Vainqueurs des Trophées Lionel Régal et du Groupe DE

Pour cette saison 2019, le double Champion de France Sébastien Petit, avait décidé de concentrer ses efforts sur la Coupe d’Europe de la Montagne, et de laisser le soin à son jeune frère Kevin de défendre les couleurs familiales. Mieux que de les défendre, le jeune espoir de la discipline les a porté très haut, en terminant cinquième du Championnat et en s’adjugeant deux Trophées FFSA, celui du Meilleur Jeune et celui du Groupe DE…

Après une saison d’apprentissage en 2016, Kevin Petit est venu défendre ses chances sur le Championnat de France de la Montagne. D’abord au volant d’une Formule Renault B, puis d’une version nouvelle génération avec laquelle il remportait l’an dernier le Challenge Open Formule Renault. Kevin a pour atout de pouvoir bénéficier de l’expertise de ses proches, parmi lesquels on trouve son père Gérard, et son frère Sébastien, qui affichent tous deux des palmarès plus qu’enviables. Et si Kevin gère seul ses courses, ils sont à même de le conseiller pour le faire progresser pas à pas.

Le choix de délaisser la Formule Renault pour un voiture plus performante était donc mûrement réfléchi : « J’étais arrivé au bout de ce que je pouvais faire avec une Formule Renault et j’avais besoin d’évoluer », débute Kevin. « J’avais franchi un premier cap en passant de l’ancienne version de la Formule Renault à l’évolution 2013. Il fallait dans mon esprit que je passe cette saison un échelon supplémentaire, sans pour autant griller les étapes et en allant à mon rythme », confie celui qui a réalisé un grand chelem en Formule Renault, en s’imposant sur l’ensemble des épreuves où il était présent.

Dans l’esprit de Kevin Petit, sa carrière devait se poursuivre en monoplace, restait à choisir laquelle : « J’ai opté pour une Tatuus Formula Master, d’abord parce que j’ai une attirance toute particulière pour cette voiture. J’aime beaucoup le bruit qu’elle émet, son esthétisme, et je ne voulais pas me tourner vers un Proto. J’apprécie vraiment l’environnement de la monoplace, le regard que tu as sur tes roues durant les montées. »

La Tatuus Formula Master pour apprendre et progresser
Kevin reconnait également que stratégiquement, il était plus intéressant pour lui de se diriger vers une Tatuus Formula Master : « Je restais persuadé que cette auto disposait encore d’un énorme potentiel quand on voyait les performances de Marcel pour une première année. A mon sens, elle affichait des performances qui permettaient de se battre au sommet de la hiérarchie du groupe DE, avec une auto bien moins onéreuse qu’une F3 dernière évolution. »

Opter pour une Tatuus Formula Master c’était pour Kevin Petit changer d’univers : « Certes c’est une monoplace, mais qui n’a rien de commun avec une Formule Renault. Il a fallu que je m’adapte au fait qu’elle ne dispose que de deux pédales, avec l’embrayage au volant et le frein au pied gauche. Je devais donc oublier les automatismes acquis avec la Formule Renault et m’adapter à ce nouvel environnement. », explique Kevin. Et pour ce qui est des essais préparatoires, le jeune isérois devait se contenter d’une journée sur circuit, avant de prendre part aux essais organisés par l’Association Creys Passion Sport Mécanique. « Cela m’a permis de me familiariser avec la voiture, de comprendre son comportement, mais je savais que je devrais passer par un nécessaire temps d’adaptation et que les sensations viendraient par la suite, au fil des courses. »

Avec une Tatuus Formula Master, Kevin Petit savait qu’il entrait dans la cour des grands et qu’il allait se retrouver opposé à des pilotes de la trempe de Marcel Sapin, qui affiche plus de trente ans d’expérience derrière le volant de diverses monoplaces : « De ce fait je ne m’étais pas fixé d’autres objectif que celui d’apprendre et de progresser, étant conscient que je ne pouvais pas prétendre à la victoire alors que je débarquais dans la catégorie », analyse Kevin. « Mon but était avant tout d’apprendre en m’amusant, sans casser la voiture. »

Avant de s’élancer sur le Championnat, la Tatuus Formula Master étaient confiées aux mains expertes de Gérard et Sébastien Petit, de ’’Gillou’’ mécanicien du Team Petit CroisiEurope, et d’Angelo Ferretti pour qui la préparation de bolides n’a aucun secret : « Cela m’a permis dès la première épreuve de disposer d’une auto qui correspondait exactement à mes attentes, avec laquelle j’avais un excellent ressenti, et c’est d’une importance capitale. Je ne peux que les remercier. »

Pour débuter la saison, Kevin n’allait pas se faciliter la tâche. C’est sur le Col Saint-Pierre, l’épreuve certainement la plus difficile du Championnat à mémoriser, qu’il lançait sa Tatuus : « C’était pour moi une découverte, et de la voiture, et du tracé, que je n’avais jamais eu l’occasion d’affronter. Je termine deuxième de ma classe, en signant sur ma meilleure montée un chrono à huit dixièmes de Marcel (Sapin). » Une prouesse pour un pilote qui découvrait et qui n’avait initialement d’autres ambitions que d’apprendre. La satisfaction de Kevin était amplifiée par la performance de son frère Sébastien, qui remportait cette édition du Col Saint-Pierre au classement Français.

Le tracé d’Abreschviller n’était pas un terrain inconnu pour Kevin Petit qui en revanche allait découvrir le comportement de sa Tatuus sous la pluie : « Les conditions étaient assez compliquées et je parviens à accrocher la deuxième place de ma classe derrière Anthony Loeuilleux, qui a une énorme expérience de la Tatuus. Je termine surtout en tête des pilotes engagés sur le Challenge Open, ce qui est pour moi un excellent résultat. La satisfaction est d’autant plus grande que j’étais assez loin durant tout le week-end, et que je progresse pour signer un très bon chrono sur la dernière montée et repasser devant Cindy (Gudet). »

Kevin Petit attendait beaucoup de la Course de Côte de La Pommeraye, qui propose un tracé apprécié par le jeune pilote. Kevin était d’autant plus enthousiaste à l’idée de rejoindre l’Anjou, qu’il sait que l’accueil sur cette épreuve est toujours des plus agréable. Malheureusement ça n’a pas voulu sourire : « La Pommeraye, c’est pour moi le début de pas mal de déboires. J’avais un souci sur le volant, et les rapports sautaient alors que j’étais en pleine charge, de quoi se faire peur… Je me suis fait d’ailleurs deux ou trois frayeurs et j’ai dû terminer des montées au ralenti », explique Kevin qui se voit devancé par Cindy Gudet. Mais ce que Kevin retiendra avant tout de ce week-end, c’est la solidarité qui a une nouvelle fois régnait en maître entre les animateurs du Championnat : « J’ai pu bénéficier de l’aide de mon frère qui était présent sur l’épreuve, de celle de l’équipe Max Motorsport, du Team Dosières et du Team Schatz, un élan de générosité qui m’a permis de contourner le problème et d’être au départ de la dernière montée. »

Kevin tentait d’oublier la frustration de n’avoir pas pu pleinement exploiter sa Tatuus sur un tracé qu’il adore, et se concentrait sur la manche suivante, Saint Gouëno. Entre temps, il avait fait réparer le volant de sa Tatuus et pensait donc être épargné par les soucis : « Mais nous n’avions pas bien ciblé le problème, et à nouveau je me suis retrouvé avec une auto qui à l’issue des essais du samedi matin ne démarrait plus. Je me suis alors tourné vers ’’Antho’’ (Anthony Gueudry) car je sais qu’il a d’excellentes connaissances en électronique, et il est parvenu à trouver l’origine de la panne et à réparer. » Grâce à l’intervention inopinée du pilote normand, Kevin accrochait la cinquième place, et terminait premier de sa classe et Meilleur Jeune : « Je dédie bien évidemment ce résultat à ’’Antho’’, sans qui cela n’aurait pas été possible. Ce fut vraiment un week-end de rêve. »

A Marchampt, Kevin Petit retrouvait Marcel Sapin qui connait à la perfection le tracé dont le départ est donné à proximité de son domicile : « Là je savais qu’il serait difficile d’aller le chercher, et effectivement, il signe des chronos hallucinants. Me concernant, j’étais encore en phase d’apprentissage de la voiture, et je ne voulais pas prendre de risque. Je termine 10ème au scratch, deuxième de la classe, ce qui est un résultat au-delà de mes espérances. »

Le duel avec Marcel Sapin allait se poursuivre à Vuillafans, où le pilote de Marchampt prenait à nouveau l’ascendant mais pour deux dixièmes seulement : « Je n’avais couru cette épreuve qu’une seule fois en Formule Renault et je n’y étais pas revenu depuis deux ans. Le tracé nécessite pour aller vite d’avoir une certaine expérience, et je n’avais pas spécialement prévu d’inscrire cette épreuve à mon programme cette année. Mais les bons résultats signés sur les manches du début de saison faisaient que je jouais une place au Championnat, et qu’il était donc judicieux de venir en Franche-Comté », confie Kevin. « Je reconnais avoir beaucoup travaillé pour préparer ce rendez-vous, et d’entrée de jeu, sur la première montée de course, je devance des pilotes de la trempe de Marcel (Sapin) David (Guillaumard) et Alban (Thomas). C’était donc satisfaisant, même si je ne suis pas parvenu à améliorer par la suite. » A l’heure de faire les comptes, Kevin occupait la 9ème place, deuxième de sa classe.

Une casse de carter de boîte de vitesse privait Kevin Petit d’un résultat à Dunières. Sur une épreuve que le jeune pilote a remporté à trois reprises en Formule Renault, la déception est palpable : « J’étais très vite lors des essais libres et c’est d’autant plus frustrant. Tout le monde a essayé de m’aider, ce qui moralement était appréciable. »

Sur un Mont-Dore rendu particulièrement compliqué à cause des conditions climatiques, Kevin, qui découvrait l’épreuve, parvenait à tirer son épingle du jeu et à remporter une nouvelle victoire de classe : « Le week-end a pourtant mal commencé, puisque d’entrée de jeu le démarreur nous a fait défaut. L’équipe de Fabrice Gallo m’en a prêté un, pour que je puisse rouler tout le week-end. Là encore, la solidarité a joué pleinement, et je ne peux que remercier tout le monde. Après, pour ce qui est de la course, je la découvrais et lors des essais j’étais en tête des Tatuus Formula Master, et au final je remporte ma classe, je ne peux qu’être satisfait. »

Kevin Petit s’installait alors définitivement dans le top 10 puisqu’à Chamrousse il positionnait sa Tatuus au septième rang : « J’adore cette course, qui m’a permis de livrer le plus beau combat de la saison à Marcel. Nous nous sommes échangé la place de leader de la classe tout au long du week-end, et je suis super content de mes chronos. Sur la dernière, Marcel (Sapin) et David (Guillaumard) ont sorti des chronos stratosphériques et ils me sont passés devant. Mais vraiment, je suis ravi du combat même si ce n’est pas moi qui est le dernier mot. »

La Course de Côte de Turckheim donnera l’occasion à Kevin Petit de marquer les esprits, en terminant leader au scratch des essais le samedi soir : « J’ai joué d’énormément de chance car j’ai été épargné par la météo », confie-t-il humblement. « Mais c’est toujours plaisant de voir son nom au sommet de la hiérarchie. Par la suite, le fait de boucler les essais en tête ne m’a pas avantagé, car contrairement à quelques Protos 2 litres qui ont pu bénéficier d’une route sèche sur la première montée, j’ai pris la pluie. Heureusement, je n’ai pas été le seul pénalisé, et par chance j’ai pu améliorer lors de la deuxième montée pour terminer en tête du groupe et de la classe. Après, je suis conscient que David (Guillaumard) a été victime d’un tête-à-queue lors de la première montée, et que sans ça il aurait certainement été devant moi. »

Limonest n’est pas le tracé préféré de Kevin Petit qui n’arrive pas à trouver le bon rythme sur ce parcours atypique : « J’ai l’impression que je prends des risques, que j’attaque, et ce n’est pas payant. Ce fut pour moi un week-end compliqué même si j’étais mieux placé aux essais », confie Kevin qui termine neuvième au scratch et troisième de sa classe.

En dehors du Championnat, Kevin Petit a connu cette année son premier podium scratch en terminant troisième à La Broque, derrière Patrik Zajelsnik et Benjamin Vielmi : « J’adore cette épreuve, que j’essaie de faire chaque année. Je me suis battu tout au long du week-end avec David (Guillaumard) que je devance au final de 10 millièmes pour accéder à mon tout premier podium… C’était juste génial ! »

Trophée FFSA Lionel Régal et du Groupe DE
En conclusion de cette saison 2019, Kevin Petit, cinquième au Championnat, termine en tête des monoplaces et remporte le Trophée FFSA du Groupe DE. C’est également lui qui se voit décerner le Trophée Lionel Régal, qui récompense le Meilleur Jeune du Championnat Sport : « Le résultat est bien au-delà des mes espérances puisque je n’avais pas d’objectif particulier. Remporter le Trophée Lionel Régal est l’assouvissement d’un rêve, c’est pour moi chargé d’émotion, et c’est une énorme fierté. Ce que je retiendrai c’est que j’ai pris énormément de plaisir et que j’ai énormément appris. »

« Cette année était assez décisive puisque mon grand frère ainsi que toute l’équipe du Team Petit s’orientait vers un programme Européen, j’ai eu l’incroyable chance de pouvoir bénéficier de la structure du team Max Motorsport dont je remercie allégrement chaque personne. J’ai une énorme pensée pour toutes les personnes qui m’auront soutenu cette année en commençant par mes partenaires : Avon Tyres, Motul, GT2I, EET Europarts, DEA, L’Air Froid, Tec’Chim, les autocars GTV, L’auto-école de Servenoble, C2B Assurances, CroisiEurope, le garage Callon, Studio Grafix, CS Hydro, Pilotes.tv, Nicolas Millet Photography, Jack Racing Miniatures, DD Concept, Bonn’Impression, Creys Passion Sport Mécanique et France Racing. Un merci tout particulier à ma famille et mes amis présents chaque weekend, je pense à mon frère, mes parents, mon neveu Axel, mon mécano Lucas, Gillou, Angelo, Pierrick ainsi que toute l’équipe de mon frère. Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui m’auront apporté leur aide quand j’en avais besoin cette année, mes concurrents pour leur sportivité et les bons moments de rigolade et d’entraides, l’ensemble des bénévoles sur le bord des routes, que ce soit les commissaires, les ambulanciers, les vidéastes et photographes, les officiels de chaque épreuve ainsi que les promoteurs du championnat et les organisateurs. »

Kevin a encore à apprendre au volant de la Tatuus Formula Master, c’est pour cette raison que le jeune espoir de la discipline conservera cette voiture la saison prochaine : « Mon programme n’est pas encore totalement défini, mais je sais que l’on me verra en 2020 sur les manches du Championnat. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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