du podium avec une quatrième place assortie d’un succès en Groupe A : « Je n’avais jamais remporté cette épreuve sur laquelle il me manquait toujours un petit quelque chose. Et cette année c’était vraiment top, dans le coup tout le week-end. Pour éviter de connaitre à nouveau le même scénario qu’à Abreschviller, j’ai attaqué sur la dernière montée, j’ai fait un chrono auquel je n’arrivais pas à croire, et le résultat est là. »

La campagne de l’Ouest se poursuivait à La Pommeraye ou Jérôme allait une nouvelle fois retrouver sur sa route Antoine Uny qui, au final, le devance de deux dixièmes : « Ce fut certainement la plus belle baston de la saison. A chaque montée Antoine et moi nous avons descendu les chronos. Sur un passage où l’an dernier je freinais un peu et je mettais la quatre, cette année je passais en cinq en effleurant la pédale de frein. C’était vraiment la grosse attaque. La bagarre était tellement belle que je ne ressens aucune frustration à terminer deuxième. »

En Bretagne, sur la Course de Côte de Saint Gouëno c’est Jérôme Janny qui aura le dernier mot en plaçant sa Supercopa 687 millièmes devant celle de son adversaire et ami Antoine : « On a vécu à peu près le même week-end qu’à La Pommeraye, sauf que cette fois ça tourne à mon avantage… Nous avons battu les records à chaque montée, et une nouvelle fois on s’est battu comme des forcenés. Le bilan est positif pour moi puisque sur la campagne de l’Ouest je remporte deux des trois courses. »

Marchampt, le tournant de la saison !
Par expérience, Jérôme Janny sait que face à Antoine Uny et Francis Dosières il n’y a pas de round d’observation, que d’entrée de jeu il faut être à l’attaque. Ça sera le cas à Marchampt, où le dimanche matin le Lorrain sortait la grosse attaque dès l’ouverture des hostilités : « J’avais chaussé des gommes neuves de développement et je me devais de réaliser un excellent chrono. Je ne me suis pas méfié en pensant que les pneus allaient se comporter comme à l’habitude, et sur le premier gauche rapide, je glisse de l’avant et je remets un coup de volant, ce que je fais habituellement pour faire revenir l’auto. Mais elle est partie dans l’herbe. Dans mon esprit ça passait fin, mais ça passait… Jusqu’au moment où elle a commencé à descendre dans le fossé et ça s’est terminé en tonneau. »

Les dégâts étaient alors conséquents avec un demi-train avant droit, arrière gauche, pavillon, les deux côtés de la caisse endommagés : « Dans mon esprit, à ce moment-là, ma saison s’arrêtait là. » Mais c’était oublier l’immense solidarité dont peuvent faire preuve les Montagnards. « La mère d’Antoine, qui était au bord de la route, est de suite venue vers moi pour me dire qu’on allait m’aider, mais je n’y croyais pas. Ensuite dans les paddocks de nombreuses personnes voulaient m’aider, le téléphone n’arrêtait pas de sonner pour me proposer de l’aide. J’avoue que ça m’a un peu remotivé. » Durant les cinq heures de route qui le ramenaient chez lui, Jérôme aura le temps de cogiter et de retrouver l’envie de retourner au combat.

Alors qu’il assistait en spectateur à la deuxième montée de course de l’épreuve de Marchampt, Alain Perraud venait voir Jérôme pour lui proposer sa Supercopa pour Vuillafans. Une proposition que dans un premier temps Jérôme déclinait, avant de prendre conscience que déclarer forfait à Vuillafans hypothéquait ses chances au Championnat : « J’étais en tête du Groupe A et je trouvais dommage de ne pas essayer de marquer de précieux points pour la suite. J’ai donc accepté la proposition d’Alain. »

Une deal gagnant / gagnant puisque si le prêt de la Supercopa permettait à Jérôme de poursuivre sa saison, il permettait à Alain Perraud d’avoir les retours d’un pilote chevronné sur le comportement de sa Léon.

Jérôme Janny se présentait donc en Franche-Comté au volant de la Seat d’Alain Perraud avec comme objectif de ramener de précieux points : « L’approche n’était évidemment plus la même, je n’allais pas chercher la victoire, puisque je ne connaissais pas la voiture et qu’il m’était interdit de la casser. Mon but était de terminer derrière Antoine et Francis. » Objectif atteint puisqu’on retrouve à l’arrivée Jérôme Janny au troisième rang du Groupe A. « Je n’ai qu’un petit regret c’est de ne pas avoir suffisamment essayé d’aller chercher des places au scratch, car je termine onzième et je lâche de gros points. »

Pour Dunières, Jérôme Janny prenait contact avec Dominique Fade, qui acceptait de lui prêter sa Supercopa, toujours dans l’esprit d’aider le pilote Lorrain tout en engrangeant de précieux enseignements sur la compétitivité de la Seat : « Dominique roulait avec mon père, je le connais depuis que je suis gamin, il n’a pas été difficile de le convaincre. Là encore j’ai pu bénéficier d’un beau geste d’un concurrent et de la solidarité du milieu de la Course de Côte. »

Une nouvelle fois, c’est avec la prétention d’accrocher la troisième place du Groupe A que Jérôme Janny se présentait à Dunières : « J’étais dans le même état d’esprit qu’à Vuillafans, sans grosse prétention. Mais rapidement, j’ai compris que l’auto était inconduisible et que le week-end s’annonçait compliqué. Mais grâce à Antoine et son père, qui m’ont aidé à affiner les réglages durant tout le week-end, je suis parvenu à signer quelques bons chronos. Je termine troisième, mission accomplie. »

L’expérience de Vuillafans et de Dunières, si elle démontrait à qui en doute de la bonne ambiance qui règne sur le championnat, permettait à Jérôme d’assurer une fonction qu’habituellement il laisse à d’autres : « Je n’interviens que très rarement sur ma voiture, n’étant pas un metteur au point dans l’âme, mais là j’ai dû étudier le comportement de deux autos différentes, et j’avoue avoir bien apprécié l’expérience, d’autant que les retours que j’ai pu faire à Alain et Dominique leur ont été bénéfiques. »

Jérôme retrouve sa Seat et la victoire !
Au Mont-Dore, Jérôme retrouvait sa Supercopa, et la pluie qui allait perturber l’épreuve disputée dans le Massif du Sancy : « En fait j’espérais la pluie, car quand j’ai retrouvé ma voiture, les réglages étaient loin d’être optimisés et j’avais un problème de passage de vitesses dû certainement à l’embrayage. Je ne pouvais donc tirer mon épingle du jeu que sur une route mouillée où il n’y a pas de nécessité d’accélérer fort. Le ciel m’a entendu, j’ai pris les risques qu’il fallait et je m’impose », commente Jérôme qui accroche la quatrième place du Production.

A l’heure de se présenter à Chamrousse, la Supercopa de Jérôme Janny devait encore subir des modifications de réglages pour être vraiment compétitive : « J’ai pris conscience qu’il allait falloir bosser car je n’avais pas de train avant et que j’étais très mal à l’aise au volant. Les choses se sont améliorés tout au long du week-end, mais j’avais pris trop de retard pour me mêler à la lutte en tête, et j’ai préféré économiser mes pneus pour Turckheim », confie Jérôme qui termine troisième du Groupe A derrière Antoine Uny et Francis Dosières.

Tout semblait bien engagé à Turckheim où dimanche matin c’est Jérôme qui sera le plus rapide du Groupe A : « Mais par la suite Francis est revenu et je n’ai pas été assez rapide sur la seconde montée. » Malheureusement pour Jérôme les débats s’arrêtaient là, la troisième montée étant annulée à cause d’un manque de visibilité : « Le côté positif c’est que je bats mon record de l’an dernier de deux dixièmes dans des conditions qui étaient moins bonnes. »

L’issue du Championnat allait se jouer à Limonest, sur un terrain que Jérôme Janny n’affectionne pas particulièrement : « Je ne suis pas super à mon aise sur ce tracé, mais je pointais en tête du Groupe A au championnat, et je n’avais pas l’obligation de gagner pour conserver la tête, il fallait juste que je termine à une bonne position pour éviter que trop de pilotes s’intercalent entre Antoine et moi… Mais au final, catastrophe, je suis devancé par Xavier Burgevin, Fred Santarelli, et je me retrouve dixième au scratch. Ce fut vraiment compliqué car j’ai endommagé un pneu dimanche matin sur la première montée et que j’ai dû poursuivre avec des pneus d’essais. A partir de là je savais que ça serait compliqué. » A l’heure de faire les comptes, Jérôme se voit devancé par son ami Antoine Uny qui remporte donc le Trophée FFSA du Groupe A.

Nouveau succès sur le Challenge Open A/5
Mais s’il ne remporte pas le Trophée, Jérôme Janny s’impose cette année encore sur le Challenge Open A/5 dont l’issue est calculée sur les huit meilleurs résultats : « Si on occulte la sortie de route à Marchampt, ce fut pour moi une super saison. En début de saison je tombe mes records sur toutes les épreuves, on s’est battu comme des forcenés et après la sortie de route je suis parvenu à revenir dans la lutte. Mon expérience de cette saison a démontré la solidarité qui règne sur la discipline. Pour le reste, je garde à l’esprit que j’ai débuté la saison en étant persuadé qu’Antoine serait devant, il remporte le Trophée, moi le Challenge, ça me permet de remercier tous ceux qui me sont venus en aide. »

Et ils sont nombreux à s’être investi dans la saison de Jérôme Janny, le pilote Meusien ne veut en oublier aucun : « Je voudrais remercier, mes sponsors : Igol, Seat Bar-le-Duc St Christophe Automobiles, Seat Metz et Thionville Iberia Auto, les assurances Gan à Bar-le-Duc, Allianz à Bar-le-Duc, P Tabacchi Plaquiste, ABI Electricité, S&C Peinture, Autovision Revigny-sur-Ornain, Champagne Michel Dervin, Urban TV, l’Hôtel de Paris au Mont Dore, le Garage du Centre au Mont Dore. Je remercie également ma famille et mes amis, mes parents, ma compagne Coralie, ma fille Emma, mon neveu Numa, Bertrand, Jean Marc et Nicole. Un grand merci à la famille Perraud, Alain et Sandrine, pour le prêt de la Léon et des pièces pour remonter la mienne rapidement. La famille Fade pour la Léon. La famille Gley, la famille d’Antoine Uny pour tous les bons week-ends de course et leur aide, Jérôme, Gugu, Ulrich pour leur travail sur la page du team, et la famille Poinsignon. Je n’oublie pas toutes les personnes qui ont pris des nouvelles, remonté le moral et motivé à vite revenir après ma sortie. Enfin les organisateurs qui nous permettent de vivre notre passion, les photographes et vidéaste qui nous font de jolis souvenirs, les commissaires, directeurs de course, les dépanneur qui ont pris soin de ma voiture pour ne pas l’endommager davantage après la sortie. Et toutes les personnes qui suivent à distance. »

Rien n’est encore arrêté pour ce qui est de la saison 2020 : « Pour être honnête, il y a des jours où j’ai envie de repartir pour un championnat complet, d’autres où je veux me limiter à un Open de huit manches, je ne sais pas encore. Cette fois c’est moi qui tente de motiver Antoine pour repartir sur un Championnat complet, car je sais qu’il est difficile de suivre les prestations des autres assis chez moi sur mon canapé. S’il y une vraie concurrence, je voudrais bien repartir pour un championnat complet. Mais il n’est pas dit que je ne fasse pas également quelques rallyes l’année prochaine », conclut Jérôme.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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