Martine, sa maman, évoque son souvenir

Cela fait tout juste 10 ans… Le 15 août 2010 la Montagne perdait l’un de ses enfants. Victime d’une violente sortie de route sur la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers, Lionel Régal perdait la vie. Plus qu’un champion, c’est une véritable icône de la discipline qui ce jour-là nous quittait. 10 ans après, c’est par la voix de sa maman, Martine, que le Cfm-Challenge et la FFSA ont souhaité lui rendre hommage.

Il y a des hommes qui marquent l’histoire. Que ce soit la grande, les découvertes, l’évolution ou le sport. De par leur charisme, leur talent, leur implication ils font l’unanimité auprès de leurs pairs et du grand public. Lionel Régal était de ceux-là !

Consécrations en France et en Europe
Né à Lyon le 21 juillet 1973, Lionel Régal ne tardait pas à suivre le chemin tracé par son père Marc, un des pionniers de l’intégration des F3000 en Course de Côte. C’est en 1992 que Lionel disputait sa toute première course, jusqu’à ce que le destin ne frappe une première fois à sa porte, lorsque Marc, son père, disparaissait lors d’un tragique accident survenu sur l’édition 1997 de la Course de Côte de Tarbes-Osmets.

Dès la saison suivante, Lionel reprenait le flambeau en s’installant à son tour derrière le volant d’une F3000. Les succès ne se feront pas attendre et en 2001 et 2002, il terminait la saison au deuxième rang, derrière Bernard Chamberod. C’est en 2005 qu’il connaissait une première consécration en coiffant la couronne de Champion de France. Quatre autres titres successifs viendront étoffer son palmarès et dans le même temps – en 2008 – il remportait le titre européen.

Dans les traces de Marc !
La disparition de Marc Régal aurait pu inciter Lionel à s’éloigner d’une discipline qui venait de le priver d’un père. Mais dans son esprit, il se devait de prendre sa succession ne serait-ce que pour honorer sa mémoire : « Il m’avait dit vouloir revenir à Tarbes-Osmets pour remporter cette course où son père s’était tué », se souvient Martine Régal. La détermination de Lio était sans faille et rien ne pourrait l’empêcher de suivre le chemin tracé par son père : « Il a débuté avant que son père ne disparaisse, et il aurait bien évidemment continué à faire du sport automobile, mais la tragédie que nous avons connue a été un moteur, une motivation supplémentaire », poursuit Martine.

« D’une incroyable gentillesse », c’est le premier adjectif qui vient à l’esprit de ceux qui ont côtoyé Lionel Régal lorsque l’on évoque le quintuple Champion de France. La Course de Côte était son domaine, l’endroit où il s’épanouissait pleinement, et il était primordial pour lui de s’intéresser à l’ensemble des acteurs de la discipline : « Lorsque je suis revenue sur les épreuves, après la disparition de Lionel, j’ai rencontré énormément de gens, de purs amateurs, qui évoluaient aux volants de petites autos, qui m’ont confié le réel intérêt que Lionel leur avait accordé lors de leurs rencontres. C’était important pour lui de partager avec tout le monde, sans aucun élitisme, en étant abordable, en laissant sa structure ouverte à tous  », commente Martine

Mais derrière cette sincère bienveillance on retrouvait une âme de champion, pour qui le moindre détail avait son importance, qui chassait constamment sur ses voitures le moindre kilo superflu, qui se contraignait à une discipline physique de fer.

Conscient de sa valeur, l’homme faisait preuve d’une vraie humilité, même si son charisme naturel forçait le respect. Lionel Régal était conscient du statut que lui accordait les acteurs de la discipline, et le besoin constant de tirer la discipline vers le haut le poussait à porter une attention particulière à l’image qu’il pouvait renvoyer.

Le bien de la Course de Côte comme cheval de bataille
Lionel Régal a toujours eu à cœur de défendre avant tout les intérêts de la Course de Côte, sans forcément prêcher pour sa paroisse. Son charisme, son ton parfois péremptoire, donnaient force à ses avis, et de ce fait sa voix était non seulement écoutée, mais également sollicitée par ceux qui président aux destinées de la discipline : « Pour Lionel, la Course de Côte était plus qu’une discipline sportive, c’était un art de vivre », confie sa maman. « C’était vraiment important pour lui que la discipline soit reconnue, qu’elle jouisse de la promotion qu’elle méritait. Sa priorité était le bien de la Course de Côte et il n’a jamais tenté d’avantager la catégorie dans laquelle il évoluait. »

Indéniablement, Lionel Régal a apporté à la Course de Côte un professionnalisme qui permet aujourd’hui de parfaire le développement de la discipline : « Il était constamment à l’écoute des autres » se rappelle Martine. « Il accordait autant d’importance à chacun pour essayer de défendre les intérêts de tous et de recueillir la satisfaction du plus grand nombre. Il lui était impossible d’arriver sur une épreuve et de ne pas aller saluer tout le monde. »

Esprit d’équipe
Leader incontestable, Lionel Régal a su créer autour de lui une structure à laquelle il a insufflé cet esprit d’équipe, en sachant parfaitement exploiter les qualités de chacun : « Le partage était une notion très importante pour lui. C’était un honneur de pouvoir partager les succès avec ceux qui l’entouraient », confirme Martine Régal

Toujours à la pointe de l’innovation, Lionel Régal était à l’écoute de toutes les idées qui pouvaient permettre de mettre en avant la Course de Côte : « A l’époque, il était difficile d’avoir des caméras embarquées, le matériel dont nous disposions pesait entre 300 et 400 grammes et il n’était pas évident de l’installer sur une monoplace », se souvient Gilles Huntzinger. « Mais Lionel n’a pas hésité à accrocher la caméra sur son casque, malgré l’inconfort que cela procurait à haute vitesse, car le plus important pour lui était de disposer des images. »

Régulièrement, Martine Régal revient sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne. Un besoin pour elle de retrouver cette ambiance si particulière qu’affectionnaient Marc et Lionel : « Je suis contente de voir que les gens me parlent toujours de Lionel, que des pilotes évoluent aux volants de voitures qui reprennent les couleurs de son équipe. Ce sont des hommages que j’apprécie sincèrement et qui permettent de faire perdurer sa mémoire. »

Bien évidemment, des souvenirs de Lionel, Martine Régal en a plein la tête, ils sont très personnels et tellement abondants qu’il lui serait difficile d’en évoquer un en particulier. Pour ce qui est de son regard sur la Course de Côte, elle espère avant tout que la convivialité qui règne encore ne se démente jamais : « Il faut impérativement conserver cet esprit bon enfant qui a tendance à disparaitre. Il ne faudrait pas que l’individualisme prenne l’ascendant. Je redoute que l’on perde un jour la philosophie qui faisait la force de cette discipline et que Lionel aimait tant. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©
avec les infos de Gilles Huntzinger

 


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