Une difficile saison pour le Normand

Une Nissan Almera Kit-Car récalcitrante n’a pas permis à Michel Bineau de réaliser les performances qu’il avait l’habitude de signer auparavant. Mais riche de plus de 50 ans de compétition, le Normand n’a jamais baissé les bras et garde toujours la même motivation qu’à ses débuts.

Lors de sa dernière participation au Championnat de France, en 2019, Michel Bineau avait conclu sa saison à la troisième place du Challenge Open A/3. Durant la courte saison 2020, il viendra animer deux des trois épreuves inscrites au calendrier puisqu’on le retrouvait au Mont-Dore et à Turckheim. Une première approche en demi-teinte, Michel avouant ne pas parvenir à réellement cerner les spécificités de l’épreuve qui se déroule dans le Massif du Sancy, et une belle satisfaction en Alsace où il découvrait le tracé de Turckheim.

Pour la saison 2021, Michel Bineau décidait d’accompagner ses compères Christian Boullenger et Jean-Jacques Maurel sur le championnat, et engageait donc une nouvelle fois sa Nissan Almera Kit-Car. Car s’il a débuté dans les années 60 aux volants de Renault Floride, Matra Djet et autre Renault 8 Gordini, depuis le début des années 2000 il est fidèle à la Nissan Almera : « J’ai d’abord eu une Almera groupe A à voix étroites avant d’acheter une version Kit-Car avec laquelle avait couru Mark Higgins. J’ai conservé cette voiture durant 4 ans avant d’acheter une autre Almera Kit-Car », se souvient le Normand qui se partageait alors entre rallyes et courses de côte.

Un vétéran du championnat toujours combattif
Toujours aussi motivé, Michel Bineau, qui vient tout juste de fêter ses 79 ans, repartait pour une nouvelle campagne de France : « J’ai retrouvé l’auto telle qu’elle était en 2020, sans lui avoir apporté la moindre modification. Il faut dire que je suis parvenu au bout des évolutions que je peux lui offrir », précise-t-il. « Pour ce qui est des objectifs, nous n’étions cette année que deux concurrents engagés en A/3, ce qui n’était pas très motivant. De plus je savais qu’il me serait impossible d’aller chercher un garçon comme Maxence (Passaquet) qui est jeune, rapide, motivé et talentueux. »

La participation de Michel Bineau à la première confrontation de la saison 2021, la Course de Côte de La Pommeraye, allait se conclure pour lui par une troisième place de classe. Il terminait en effet derrière les Clio de Maxence Passaquet et de Jimmy Rousseau : « Le résultat importait peu, ce qui me gênait réellement c’est que je ne suis jamais parvenu à rééditer mes chronos des précédentes éditions. J’avais vraiment le sentiment que quelque chose ne fonctionnait pas sur la voiture », analyse-t-il. « J’avoue que j’étais un peu déçu, même si je gardais à l’esprit que c’était la première de la saison et que je manquais certainement de roulage. »

A Vuillafans, Michel Bineau positionnait sa Nissan à la deuxième place d’une classe A/3 particulièrement disputée. Petite déconvenue toutefois puisqu’il ne prenait pas le départ de la troisième montée de course : « Je ne me souviens plus vraiment pour quelle raison », avoue Michel. « Je sais avoir connu un problème, mais j’ai oublié de quel ordre. Pour le reste je ne peux être que satisfait du résultat sur une épreuve que j’apprécie réellement. »

Marchampt, le début d’un chemin de croix
A Marchampt, Michel plaçait une nouvelle fois sa Nissan Almera à la deuxième place, cette fois derrière la Clio de Flavien Rognon : « Ca n’a pas été le week-end le plus facile. D’une part parce que sur ce tracé je manque de vitesse, mais surtout parce que j’ai fait une sortie de route dont les conséquences se feront ressentir jusqu’à la fin de la saison », explique le Seinomarin. « Je pensais en fait avoir juste des dégâts sur la carrosserie et le parallélisme, mais en fait j’ai déréglé tout le train avant. Par la suite, je me suis rendu compte que j’avais un négatif très prononcé. J’ai pensé alors que je châssis avait souffert. Et ce n’est qu’en fin d’année, une fois que j’ai tout démonté, que j’ai découvert que le porte-moyeu était vrillé et affaissé. Il a fallu bosser pour réparer tout ça. »

Si le Mont-Dore reste un rendez-vous mythique, ce n’est pas l’épreuve qui convient le mieux à Michel Bineau qui cette année encore allait connaitre quelques difficultés sur la manche auvergnate : « Je ne sais pas si ce sont mes rapports de boîte qui ne sont pas adaptés au terrain ou si cela vient de moi, mais je ne suis jamais parvenu à réaliser de bons chronos sur cette épreuve », reconnait Michel. « Avec cette année une auto qui ne se comportait pas comme je l’espérais, ce fut pour moi la Bérézina. »

Bien évidemment, les problèmes rencontrés précédemment allaient à nouveau ressurgir à Chamrousse où Michel Bineau connaissait un nouveau week-end décevant : « Et d’autant plus frustrant que j’apprécie vraiment ce tracé sur lequel j’avais remporté la classe en 2019 », se souvient Michel qui avait alors devancé les Clio de Stéphane Martinet, Philibert Michy et Elie Théophile. « En revanche, lors de cette édition 2021 j’étais totalement largué. »

Le tracé de Turckheim compte également parmi ceux que Michel apprécie, « même si le premier kilomètre me semble interminable, je suis rapidement au rupteur. » Mais lors de sa participation en 2021 il lui était impossible de défendre correctement ses chances : « J’étais à nouveau largué, ce fut très décevant. Et puis je manquais cruellement de pneumatiques, et il m’était impossible d’en trouver des neufs. J’avoue que si je ne m’étais pas engagé à suivre Christian (Boullenger) et Jean-Jacques (Maurel), je ne suis pas sûr que j’aurais terminé la saison. »

Vainqueur de la classe A/3 sur la Finale de la Coupe de France en 2018, Michel Bineau se rendait cette année encore sur ce rendez-vous très prisé des amateurs : « Et je termine cinquième de classe sur six partants, c’est pas terrible », lâche-t-il dans un soupir fataliste.

La saison à oublier
A l’heure de faire le bilan, c’est bien évidemment la frustration de ne pas avoir pu réaliser les chronos qu’il était en droit d’espérer qui l’emporte : « Ça n’a pas voulu fonctionner. Je ne suis pas parvenu à améliorer mes chronos sur l’ensemble des épreuves que j’ai disputées cette année. J’ai terminé la saison difficilement puisque seul Avon fournit des pneumatiques de la dimension des roues qui chaussent l’Almera, et le manufacturier n’en fabriquait plus. C’était très inquiétant et particulièrement décourageant », commente Michel. « Il faut vite oublier cette saison ! », lâche-t-il dans un éclat de rire.

Une sortie de route apparemment sans gravité aura donc mis à mal les prétentions de Michel Bineau : « Ajouter à cela un moteur qui donnait des signes de fatigue, rien n’allait dans le bon sens. » Cela n’affecte en rien l’optimisme du Normand qui espère bien mettre à profit la saison 2022 pour se relancer : « Nous avons travaillé pour remettre les choses dans l’ordre. Je devrais avoir de nouveaux pneus qui devraient être plus performants, donc j’ai bon espoir. »

Avant de tourner définitivement la page d’une saison 2021 à oublier, Michel Bineau ne manque pas de remercier ceux qui le soutiennent. Et ses premières pensées vers vont Françoise (Lelièvre), sa femme, passionnée autant que lui et qui dans les années 80 fut Championne de France des Rallyes 2ème Division alors qu’elle officiait comme copilote aux côtés d’Alain Serpaggi : « Aujourd’hui elle assure mon assistance et je l’en remercie. Merci également à Nissan Rouen qui est un partenaire fidèle, et à mes amis Christian Boullenger, qui est de très bons conseils, et à Jean-Jacques Maurel. »

Si la Nissan Almera a pu bénéficier d’une sérieuse révision qui lui offre un regain de jeunesse, Michel Bineau ne sait pas encore exactement ce qu’il fera à son volant : « Mon calendrier n’est pas clairement défini. Je pense faire les trois épreuves de l’Ouest inscrites au calendrier du Championnat de France. J’aurais bien aimé venir à Bagnols-Sabran et au Col Saint-Pierre, mais cela représente un budget vraiment conséquent. Et comme je dispose d’une auto refaite à neuf, je n’ai pas la garantie que tout fonctionne d’entrée de jeu. Prendre le risque de faire autant de kilomètres pour rencontrer une panne, ça n’en vaut pas la peine. Donc on fera le point après les trois épreuves de l’Ouest, et nous verrons comment envisager la suite. Dans mon esprit j’aimerais bien être à Vuillafans, à Marchampt et à Chamrousse. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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