Après une saison marquée par deux succès et un abandon

Ses victoires de classes en Finale de la Coupe de France de la Montagne et ses succès enregistrés sur plusieurs manches du Championnat offraient à Christophe Demare le statut de favori au sein du Challenge Open N/3. La mécanique en décidait autrement, et s’il remportait sa classe sur le Mont-Dore, une casse de boîte de vitesses sur sa Honda Civic Type R l’obligeait par la suite à mettre un coup d’arrêt prématuré à sa saison.

En 2018, Daniel Demare fêtait ses 40 ans de compétition. Christophe, son fils, qui fêtera ses 50 ans au mois de septembre, avait donc 7 ans lorsque son père décidait de s’installer pour la première fois derrière le volant d’une voiture de course. 7 ans, c’est l’âge des premiers souvenirs, et l’enfance de Christophe est donc profondément attachée à la passion de son père et aux nombreux week-ends passés dans les paddocks des courses de côte.

« Mes premiers souvenirs sont liés à la période où mon père évoluait avec une Rallye II », débute Christophe. « Je prenais un malin plaisir, tout gamin, à m’installer au volant de sa voiture de course. Ma passion vient de là, elle m’a été transmise par mon père. »

On a du mal à croire que Christophe Demare ne fut pas durant sa jeunesse un sportif accompli. Le physique affuté du pilote d’Arnas laisse à penser qu’il prend un soin attentif pour se maintenir en forme : « C’est vrai aujourd’hui, ce fut le cas pendant de nombreuses années durant lesquelles j’ai notamment beaucoup pratiqué la course à pied, mais c’est finalement sur le tard que j’ai découvert la salle de sport, et c’est avant tout un vrai plaisir. »

Débuts en AX avec son frangin
20 ans tout juste après son père, Christophe Demare faisait donc ses début en compétition. En 1998, il prenait part à ses premiers slaloms en compagnie de son frère Mickael : « Nous avions acheté une AX Sport dans laquelle nous avions installé un arceau. La préparation s’était limitée à cela. Nous avons roulé avec cette auto durant deux saisons, et à la fin de l’année 1999 j’ai terminé deuxième du Challenge des Slaloms de la Ligue Rhône-Alpes, qui n’existe plus à présent. Ce fut une sorte de déclencheur, un résultat qui m’a donné l’envie de poursuivre dans cette voie. »

Pour la saison 2000, la petit Citroën subissait une remise en forme pour bénéficier d’une configuration en Groupe N : « Et là nous avons commencé à nous attaquer aux Courses de Côte. » Douze ans et deux AX fracassées plus tard – Christophe et Michael ayant chacun cassé la sienne – un changement de monture était envisagé : « Dans ce laps de temps j’ai pu rouler aux volants de deux AX Sport et d’une AX GTI », confirme Christophe. Une période durant laquelle les frères Demare se retrouvaient à de très nombreuses reprises sur des podiums de classe, et de nombreux succès venaient enrichir leurs palmarès.

En 2012 était définitivement tournée la page de l’AX, qui laissait place à une Honda Civic 1600 cm3. Une auto au volant de laquelle Christophe Demare ne tardait pas à se mettre en valeur : « J’ai remporté ma classe à Limonest, à l’occasion de ma toute première sortie avec cette auto », se souvient-il. C’est également sur le tracé de Limonest qu’il remportait sa classe sur le Finale de la Coupe de France de la Montagne 2014, il récidivera en 2015, toujours sur le tracé de Limonest. « A la suite de cela, en 2016, j’ai remplacé ma Honda 1300 par une Civic Type R », confie-t-il.

On peut légitimement se poser la question de savoir si en optant pour une Honda Civic Type R, Christophe ne voulait pas en tout point imiter son père : « Ce n’était vraiment pas un critère. Pour moi qui roulais en 1300, le passage vers la Type R était l’évolution logique vers un 1600 cm3, en sachant que cette voiture est assurément la plus performante de la classe N/3. »

Fidèle au Groupe N et à la Coupe de France, jusqu’à ce jour Christophe Demare n’avait pas eu l’opportunité de prendre part au Championnat. Le pilote d’Arnas avait certes fait plusieurs apparitions notamment à Dunières, à Limonest, à Chamrousse, au Mont-Dore, et bien évidemment à domicile sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, mais sans être officiellement inscrit sur le Championnat : « Cette courte saison qui nous était proposée cette année à cause de la crise sanitaire se présentait pour moi comme une opportunité de prendre part au Championnat, et de découvrir autre chose à moindre frais », explique Christophe.

Au mois de juillet, une sortie sur le circuit de Pouilly-en-Auxois, accompagné de son père, permettait à Christophe de retrouver ses automatismes au volant de sa Honda Civic Type R. La préparation de sa saison se cantonnait finalement à cette seule séance d’essais : « J’ai dû faire une dizaine de tours. Cela m’a suffi pour m’apercevoir que tout fonctionnait et que j’étais tout de suite à mon aise. »

Objectif : le Challenge Open N/3
Son palmarès, les résultats obtenus précédemment avec sa Honda Civic, faisait de Christophe Demare le favori au sein du Challenge Open N/3 : « J’avais pour ambition de remporter ce challenge. Même si je n’avais jamais eu l’occasion de courir à Turckheim ou à Bagnols-Sabran. Mais j’avais bien préparé mes courses et je savais ma voiture performante. »

Pour débuter la saison, sur les pentes du Mont-Dore, Christophe Demare retrouvait un terrain qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter, et sur lequel il sera particulièrement à son aise. A deux reprises, il terminait à la quatrième place du Groupe N en signant deux succès dans la classe N/3 : « J’en garde un super souvenir, d’autant que c’était un magnifique Mont-Dore avec une météo idéale. Je pouvais difficilement espérer mieux, même si je loupe dimanche la troisième place du groupe de quelques dixièmes », se souvient Christophe qui termine à moins d’une seconde de la BMW M3 de Christian Sepchat. « Mais pour le reste, j’ai vraiment passé un magnifique week-end, d’autant que ma dernière participation au Mont-Dore remontait en 2015, année où nous avions pris la grêle qui avait causé pas mal de dégâts. »

Attaché aux épreuves régionales, Christophe Demare n’a jamais eu, en plus de 20 ans de compétition, l’occasion de prendre part à la Course de Côte de Turckheim. Il découvrait donc le tracé alsacien et ce dernier a retenu son attention : « C’est une très belle course et je ne peux que regretter de n’avoir pas pu réellement m’exprimer sur ce terrain. »

En effet, Christophe ne sera pas en mesure de participer à l’ensemble des débats après qu’un souci de boîte de vitesses ne soit venu perturber sa progression : « J’avais vraiment envie de bien faire, mais lors de la montée d’essais chronométrés du samedi j’ai commis quelques erreurs dues à mon manque d’expérience du terrain. Je comptais alors rectifier le tir dès la première montée de course, et pour ça j’avais bien travaillé sur ma caméra embarquée pour savoir exactement où j’allais. Mais malheureusement une fourchette de boîte a cassé, ce qui a provoqué de gros dégâts dans la pignonnerie », explique-t-il.

Sur sa Honda, Christophe dispose de pièces spécifiques qui nécessitent un usinage particulier. Impossible donc de disposer dans un court laps de temps des différents éléments nécessaires à la réparation : « Je savais que j’en aurais pour plus de deux mois pour réellement résoudre mon problème, et que de ce fait ma saison s’arrêtait là. »

Christophe Demare aurait tout de même pu se rendre à Bagnols-Sabran et disputer la dernière manche de la saison. En effet, un autre habitué du Championnat, Jean-Noël Claudepierre, lui proposait de lui prêter sa Honda Civic pour s’aligner au départ de l’épreuve gardoise : « C’est un magnifique geste de sa part, et sincèrement je l’en remercie. C’est un geste rare que je tenais à souligner, même si j’ai refusé la proposition parce que j’avais des dommages à réparer sur ma voiture, et que je ne voulais pas prendre le risque de causer des dégâts sur une autre auto. Mais réellement la bienveillance de Jean-Noël fait chaud au cœur. »

Satisfait de sa courte saison…
En plus de 20 ans d’expérience, Christophe Demare a eu le temps d’intégrer les aléas du sport automobile. Il sait que la casse mécanique fait partie intégrante de la compétition, et même si ça saison fut écourtée, il est suffisamment fataliste pour n’afficher aucun regret : « Ce que je veux retenir c’est que j’ai remporté ma classe à deux reprises au Mont-Dore, en terminant très près du podium du groupe N. Ca me satisfait pleinement. Le vainqueur du Challenge Open N/3, Charly Brosset, mérite amplement sa victoire, et Alexis Laurier sa seconde place car il roule très bien. Pour être honnête, si j’avais été largué lors du Mont-Dore sans la possibilité de me rattraper par la suite à cause d’une casse mécanique, j’aurais certainement été frustré. Mais ma performance au Mont-Dore me permet de tirer un bilan positif de ma courte saison. »

Bien évidemment son père Daniel, sa mère Nicole et sa compagne Amandine sont les premiers à figurer sur la liste des remerciements de Christophe Demare : « Je me dois de les remercier pour leur soutien sans faille. Un immense merci à mes partenaires, et avant tout aux Charpentes Vermorel et à Patrick Vermorel qui m’est fidèle depuis 2001, merci à Pascal d’Inter Occasions et Pierrick d’APM Automobile. »

La Honda Civic Type R était à la vente et a trouvé preneur. C’est donc au volant d’une nouvelle auto que Christophe abordera la saison 2021. Une saison qui se présente comme un véritable challenge, car Christophe va rentrer dans un nouvel univers : « Terminer la traction, je vais rouler en propulsion au volant de la Mitjet avec laquelle roulait jusqu’à présent Jean-Michel Godet. Nous sommes en phase de conclusion, je dois récupérer son auto. »

Christophe va donc suivre les pas de son père… Daniel Demare a en effet fait l’essentiel de sa carrière sportive aux volants de tractions avant de passer lui aussi à la Mitjet : « On va donc se retrouver… J’avoue avoir longuement réfléchi avant d’opter pour cette auto. Ou j’évoluais vers une BMW M3, en N/4, ou alors je passais à la Mitjet, à la condition de trouver une auto propulsée par un moteur 1400. Finalement, quand j’ai su que les Jean-Michel (Lestienne et Godet) vendaient les leurs, j’ai franchi le pas. »

Christophe Demare n’est pas du genre à griller les étapes, et avant d’afficher de quelconques ambitions, il veut cerner le maniement de sa nouvelle voiture : « Je n’ai aucune certitude d’être compétitif avec une Mitjet. J’ai tout à apprendre, et de ce fait je vais avant tout rouler en circuit pour la prendre en main avant de définir réellement un programme sportif », confie Christophe. « Dans la situation actuelle, il est très difficile de savoir exactement où l’on va, mon seul désir profond serait d’être au départ de la Finale de la Coupe de France de la Montagne au mois de septembre », avoue Christophe qui sait que ce rendez-vous prisé des Montagnards doit se tenir cette année encore pour lui à domicile, sur la Montée des Sarmentelles. « Pour le reste, je n’ai vraiment rien de clairement défini. Nous verrons au fil des semaines comment vont évoluer les choses », conclut-il.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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