Mégane en difficulté, Morane au sommet

Victime d’une casse moteur sur la première manche du championnat, Pascal Cat ne pouvait pas connaitre pire début de saison. De retour sur la seconde moitié du championnat, le recordman de victoires en groupe N ne parviendra pas à signer des chronos à la hauteur de ses attentes. Mais le premier titre de Championne de France remporté par sa fille Morane lui permet d’oublier ce qu’il considère comme sa pire campagne de France.

A ce jour, Pascal Cat compte 87 victoires en groupe N acquises sur des épreuves du Championnat de France de la Montagne. La grande majorité d’entre elles ont été obtenues au volant d’une BMW M3 qui aujourd’hui permet à Morane Cat-Mackowiak, la fille de Pascal, de s’illustrer. Mais depuis 2016, Pascal a porté son choix sur une Renault Mégane R.S… Une auto qui, sur le papier, n’a rien à envier à la M3. La Renault affiche des performances similaires, et lors des dernières saisons Pascal a démontré qu’avec sa traction il pouvait concurrencer face aux propulsions allemandes.

Objectif : Améliorer ses chronos
C’est donc en toute logique qu’il se relançait en 2022 pour une nouvelle campagne de France, en défendant une nouvelle fois les couleurs de la marque aux Losanges. La Mégane se présentait au départ dans la configuration dont elle disposait en 2021 : « Si ce n’est que l’on travaille toujours sur certaines cartographies afin de tenter d’améliorer les performances et surtout de la rendre moins brutale à l’accélération », explique Pascal Cat.

Si lors de ces dernières saisons le groupe N manquait cruellement de concurrents, ça ne sera pas le cas cette année avec pas moins d’une demi-douzaine de pilotes engagée dans la classe N/4. Les BMW M3 constituaient l’essentiel du plateau avec la présence de Sébastien Lemaire, Alexandre Garnier, Morane Cat-Mackowiak et Jérémy Avellaneda. Une autre Mégane R.S accompagnait Pascal, celle d’Edouard Drouillat. Une forte opposition qui laissait présager de belles confrontations : « Clairement, le classement final m’importait peu. Mon principal objectif cette année était de me rapprocher des chronos que j’avais réalisés l’an dernier. Je savais que si j’étais satisfait de mes chronos, il était probable que je figure en bonne place. »

C’est donc avec la ferme intention d’améliorer les chronos qu’il avait pu signer sur les précédentes éditions que Pascal Cat se rendait à Bagnols-Sabran où était donné le coup d’envoi du championnat. Mais l’épreuve gardoise sera le théâtre d’une première désillusion : « J’ai un piston qui était entrain de fondre et cela a créé une surpression dans le carter d’huile, ce qui a eu pour effet de faire céder un joint du côté de l’arbre-à-cames. Au final je casse un moteur », explique Pascal. « J’ai eu la chance que le problème survienne dans une portion lente. Parce qu’en fait de l’huile s’est répandue sur une roue arrière, ce qui m’a fait partir en tête-à-queue. Sur une portion plus rapide, les conséquences auraient pu être nettement plus graves. »

Remplacer un moteur n’est pas toujours chose évidente. Il faut d’une part disposer du budget, et d’autre part trouver un moteur de substitution, ce qui en cette année 2022 où la quête de pièces se présentait souvent comme une chasse au trésor, ajoutait une difficulté supplémentaire : « Je suis parvenu à trouver un moteur d’occasion qui avait 15.000 kilomètres. Cela a pris du temps parce que j’en ai profité pour bien évidemment reconfigurer le moteur en version groupe N, mais également effectuer un passage au banc et opter pour une cartographie une petit peu plus ’’douce’’ pour gommer la brutalité de l’auto. »

Il faudra attendre Vuillafans pour retrouver Pascal Cat qui lançait sa Mégane régénérée sur un des tracés les plus difficiles du championnat : « Revenir à Vuillafans, c’est comme débuter à Sabran, c’est toujours un peu compliqué. Je ne critique en rien le tracé qui est magnifique, mais pas le plus évident pour reprendre ses marques et se mettre en confiance », reconnait Pascal qui malgré tout accrochait la quatrième place du groupe N. « C’est moindre mal sur une épreuve où le revêtement qui se dégrade ’’amène’’ la voiture, et même en ligne droite il y a des portions où la voiture est embarquée. »

A Dunières, Pascal Cat allait une nouvelle fois placer sa Mégane derrière les trois BMW M3 de Sébastien Lemaire, Alexandre Garnier et sa fille Morane. Quatrième, le pilote de l’Ain se satisfait de sa prestation : « C’était plutôt pas mal. Sur un tracé lent je suis bien mieux, mais je suis loin des chronos que j’ai pu signer en 2018 ou 2019, et c’est particulièrement frustrant. »

A Marchampt Pascal retrouvait un tracé rapide et des BMW particulièrement à leur aise dans les vignobles du Beaujolais : « Je ne pense pas que les M3 soient avantagées par rapport à moi. D’ailleurs sur les intermédiaires je suis vraiment dans le coup. J’ai l’avantage d’afficher une trentaine de kilos en moins et de disposer d’une boîte à crabots qui permet de passer les vitesses plus rapidement », confie Pascal en toute honnêteté. « Donc j’étais un peu moins bien qu’à Dunières parce que c’est plus rapide et que je n’étais pas totalement en confiance, mais le week-end est plutôt correct pour moi. »

Il faut remonter à la douzième place du groupe N pour retrouver Pascal Cat sur les feuilles de classement du Mont-Dore. Un résultat totalement inhabituel pour un pilote qui compte à son palmarès pas moins de 10 Trophées FFSA de ce même groupe : « Je suis passé totalement à côté. C’est un exemple typique de ce que je suis capable de faire. Je peux m’imposer sur une épreuve une année, et lors de l’édition suivante signer des chronos à dix secondes sans rien changer sur l’auto… Tout se joue dans la tête, et sur cette épreuve je suis même devancé par les autres Mégane qui jusqu’alors terminaient derrière moi. »

La Course de Côte de Chamrousse propose un tracé que Pascal Cat affectionne et sur lequel il allait passer un bon week-end : « En 2019 je signe le record du groupe N avec la Mégane, ce qui confirme que l’auto est performante. Cette année je suis loin de ces chronos-là, et un peu déçu parce que je pensais me rapprocher un peu plus du trio de tête. Mais malgré tout je suis satisfait de mon week-end. »

C’est au pied du podium du groupe N que l’on retrouvait Pascal Cat à l’arrivée de la Course de Côte de Turckheim : « En 2020 je signe des chronos en 3’13’’ et cette année je réalise des temps en 3’24’’, ce que je perds est énorme et c’est réellement frustrant. »

La saison de Pascal se concluait à Limonest où il terminait troisième derrière Alexandre Garnier et sa fille Morane : « Je suis sur le podium parce qu’il y a moins de monde », concède-t-il en toute humilité. « Mais ça fait plaisir d’accompagner ma fille sur le podium. Je suis juste un peu déçu que Morane n’ait pas gagné le groupe, elle n’en était pas loin. »

Pilote déçu mais papa fier !
Au terme d’une saison frustrante, Pascal Cat accroche la quatrième place du Challenge Open N/4 et fait une analyse assez précise de sa prestation : « Dans mon esprit, j’ai débuté la saison en pensant que je ne pouvais qu’améliorer mes chronos en comparaison avec ce que j’avais fait en 2021. Et ça ne sera pas le cas » confie Pascal qui a la réputation d’être un des pilotes les plus ’’propres’’ du championnat, dont le pilotage est d’une parfaite fluidité. Et c’est peut-être là que le bât blesse : « M’adapter à une traction n’est absolument pas un problème pour moi, en revanche j’ai dû mal avec une auto ’’brutale’’ qui ne correspond pas à mon caractère. Avec une auto de ce type, il m’est difficile de mettre en confiance. Clairement, je n’arrive pas à savoir si la Mégane demande à être brutalisée, où s’il faut s’adapter à sa brutalité naturelle. Ce n’est pas évident pour moi, d’autant qu’avec l’âge il est de plus en plus difficile de forcer sa nature. J’ai toujours eu besoin pour aller vite d’être totalement en confiance, et là ce n’est pas le cas. »

« C’est la saison la plus décevante de toute celles que j’ai connues » n’hésite pas à dire Pascal. « Après, c’est une déception, mais uniquement à cause de moi, la voiture n’y ait pour rien. Et puis il faut relativiser, d’autres connaissent des problèmes nettement plus importants que des contre-performances sportives », ajoute Pascal qui une nouvelle fois, excepté sa casse moteur à Bagnols-Sabran, n’a pas commis la moindre faute ni enregistré le moindre abandon : « Et puis c’était sympa de rouler à la fois avec et contre sa fille dans le groupe N, avec une fabuleuse ambiance. »

La déception de Pascal Cat s’efface rapidement lorsque l’on évoque la saison de sa fille Morane. Pour sa toute première participation au championnat, au volant de la BMW M3 avec laquelle son père a engrangé les succès, elle remporte un premier titre de Championne de France de la Montagne Production : « Viser un titre avec une M3 groupe N paraissait improbable au départ de la saison. Je suis conscient qu’elle a accompli quelque chose d’énorme, mais ce dont je suis le plus fier ce sont les chronos qu’elle parvient à réaliser. Lors de ma première saison, j’étais loin de signer ce genre de chronos, ce qu’elle fait est assez exceptionnel, d’autant qu’elle n’a pas commis la moindre erreur. Elle réalise ce qu’elle faisait précédemment en ski où, alors que nombreuses de ses concurrentes allaient à la faute, elle était systématiquement à l’arrivée », rappelle le papa admiratif.

Si cette saison 2022 n’a pas totalement répondu à ses attentes, Pascal Cat n’oublie pas les bons moments, et tous ceux qui l’ont épaulé tout au long de cette année : « Un immense merci à mes fidèles assistants, Bernard, Christine et Lydie, à mes parents qui sont mes premiers supporters. Merci également à mes partenaires,  KSK Transport, Yacco Lubrifiant, Aviva Assurances, Mag Auto, GS Travaux Public, Mottet Moteurs, EB Enseigne, Garage Rendu, CarXpert, ainsi qu’à mes partenaires techniques, Renault Sport Guillaume Fouquet, Benjamin Vielmi et Michelin (Philippe Planeix). Je n’oublie pas les commissaires, les bénévoles et les organisateurs. Je veux également avoir une pensée pour Damien (Chamberod) et Geoffrey (Schatz) blessés durant cette saison et à qui je souhaite un prompt rétablissement.  »

Il est possible qu’en 2023 Pascal Cat fasse une infidélité au groupe N. Le recordman de victoires dans la catégorie a envie de nouveaux challenges : « Ma Mégane R.S est à la vente, et j’aimerais bien m’essayer au volant d’une Supercopa. Mais rien n’est encore fait. L’avenir dépend de la vente de ma voiture et de l’évolution du règlement. Si nous avons une vision de la réglementation sur plusieurs saisons, je jouerai certainement le jeu. Mais si nous ne pouvons pas bénéficier d’une stabilité des règles, je ne vais pas investir dans une auto qui sera peut-être caduque dans deux ans » conclut Pascal.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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