L’Alsacien impatient de relancer sa Clio sur le Championnat

Depuis de nombreuses années, le frères Pierrat – Régis et Brice – animent courses de côte régionales et nationales. Pour cette saison 2016, c’est Brice, l’ainé, qui avait pour mission de défendre les couleurs familiales au volant de sa Clio engagée en F2000. L’Alsacien avait comme principal objectif de se faire plaisir, ce qu’il a fait au-delà de ses espérances.

Chef d’atelier chez Renault, le père de Brice et Régis Pierrat était avant tout un amoureux de l’automobile. Une passion qui l’incitait, le week-end, à se rendre sur les courses et à entraîner ses fils pour leur faire découvrir les vrombissements des moteurs, les odeurs de gommes et de carburants, et les trajectoires parfois improbables. Tout un monde qui ne laisse que rarement indifférent, et dont les deux jeunes frangins tombaient sous le charme. Parmi ces rendez-vous annuels immanquables, les Pierrat ne loupaient évidemment pas la Course de Côte de Turckheim, épreuve proche de leur domicile, et sur laquelle ils pouvaient voir évoluer tous types de montres mécaniques.

Mais chez Brice la passion première n’était pas tourné vers la compétition automobile. C’est dans une discipline ou anticipation, calculs et stratégies sont des atouts majeurs qu’il s’illustrait, les Echecs. Champion d’Alsace d’échecs, Brice met encore aujourd’hui en pratique les enseignements acquis devant l’échiquier lorsqu’il prépare ses courses.

La course entre frères
Pour ce qui est de la compétition automobile, c’est en 2003 que les frères Pierrat disputaient leurs premiers rallyes. Initialement, il était prévu qu’ils se partagent volant et cahiers de notes. Mais rapidement, Brice, l’ainé, plus à son aise dans le baquet de droite que Régis de quatre ans son cadet, lui laissait le volant. S’il s’épanouissait pleinement dans ce rôle de copilote, Brice ne dédaignait pas de temps à autres à reprendre le volant. S’ils animaient ensemble bon nombre de rallyes régionaux, c’est seul que Brice retrouvait le volant pour prendre part à quelques courses de côte. Sewen, Vuillafans, Brice s’engageait sur des classiques qui jouissaient d’une incontestable renommée, tant dans l’Est de la France que sur l’ensemble de l’hexagone.

Fin 2007, sur le Rallye Vosgien, les frères Pierrat seront victimes d’une violente sortie de route qui se soldait par près d’une dizaine de tonneaux. Inconscient, Brice était transporté à l’hôpital, accompagné de son frère. Si par chance ils n’auront à souffrir ni l’un ni l’autre de séquelles, en revanche, leur Clio groupe N était pour sa part détruite. Cet accident allait avoir deux répercussions… La première, c’est le refus de Régis de rouler désormais avec quelqu’un à ses côtés. La deuxième, c’est que pour continuer à courir il fallait faire l’acquisition d’une nouvelle auto, ce sera une Honda Civic groupe N.

A partir de 2008, Brice et Régis allaient donc concentrer leurs efforts sur la Course de Côte. Les deux frères se partageaient le volant et les victoires en N2, même si Brice reconnait en toute humilité que c’est avant tout son cadet qui, à cette époque, a étoffé le palmarès familial. Cette domination au volant de la petite japonaise durera trois ans, avant que les deux frères ne reviennent à leurs premières amours et remplace la Civic par une Clio Cup 2. Là encore, ils organisaient leur saison en alternant les participations entre épreuves régionales et nationales.

Rapidement, afin de bénéficier d’un peu plus de liberté sur l’auto, les frères Pierrat faisaient le choix de la configurer en version F2000. Après quelques saisons où leurs participations combinaient épreuves régionales et manches du Championnat, en 2014, Régis Pierrat décidait de s’engageait sur un Challenge Open dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Brice suivait son frère afin de lui assurer la logistique, mais prenait part de son côté à quelques épreuves régionales, et à trois manches de notre Championnat – Abreschviller, Vuillafans et Turckheim – au volant d’une Saxo de location.

Brice succède à son cadet
Pour la saison 2016, Régis Pierrat décidait de prendre du recul, axant ses loisirs sur d’autres priorités que la compétition automobile. C’est donc tout naturellement que Brice allait prendre le relais et le volant de la Clio : « Mon objectif était alors avant tout de me faire plaisir, et de découvrir des épreuves du Championnat que je n’avais jamais eu l’occasion de disputer », confie Brice. « Côté prétention, j’avais l’espoir de me rapprocher des chronos réalisés les années précédentes par mon frère. »

La Renault Clio des Pierrat évolue au fil des saisons, en ce début d’année 2016, Brice avait donc apporté quelques améliorations, afin de disposer de quelques chevaux supplémentaires : « On a fait un peu de travail sur le moteur, les amortisseurs et la partie freinage. Il est toujours bon, lorsqu’on le peut, de faire évoluer sa voiture. »

Avant d’aller défier les animateurs du Championnat de France de la Montagne, c’est sur la Course de Côte de Wangenbourg – Engenthal que Brice débutait sa saison : « C’est une course régionale très sympa. Je termine derrière Thomas Schwarz qui n’est autre que le vainqueur du F2000 sur la Finale de la Coupe de France cette année. Ce fut pour moi l’occasion de prendre mes marques, et je suis ravi de mon week-end. »

Impatient de débuter le Championnat, Brice affichait un large sourire au moment de se rendre à Bagnols-Sabran. D’autant que ses deux fils l’accompagnaient sur cette manche d’ouverture du Championnat, et que tout était réuni pour faire la fête… De fête, il n’y aura pas, et c’est dans la tristesse que Brice quittait l’épreuve gardoise : « The show must go on ! » lâche-t-il fataliste. « Steve était quelqu’un que l’on connaissait depuis quelques années, il fut un de nos plus coriaces adversaires à l’époque où on évoluait en N2, des confrontations qui nous ont laissé le souvenir d’un mec super bien. »

Lorsque l’on évoque Abreschviller, la première chose qui vient à l’esprit de Brice Pierrat c’est la surprise créée par Thomas Schwarz : « Il est parvenu à devancer Jean (Turnel) et ça c’était inattendu. Pour ma part, j’ai fait preuve d’une certaine prudence compte tenu des conditions météos. Et puis la sortie de Jean-Luc Fritsch qui a passablement détruit sa voiture, a calmé mes ardeurs », avoue Brice qui accroche en Lorraine, sous la pluie, la cinquième place du F2000.

Pour Brice Pierrat, La Pommeraye était cette année une découverte. L’Alsacien avait eu l’occasion d’accompagner son frère lors de la dernière édition, mais pas d’affronter le tracé angevin : « J’ai adoré… L’accueil, l’ambiance, et le tracé. Je me suis fait vraiment plaisir sur cette épreuve, là-encore j’ai passé un très bon week-end. »

Comme à La Pommeraye, c’est au sixième rang du F2000 que l’on retrouvait Brice Pierrat à l’arrivée de Saint-Gouëno : « Que dire de l’accueil…Il est juste fabuleux. Le tracé m’a énormément plu et j’ai eu de très bonnes sensations sur cette épreuve dont le parcours s’assimile à ce que l’on peut trouver en rallye. Et puis même si je découvrais l’épreuve, j’ai pu signer de très bons chronos et au final les écarts ne sont pas si importants par rapports aux hommes du podium. Mais pour moi qui ne participent pas uniquement pour la compétition, mais également pour l’ambiance qui règne sur les épreuves, là j’ai été servi, c’est tout simplement magique ! »

Le tracé de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais n’est pas le plus facile à aborder. Et lorsque, comme Brice, on découvre l’épreuve, il n’est pas aisé de passer au travers des nombreux pièges et de se mettre en valeur. Pourtant, l’Alsacien s’illustrait en plaçant sa Clio à la quatrième place du F2000 : « Un résultat qui aurait pu m’enthousiasmer, si je n’étais pas sorti sur la dernière montée », avoue-t-il. « J’ai fait preuve d’un excès d’optimisme alors que j’étais en bagarre avec Michaël Gley. Dans ’’le portail’’, la voiture a décroché et je suis venu frapper assez violemment la glissière avec le côté droit, alors que j’étais en sixième à environ 160 km/h. Heureusement que les copains étaient là, ils m’ont permis de relativiser et m’ont remonté le moral. » Car si mentalement le joueur d’échec qu’est Brice était affecté, c’est qu’il prenait immédiatement conscience que les dégâts occasionnés à la Clio étaient importants. « Le plancher de mon côté avait bougé, ce qui nécessitait un passage au marbre. Tout le côté gauche avait souffert, triangles, amortisseurs étaient à changer. »

Malgré la grosse frayeur, Brice se remettait rapidement dans la course, et pour poursuivre, il n’allait pas aborder l’épreuve la plus rassurante de la saison, puisque c’est sur le tracé du Vuillafans que l’on retrouvait la Clio. Au final, l’Alsacien monte sur le podium du F2000, en terminant derrière Jean Turnel et Thomas Schwarz : « Evidemment que ce podium devrait me satisfaire. Mais je suis assez déçu de mes chronos », avoue-t-il en toute honnêteté : « J’ai voulu remonter l’auto très vite pour me relancer rapidement en course. La voiture était prête le vendredi, à quelques heures de la course. J’avais mis un point d’honneur à être au départ de Vuillafans où je retrouve chaque année des membres de ma famille et des supporters. Mais c’était assez difficile d’être performant après une sortie de route comme celle que j’avais connue à Marchampt. Mais je ne regrette pas d’avoir pris part à cette épreuve, il fallait impérativement que je reprenne de suite le volant. »

C’est à domicile que Brice Pierrat terminait sa saison, à Turckheim, sur la manche de clôture du Championnat. L’occasion pour l’Alsacien de livrer une superbe bagarre à deux autres Clio aux volants desquelles on retrouvait Thomas Schwarz et Christian Boullenger : « Ce fut une belle confrontation, et je me suis vraiment fait plaisir. Je termine au pied du podium, mais je suis avant tout content de mes chronos et de l’ambiance qui a régné tout au long du week-end. Que du bonheur ! »

Une saison 100% plaisir
De cette saison 2016, Brice ne veut retenir que les moments de bonheur et de partage, qui lui ont permis de vivre pleinement ses courses : « J’ai vraiment adoré l’ambiance sur les épreuves. Le bilan pour moi est très largement positif, je suis très content d’avoir pu rouler sur le championnat. Mon but était de me faire plaisir, et pour moi ça a fonctionné à 100%. Il faut vraiment tirer un grand coup de chapeau aux organisateurs, aux acteurs de cette discipline, qui nous permettent de vivre ces moments-là. »

De grands moments que Brice doit aussi à ceux qui le soutiennent tout au long de la saison : « Un grand merci à mon épouse, Claire, et à mes fils, Bastien et Louis, qui sont mes plus ardents supporters et qui m’accompagnent sur les épreuves quand ils le peuvent. Merci à Raph, mon meilleur ami qui m’accompagne également sur les courses, à Manu mon mécano, et à tous les copains de la course, Bertrand Simonin, Ronald Garces, Vivien Tonon et Luc Ermann, avec qui j’ai sympathisé et qui m’ont chaleureusement accueilli. Merci enfin à mes partenaires, les Transports Brame à Wintzenheim, au Garage Schweitzer à Walheim, au Garage Anneheim à Turckheim et à AXA Assurances Bret à Montbéliard. »

L’expérience vécue par Brice Pierrat en 2016, ne peut évidemment pas s’arrêter là. Le pilote alsacien est impatient de reprendre le volant de sa Clio pour une saison 2017 qui devrait ressembler à celle qui vient de s’achever : « On devrait apporter quelques évolutions à la Clio, de mon côté je vais essayer de parfaire mon pilotage, et je serai encore au départ du Championnat la saison prochaine. Je pense que je vais étoffer un peu plus mon programme pour prendre part si possible à huit ou neuf épreuves. Je n’ai pas pu me rendre cette année au Mont-Dore et à Chamrousse, je vais essayer de combler cette lacune en 2017. »


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