Le pilote CroisiEurope partagé entre France et Europe

Partagé entre le Championnat de France de la Montagne et un calendrier constitué d’épreuves européennes, Sébastien Petit a eu à maintes reprises, cette année,  l’occasion de s’illustrer. Au terme de cette saison 2015, le pilote CroisiEurope monte sur la deuxième marche du podium du Championnat. Un sixième titre de Vice-champion de France qui en satisferait plus d’un, mais dont ne peut se contenter un pilote de la trempe de Seb.

Avant d’évoquer 2015, faisons avec Sébastien un petit retour sur l’année précédente, et sur sa troisième place au Championnat : « La saison 2014 n’a pas vraiment été celle de la réussite, même si je termine troisième du Championnat. L’attribution des points dans les groupes faisait que, même en terminant systématiquement deuxième sur les épreuves, Geoffrey (Schatz) marquait plus de points que moi. Priorité était donnée au groupe, et non au scratch, il m’était donc difficile de prétendre à mieux. »

A l’heure d’aborder cette saison 2015, Sébastien Petit n’est guère préoccupé par un changement de réglementation qui semble favoriser la position au scratch. Le pilote CroisiEurope n’a d’autres ambitions que de terminer sur la plus haute marche du podium, et pour cela, il n’y a pas d’autre alternative que de viser la victoire sur chacune des manches du Championnat.

A ce niveau de compétition, où la victoire se joue souvent au dixième de seconde, le hasard n’a pas sa place. Pour prétendre à la couronne, il faut préparer soigneusement son affaire. Une nouvelle fois, le Team Petit CroisiEurope allait tout mettre en œuvre pour permettre à son pilote de mener campagne dans les meilleures conditions. Sébastien lui-même consentait à des efforts, pour se présenter au départ de cette nouvelle saison plus affuté que jamais : « J’ai pris le temps de parfaire ma condition physique, j’ai perdu une dizaine de kilos et j’ai organisé mon planning professionnel pour pouvoir aborder les épreuves avec plus de sérénité », explique-t-il. « Nous avons également installé notre équipe dans de nouveaux locaux, ce qui nous permet de disposer de meilleures conditions de travail. Grâce à CroisiEurope, j’ai pu une nouvelle fois mettre toutes les chances de mon côté dans la quête de ce titre. »

Trois deuxièmes places pour débuter
A Bagnols-Sabran et au Col Saint Pierre, les deux épreuves gardoises inscrites en ouverture du Championnat, Sébastien Petit plaçait sa Norma à moteur 4 litres à la deuxième place. A Abreschviller, troisième rendez-vous de la saison, il allait rééditer cette performance. Ce qui pourrait pleinement satisfaire une majorité de pilotes ne peut convenir à un compétiteur tel que Sébastien : « Il va sans dire que j’étais très déçu. Nous avions mené à bien de nombreux essais hivernaux sur circuit afin de préparer la saison », explique Sébastien. « Ces chronos démontraient que nous avions beaucoup progressé, ce qui me permettait d’être confiant au moment de me présenter à Bagnols-Sabran. Malheureusement, les réglages parfaitement adaptés au circuit ne semblaient pas convenir en côte. »

Non seulement la Norma ne répondait pas alors aux attentes du pilote rhônalpin, mais les réglages avaient pour effet d’user prématurément les pneumatiques, ce qui allait de surcroit pénaliser Sébastien : « Pour corser le tout, j’avais fait un mauvais choix de gommes. Et par la suite, alors que l’on débutait la deuxième partie de saison, je me suis retrouvé rapidement avec deux trains de pneus pour terminer le Championnat. »

Le programme du Team Petit CroisiEurope se partageait cette saison entre notre championnat national et un calendrier composé d’épreuves européennes. Au mois de mai, Sébastien décidait de jouer un Joker en faisant l’impasse sur la Course de Côte d’Hébécrevon pour se rendre à Fito, en Espagne.

Son absence sur l’épreuve normande lui interdisait de commettre la moindre erreur par la suite, mais aura également une autre conséquence fâcheuse et inattendue. La réglementation pneumatique stipule en effet qu’un pilote ne peut utiliser qu’un train de pneus pour deux courses. Sébastien, contrairement à ses adversaires qui disputaient l’intégralité du championnat, ne comptait qu’onze courses à son programme français, et se voyait de ce fait dans l’obligation de composer avec cinq trains de pneus : « A mon sens, la réglementation n’est pas adaptée à notre discipline. J’ai le souvenir des plus belles années de la Course de Côte où l’on pouvait monter des ’’balles neuves’’ pour aller chercher la victoire sur la dernière montée. Ce qui était auparavant un sprint, est aujourd’hui devenu une course où la gestion des gommes a pris une importance prépondérante. C’est à mon sens un peu regrettable car dans mon esprit la Course de Côte doit rester un sprint, et le règlement est dommageable tant pour nous pilotes, que pour les spectateurs, les organisateurs et le promoteur du Championnat qui font des efforts pour tirer la discipline vers le haut. »

Premier succès à La Pommeraye
Au terme d’une lutte acharnée, Sébastien Petit allait remporter son premier succès de la saison sur la Course de Côte de La Pommeraye. Une victoire importante qui ne pouvait que le conforter sur son potentiel : « C’était vraiment un magnifique duel qui correspondait bien à ce que l’on attend sur ce type de confrontation. La victoire s’est jouée à quelques centièmes de secondes, sur l’ultime montée, où nous disposions tous les deux de pneus neufs. Ce genre de confrontation représente bien la philosophie que je me fais de la discipline. »

Après ce premier succès obtenu à La Pommeraye, Sébastien allait positionner sa Norma M20 FC au deuxième rang sur les épreuves de Saint-Gouëno, Beaujolais-Villages, Vuillafans et Dunières. Une succession de deuxièmes places qui là encore ne peut le satisfaire. Mais ce que retient avant tout le pilote CroisiEurope, ce sont les écarts infimes qui le séparaient de son principal adversaire : « Je savais à ce moment-là que nous étions en phase de progression alors que Nico (Schatz) ne semblait pas en mesure d’améliorer sensiblement ses chronos de l’année précédente. Jusqu’alors, je pensais que Nico était toujours capable, sous la pression, d’en remettre une couche. Et là j’ai pris conscience que j’étais capable d’aller chercher les records qu’il détenait, alors que lui n’améliorait pas vraiment », analyse Sébastien. « A mon sens, depuis le Beaujolais nous étions dans le coup pour viser la victoire sur chaque épreuve. Ça se joue vraiment à quelques dixièmes, à Vuillafans par exemple sans l'annulation incompréhensible de la 3ème montée nous étions en mesure de jouer la victoire… »

« A Dunières nous réalisons le meilleur chrono en vieux pneus et la différence s'est faite lorsque notre principal adversaire a monté des pneus neufs alors que nous n'en avions pas ! »

Le Mont-Dore confirmait l’analyse de Seb qui, une nouvelle fois accrochait la deuxième place à seulement 355 millièmes de son grand rival : « Je suis devant sur les deux montées d’essais et sur la dernière montée de course où j'améliore mon meilleur chrono malgré un bas du parcours mouillé, qui m'a fait perdre presque une seconde ! A partir de là, je sais que je peux systématiquement lui contester la victoire. »

Une victoire qui échouait dans l’escarcelle de Sébastien à Chamrousse, où il devançait son adversaire de 222 millièmes après avoir battu le recors de l'épreuve de plus d'une seconde, avant de s’incliner à Turckheim pour une seconde et demie lorsque son adversaire montait à nouveau des pneus neufs alors que l'écarts était de seulement 88 millièmes de seconde à monte de pneus identique  : « Je reste persuadé que, sur le dernière confrontation de la saison, si j’avais disposé de gommes neuves, je pouvais aller le chercher », confie-t-il.

Victoires et podiums en Europe
Cette saison, on a également pu voir Sébastien Petit défier les meilleurs pilotes européens hors de nos frontières. Ce fut le cas à Eschdorf où, au volant de sa Norma, il accrochait la troisième place derrière Eric Berguerand et David Hauser : « Dès les essais, j’ai amélioré le chrono que j’avais signé lors des FIA Hill Climb Masters. J’étais très agréablement surpris. Mais par la suite la pluie a fait son apparition, et à cette époque, y compris à Saint-Gouëno, ma Norma n’était pas compétitive sur le mouillé », précise Sébastien. « Heureusement d’ailleurs, grâce à l’équipe, et avec le soutien de Norbert Santos, nous avons pu pallier à ce problème pour la suite du championnat. »

A Fito, Sébastien se voyait crédité d’un temps similaire à celui de Fausto Bormolini. L’italien, plus rapide sur une des montées, se classait deuxième devant la F3000 Lola B06/51 de Seb : « C’est une course très dure comme le sera l’épreuve suivante, la Rampa da Falperra, que j’ai disputée au Portugal et sur laquelle je termine également troisième. Mais c’est très positif sur ce genre d’épreuve de monter sur le podium, alors que je devais retrouver mes marques dans la F3000, configurait en version européenne. Je retiendrais également une organisation au top et un réel engouement du public pour la discipline. »

En République Tchèque, où Sébastien allait disputer la Course de Côte d’Ecce Homo, sa F3000 Lola rencontrait des problèmes moteur : « Mais cette participation m’aura permis de découvrir la course, un tracé magnifique et une organisation géniale, rien que pour cela, ça valait le déplacement. »

C’est en compagnie de Kévin, son petit frère, que Sébastien se rendait à Osnabrück où il allait placer sa Lola au quatrième rang : « C’était très sympa de partager ce moment avec Kévin. J’en garde un excellent souvenir. » On présume que Kévin garde lui aussi en mémoire cette épreuve, sur laquelle pour sa seulement deuxième course au volant d’une Tatuus, il se permettait le luxe de pointer en tête des Formule Renault à l’issue des deux premières montées. Prudent lors de l’ultime confrontation, il cédait sa place de leader. Il n’en reste pas moins que, coaché par son père et son frère, Kevin faisait preuve d’une incroyable progression.

En Autriche, sur la Course de Côte de Saint-Agatha, Sébastien retrouvait le volant de sa Norma. L’occasion pour lui de remporter un succès et de signer par la même occasion un nouveau record du tracé : « Ça nous a permis de travailler sur la voiture sur un parcours très rapide. Et, équipée de pneus neufs, l’auto était vraiment très bien équilibrée. Grâce en partie à cette épreuve, j’aborde la saison 2016 avec une certaine sérénité. »

« Les courses disputées en Europe m’auront avant tout permis de rouler, ce qui est toujours bénéfique. Mais également de découvrir de nouveaux tracés et de faire de belles rencontres », précise Sébastien. « Je pense également que c’est un plus pour nos partenaires d’avoir pu s’illustrer sur les épreuves européennes. »

Pour cette saison 2015, la réglementation concernant le barème d’attribution des points a été repensée, et de ce fait la position finale de Sébastien Petit reflète mieux les résultats réalisés tout au long de l’année. Toutefois, la place de Vice-champion de France ne peut convenir à un pilote, qui depuis de nombreuses saisons a pour unique objectif de décrocher le graal : « Tant pour mes partenaires que pour moi-même, il est évident que je n’ai d’autre but que de remporter le titre », confie Sébastien. « Quand on est compétiteur, on ne peut pas se contenter d’une deuxième ou d’une troisième place. Même si on réalise un meilleur résultat cette saison, Vice-champion de France c’est toujours bien, mais ce n’est pas à la hauteur de mes aspirations. »

Le titre comme seul objectif
Lorsque l’on rappelle à Sébastien qu’il vient de décrocher cette année son sixième titre de Vice-champion de France, il reste pour le moins dubitatif : « Ça n’a aucune valeur pour moi. L’important c’est de remporter le championnat, le reste est purement anecdotique. Bien évidemment, quand j’ai remporté le CN et que j’ai terminé deuxième du championnat en 2004, ça avait une certaine valeur. Mais maintenant que je sois six fois, dix ou douze fois sur le podium ça m’importe peu. Pour moi et mes partenaires, la seule chose importante, c’est le titre. »

C’est un Sébastien Petit confiant qui prépare sa saison 2016. Le pilote CroisiEurope va une nouvelle fois mettre tous les atouts de son côté pour affronter un championnat qui s’annonce âprement disputé : « Les chronos réalisés en fin de saison sont prometteurs. Maintenant il ne faut pas commettre d’erreur dans les choix que nous avons à faire, dans la préparation de la voiture, et dans ma préparation personnelle », explique Seb. « Il faut également savoir trouver de nouveaux partenaires et conserver ceux que l’on a. Nous sommes actuellement dans cette phase de recherche de sponsors, et je ne cache pas que ce n’est jamais facile. »

Une Norma en Championnat d’Europe
Championnat de France, mais également Championnat d’Europe puisque cette année encore, le pilote CroisiEurope va jouer sur les deux tableaux : « Nous préparons une Norma V8 3 litres qui disposera du moteur que j’avais sur la F3000 » explique Sébastien qui délaisse sa Lola au profit d’un Proto. « Nous sommes en phase de boucler le budget pour cette campagne européenne. »

Défi français ou challenge européen, Sébastien sait pouvoir compter sur des fidèles partenaires, ainsi que sur une équipe soudée et acharnée : « Je mesure la chance que j’ai d’être accompagné par des partenaires qui me font confiance depuis tant d’années. Ma longévité et ma compétitivité dans la discipline, je leur dois, et si demain ils n’étaient plus là, vous ne verriez plus la structure de valeur que nous présentons. Je pense en particulier à CroisiEurope avec qui j’ai noué des liens durables et surtout amicaux. Je dois aussi adresser mes pensées les plus sincères à mon équipe qui sait toujours être derrière moi, y compris dans les moments plus délicats qui peuvent survenir. Comment également ne pas mentionner l’ensemble de l’équipe technique qui entoure le Team Petit – CroisiEurope, tels que Gérard, mon père, mon frère Kévin, Gillou, Francis, Jean-Claude, Benes, Fred, et la famille Ferretti. Un grand merci également à Robert de DA Compétition, Norbert et Guillem de Norma Auto Concept, Arnaud de EMAP, Romain de RD Limited puis Serge et Julien de Oreca. Merci à eux et aux supporters et bénévoles qui me permettent de vivre cette passion qu’est la course de côte ! »


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