Autant de plaisir au volant qu’au guidon

Après une longue carrière sportive en deux-roues, Martial Conte a décidé de venir s’essayer dans l’habitacle d’une monoplace en Courses de Côte. Mais à sa manière, le pilote du Doubs est resté fidèle à la moto, puisque c’est au volant d’une Dallara propulsée par une mécanique Hayabusa qu’il se lançait dans ce nouveau challenge.

Dans les années 70, au volant de sa Ford Mustang, Fernand Bitard comptait parmi les meilleurs pilotes de sa catégorie, ce qui lui a valu de remporter nombres de trophées. Son neveu, Martial Conte, ne manquait pas de suivre les prestations de son oncle, et s’il était initialement simple observateur, il deviendra vite passionné assidu. C’est donc par l’intermédiaire de son oncle que Martial se voyait inoculer le virus des sports mécaniques.

25 ans de Course de Côte… sur 2 Roues !
Ce qui est vrai aujourd’hui l’était déjà dans les années 70, la moto est plus accessible que la voiture. Fort de ce constat, à la sortie de l’adolescence c’est donc vers le deux-roues que se dirigeait tout naturellement Martial Conte : « J’ai débuté par le biais d’une école de pilotage, le CFM Yamaha (entendez Centre de Formation Moto et non Championnat de France de la Montagne, ndlr) », se souvient Martial qui se dirigeait ensuite vers les circuits. « Malheureusement, au terme de mon apprentissage au sein de l’école de pilotage j’ai terminé à la plus mauvaise place, la deuxième, celle qui vous permet de disposer d’une petite bourse mais pas d’un vrai programme et du prêt d’une moto. »

Cela n’allait pas empêcher Martial d’assouvir sa passion sur plusieurs disciplines. On le retrouvera en Promosport, mais également en Endurance : « Le point d’orgue de ma carrière sportive est pour moi mes participations aux 24 Heures du Mans Moto et au Bol d’Or que j’ai disputés à plusieurs reprises. Je me souviens qu’à mes débuts, le Bol d’Or se présentait comme un rêve inaccessible, et parvenir à le réaliser c’était pour moi quelque chose de fabuleux. J’avais alors le sentiment d’être un petit chez les grands », confie humblement Martial qui a participé à plusieurs éditions de ces épreuves mythiques entre 1992 et 1996.

Mais pour Martial Conte, son attrait pour la Montagne était déjà prégnant, puisqu’il fera une grande partie de sa carrière en Course de Côte : « En 25 ans de licence moto ininterrompue j’ai toujours roulé en Course de Côte. J’ai principalement évolué dans la catégorie 600 cm3 avant de me tourner vers le 1300 cm3. Et en 600 cm3 j’ai obtenu deux titres de Vice-champion de France de la Montagne. »

En 2005, à l’approche de la cinquantaine, Martial Conte décidait de mettre un terme à sa carrière sportive en moto : « Mais le manque ne tardait pas à se faire ressentir. Le problème, c’est que dans mon esprit la compétition automobile me semblait inaccessible, et c’est donc uniquement en spectateur que je pouvais satisfaire mon goût pour le sport auto. » C’est donc en spectateur qu’en 2017 Martial se rendait à Vuillafans, pour assister à l’épreuve inscrite au calendrier du Championnat de France de le Montagne.

« Et là, ce fut une révélation lorsque j’ai vu la Dallara d’Olivier Grégoire qui est propulsée par un moteur Suzuki. Lorsqu’il a démarré ce moteur de moto je n’ai pu m’empêcher d’avoir des frissons… Je ne savais pas que l’on pouvait rouler en monoplace avec des moteurs de moto, ce fut pour moi un déclic », confie Martial.

Monoplace et moteur de moto…
Cette même année 2017, le Doubien faisait donc l’acquisition d’une Dallara F394 équipée d’un 1300 cm3 Hayabusa : « Cela me permettait de retrouver des sensations bien connues, notamment au niveau du bruit d’un moteur qui prend 12.500 tours. Ayant déjà roulé avec des moteurs Suzuki en Course de Côte, j’avais le sentiment de revenir à mes premières amours. »

C’est en Alsace, sur la Course de Côte du Gaschney que Martial Conte faisait ses débuts au volant en 2018 : « C’est une épreuve que j’avais eu l’occasion d’aborder en moto », se souvient Martial qui pour sa toute première course accrochait la 14ème place du scratch et s’imposait dans la classe DE/1. Il sera ensuite au départ de la Course de Côte des Monts du Jura : « J’ai terminé septième au scratch, vainqueur de classe, ce qui pour moi était plutôt pas mal pour une deuxième course. »

Mais le meilleur souvenir de cette saison 2018 restera sa participations à la Course de Côte de Vuillafans-Echevannes : « Ce fut pour moi un grand moment, sur un tracé fabuleux », se souvient Martial qui terminait deuxième de la classe DE/1 dans le sillage d’Olivier Grégoire.

En 2019, on retrouvera Martial Conte sur plusieurs épreuves régionales, mais également à Chamrousse, où il terminait à nouveau deuxième de sa classe, et à Turckheim : « J’habite à deux pas de la Suisse et j’ai donc eu la chance de pouvoir me rendre à Saint Ursanne – Les Rangiers pour participer à cette magnifique manche du Championnat d’Europe. Là aussi ça reste une fabuleux souvenir. »

Pour la saison 2020, Martial Conte avait décidé de s’impliquer plus assidument sur le Championnat en se concoctant un calendrier de dix épreuves : « Malheureusement la Covid-19 est venue tout chambouler. J’ai donc décidé de tout de même prendre part au Championnat qui nous était proposé. »

Une courte séance d’essais sur le Circuit de Pouilly-en-Auxois permettait à Martiel de valider les réglages de sa Dallara avant de se rendre au Mont-Dore. Il rejoignait donc l’Auvergne, en espérant que le plateau de la classe DE/1 serait des plus étoffé, pour viser une place sur le podium de la catégorie au championnat.

Pour Martiel Conte, cette 60ème édition du Mont-Dore sera une grande première. Le pilote du Doubs découvrait en effet le tracé qui permet d’accéder au Col de la Croix Saint Robert : « Cette épreuve est un monument, dont le tracé est très difficile à assimiler. C’est un parcours aussi varié que splendide, et l’environnement, avec la présence dans les paddocks de structures professionnelles, nous fait ressentir que l’on est sur une épreuve de renommée internationale. »

Malheureusement pour Martial Conte, cette première participation au Mont-Dore n’allait pas lui offrir les satisfactions espérées : « Ca a très mal débuté puisque j’ai connu un problème électrique qui m’a empêché de terminer l’ascension lors des essais. Par la suite, j’ai rencontré de nouveaux soucis mécaniques sur la seconde montée de course du samedi. » Un souci qui ne l’empêchait pas de remporter sa classe le samedi, mais qui lui interdisait de prendre part le lendemain aux débats dominicaux.

« Le sentiment est mitigé, j’ai un goût d’inachevé. Je reconnais que ce que j’ai vécu samedi était fabuleux, mais ne pas pouvoir m’aligner au départ le dimanche était très frustrant », commente Martial.

Au départ de la Course de Côte de Turckheim en 2019, Martial Conte retrouvait donc cette année un tracé qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter, « et que je trouve magnifique. » Lors de la première course disputée dimanche, Martial se classait au deuxième rang de la classe DE/1 derrière la Dallara F305 de Sébastien Godot : « Il roule avec l’ancienne voiture à Fabrice Flandy et il va vraiment très vite. J’avoue avoir été estomaqué lorsque j’ai vu le chrono qu’il a réalisé. »

Même s’il a franchi le cap de la soixantaine, Martial Conte reste un compétiteur. Hors de question pour lui de se laisser aussi largement devancer par Sébastien Godot sans réagir : « Pour la journée de dimanche, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je me mette un coup de pied au c.. », confie-t-il. « Malheureusement, l’orgueil a pris le pas sur la raison, et si en moto on termine par terre, en voiture on finit sur le talus. C’est ce qui m’est arrivé ! »

Un accident de parcours qui laissait des stigmates sur la Dallara dont l’avant était passablement défoncé : « J’ai également arraché les triangles à droite, mais j’estime m’en sortir relativement bien car la coque n’est pas touchée », analyse Martial donc la voiture est à présent en réparation. La mort dans l’âme, Martial devait déclarer pour la manche de clôture de cette saison 2020 à Bagnols-Sabran : « C’est d’autant plus rageant que j’avais dû visionner une soixantaine de vidéos de cette épreuve pour me la mettre en tête, et finalement je n’ai pas pu m’engager. »

L’enthousiasme de ses 25 ans !
Même si avec sa Dallara F394 Martial Conte dispose d’une auto d’une ancienne génération, le plaisir est toujours au rendez-vous et le pilote de Doubs reconnait qu’aujourd’hui encore il apprend à découvrir sa monture : « De ce fait cette saison 2020 fut une bonne expérience, même si je reste frustré par le manque de roulage. J’ai vécu cette année des grands moments, en ayant le sentiment de conserver l’enthousiasme de mes 25 ans à l’heure de franchir la ligne d’arrivée. J’ai retrouvé un peu l’atmosphère convivial de ce que j’avais connu en moto. Ca m’a agréablement surpris et j’en suis ravi. »

Les copains des ’’années motos’’ sont toujours présents aux côtés de Martial, et c’est vers eux que vont ses premiers remerciements : « J’ai des potes motards qui viennent me retrouver sur les courses et que je veux remercier. Je pense notamment à ’’Riquet’’ (Eric Rosa), à Pierre Frossard, et à mon préparateur Simon Perillat, dont le papa me préparait à l’époque mes motos, ainsi qu’à Jean-Paul Feuvrier. Merci également à la carrosserie MPH à Montandon et à Pierre Perillat. »

Ce que Martial Conte n’a pas pu mener à bien en 2020 à cause de la crise sanitaire, il espère être en mesure de le réaliser 2021 : « Je compte donc être au départ d’une dizaine de manches du Championnat de France de la Montagne. Peut-être neuf si Chamrousse et Saint Ursanne se déroulent le même week-end, auquel cas je pense que je me rendrai en Suisse. Après, je ne sais pas encore si je débuterai ma saison à Bagnols-Sabran ou sur le Col Saint-Pierre, sachant que ce sont deux approches et deux découvertes radicalement différentes. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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