L’année d’exception de Jean-François Ganevat

En abordant la saison 2025 avec un nouvelle Renault R.S. 01, on était en droit de penser que Jean-François Ganevat devrait passer par une phase d’adaptation. Mais le Jurassien apprend vite. Il le démontre en signant ses premiers succès en CFM et en terminant troisième du Championnat Production.

Déjà, entre 1993, année de sa première apparition en course, et 2005, Jean-François Ganevat avait démontré avec une Renault 5 GT Turbo plus qu’un vrai potentiel derrière le volant. Lorsque par la suite la ''soufflette'' laissait place à une Clio Williams, là encore succès et places d’honneur ne se feront pas attendre. Et même s’il était victime d’un dramatique accident qui coûtera la vie à une spectatrice et l’éloignera un temps de la course automobile, lors de son retour derrière le volant, il parvenait malgré les craintes indélébiles que peuvent laisser un tel drame, à retrouver sa verve d’antan.

Au volant de différentes BMW M3 il se présentera comme un des hommes forts du groupe N, avant de porter son choix en 2014 sur une Porsche 997 Cup avec laquelle il accrochait la deuxième place du Production à Bagnols-Sabran derrière un certain Nicolas Werver. Il rééditait cette performance l’année suivante avant de positionner sa Porsche une nouvelle fois au deuxième rang à Vuillafans. Mais victime d’une légionellose qui lui fait connaitre des phases de fatigues extrêmes, Jean-François doit composer depuis près de dix ans avec la maladie.

Mais sa détermination égale sa joie de vivre, et malgré les difficultés, le Jurassien poursuivra son implication en courses de côte. Au volant d’une Alpine A110 GT4 il enchainera les succès en GT Sport. La saison 2023 se concluait par une deuxième place en Production sur la Finale de la Coupe de France à Steige où il plaçait son Alpine évoluant en GT Sport derrière la Porsche de Paul Reutter. Pour la saison 2024 Jean-François Ganevat portait son choix sur une Porsche 991 GT3 avec laquelle il se classera neuvième du Championnat Production en ayant participé à sept des treize manches. Sa saison se concluait par une victoire en Production sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne où il imposait sa Porsche.

Avec une succession de résultats probants et d’incontestables succès, on pouvait donc s’attendre à ce Jean-François Ganevat fasse parler de lui durant la saison 2025. Toutefois, en changeant une nouvelle fois de monture pour s’installer derrière le volant d’une Renault R.S. 01, il apparaissait clairement que le Jurassien allait devoir s’adapter à une auto dont le maniement n’est pas des plus facile. Jean-François apprend très vite… Il allait le prouver !

Le choix d’opter pour la Renault R.S. 01 vient du fait que Jean-François a décelé rapidement l’énorme potentiel dont dispose cette voiture : « J’avais pu voir les chronos que signait Philippe (Schmitter), les performances affichées par la Renault, et comme je me suis retrouvé face à l’opportunité d’en acheter une alors que c’est un modèle rare, je n’ai pas hésité », confie Jean-François. Dernière Renault R.S. 01 fabriquée par Renault Sport et estampillée du numéro 32, la voiture dans laquelle s’installait le Jurassien appartenait précédemment à Emmanuel Collard et n’avait pas beaucoup roulé.

Fin 2024, Jean-François avait l’opportunité de découvrir le maniement de sa nouvelle monture sur le pôle mécanique d’Alès, à l’occasion des Cévennes Race Track. Première apparition et première victoire puisqu’il remportait le Production sur le Cévennes Hillclimb : « Tout s’est déroulé pour le mieux et j’ai bien aimé le comportement de la voiture qui disposait alors de réglages circuit et non pas courses de côte. »

Espoir secret d’un premier succès
L’objectif initial de Jean-François Ganevat pour cette saison 2025 était de se rapprocher des meilleurs pilotes du Championnat Production, « avec dans un coin de ma tête l’espoir de remporter une épreuve, pourquoi pas celle qui est la plus près de la maison, Vuillafans. Mais pour le reste je n’envisageais pas de me battre pour le podium. »

Pour sa première apparition de la saison, sur la Course de Côte de Lodève, Jean-François Ganevat viendra chercher un premier succès en s’imposant le samedi devant l’Alpine A110 de Ronald Garcès et la Supercopa MK3 de Baptiste Thomasset : « Sur une route relativement froide ce n’était pas évident mais on a pu se rendre compte que la voiture était performante et le pilote pas trop perdu », plaisante Jean-François. « Mais en configuration circuit j’ai vite compris qu’elle était très vive du train arrière et qu’il allait falloir apporter des améliorations. » Dimanche matin le Jurassien signait à nouveau le meilleur chrono sur la montée d’essais avant que sa Renault ne parte en tête-à-queue et flirte avec le muret sur la première montée de course : « J’ai cassé une biellette, je n’avais pas de quoi la remplacer et je n’ai pas pu prendre le départ de la seconde montée. »

Jean-François Ganevat débutait sa campagne sur le championnat en alignant sa Renault R.S. 01 sur la manche d’ouverture, la Course de Côte de Bagnols-Sabran où il terminait deuxième derrière Anthony Dubois : « Ce qui me satisfait c’est que je suis plus rapide qu’avec la Porsche. Mais sur ce tracé étroit il n’est pas évident d’exploiter pleinement une auto aussi imposante. J’en garde un excellent souvenir, même si je suis persuadé que si nous avions fait Bagnols-Sabran en fin de saison, j’aurais été plus performant. Et puis une nouvelle fois la santé m’a fait défaut. »

Des problèmes de santé récurrents qui obligeaient Jean-François à faire un passage par l’hôpital et qui le contraindront à faire l’impasse sur la Course de Côte du Col Saint-Pierre : « Ce que je regrette infiniment. D’autant que dès le début de saison je crame un joker. » Jean-François sera bien présent à Abreschviller où débutait un combat d’une rare intensité entre les trois hommes forts du championnat, combat qui nous tiendra en haleine tout au long de la saison. En terre lorraine, le Jurassien se positionnait au troisième rang, à seulement une seconde deux de Yannick Poinsignon et à 96 millièmes d’Anthony Dubois : « Tout allait bien si ce n’est que j’étais privé de traction control (antipatinage) sans trop comprendre pourquoi. Il a fallu faire avec et c’était assez costaud. Mais j’ai pris énormément de plaisir sur ce type de tracé. »

Les écarts seront une nouvelle fois dérisoires à Hébécrevon où Jean-François sera devancé par Anthony Dubois de six dixièmes et par Yannick Poinsignon de 89 millièmes : « Je n’avais jamais mis les pieds sur cette épreuve, et pour une découverte c’est finalement plutôt bien. Le bas du tracé n’est pas spécialement favorable à la Renault R.S. 01, mais cela ne m’a pas gêné, et sur le haut j’ai pris énormément de plaisir. Je suis très proche d’Anthony et Yannick, vraiment content de mon week-end. » A l’arrivée de La Pommeraye, ce ne sont que huit dixièmes qui séparaient le vainqueur Yannick Poinsignon de Jean-François Ganevat qui positionne sa Renault au second rang : « J’avais roulé l’année précédente avec la Porsche et cette année j’améliore mes chronos. Sur ce tracé rapide la voiture était vraiment bien et je me suis à nouveau régalé. » 

Saint Gouëno restera longtemps marqué dans la mémoire de Jean-François Ganevat qui, en Bretagne, signait son tout premier succès sur une épreuve du Championnat de France de la Montagne : « Là encore c’était pour moi une première. Une belle découverte. J’ai pris un plaisir immense à rouler sur ce tracé où la R.S. 01 est à son affaire. Et puis remporter un premier succès sur le championnat c’est fort émotionnellement, même si Anthony et Yannick ont connu leurs lots de problèmes », rappelle humblement Jean-François.

Le podium de la Course de Côte de Marchampt allait se jouer dans un mouchoir de poche. En terminant troisième Jean-François Ganevat ne concède que sept dixièmes au cumul des deux meilleures montées au duo composé de Yannick Poinsignon et Anthony Dubois : « Ce tracé convient parfaitement à la Renault R.S. 01 mais je n’ai pas été bon dans le choix des pneumatiques. Samedi, lors des essais, j’étais en tête avec une avance intéressante. Dimanche, sans commettre cette erreur de pneus je pouvais aller chercher la victoire. J’ai opté pour des gommes neuves uniquement sur la dernière où je me loupe un peu sur le freinage de l’épingle, avec des pneumatiques qui n’étaient pas rodés et qui sur le bas du parcours m’offrent une adhérence précaire. Je ne termine pas loin, mais je sais que j’aurais pu mieux faire. »

En début de saison, Jean-François Ganevat avait le secret espoir d’inscrire la Course de Côte de Vuillafans à son palmarès. La victoire acquise en terre franc-comtoise n’en sera que plus belle : « J’avais du mal à relancer la voiture dans les épingles. Ça ne fonctionnait pas. Et puis dans la dernière montée, je ne me suis pas posé de question et j’ai tout lâché. Ça a payé puisque la victoire est au bout. Avant le départ de la dernière j’avais deux secondes de retard, je n’aurais jamais pensé que je pouvais revenir en tête. Il faut toujours garder à l’esprit qu’il ne faut jamais rien lâcher. »

A Dunières, une nouvelle fois Jean-François Ganevat sera en lice pour la victoire pour finalement terminer au deuxième rang à huit dixièmes d’Anthony Dubois : « Lors de ma précédente participation avec la Porsche, j’avais dû composer avec énormément de sous-virage et je pensais que cette année je n’allais pas être à la fête », avoue le Jurassien. « Mais là, même si c’était compliqué avec une grosse voiture sur ce tracé sinueux, les chronos étaient au rendez-vous. J’étais assez surpris des performances de la voiture. Le seul bémol c’est qu’en ayant réalisé la meilleure performance lors des essais, je m’élançais en dernier. Et en l’espace d’une minute la route est devenue très humide et je me suis fait une petite chaleur à mi-parcours. C’est dommage parce que là encore il y avait de quoi faire. »

Sur le Mont-Dore, Jean-François Ganevat accédera une nouvelle fois au podium, mais il pointait à l’arrivée à cinq secondes du duo Poinsignon / Dubois : « Je n’étais pas revenu depuis 2015 ou 2016, et avec la Porsche à l’époque j’avais eu du mal. Cette année encore j’ai trouvé ce tracé très compliqué. Sur les quelques portions rapides la voiture n’était pas bien et dans le serré j’avais l’impression de conduire un tank, une auto sous-vireuses, pataude, pas du tout agréable. C’est la seule course de la saison sur laquelle je n’ai pas pris de plaisir, d’autant que moi-même je n’étais pas en forme. »

Le combat de titan se poursuivait sur le tracé alsacien de Turckheim qui voyait Anthony Dubois s’imposer cinq dixièmes devant Jean-François Ganevat au cumul de près de douze kilomètres de course. Troisième, Yannick Poinsignon pointait à l’arrivée à 130 millièmes de la Renault R.S. 01 : « Je n’avais jamais fait cette épreuve dont on m’avait dit le plus grand bien, et je confirme. Ce fut une course de folie sur laquelle j’ai pris un immense plaisir. C’est vraiment magique, c’est à mon sens la plus belle du championnat… Pour une première participation j’étais dans le match malgré quelques soucis de train avant, mais dont je suis peut-être responsable parce que j’ai dû par moment trop retarder mes freinages. Mais quel fabuleux souvenir, je suis sûr que si je reviens à Turckheim il y a un résultat à aller chercher. »

La saison se concluait de fort belle manière pour Jean-François Ganevat qui après Saint Gouëno et Vuillafans inscrivait la Course de Côte de Limonest à son palmarès. Pourtant le dernier rendez-vous de la saison se présentait mal pour le Jurassien : « Avec la Porsche, la saison précédente, je pense que ce fut la pire course de ma carrière, et j’avais même envie d’arrêter tellement j’étais déçu. Là, avec la R.S, je suis en tête de la première montée d’essais, mais sur la seconde j’ai un problème de frein et je sors dans un endroit rapide. J’ai la chance de passer entre les arbres et de ne pas faire énormément de dégâts. » Dans l’esprit de Jean-François Ganevat la course s’arrêtait là, mais c’était sans compter avec la détermination de Rodolphe Donguy de l’atelier Erine Légende, le mécanicien de Jean-François, qui s’employait à remettre la R.S. 01 sur ses roues. « Je ne pensais jamais rouler le lendemain, mais avec Hervé (Dangel), mon beau-frère, ils ont bossé comme des malades et grâce à eux j’ai pu me relancer pour aller chercher la victoire. Finalement j’ai roulé sans pression, et ça a payé. On ne saura jamais si Anthony (Dubois) aurait pu venir me chercher puisqu’un problème sur son Alpine l’a obligé à s’élancer bien après nous, au moment où la pluie a fait son apparition. Sur le sec ça aurait pu être une autre histoire. »

Trois victoires et un podium du championnat
Cette saison 2025 aura vu Jean-François Ganevat remporter ses trois premières victoires sur le Championnat de France de la Montagne. Longtemps deuxième du Championnat Production, il termine au troisième rang à seulement treize points de Yannick Poinsignon : « Je suis bien évidemment super content, je n’aurais jamais pensé être en si bonne position et être dans le match face à Anthony et Yannick. On s’est fait plaisir, dans une super ambiance entre nous trois et c’est pour moi l’essentiel. Je n’ai aucune prétention à un titre majeur et je roule avant tout pour le plaisir. Il va sans dire que cette année j’avais tout pour être comblé. Et puis c’était un plaisir de partager des infos avec Stéphane Krafft et son équipe et de vivre des week-ends conviviaux avec eux. »

S’il doit le plaisir qu’il a pu prendre à une Renault R.S. 01 compétitive, Jean-François le doit également à ceux qui l’ont soutenu cette saison et qu’il veut remercier : « Avant toute chose je veux remercier mon préparateur, l’Atelier Erine Légende et Rodolphe Donguy qui m’accompagne sur les épreuves, ainsi que mon beau-frère Hervé Dangel de la société Hedelec qui est également présent à mes côtés. Ce sont les piliers sur lesquels je peux me reposer. Merci à Stéphane Krafft et l’équipe du Krafft Racing, Tony Hubert et sa structure ASC Racing, Michelin pour la qualité des pneumatiques mis à notre disposition, la structure TC Sport de Thomas Chavot, G.L. Automobile (Ludovic Godard). Je n’oublie pas les organisateurs qui réalisent un travail exceptionnel pour nous proposer de belles épreuves, les commissaires et les officiels qui nous permettent de courir, ainsi que tous ceux qui dans l’ombre œuvrent pour nous permettre d’assouvir notre passion. Un immense merci à tous les copains du championnat avec qui nous partageons d’excellents moments de convivialité. J’ai bien évidemment une pensée pour Antoine Uny que j’ai soutenu à ses débuts et qui est toujours aussi compétitif, et je veux rendre hommage à l’ami Jean-Marc Gandolfo qui nous a quitté cette année et qui était camarade formidable. »

Rien n’est encore décidé en ce qui concerne la saison 2026. Jean-François Ganevat veut avant tout savourer cette exceptionnelle campagne de France avant de songer à la suite : « J’avais toujours dit que je voulais faire le championnat, et à présent il me manque uniquement le Col Saint-Pierre. Rodolphe (Donguy, son mécanicien, ndlr) n’est pas spécialement prêt à repartir pour une nouvelle saison parce qu’un championnat nécessite de disposer de temps, et mon beau-frère Hervé est dans la même situation. Sans eux, il m’est impossible de prendre part au championnat », confie Jean-François. « Pour le moment rien n’est arrêté, il est trop tôt pour se projeter, mais il est clair que je serai au départ des manches du championnat que j’affectionne », conclut le Jurassien.

 

©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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