
Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Romain Pezot n’a pas manqué de se mettre en valeur en enchainant les victoires de classe pour terminer deuxième du Challenge Open DE/7.
Tout ce qui a attrait à la compétition mécanique passionne Romain Pezot… Très tôt son penchant naturel allait vers les deux roues puisque dès l’âge de six ans il enfourchait une moto pour s’essayer au motocross. Le jeune Romain gravissait rapidement les échelons jusqu’à participer au Championnat de France de la discipline. Entre six et quatorze ans il aura l’occasion de prendre part à de nombreuses compétitions sur l’ensemble de l’hexagone, mais également en Belgique. A l’adolescence, Romain portait son choix sur un tout autre sport, la boxe. De 14 ans à sa majorité, Romain Pezot pratiquera la boxe française en compétition pour accrocher la quatrième place du Championnat de France avant de se tourner vers le ''Noble Art'', la boxe anglaise, dans des combats amateurs.
La passion n’est pas toujours le fruit d’une transmission familiale. Si aucun membre de la famille de Romain n’était pratiquant dans une discipline des sports mécaniques, Stéphane, le père de Romain, était toutefois un spectateur assidu de nombreuses compétitions. A 18 ans, le jeune Romain raccrochait les gants de boxe pour enfiler une combinaison de pilote : « J’avais le choix entre reprendre la moto, où alors faire mes débuts en sport automobile puisque Thierry Jabet, mon cousin, me proposait de rouler avec la Peugeot 106 qu’il alignait sur des slaloms. Je me suis lancé avec cette voiture », confie Romain.
Le Limousin prenait part à ses premiers slaloms et parvenait à se qualifier pour sa première finale de la discipline disputée alors à Lezay. Par la suite la Peugeot 106 bénéficiera d’évolutions et permettra à Romain de poursuivre son implication en slaloms où il remportait régulièrement sa classe : « Cela m’a permis de décrocher une nouvelle fois ma qualification pour la finale 2017. Je me souviens que c’est alors mon père qui transportait ma voiture, et que je devais rejoindre le lendemain. Mais sur la route il a été victime d’une crevaison, et en voulant changer un pneu, le cric a ripé et il s’est sectionné un pouce. » Fort heureusement une intervention chirurgicale lui permettra de conserver son doigt qui restera fonctionnel. « Bien évidemment je n’ai pas participé à cette finale. »
Par la suite, la Peugeot 106 groupe N devenait une groupe A avec laquelle Romain Pezot accumulait les victoires de classe : « Je me suis imposé sur l’ensemble des épreuves auxquelles j’ai participé avant de remporter également ma classe sur la Finale des Slaloms. » Fin 2018, Romain faisait l’acquisition d’un Proto BRC avec lequel il allait animer la catégorie CM sur les slaloms : « Je disposais d’un moteur ancienne génération, performant mais moins puissant que celui de mes adversaires. Il était donc plus difficile de prétendre à la victoire. » A l’issue de la saison 2019, le BRC se verra offrir un nouveau moteur : « Et là sur la Finale en fin d’année je termine deuxième de groupe. »
Suite à la vente de son BRC, Romain Pezot faisait l’acquisition d’une Tatuus Formule Renault, celle dont il disposait pour cette saison 2025 : « Je me suis aligné sur quelques slaloms avant de prendre conscience que cette monoplace avait certainement des arguments à faire valoir en course de côte. » Le Limousin, qui avait déjà eu l’occasion d’aligner en 2019 son BRC B49 sur la Course de Côte d’Argenton – Bouglon où il se classait troisième de la classe CM, s’engageait en 2024 sur quatre courses de côte : Sancerre, Fréteval, le Mont-Dore et Limonest : « Je découvrais la voiture en côte et je me suis fait agréablement plaisir, d’autant que les résultats étaient au rendez-vous puisqu’à Sancerre, pour ma toute première participation, je remporte ma classe. A Fréteval j’accroche la quatrième place du scratch et la première de ma classe et au Mont-Dore et à Limonest je termine deuxième, pas très loin de Marvin (Garampon-Brunet). »
A la découverte du CFM avec une Formule Renault
De tels résultats ne pouvaient qu’inciter Romain Pezot à s’engager officiellement sur le Championnat de France de la Montagne pour défendre ses chances dans le cadre du Challenge Open DE/7 : « Lors de mes participations sur les manches du CFM, je me suis senti particulièrement à mon aise. Et comme j’étais en lutte avec Marvin qui cette année-là remporte l’Open, je me suis dit qu’il était judicieux de venir me mesurer aux pilotes du championnat. J’avoue que lors ma découverte du CFM j’ai adoré les tracés du championnat et réellement apprécié l’ambiance qui règne dans cette classe. Donc même si à l’origine je n’avais pas prévu de rouler sur le championnat, j’ai franchi le pas. »

Romain Pezot se concoctait un programme de sept épreuves, incluant le Mont-Dore et Limonest, les deux seules manches qu’il connaissait pour les avoir affrontées en 2024. Le Limousin, qui durant la pause hivernale précédant la saison avait peaufiné les réglages de sa Tatuus Formule Renault, espérait signer quelques bons résultats : « Mais avec seulement sept courses à mon calendrier je savais qu’il me serait très difficile de prétendre au titre, même si le classement du Challenge Open se fait sur les huit meilleurs résultats. Il était clair que si j’avais des adversaires qui prenaient part à l’intégralité du championnat je serais logiquement pénalisé. » Le défi était de taille pour Romain qui s’élançait dans un Challenge Open où s’affrontaient pas moins de huit pilotes, « donc certains avaient la réputation d’être des garçons rapides. »
La première découverte de la saison pour Romain Pezot sera le tracé de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du championnat : « C’est sinueux, très serré, et c’est un parcours qui nécessite de l’engagement. Pas évident pour débuter la saison. Mais j’ai adoré les sensations et j’avoue que les chronos que j’ai réalisés me mettaient en confiance quand je comparais avec ceux qui avaient été signés lors des précédentes éditions. Je suis vraiment très content du résultat », confie Romain qui sur la première épreuve gardoise termine en tête de la classe DE/7.
Un nouveau succès allait l’attendre sur le second rendez-vous gardois, le Col Saint-Pierre, où là encore il imposait sa Formule Renault dans la classe DE/7 : « C’est long et particulièrement fastidieux à apprendre. Pour une première participation ce n’est pas évident, mais c’est vraiment un tracé magnifique », reconnait Romain. « Dès les essais nous étions en bataille avec Flavien (Rognon). Sur la première manche de course je commets quelques erreurs mais je signe malgré tout un chrono intéressant qui selon moi pouvait être amélioré le dimanche. » Mais dimanche, sous la pluie, plus question d’améliorer ses temps : « C’était particulier comme approche et sur la première montée je fais un tête-à-queue, ce qui me fait chuter au classement. Mais comme finalement seule la montée du samedi soir sera prise en compte, je m’en sors plutôt très bien. »
Les Courses de Côte d’Abreschviller en Lorraine et d’Hébécrevon en Normandie n’étaient pas inscrites au calendrier de Romain Pezot que l’on retrouvait par la suite à La Pommeraye. Sur l’épreuve angevine, en bagarre avec Flavien Rognon, il devra céder face aux attaques de son adversaire : « J’ai eu du mal à me mettre dans le bain à La Pommeraye. C’est très court et très intense. Sur la troisième manche je parviens à réaliser le meilleur chrono du week-end dans la classe DE/7, et à la vue de mes caméras embarquées je savais qu’il était encore possible d’améliorer. J’avais un chrono en tête au moment de m’élancer sur la dernière montée et en voulant trop en faire je suis parti en tête-à-queue. » Aucun dommage sur la monoplace, mais Romain devait alors se contenter de la deuxième place.

Absent à Saint Gouëno, Romain Pezot retrouvait ses collègues du CFM à Marchampt, où Flavien Rognon évoluait à domicile et où il n’avait pas l’intention de laisser la victoire à quiconque. La lutte fera rage entre les deux pilotes des Formule Renault, et finalement Romain aura le dernier mot pour seulement trois dixièmes au cumul des deux meilleures montées : « Là encore je découvrais, et avec les conditions météorologiques changeantes tout au long du week-end ce n’était pas évident. J’ai adoré ce type de tracé, rapide, long, sur lesquels je suis à mon aise. Le seul bémol c’est que j’avais énormément de difficultés pour passer le première épingle sur laquelle je perdais beaucoup de temps. A l’approche de la dernière ascension j’avais du retard et donc pas d’autre choix que de tout donner pour pouvoir l’emporter », se souvient Romain. « J’ai fait là une montée quasiment parfaite et je suis à deux dixièmes du record du DE/7, et surtout je m’impose. »
Comme prévu en début de saison, Romain ne participera pas aux débats à Vuillafans, mais il viendra chercher une nouvelle victoire de classe à Dunières à l’issue d’un combat acharné. Sur l’épreuve auvergnate, il devance Julien Bouche d’un dixième et Flavien Rognon de sept dixièmes : « Ce fut un super combat ! J’ai fait la connaissance de Julien (Bouche) un gars très sympa avec qui nous nous sommes vraiment bien entendu, et j’ai adoré ce combat avec Julien et Flavien », avoue Romain. « Pour ce qui est du tracé, il est particulier, ça change de ce que l’on aborde habituellement, mais c’est plutôt sympa. »
En alignant sa Formule Renault sur le Mont-Dore, Romain Pezot retrouvait, pour la première fois, une épreuve qu’il avait déjà eu l’occasion d’aborder en 2024. Il retrouvait également Julien Bouche qui, à domicile, n’allait pas manquer de s’illustrer pour remporter sa classe. Dans le Massif du Sancy Romain se classait deuxième : « C’est un tracé mythique et je savais que Julien allait être un adversaire de taille. L’avantage pour moi c’était d’avoir déjà couru cette épreuve l’an dernier ce qui m’a permis de me battre avec lui tout au long du week-end. Finalement il s’impose, et je n’ai rien à regretter en ayant donné tout ce que je pouvais avec des pneumatiques qui commençaient à compter un bon nombre de kilomètres. Et bravo à Julien pour les chronos qu’il réalise. »
En se rendant à Turckheim, Romain Pezot allait découvrir le plus long tracé du championnat, sur lequel pour sa première participation il allait signer une victoire : « Initialement, il n’était pas prévu que nous nous rendions en Alsace. Mais à ce stade de la saison, le titre sur l’Open était encore jouable et je me suis dit qu’il fallait que je défende mes chances. J’ai eu beaucoup moins de mal à assimiler ce parcours que celui du Col Saint-Pierre. Samedi je ne me sentais pas spécialement à l’aise sur un tracé où la voiture ''tapait'' trop. Mais nous avons revu les réglages pour dimanche en réhaussant la monoplace et là j’étais vraiment super bien et j’ai réalisé les chronos que j’espérais. Tout s’est passé pour le mieux, une belle découverte et un beau week-end. »

A Limonest, Romain Pezot savait qu’une victoire était impérative pour espérer remporter le Challenge Open. C’est donc avec une motivation décuplée et une envie intense d’en découdre qu’il abordait cette dernière manche de la saison : « Je me suis fixé des objectifs trop importants. Je connaissais le tracé et je savais que je pouvais améliorer mes chronos. J’ai certainement voulu trop performer et mettre du rythme dès la première montée d’essais, ce qui m’a valu de payer cher un excès d’optimisme. » Romain sortait en effet de la route et mettait un terme à son week-end : « J’ai tiré tout droit sur un freinage. Les dégâts n’étaient pas si importants et j’aurais pu réparer – je remercie d’ailleurs tous ceux qui dans les paddocks se sont proposés pour m’aider – mais la voiture était réservée et je ne voulais pas prendre plus de risque sur une route qui était très délicate avec une alternance d’averses et de passages ensoleillés. J’ai préféré sécuriser la vente plutôt que le championnat. »
Deuxième de l’Open DE/7 pour sa première saison
En huit participations, Romain Pezot signe cinq victoires de classe et termine la saison à la deuxième place du Challenge Open DE/7, à seulement dix points de Falvien Rognon. Pour une première participation au championnat, le Limousin ne peut tirer qu’un bilan largement positif : « Ce fut une belle découverte, notamment de magnifiques tracés. Il y avait une belle concurrence, sportive et sympathique, sur un des challenges les plus relevés. Je suis très content de mes résultats et satisfait de mes prestations. Ce fut incontestablement une très belle saison. »
Une belle saison que Romain a partagé avec ceux qui furent à ses côtés et qu’il tient à remercier : « Un immense merci à mes parents (Stéphane et Mireille), c’est grâce à eux que je peux participer aux épreuves, mon père gère l’ensemble de mon assistance et ma mère toute la logistique. Merci à Fanny, ma compagne, qui me laisse participer aux courses et qui gardent les enfants Jules et Amael. Merci également à tous ceux qui m’ont soutenu sur les épreuves ou qui m’ont envoyé des messages, à ceux qui sont venus m’aider sur les courses pour assurer mon assistance. Un merci à la Société Eau Nett et le Garage Fab Auto qui me soutiendront en 2026. »
La Formule Renault de Romain Pezot est vendue. Le Limousin est en passe de faire l’acquisition d’une nouvelle voiture mais ne sait pas quel sera son programme pour la saison 2026 : « Il va falloir que je m’adapte à la nouvelle auto. En fonction des premiers essais j’envisagerai un programme pour la prochaine saison. Mais pour l’heure rien n’est arrêté. »
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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