Après une saison prématurément interrompue en 2018

Depuis 2015, date de ses premières apparitions en Course de Côte, Jérémy Avellaneda a eu à maintes reprises l’occasion de marquer les esprits. Vainqueur du Challenge Open GTTS/1 en 2016, il terminait deuxième la saison suivante, à égalité de points avec le lauréat Jean-Michel Lestienne. N’ayant plus rien à prouver au volant de sa Mitjet, le jeune gardois s’installait en 2018 dans le cockpit d’une Norma 2 litres. L’occasion pour lui de démontrer son talent dès les premiers tours de roues, avant qu’une violente sortie de route ne le stoppe dans son élan.

Si en 2017 Jean-Michel Lestienne parvenait à coiffer au poteau Jérémy Avellaneda pour le gain du Trophée dans le cadre du Challenge Open GTTS/1, unanimement, les pilotes de la catégorie, reconnaissaient en Jérémy la référence dans la petite classe du GTTS. Le Bagnolais avait en effet réalisé des prouesses, se permettant le luxe, à Sabran sur son épreuve à domicile, de monter sur le podium du GTTS.

A 23 ans, Jérémy estimait que pour poursuivre sa progression, il se devait de franchir une étape importante. C’est ce qui l’incitait, fin 2017, à s’engager au volant d’une Norma 2 litres sur la Course de Côte de Limonest, manche de clôture du Championnat : « L’opportunité m’était offerte, et j’abordais ce rendez-vous comme un test grandeur nature en vue d’aborder 2018. Après trois saisons réussies avec la Mitjet, j’estimais qu’il était temps que je me lance un nouveau défi », explique Jérémy.

Après la Mitjet, la Norma 2 litres
Grâce au précieux soutien de son rival et ami Jean-Michel Lestienne, Jérémy Avellaneda rejoignait donc le Team Schatz Compétition pour une pige qui allait lui permettre de mieux cerner le comportement d’un Proto : « Cette participation à Limonest m’a permis de me familiariser avec la Norma, de prendre mes marques, et de voir que finalement, pour une première participation, je parvenais à signer de belles performances. »

Aucune hésitation dans l’esprit du Gardois, la saison 2018 allait se dessiner en Norma 2 Litres, au sein de l’écurie du septuple Champion de France : « C’est aux côtés de Nico (Schatz) que j’ai pu durant l’intersaison mener des essais sur le circuit du Bourbonnais. Nous avions programmé une séance une semaine avant la Course de Côte de Bagnols-Sabran, ce qui me permettait de conserver à l’esprit les automatismes, et de me présenter sur la première épreuve de la saison dans la meilleure configuration. »

Coaché par Nicolas Schatz, Jérémy adaptait rapidement son pilotage à la Norma, travaillant les entrées et sorties de courbes, les acquisitions de données et les divers paramètres dont il faut tenir compte. Un travail qui ne pouvait que le mettre en confiance, d’autant qu’en intégrant le Team Schatz Compétition, il réalisait un rêve de gosse : « Depuis tout gamin je me rends en spectateur à Bagnols-Sabran. J’ai toujours été admiratif de pilotes de la trempe de Nico. Je me disais alors que, prendre un jour part à cette épreuve serait l’accomplissement d’un rêve, mais je n’imaginais certainement pas courir dans la structure de Nico », reconnait Jérémy. « Trois ans seulement après mes débuts, intégrer l’équipe de Nicolas Schatz, c’est pour moi énorme. Pouvoir bénéficier de ses conseils, le voir me motiver, j’ai toujours du mal à réaliser. »

Important par le nombre de Protos 2 litres engagés cette saison, le plateau du CN/2 était également d’une rare qualité avec la présence de pilotes pouvant prétendre terminer parmi les cinq premiers du Championnat. Compétiteur dans l’âme, Jérémy Avellaneda n’allait pas se laisser impressionner par la concurrence qui lui était proposée : « Les résultats enregistrés à Limonest alors que je découvrais la voiture et le tracé, pouvaient me permettre d’espérer être rapidement dans le coup. J’avais pour prétention, pour ma première saison dans la catégorie, de terminer dans le top 5. Je savais que viser une place sur le podium serait difficile, mais me placer parmi les cinq premiers de l’Open me paraissait réalisable. »

D’excellents chronos pour débuter la saison
C’est donc à domicile, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran qu’il connait par cœur, que Jérémy Avellaneda allait se familiariser un peu plus avec la maniement de la Norma M20 FC : « Ce week-end a été énorme ! » avoue Jérémy. « Déjà, attaquer à la maison, c’est quelque chose de particulier. J’ai bénéficié d’un énorme soutien de Geoffrey (Schatz) qui m’a beaucoup aidé, n’hésitant pas à travailler plus sur mes vidéos que sur les siennes, et je dois avouer que cela m’a réellement marqué. Dimanche matin, alors que la route était humide, Geoffrey a pris le temps de me mettre en confiance en visionnant avec moi mes vidéos et en m’abreuvant de conseils. Ce fut payant, puisque je signe le sixième temps scratch, premier des CN/2. »

Par la suite, malgré sa méconnaissance de la Norma, Jérémy réalisait d’excellentes performances pour au final accrocher la cinquième place, derrière des pointures telles que Julien Français, Maxime Cotleur, Olivier Augusto et Etienne Pernot. Prometteur avant de se rendre à Saint-Jean-du-Gard, deuxième rendez-vous de la saison.

Innovation pour l’épreuve cévenole qui permet de gravir les pentes du Col Saint-Pierre, le résultat final était calculé à l’addition des deux meilleures montées. A ce jeu, Jérémy allait perdre gros : « Tout se passait bien pour moi, je n’ai connu aucun problème samedi, lors de la première montée de course disputée sous la pluie. Dimanche, je n’ai eu également aucun souci lors de la première montée, mais sur la seconde, j’ai rencontré un problème de boîte de vitesses qui m’obligeait à renoncer. Mon résultat est donc calculé à l’addition d’une montée sur le mouillé et d’une sur le sec, et face à des adversaires qui ont pu dimanche réaliser deux manches sur une route sèche, je perds bien évidemment gros », regrette le jeune Gardois. « C’est un peu frustrant, mais c’est la course, on ne peut que l’accepter. »

Pour son troisième rendez-vous de la saison, Jérémy Avellaneda se rendait à Marchampt. Malheureusement, l’épreuve disputée dans le Beaujolais marquera la fin de sa campagne de France : « Je suis sorti fort », se souvient Jérémy. « En fait, à l’approche du ’’Tarrès’’, on trouve un virage qui laisse apparaitre énormément de bosses. Cela fait plusieurs années que de nombreux pilotes expliquent que le revêtement se dégrade à cet endroit. Je suis arrivé dans cette courbe très vite, l’auto a rebondi et m’a expulsé vers l’extérieur du virage. J’ai tapé la butte et j’ai heurté une rampe en béton qui m’a propulsé en l’air au-dessus du rail. » Son passage à l’hôpital permettra de constater qu’excepté quelques ecchymoses et de nombreuses douleurs, Jérémy sortait miraculeusement indemne de cet accident : « La voiture a énormément souffert, moi je m’en tire plutôt bien. »

Mais ce violent accident mettait un terme à la saison de Jérémy : « Financièrement c’était compliqué de se relancer immédiatement, et puis je souffrais tout de même de douleurs au dos qui m’obligeaient à faire des séances de kiné, je n’étais donc pas en mesure de m’installer immédiatement derrière le volant », explique le pilote de la Norma. « De plus, je ne voulais pas faire n’importe quoi, prendre du recul, le temps de comprendre. Le visionnage de la vidéo démontre que je n’ai pas pris de risques inconsidérés, que je me fais finalement piéger assez bêtement. Ce qui me sera confirmé par les membres de l’équipe, et ce qui pour moi est rassurant. »

Finalement, à l’heure de faire le bilan de cette saison tronquée, Jérémy Avellaneda veut avant tout retenir les aspects positifs : « Positif, en ce sens que je réalise une très bonne performance à Sabran, que je signe de bons chronos sur le Saint-Pierre, malheureusement pas récompensés par l’addition des deux meilleures montées. Après, il y a eu la sortie de route à Marchampt, mais je le répète, je n’ai pas ’’dégoupillé’’ où pris un énorme risque en essayant de passer beaucoup plus fort que les autres. Je me fais piéger sur une bosse, c’est juste pas de chance… Mais l’équipe m’a énormément rassuré, et c’est important pour moi de prendre conscience que je n’ai pas péter un plomb. »

Si cette année fut écourté, elle aura été malgré tout marquante pour Jérémy qui tient à remercier ceux qui l’ont soutenu avant, mais également après son accident : « Je veux avant tout remercier l’ensemble des mes fidèles sponsors qui me suivent depuis mes débuts, qui ont été une nouvelle fois présents en 2018, et qui je l’espère seront à nouveau à mes côtés en 2019. Une énorme remerciement à toute l’équipe Schatz Compétition qui m’a beaucoup apporté. Ils m’ont donné de fabuleux conseils sur les premières épreuves, et après mon accident ils ont été présents en permanence pour me réconforter et me redonner confiance. C’était très important pour moi et ça m’a profondément touché, et j’ai vraiment eu le sentiment de faire partie de la famille. Merci bien évidemment à mon père qui est totalement contre le fait que je reparte, mais impatient de me voir à nouveau derrière le volant », ironise Jérémy. « Un grand merci à tous mes proches, aux amis qui m’ont suivi et à toute la famille de la Course de Côte qui a été présente dans ces moments difficiles. »

Tout nouveau moniteur de pilotage
En ce début d’année, Jérémy Avellaneda passait le BPJEPS Sport Automobile, moniteur de pilotage "Perfectionnement au pilotage & Circuit". Un diplôme qui va lui permettre de faire de sa passion son métier : « J’ai passé l’année 2018 entre chez moi et Clermont-Ferrand où j’étais en formation, et je travaillais le week-end pour GT Drive. Ce diplôme m’a permis de valider en une année les deux mentions, ’’perfectionnement au pilotage’’ et la mention ’’circuit’’. Maintenant je vais pouvoir faire du coaching, sur le Pôle Mécanique d’Alès où je me trouve actuellement, mais également sur tous les lieux où l’on fera appel à moi. » Les amateurs de pilotage de la région Occitanie peuvent donc prendre contact avec Jérémy, qui ne manquera pas de vous prodiguer de précieux conseils.

Il est plus que probable que Jérémy Avellaneda évolue à nouveau au sein du Team Schatz Compétition en 2019 : « Pour l’heure, nous avons évoqué avec Nico mes participations à Bagnols-Sabran et au Saint-Pierre. Mais pour la suite, il me faut impérativement trouver le budget, je suis donc dépendant de l’intervention d’éventuels partenaires. Le but étant de faire un maximum de courses, nous verrons bien. »

Passionné de Course de Côte, qui reste sa discipline de prédilection, Jérémy Avellaneda se veut un pilote multidisciplinaire : « Bien évidemment la Montagne reste ma discipline de cœur et j’espère revenir avec la Norma pour un Championnat complet. Mais je veux aussi m’investir sur d’autres disciplines, et notamment en rallye. » A la fin du mois de juin prochain, c’est d’ailleurs en compagnie de Guy, son père, que Jérémy sera au départ du Rally Costa Brava Historic : « Ce sera mon tout premier rallye. Je vais rouler au volant d’une Porsche 911 du début des années 70, avec mon père comme copilote. Lui est un habitué des rallyes historiques, et je suis ravi de partir à ses côtés. Et puis faire un premier rallye sur la Costa-Brava, avec une Porsche, et en famille, ça va être à n’en pas douter un grand moment », confie Jérémy. « Et puis si on me propose de courir en circuit où sur d’autres disciplines, je suis bien évidemment ouvert à toutes les opportunités », conclut le jeune Gardois.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Jérémy Avellaneda.

 


← Retourner à la liste d'articles