Christophe Poinsignon vainqueur du Challenge FC/4

S’il compte parmi les hommes forts du Championnat de France de la Montagne, Christophe Poinsignon est également considéré comme la référence dans le Groupe FC, au sein duquel il accumule les trophées. Absent des débats en 2020, le Vosgien faisait cette année son retour sur le Championnat pour, à l’issue d’une saison très compliquée, se hisser sur la troisième marche du podium et remporter un nouveau trophée dans le Groupe FC.

Troisième du Championnat Production à l’issue de la saison 2019, vainqueur une nouvelle fois du Trophée du Groupe FC, Christophe Poinsignon décidait de ne pas prendre part aux débats en 2020. Le Lorrain s’en explique : « La crise engendrée par le coronavirus a modifié sérieusement la donne. Le championnat était réduit à trois manifestations avec un format de deux courses sur un même week-end. Ce n’est pas réellement ce qui nous convenait le mieux. Il y avait alors trop d’incertitudes, ce qui ne facilitait pas l’organisation d’une saison. Mais surtout, on voulait protéger la famille, et notamment mais parents. Il n’était pas question de faire prendre des risques à mes proches pour aller s’amuser avec nos voitures. Ces divers éléments nous ont incité à ne pas nous engager », explique Christophe.

Durant l’hiver 2019 – 2020 on ne chômait pas chez les Poinsignon, et à l’approche de la saison 2020, initialement prévue sur les treize manches inscrites au calendrier, la BMW M3 E92 de Yannick et la Simca CG turbo avec laquelle évolue Christophe étaient prêtes : « Au terme de la saison 2019, je disposais d’une auto qui fonctionnait plutôt bien, avec un comportement particulièrement sain. Le seul souci que je rencontrais provenait du collecteur d’échappement », précise Christophe. « Jusqu’alors, nous disposions d’un collecteur conçu par mon père, et nous avons décidé d’intégrer sur ma voiture un collecteur fabriqué par une structure professionnelle. Il faut savoir que la Simca CG Turbo est une auto qui dégage énormément de chaleur, et de ce fait nous devions chaque année remplacer le collecteur dont l’inox avait littéralement cuit. » Le seul gros changement apporté à la voiture de Christophe Poinsignon portait donc sur ce collecteur d’échappement. Malheureusement, il sera à l’origine de nombreux problèmes.

Tout semblait donc réuni pour que Christophe puisse atteindre ses objectifs, à savoir remporter un nouveau trophée de groupe en FC : « Je savais toutefois que ça serait compliqué après un an d’absence. Je savais également que Mathieu (Nouet) arrivait plus motivé que jamais, et j’ignorais si Xavier (Burgevin), qui est un sacré client, serait engagé sur le championnat. Mais il était certain que j’allais devoir me battre. »

Première course, première alerte
Avant de rejoindre La Pommeraye, manche d’ouverture du Championnat de France de la Montagne 2021, Yannick et Christophe se rendait à Chambley pour une séance de roulage aux volants de leurs voitures respectives : « C’était histoire de se remettre dedans et d’avoir la certitude que les voitures fonctionnaient correctement. Et là, tout s’est idéalement passé, je n’ai pour ma part rencontré aucun problème, aucune alerte. » Le week-end suivant, les frères Poinsignon s’engageaient sur la Course de Côte des Myrtilles afin de valider les enseignements tirés du circuit : « Mais dès la première montée, nous nous sommes aperçus que nous avions un problème avec l’échangeur du CG. En fait, l’hiver avait été tellement rude par chez nous, et mon circuit d’eau à gelé. J’ai commis l’erreur de ne pas mettre d’antigel et l’eau en gelant a cassé le circuit d’eau. J’étais donc privé de refroidissement, et nous avons été contraints de remplacer un des deux échangeurs que l’on trouve sur ma voiture. » Réparation effectuée, tout semblait être opérationnel pour débuter la saison…

Chez les Poinsignon on court en famille. Une famille qui se distingue par le talent des deux frères, Yannick et Christophe, et par l’abnégation de Guy, leur père, totalement investi dans la course et dévoué corps et âme aux prestations de ses fistons. Purs amateurs, si les Poinsignon sont des habitués des podiums, ils le doivent au talent des fils derrière un volant, et à une incroyable capacité du père à ne jamais rien lâcher face à l’adversité. Cette saison en sera un parfait exemple.

Sur la Course de Côte de La Pommeraye le week-end semblait bien engagé pour Christophe : « Il a fallu composer avec la pluie, et dimanche, sur la deuxième montée, alors que le tracé était sec, de gros nuages semblaient annoncer la pluie. Il y avait de quoi hésiter et mon père m’a motivé à chausser des pneus pluie. Je craignais que ce soit un mauvais choix, finalement mon père a eu une idée de génie car la pluie a fait son apparition alors que nous étions en prégrille. Ce choix de gommes était le plus judicieux puisque les quatre ou cinq pilotes du Production qui avaient fait le même choix se positionnent aux premières places », se souvient Christophe.

Mais sur la dernière montée, Christophe ne sera pas en mesure de contrer un retour de Xavier Burgevin qui, au cumul des deux meilleures montées, le devance de cinq dixièmes : « J’avais alors le sentiment de ne pas avoir suffisamment attaqué, mais nous nous rendrons compte plus tard que j’avais une volute de turbo cassée. Une vis était passée dedans et avait cassé une bonne partie des ailettes. Ça m’a privé de puissance, mais je sais également que je n’ai pas roulé assez fort sur cette dernière montée. »

A l’heure d’aborder la Course de Côte de Vuillafans, Christophe Poinsignon n’avait pas encore diagnostiqué la casse de volute de turbo, et c’est donc avec un CG dont le moteur laissait apparaitre un défaut de puissance, qu’il débutait son week-end en Anjou : « Nous avons toutefois pris rapidement conscience du problème, ce qui nous a obligé à réparer sur place. » Mais les problèmes du pilote lorrain allaient par la suite s’amplifier : « Par la suite j’ai des durits de turbo qui se sont débranchées, un échangeur qui a littéralement explosé. En analysant les problèmes, nous en sommes venus au constat que le collecteur d’échappement fonctionnant mieux qu’auparavant, il comprimait beaucoup plus fort ce qui engendrait des pics de pression sur l’alimentation, et ça ne tenait plus… A cause de tout ça, à un moment je me suis retrouvé à mi-parcours sans plus aucune puissance, et de ce fait je n’ai pas pu rejoindre l’arrivée de la dernière montée », explique Christophe qui parvient malgré tout à terminer deuxième du FC derrière la Simca Rallye III de Mathieu Nouet.

Succession de succès dans l’adversité
Une nouvelle fois Guy Poinsignon allait travailler comme un forcené et faire preuve d’ingéniosité pour adapter à la Simca CG de Christophe un nouvel échangeur qui devait impérativement rentrer dans la voiture : « Avec le boulot qu’avait réalisé mon père, j’ai rejoint Dunières en confiance, pensant que j’allais pouvoir enfin être épargné par les problèmes. » Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut décidemment pas ! Sur l’épreuve auvergnate Christophe allait rencontrer de nouveaux soucis : « Dès la première montée d’essais, au moment où j’abordais le tout premier virage, les indicateurs indiquaient une température de 100 degrés à l’admission. Cela démontrait que notre double système d’échangeurs ne fonctionnait pas du tout. Bien évidemment on ne pouvait pas faire grand-chose, car même en diminuant la pression de turbo, ça chauffait toujours. »

Malgré ces déboires, Christophe accroche la quatrième place du Production et un succès en FC. « Grâce aux déconvenues de mes collègues puisque Mathieu (Nouet) casse son moteur et que Xavier (Burgevin) sort. Il ne se fait heureusement pas mal mais il a pu se faire peur. Il a endommagé sa voiture, et je reste persuadé que sans cette sortie, c’est lui qui s’imposait, je n’aurais pas pu aller le chercher. Si mes souvenirs sont bons, je suis deux secondes et demie moins vite que mon précédent meilleurs temps. »

Une nouvelle fois, Guy Poinsignon mettait les mains dans la mécaniques pour apporter des modifications nécessaires afin que Christophe puisse rouler à Marchampt-en-Beaujolais en étant épargné par les problèmes : « Mais le souci était toujours présent, nous étions constamment en surchauffe, et il fallait se rendre à l’évidence, cela provenait du nouvel échangeur », analyse Christophe. « Sur un tracé comme celui de Marchampt où la puissance est primordiale, j’étais à nouveau très loin des chronos réalisés lors des précédentes éditions. » Chez les Poinsignon on n’a pas l’habitude de baisser les bras, et malgré ses déconvenues, Christophe continuait à se battre pour terminer au quatrième rang et inscrire une nouvelle victoire en FC à son palmarès.

Lors de sa dernière apparition sur le Mont-Dore, en 2019, Christophe Poinsignon avait remporté rien de moins qu’une victoire en Production, la seconde de sa carrière sportive après celle obtenue sur le tracé normand de Thèreval – Agneaux. Pour son retour dans le Massif du Sancy, il pouvait donc espérer se mettre en valeur : « Mais là encore j’ai dû composer avec des problèmes de surchauffe, et plus le tracé est long, plus ça monte en température, c’est dire si sur le Mont-Dore je n’étais pas à la fête. »

Comme à son habitude, au sommet du Col de la Croix Saint-Robert, Christophe Poinsignon inspecté le compartiment moteur de son CG : « On sait que les voitures souffrent, et par acquis de conscience je préfère toujours regarder s’il n’y a pas un souci. Et là je trouve des projections d’huile. En regardant de plus près, je constate que mon reniflard est rempli d’huile, et qu’elle est d’un aspect mayonnaise. » Le constat semble logique, la surchauffe à entrainé la détérioration du joint de culasse, et Christophe n’a plus qu’à espérer que les dégâts se limitent à ça. Eloigné au classement scratch, il parvient tout de même à terminer à la deuxième place du FC.

Dimanche soir, avant de rentrer sa voiture dans le camion, Christophe ouvrait la culasse, mais n’entreprenait pas de réparations. C’était en effet pour lui l’heure des vacances, et le changement de joint de culasse attendrait donc Chamrousse : « C’est ce que nous avons fait dès que nous sommes arrivés dans les Alpes, pour constater que le problème ne venait pas du joint mais d’une pastille de dessablage qui avait sautée. Fort heureusement, les dégâts étaient moindres. » Guy Poinsignon profitait de l’occasion pour intervenir une nouvelle fois sur l’échangeur : « Ca allait un peu mieux, ça montait moins en température, mais c’était loin d’être parfait. Sur la seconde montée, j’ai été gêné ce qui m’a obligé à me relancer, mais cette fois les pneus étaient bien trop chaud et à mi-parcours l’auto est devenue quasi-inconduisible. Ca glissait dans tous les sens ce qui m’a évidemment empêché d’améliorer mon chrono. Enfin, sur la dernière montée, au départ, au moment où j’enclenche la première, je constate que je n’ai plus aucune pression de turbo. Je termine au ralenti avant de constater qu’une vis bloquait le clapet papillon. Donc week-end galère », analyse Christophe qui repart tout de même de Chamrousse avec une nouvelle place dans le top 5 et une victoire en FC.

Avant Turckheim, pour tenter de palier au problème de surchauffe, Guy Poinsignon adaptait sur la voiture de Christophe un second échangeur à l’avant : « On ne pouvait pas remettre les anciens échangeurs car on savait qu’ils ne tiendraient pas la distance. Mon père a donc adapté un échangeur supplémentaire en alu, et là j’ai retrouvé les températures normales pour le bon fonctionnement du CG. »

Pour autant le week-end alsacien de la famille Poinsignon n’allait pas être de tout repos : « Je pense que c’est même le pire week-end de la saison en matière d’interventions mécaniques », estime Christophe. « Vendredi, comme à mon habitude j’ai changé mes pignons de boîte de vitesses. Mais en remontant j’ai inversé deux rondelles sur les arbres. Sur le coup j’ai eu un doute, mais bon, je suis parti dans cette configuration samedi matin. » Sur le trajet qui le menait à la prégrille, Christophe allait percevoir un sifflement peu rassurant au niveau de sa boîte. « J’ai immédiatement fait demi-tour direction le parc. Je pensais devoir uniquement démonter ma boite, mais à ce moment-là on s’aperçoit que j’ai une énorme fuite d’huile sur le turbo. Ca coulait presque comme un robinet. Finalement, heureusement que j’ai eu ce souci de boîte, sinon je pense que la voiture aurait pris feu ! »

Dans un laps de temps réduit, Christophe redémontait sa boîte pendant que le reste de sa famille tentait de nettoyer tant bien que mal le turbo et son environnement fortement imbibé d’huile : « J’ai demandé à un copain de m’attendre à l’arrivée avec un extincteur, parce que je n’étais absolument pas sûr que ça ne prenne pas feu… Sur le parcours, j’ai dû rouler avec une visibilité réduite à cause de la fumée. J’ai hésité à m’arrêter, mais je suis allé au bout et j’ai rapidement ouvert la portière en franchissant la ligne d’arrivée, tellement la fumée envahissait l’habitacle. J’ai vraiment eu peur que tout crame. »

Rajouter à cela des durits de turbo qui se déboitaient, une qui a même explosée créant un orifice dans le capot du CG, autant dire que le week-end de Christophe Poinsignon n’a pas été de tout repos… Il peut de ce fait pleinement savourer un nouveau succès en FC et un nouveau record du groupe FC que détenait jusqu’alors son frère Yannick au volant de la même voiture : « J’ai vraiment tout connu, même une casse d’échappement qui a obligé mon père à m’en refaire un sur place en soudant un morceau de tube qu’il avait trouvé. Quand je dis que c’était le pire week-end en termes de mécaniques, je n’exagère pas ! »

Après avoir récupéré de la fatigue accumulée à Turckheim, la famille Poinsignon se rendait à Limonest avec le secret espoir d’être épargnée par les problèmes : « C’est le seul week-end où nous n’avons pas fait de mécanique », lâche Christophe dans un ouf de soulagement. « La voiture ne chauffait plus, mon père durant la semaine m’avait fait un échappement tout neuf. Tout fonctionnait parfaitement. Il fallait juste que je me réadapte à une auto qui cette fois poussait très fort. » Malheureusement, Christophe ne parviendra pas à trouver les bons réglages côté châssis, et avoue quelques regrets car il était en passe de se battre pour le podium : « Ca s’est joué à pas grand-chose, c’est moi qui ne suis pas parvenu à ce que je voulais. Certes j’ai progressé tout au long du week-end, mais pas autant que je l’espérais » reconnait Christophe qui termine quatrième, vainqueur du Groupe FC.

On l’a vu, chez les Poinsignon on court en famille. Et si l’un des membres ne peut être de la fête, les autres se refusent à participer. Cette année, suite à une casse mécanique, Yannick Poinsignon avait dû stopper sa saison avant son terme et n’était pas en mesure d’aller à Braga pour les FIA Hill Climb Masters : « Il n’était donc pas question que je m’y rende sans lui, même si j’étais qualifié. C’est sûr que c’était l’objectif de fin de saison, mais sans Yannick la motivation n’était plus là. »

Un nouveau Trophée FFSA du Groupe FC
« Une saison de galère », c’est en ces termes que Christophe Poinsignon tire le bilan de cette année 2021 : « Heureusement, je termine sur le podium du championnat ce qui est une belle récompense pour les efforts consentis par tous ceux qui m’entourent. Ils le méritent tellement. Après, je suis conscient que sans l’abandon de mon frère et la sortie d’Anthony (Dubois) à Turckheim, je ne pouvais pas prétendre à mieux que la cinquième place » analyse-t-il en toute humilité.

Même si elle fut extrêmement difficile, la campagne de France de Christophe Poinsignon est couronnée de succès. Car si comme en 2019 il termine troisième du Championnat, il remporte dans le même temps un nouveau Trophée du Groupe FC. Son palmarès est particulièrement éloquent, il avait en effet remporté ce même trophée en 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 et compte à son actif quatre victoires du Groupe FC sur des Finales de la Coupe de France de la Montagne.

Lorsque l’on évoque les personnes que Christophe veut remercier, c’est une nouvelle fois la famille qu’il veut associer à ses remerciements : « L'équipe Poinsignon Compétition remercie infiniment la famille, les amis, les mécanos, les photographes et caméramans, les supporters et les partenaires : « Epinal Express » Transports toutes distances à Thaon-les-Vosges, « Fra Presse » Transports, services presse à Richardménil, « L'Grave » Gravage sur marbre à Saint Gorgon, « Caves Saint-Wendelin » Vigneron récoltant à Niedermorschwihr, « Bar Au Bon accueil » à Hébécrevon, « La nouvelle Prairie» Boucher charcutier traiteur à Niedervisse, « HTR développement » Développeur et metteur au point de boitier électronique à Singrist, « Le vignoble Blanchereau » Vigneron récoltant Domaine du Pélican à la Pommeraye», « RT Design » Impression publicitaire à Thaon-les-Vosges, « ASC Racing » Accessoiristes compétition à Coulanges-la-Vineuse, "GEIQ pro 49" Formateur poids lourd à Angers, "Epin automobiles" Concessionnaire Peugeot à Saint-Avold. »

Dans la logique des choses on retrouvera Christophe Poinsignon au départ du Championnat de France de la Montagne 2022 : « Nous avons prévu de faire l’intégralité du championnat, et en ce qui me concerne ce sera une nouvelle fois avec le CG. Mon père va attaquer sa préparation, je vais lui venir en aide en espérant que tous nos soucis sont à présent derrière nous. » Les animateurs du FC sont avertis, le pilote à battre en 2022 aura pour nom Christophe Poinsignon !


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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