Et toujours autant de plaisir derrière le volant

Vainqueur du Challenge Open Formule Renault à l’issue de la saison 2016, Didier Chaumont décidait de changer de monture pour disputer une nouvelle campagne en 2017. Son choix se portait alors sur une Formule Renault de nouvelle génération, au volant de laquelle il a pris beaucoup de plaisir sur l’ensemble des épreuves du Championnat. Cerise sur le gâteau, le viticulteur bourguignon a mis à profit cette saison pour étoffer son palmarès, et le porter à plus de 100 victoires de classes.

« Il faut savoir évoluer », estime Didier lorsqu’on lui demande quelles sont les motivations qui l’ont poussé à changer de voiture : « Cela faisait quatre ans que je roulais avec la même voiture, et il me semblait qu’il était opportun d’acquérir une auto de nouvelle génération. C’est un choix que je ne regrette absolument pas. J’ai aujourd’hui une auto qui dispose d’une boite de vitesses à sept rapports, avec les palettes de changements au volant, c’est une voiture géniale. »

Interdiction de prendre des risques
Habitué à jouer les premiers rôles depuis de nombreuses années dans les diverses catégories qu’il a animées, Didier Chaumont n’a peut-être pas été aussi incisif cette saison que lors des précédentes : « Je prends de l’âge et du poids, deux paramètres qui font qu’il m’est de plus en plus difficile d’aller vite », lâche-t-il aussi franc que fataliste. La course n’est évidemment pas une priorité pour Didier. Il l’aborde en passionné, avec comme unique objectif de se faire plaisir : « Je sais que je n’ai pas droit à l’erreur », rappelle celui qui, en 2016, a pas mal galéré à cause d’une fracture d’une jambe, consécutive à un accident domestique survenu fin 2015. Le Bourguignon a également été passablement marqué par la disparition de son père au mois de septembre : « Je me retrouve seul pour gérer l’exploitation, et s’il m’arrive un problème qui m’oblige à ne pas travailler pendant un laps de temps, cela peut remettre en cause l’ensemble de mon activité. Je ne peux évidemment pas me le permettre, ce qui m’interdit de prendre des gros risques en course », analyse Didier, qui au mois de juin de cette année 2017 fêtait ses 50 ans.

Didier Chaumont n’est pas du genre à essayer de trouver des excuses. Toujours réaliste, il est d’une totale franchise concernant ses performances. Car si d’autres que lui auraient évoqué une année d’apprentissage pour expliquer certaines contre-performances, Didier estime qu’il est seul responsable de ses chronos : « En fin de saison, j’ai roulé en double monte avec David Guillaumard sur la Course de Côte du Circuit de Bresse, et il m’a fait voir comment ça fonctionnait en me mettant deux secondes. Cela confirme que l’auto va bien, et que c’est moi qui ne suit pas assez rapide. »

En début de saison, Didier a voulu mettre toutes les chances de son côté en peaufinant au mieux les réglages de sa nouvelle monture : « C’est la première fois de ma vie que je fais autant d’essais durant la pause hivernale. J’ai roulé sur le Circuit du Bourbonnais avec Nicolas Schatz, avec Reynald et Alban (Thomas) nous avons roulé sur le Circuit de Poilly en Auxois, nous avons ensuite participé aux essais organisés à Creys-Mepieu, je n’avais jamais autant roulé durant l’intersaison. »

Vainqueur du Challenge en 2016, Didier remettait son titre en jeu et pouvait donc prétendre s’imposer à nouveau en tête des Formules Renault : « Ce n’est pas pour moi un objectif majeur. J’essais avant tout de remporter le maximum de victoires de classe », explique celui qui a signé sa centième victoire à Vuillafans et la cent-unième à Limonest. Belle performance pour un pilote qui affiche quelques 310 participations au compteur.

Combatif face à la jeune garde
A Bagnols-Sabran, où il débutait sa saison, Didier Chaumont termine à la deuxième place des Formule Renault A : « Il n’y a eu qu’une seule montée sur laquelle on pouvait espérer signer un bon chrono, et sur celle-là je me suis emmêlé les pinceaux. Arrivé au bout de la grande ligne droite juste avant le S, instinctivement j’ai cherché le levier de vitesses sur le côté, et j’ai oublié les palettes. J’avoue que ça m’a un peu refroidi. Pour le reste, c’était pas mal, mais il faut avouer que les petits Pernot (en l’occurrence Etienne sur cette épreuve), avec les F.R.B, roulent comme des avions. »

Au Col Saint Pierre, c’est Marc Pernot qui donnait du fil à retordre à notre Bourguignon qui, au final, accrochait la deuxième place : « Le Saint Pierre c’est un monument, la plus belle course de l’année, sur laquelle on se fait toujours plaisir, mais une nouvelle fois, un des jeunes Pernot est devant. » Quand on lui rappelle que malgré tout il termine en tête des Formule Renault A, Didier n’en tire aucune gloire : « J’étais seul » se contente-t-il de dire, avant de rappeler que l’on fait bien la fête à Saint-Jean-du-Gard ce qui, pour ce bon vivant, n’est pas accessoire.

A Abreschviller, l’expérience prime, car pour aller vite il faut disposer d’une auto parfaitement réglée et savoir en tirer la quintessence. A ce jeu, Didier a fait parler ses années de pratique, pour terminer en tête des Formule Renault : « C’est une des courses les plus difficiles à aborder lorsque l’on veut aller vite, et je leur mets une taloche », ironise Didier, content de son fait. « Je sais que j’étais plus vite avec l’ancienne auto, mais pas loin de mes chronos. Après, il faut garder à l’esprit que si les Formule Renault A sont plus récentes, et un peu plus puissantes, elles sont aussi plus lourdes. »

Pour Didier Chaumont, Marchampt en Beaujolais est une sorte d’Abreschviller en plus long, une course pas évidente à aborder. Cette fois, il se voit devancé par Estel Bouche de seulement 21 millièmes : « Elle a été plus vite et j’ai été le premier à la féliciter. Pour ma part, j’étais bien sur le bas du parcours, mais je perds beaucoup sur le haut. »

C’est Alexandre Bole, un jeune qui selon Didier est apparemment bourré de talent, qui s’imposait en Formule Renault à Vuillafans, sur une classe particulièrement fournie. Didier sortait vainqueur du F.R.A, mais cinquième des Formule Renault : « En termes de sécurité j’ai trouvé le tracé très limite et de ce fait je n’ai pris aucun risque », avoue Didier.

A Dunières, Estel Bouche prenait à nouveau l’ascendant sur Didier Chaumont : « Que dire si ce n’est qu’elle a été plus vite. Je ne peux pas chercher d’excuses, je connais cette course par cœur, je m’y engage depuis 27 ans. Quelle que soit la voiture avec laquelle j’ai affronté ce tracé, Rallye II, Formule 3, Proto ou Formule Renault, je me suis toujours fait plaisir. »

Une nouvelle confrontation attendait Didier au Mont-Dore où, à domicile, Estel Bouche l’attendait de pied ferme. L’Auvergnate remportera cette manche haut la main, Didier positionnait sa Formule Renault à la troisième place derrière celle de Marc Pernot : « Une chose est certaine, Estel a signé là un chrono que pour ma part je ne saurais pas faire. Chapeau, rien d’autre à dire. »

Le week-end de Chamrousse débutait mal pour Didier Chaumont, qui devait faire l’impasse sur la première montée de course, à cause d’une boîte de vitesses bloquée alors qu’il se présentait en prégrille : « J’ai perdu une montée, mais ça n’excuse rien, Estel aurait tout de même été devant compte tenu des chronos qu’elle réalise », estime Didier qui termine quatrième des Formule Renault.

A Limonest, Didier Chaumont retrouvait un des tracés sur lequel il a certainement eu le moins d’occasions de s’exprimer : « En trente ans de carrière, j’ai dû rouler cinq fois à Limonest. L’épreuve se déroule en même temps que les vendanges, et c’est donc pour moi compliqué d’être au départ. Cette année, j’ai débuté les vendanges le lendemain de Chamrousse, ça m’a obligé à louper Turckheim, mais j’ai pu être à Limonest », précise Didier. « On a passé un excellent week-end, on s’est bien amusé et on a bien mangé. Que de bons souvenirs. » Au final, il termine deuxième des Formule Renault derrière Marc Pernot, mais remporte sa classe en devançant Estel Bouche : « Elle n’a pas eu de chance, elle a pris la pluie. »

En dehors du Championnat, au mois de mai, Didier Chaumont prenait part à la Course de Côte de Donzy où il s’imposait en Formule Renault : « C’est chez moi, et la victoire me fait d’autant plus plaisir que je devance Alexandre Bole qui, en plus d’être un jeune très sympa, est à mon sens une vraie valeur montante. Il m’a obligé à faire un tête-à-queue sur la première montée, mais sur la dernière je suis parvenu à le devancer. »

2018 sera semblable à 2017…
« Il faut que je me bouge le c.. ! » lâche Didier lorsque l’on évoque le bilan de cette saison 2017. « Je ne voulais pas casser l’auto, et comme je l’ai toujours dit, l’important c’est d’être entier le dimanche soir. Cette saison je n’avais pas le droit de prendre des risques, et je suis en dessous. »

Même si les résultats n’étaient peut-être pas à la hauteur des performances réalisées jusqu’à présent par Didier Chaumont, le Bourguignon a pris énormément de plaisir et tient à repartir en 2018 pour un nouveau Championnat : « Je garde la même voiture, et je devrais faire à peu près le même programme. Le plaisir est toujours au rendez-vous, il n’y a pas de raison que je n’en profite pas. »

Plaisir de courir, mais également de partager des moments de convivialité avec les amis : « Je l’ai en remercie, et tout particulièrement ceux qui s’occupe de ma voiture, David Guillaumard et Reynald Thomas, Christophe et Anthony et tous ceux qui m’ont aidé durant cette saison. »

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Didier Chaumont.


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