Belle découverte du CFM pour le Portugais

Pour sa première saison sur le CFM, Ruben Paiva a réalisé quelques belles prouesses qui lui ont permis de rester longtemps en lice pour jouer le podium du Challenge Open DE/7 et le Trophée Lionel Régal qui récompense le Meilleur Jeune.

Né en Suisse de parents Portugais, Ruben Paiva n’a pas acquis la nationalité suisse mais dispose d’une licence helvétique. Le jeune pilote a d’ailleurs découvert le sport automobile en Suisse, où son oncle Sergio Pinto a eu l’occasion de prendre part à de nombreux rallyes depuis une vingtaine d’années. On a pu le voir aligner des Honda Civic, Renault Clio, Mitsubishi Lancer, Ford Fiesta R2 et depuis 2021 il anime en Suisse et en France des épreuves au volant d’une Alpine RGT. Depuis de nombreuses années, il est accompagné par Marco Paiva, le père de Ruben qui, tout aussi passionné, assure l’assistance.

Bien évidemment les souvenirs d’enfances de Ruben sont empreints des week-ends passés sur les courses, que ce soit dans les parcs de rallyes que sur les circuits où son père ne manquait pas de se faire plaisir en slalom et en Track Day. Enfant et adolescent, Ruben se partageait pour sa part entre sa passion pour le sport automobile, et celle pour le football qu’il pratiquait au sein du FC Bagnes où, fan de Manuel Neuer, il évoluait en qualité de gardien de but.

Le football retiendra son attention jusqu’à ses 17 ans, avant que son père ne lui laisse essayer, en circuit, sa BMW Compact disposant d’un moteur de M3. En l’espace de quelques tours, Marco Paiva réalisait que son fils disposait d’un réel potentiel derrière le volant, et qu’il serait certainement judicieux de l’aider à poursuivre dans cette voie. Mais en cette année 2020, la crise sanitaire liée à la Covid interdisait de participer à des courses, c’est donc en loisir que Ruben allait accumuler les tours de circuit au volant d’une Formule Arcobaleno. La facilité avec laquelle il menait alors sa monoplace ne pouvait que le pousser vers la compétition.

En 2022 il lançait sa Formule Arcobaleno sur trois slaloms et deux courses de côtes, des épreuves organisées chez lui en Suisse : « J’avais une voiture très légère, qui faisait moins de 400 kilos, mais dont le châssis tubulaire n’offre pas des conditions de sécurité optimale », explique Ruben. « Ma Formule Arcobaleno disposait d’un moteur Yamaha Thunderace d’origine loin des performances des moteurs de motos que l’on trouve actuellement sur les Protos CM, et j’étais en concurrence avec Victor Darbellay qui roulait avec une motorisation Suzuki GSXR 1000 bien plus puissante. Malgré tout je parvenais à rester à son contact. » Ruben parviendra également à s’illustrer sur les courses de côte en signant des résultats prometteurs.

Afin de disposer d’une voiture plus sécurisée, le père de Ruben partait à la recherche d’une nouvelle monoplace et portait son choix sur une Formule Renault 2007 avec laquelle le jeune Portugais allait prendre part à huit épreuves en Suisse : « J’ai débuté ma saison avec deux slaloms. Sur le premier je retrouve Victor Darbellay, qui était également passé à la Formule Renault, et nous nous sommes battus pour la troisième place avant de partir tous les deux à la faute. Et sur le slalom suivant j’étais là encore dans le coup avant de sortir à nouveau de la route. »

Loin de se démotiver, les Paiva père et fils réparaient la Formule Renault pour poursuivre la saison en course de côte : « Là c’était nettement plus concluant parce que je parviens à rivaliser avec les autres pilotes valaisans qui arrivaient en Formule Renault, Victor Darbellay, Lionel Ryter et Stéphane Maréchal. Les bagarres que nous nous sommes livrées nous offraient une saine émulation et nous ont permis de signer des chronos jusqu’alors jamais réalisés en Formule Renault. » Ruben réalisera d’ailleurs sa meilleure performance en établissant un nouveau record des Formule Renault sur la Course de Côte de Ayent-Anzère.

A l’issue d’une saison 2023 particulièrement prolifique, Ruben Paiva devait effectuer un déménagement pour s’installer dans le Jura Suisse, à proximité de Saint Ursanne. La logistique complexe ne lui permettait pas alors de prendre part à des courses durant l’année 2024, et il reportait ses prétentions à la saison 2025 : « J’ai toutefois pu aligner une Renault Clio Rally5 sur le Rallye des Bauges. Mais je n’ai fait que trois spéciales avant de sortir de la route. Rien de grave mais malheureusement nous n’avons pas pu rejoindre l’arrivée. »

Durant la saison 2024, un autre pilote Suisse, Stéphane Maréchal, s’engageait sur deux épreuves inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne, Chamrousse et Limonest : « Et à l’issue des épreuves il me faisait un énorme debriefing, en m’expliquant comme fonctionnait les courses, l’ambiance que l’on pouvait y trouver, l’organisation. Ça ne pouvait que me faire envie », confie Ruben. « Et puis nous savions que le Challenge Open DE/7 se présentait comme un réel vivier de jeunes talents et qu’il était sympa d’intégrer cette catégorie afin de pouvoir de mesurer à d’autres jeunes pilotes. »

Découvrir et se mettre en valeur
En l’absence de ceux qui étaient montés sur le podium de l’Open DE/7 fin 2024 (Marvin Garampon-Brunet, Thierry Bertin et Yohan Bardin), animer ce challenge offrait des perspectives : « Je savais que j’allais devoir tout découvrir, mais quand je m’implique dans un projet je le fais à fond, et en sachant que ceux qui avaient trusté le podium ne repartaient dans la catégorie, cela permettait d’afficher des prétentions. Je me suis dit que je me devais de viser le podium, et pourquoi pas la victoire. Nous étions entre jeunes et on savait que la lutte pouvait être intense, chacun ayant des choses à démontrer, ça s’annonçait sympathique. »

Ruben Paiva alignera sa Formule Renault sur la manche d’ouverture de la saison, la Course de Côte de Bagnols-Sabran où il se classait quatrième des DE/7 : « Les conditions étaient idéales et je me souviens être parvenu rapidement à mémoriser le parcours. » Mais une casse de porte-moyeu lors de la première manche d’essais ne laissait pas augurer d’un excellent week-end : « J’avais installé les palettes au volant et je me suis concentré lors de la seconde montée d’essais sur la maîtrise des palettes, et ce n’était pas concluant. Je grille de ce fait mes essais et sur les montées de courses j’étais un peu frustré parce que je n’arrivais pas à réduire l’écart qui me séparait des premiers. J’ai eu du mal à trouver du plaisir avec la voiture et je me contente de la quatrième place, ce qui pour une entrée en matière n’était finalement pas si mal. »

A l’issue de la course, alors que Ruben rangeait tranquillement ses affaires, c’est Pierre Barré, en charge de l’organisation de l’épreuve, qui viendra le solliciter : « ''On te cherche partout '', m’a-t-il dit. ''parce que tu dois monter sur le podium''. Sur le moment je ne comprends pas et il m’explique que j’ai remporté la Coupe du Meilleur Jeune. J’avais occulté ce classement parce que quand je me suis inscrit en début de saison dans mon esprit la coupe allait systématiquement revenir à Marvin (Garampon-Brunet), mais j’avais oublié qu’il était forfait. Ce fut une très belle surprise de remporter cette coupe, c’est vraiment gratifiant. »

Une gratification que Ruben Paiva allait connaitre à nouveau à Abreschviller où, en terminant deuxième de la classe DE/7 à deux dixièmes de Flavien Rognon, il remportait une nouvelle Coupe des Jeunes : « C’est le meilleur résultat de ma saison, la course sur laquelle j’étais le plus à mon aise. Il faut dire que je disposais d’une voiture au top parce qu’après Bagnols-Sabran j’avais confié la Formule Renault à David Guillaumard. Je lui ai fait part de tout ce qui n’allait pas, il a modifié l’ensemble des réglages et je me suis retrouvé avec une voiture qui se comportait à merveille », confie le jeune Portugais. « Le seul petit regret c’est que je signe le meilleur chrono du week-end des Formule Renault, et que je suis devancé au cumul de seulement deux dixièmes parce que je pense que j’ai voulu trop en faire sur la dernière montée. Et puis en remportant pour la seconde fois la Coupe du Meilleur Jeune, je commençais à m’intéresser au Trophée Lionel Régal. »

Ruben ne sera pas au départ de la Course de Côte d’Hébécrevon, premier rendez-vous de la campagne de l’Ouest, mais on le retrouvait à La Pommeraye : « J’ai vraiment adoré ce tracé, hormis les deux premiers virages où je perds un temps fou. Mais pour le reste j’ai pris énormément de plaisir sur un parcours où tu ressens énormément l’aéro, où tu flirtes avec les rails », analyse Ruben. « C’est la première fois depuis mes débuts en sport auto où j’abordais une épreuve en étant seul, sans accompagnant, ce qui donne du stress supplémentaire. Mais j’ai pu livrer un beau combat, en terminant quatrième dans le sillage des trois premiers, ce fut vraiment plaisant. Et puis je remporte pour la troisième fois consécutive la Coupe du Meilleur Jeune, ça devenait intéressant pour la quête du titre. »

Eloigné de ses bases helvétiques, Ruben Paiva restait dans l’Ouest durant la semaine qui suivait La Pommeraye avant de se confronter au tracé de Saint Gouëno : « J’étais seul, et ce que j’ai réellement apprécié c’est l’accueil qui m’a été fait. Nico Millet m’a invité à passer la semaine avec lui et les gars de Pilotes TV, et c’était vraiment génial. Ils m’ont permis de faire des rencontres incroyables, de partager d’excellents moments avec eux, vraiment je les remercie. »

En étant sur place depuis le début de la semaine, Ruben Paiva pouvait peaufiner ses reconnaissances du tracé de Saint Gouëno, « et c’est donc celui que je connaissais le mieux avant de débuter la course. » Sa connaissance du tracé aura pour effet de lui donner un excès d’optimisme : « J’ai voulu aller vite dès la première montée d’essais pour marquer des esprits, et je tape le rail. Mais je suis parvenu à l’arrivée… Sur la seconde manche, je flirte avec le rail juste avant ''le Fer à Cheval'' où j’ai tiré droit. Par chance mon père avait fait le déplacement jusqu’en Bretagne pour le week-end, et je l’en remercie parce qu’il m’a permis de réparer et de pouvoir me relancer. » Dimanche Ruben avait alors comme principale préoccupation de terminer la course. Ce qu’il fera en se classant quatrième de classe, troisième des pilotes engagés sur le Challenge Open DE/7.

Après Saint Gouëno, durant la période qui précédait la Course de Côte de Marchampt, Ruben s’attelait à réparer sa Formule Renault : « Mais je suis seul et j’ai terminé les réparations la veille de partir dans le Beaujolais. Je suis arrivé à Marchampt épuisé, pas dans les meilleures conditions. J’abordais donc cette épreuve non pas pour tenter d’accrocher un succès en DE/7, mais pour engranger le maximum de points pour le classement des jeunes. » Mais sur la seconde montée d’essais, Ruben arrivait trop vite dans un virage et ne pouvait éviter le choc contre un rail : « Les dégâts étaient trop importants pour songer à réparer sur place et j’ai dû abandonner. »

La sortie de route de Marchampt aura pour conséquence de contraindre Ruben à déclarer forfait pour Vuillafans et Dunières. On retrouvait donc le jeune Portugais au départ du Mont-Dore : « Que ce soit le cadre, le tracé, c’est à mon sens la plus belle épreuve du championnat. J’avoue qu’après Marchampt je ne savais pas si j’allais revenir sur le championnat. Nous avons mis tout en œuvre pour réparer et j’étais vraiment content d’être là », avoue Ruben qui abordait l’épreuve auvergnate sans aucune pression pour ce qui est du Challenge Open DE/7 : « A ce stade de la saison, je savais que mes chances étaient réduites à zéro. Mais j’étais très proche de Lucas Clément pour le titre du Meilleur Jeune et je me concentrais sur ce trophée. Il fallait donc que je marque des points. Avant l’épreuve j’ai pu reconnaitre le Mont-Dore sur simulateur et une fois sur place Yohan Bardin m’a embarqué pour reconnaitre, ce qui m’a énormément aidé. Après deux sorties de route ça m’a permis de me remettre en confiance », explique Ruben qui termine au quatrième rang derrière Julien Bouche, Romain Pezot et Flavien Rognon. 

Si le résultat du Mont-Dore ne pouvait que le satisfaire, son week-end auvergnat se terminait avec un gros coup au moral : « Lors de la redescente après la troisième montée de course, lorsque j’ai voulu redémarrer, la voiture n’a rien voulu savoir. On pensait que cela provenait du démarreur, mais finalement c’était une casse moteur. Ça commençait à faire beaucoup, et financièrement ça met un sacré coup au budget », explique Ruben qui devait à nouveau plonger les mains dans la mécanique.

Le week-end avant Turckheim, Ruben Paiva accompagné de Léa, sa copine, se rendait en Alsace pour profiter des paysages alsaciens mais surtout pour reconnaitre le tracé de la plus longue épreuve du championnat : « J’ai également pu travailler sur le simulateur et de ce fait c’était la course sur laquelle j’étais le mieux préparé. Les essais ont été concluants, même si la sortie de Flavien (Rognon) nous affecte parce que c’est toujours triste de voir un de ses adversaires endommager sa voiture. Samedi, à la fin de la journée, je suis assez proche de Romain (Pezot) et je sens que je peux faire bien mieux, et dimanche je me suis vraiment bien concentré. » Sur la première ascension dominicale Ruben estime avoir fait la montée quasi parfaite, en s’appliquant dans tous les virages, en réalisant d’excellents freinages : « Mais pour une raison inexpliquée je sors sur la dernière épingle où la voiture part en glisse et termine dans le décor, ce qui m’oblige à abandonner. »

Une excellente saison d’apprentissage
A l’heure de faire les comptes, c’est au quatrième rang du Challenge Open DE/7 que l’on retrouve Ruben Paiva à l’issue de sa saison de découverte du Championnat de France de la Montagne : « Le bilan est positif dans le sens où ce fut une excellente saison d’apprentissage. Lorsque je prenais du plaisir les résultats étaient au rendez-vous. Mais avec le recul je pense que je me suis mis par moments trop de pression, ce qui m’a fait commettre des erreurs. J’ai trop focalisé sur les performances, en occultant le côté plaisir, et ça m’a couté. J’ai vraiment ressenti qu’une fois que j’avais compris que je ne pouvais pas remporter le Challenge Open DE/7, je me suis libéré d’une pression. Mais immédiatement après j’ai focalisé sur le Trophée du Meilleur Jeune. Toutefois cette saison fut folle, en termes d’expérience, de rencontres, de moments passés avec des gens fabuleux. » 

Pour Ruben Paiva, qui a vécu cette année une expérience hors du commun, la liste des remerciements est longue : « Un immense merci à mon partenaire Heinz Immobilier, sans qui cette saison n’aurait tout simplement pas pu avoir lieu. Son soutien a été précieux, bien au-delà de l’aspect financier, surtout après les difficultés rencontrées. Merci également à mes parents et à ma copine pour leur soutien inconditionnel malgré les chutes et les moments compliqués. C’est grâce à eux que je n’ai jamais abandonné. Un grand merci à mon ami Stéphane (Maréchal) et à sa copine Dorine pour cette année partagée. Ce projet, imaginé en 2024, a vu le jour en 2025. Même si tout ne s’est pas déroulé comme espéré, nous en retiendrons le positif. Bien plus qu’un ami de course, un véritable ami de la vie. Bravo aussi pour ta saison. Côté technique, merci au Team Guillaumard pour l’aide précieuse durant la saison, ainsi qu’à Joël Volluz pour les réparations qui m’ont permis de continuer à concourir. Merci à Nicolas Millet et à l’équipe Pilotes TV pour les souvenirs et les moments partagés, et enfin à toutes les belles personnes rencontrées dans le paddock — pilotes, commissaires, bénévoles et représentants FFSA — pour leur accueil, leur gentillesse et leur générosité tout au long de la saison. »

La pression est retombée et Ruben Paiva veut maintenant prendre du recul, analyser l’esprit reposé cette saison avant d’envisager un programme pour la suite : « Je vais me reconcentrer sur d’autres projets et retrouver également le plaisir de rouler. Je vais avant tout réparer ma voiture pour la faire rouler en circuit juste pour le plaisir », confie Ruben. « Il faut également que je rétablisse mes finances, que j’étudie d’autres opportunités professionnelles, et après je ne dis pas qu’un jour je ne reviendrai pas sur le Championnat de France de la Montagne. Nous verrons bien », conclut le jeune portugais.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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