Champion de France de la Montagne VHC Production

Champion de France de la Montagne VHC Production 2024, Alexandre Chamagne aura dû jeter toutes ses forces dans la bataille pour conserver son titre. Un titre qu’il dédie bien évidemment à sa famille, source d’inspiration et de motivation pour le Haut-Saônois.

C’est en 2005 que, pour succéder à son père Alain et son oncle Eric, Alexandre Chamagne ressortait du garage la Ford Escort RS 2000 MK2 avec laquelle les deux frères avaient eu l’occasion de prendre part à de nombreuses courses de côte. A 25 ans, après deux années de classes préparatoires aux Grandes Ecoles et trois années en école d’Ingénieur, Alexandre obtenait son diplôme et pouvait donc prétendre s’installer derrière le volant de la Ford familiale. Le deal était en effet le suivant : De l’obtention de son diplôme résultait la mise à disposition de la véloce Escort.

Le 31 juillet 2005, le jour de ses 25 ans, Alexandre Chamagne s’alignait donc au départ de la Course de Côte du Mont de Fourche. Par la suite le Franc-Comtois fera plusieurs apparitions sur des épreuves de sa région avant de s’engager pour la première fois sur une manche du Championnat de France de la Montagne, en 2010, à Abreschviller. Au fil du temps l’Escort allait bénéficier d’évolutions et Alexandre poursuivait son implication, toujours aidé par le clan familial. Mais en 2021 il devait faire face à la disparition de sa grand-mère, et l’année suivante à celle de son oncle Eric, emporté par la maladie. Pour Alex, toujours soutenu par son père, courir devenait alors la plus belle manière de rendre hommage à ses ''deux étoiles'' qui de là-haut restaient des soutiens indéfectibles.

En 2023, la première participation officielle d’Alexandre Chamagne au Championnat de France de la Montagne VHC Production se soldait par une troisième place sur le Challenge Open VHC du groupe 2. En 2024, le Haut-Saônois relançait sa Ford Escort RS 1600 avec un programme initial intégrant la participation à douze des quatorze manches du championnat. Cette saison sera celle de la consécration et permettra à Alexandre Chamagne de coiffer une première couronne de Champion de France de la Montagne VHC Production.

En quête d’un second titre consécutif
Logique dans l’esprit d’Alexandre Chamagne de remettre son titre en jeu. Dans l’esprit du champion en titre la suite de l’aventure devait obligatoirement se poursuivre au volant de sa Ford : « Entre les Escort et moi c’est une histoire d’amour, une histoire familiale, et il était donc logique de relancer cette voiture. » Le Franc-Comtois savait que cette année il allait se mesurer à forte concurrence : « Il était clair que nous allions avoir des adversaires de taille. Nous savions que Jean-Marie (Almeras) allait faire son retour, que Grégory (Mollon) allait s’inscrire cette année et que Michel (Rolland) apportait des améliorations sur sa Porsche. Il nous fallait donc disposer d’une voiture plus performante. » Pour cela Alexandre intégrait sur sa Ford Escort RS 1600 une nouvelle injection mécanique Lucas : « C’est la dernière évolution qui manquait à la voiture et qui allait me permettre de passer d’une puissance de 255 à 280 chevaux. »

Aucune autre amélioration n’était apportée à l’Escort, et la question qui restait en suspens était de savoir si la belle allait pouvoir digérer sans problèmes les 25 chevaux supplémentaires : « Difficile de savoir si la boîte de vitesses allait supporter ce surplus de puissance, si les trains allaient accepter cette évolution. » Impossible pour Alexandre de programmer des essais préparatoires, la dernière pièce nécessaire à l’évolution de l’Escort était livrée à quelques jours du coup d’envoi de la saison. La voiture sera terminée le mercredi précédent la Course de Côte de Lodève.

Montée en puissance !
La participation à l’épreuve héraultaise allait semer le doute dans l’esprit d’Alexandre qui rencontrait à Lodève un souci mécanique : « Sur la toute première montée, j’ai pu passer les quatre premiers rapports avant que le moteur ne coupe. Je suis donc redescendu en roue-libre avant que l’on se rende compte que le problème provenait de l’alimentation en essence. Nous avons passé la journée de samedi à identifier la panne. Finalement nous avons réussi à faire fonctionner l’Escort pour les deux dernières manches du dimanche, ce qui m’a permis de faire un cumul de temps et de me classer. » Troisième du Production derrière la Porsche de Jean-Marie Almeras et la BMW de Grégory Mollon, Alexandre Chamagne accrochait la deuxième place du groupe 2 : « J’aurais pu repartir samedi sans marquer le moindre point. Je m’estime donc plutôt chanceux, mais je garde un souvenir mitigé de cette première confrontation sur laquelle je n’étais pas vraiment dedans. Je suis content d’avoir un résultat car je savais que par la suite je serai absent sur deux manches (Quillan et Limonest) et que je ne pouvais pas me permettre le luxe de griller un joker supplémentaire. »

Après Lodève, c’est dans le département voisin du Gard que se poursuivait le championnat. A Bagnols-Sabran, Alexandre plaçait sa Ford en tête du groupe 2, deuxième du Production derrière la Porsche 935 de Jean-Marie Almeras : « C’est toujours compliqué sur cette épreuve. Le droite avant l’arrivée reste compliqué à aborder, il est pour moi associé à la disparition d’un ami et j’ai toujours une appréhension dans ce final », avoue Alexandre en évoquant la mémoire de Steeve Cabelo. « Samedi j’ai toujours du mal, dimanche c’était mieux même si j’ai commis des erreurs en n’exploitant pas de manière optimale le moteur, en n’osant pas aborder certains virages en conservant la troisième, sans oser passer la quatrième. J’ai le sentiment que la victoire face à Jean-Marie se joue là-dessus », analyse Alexandre qui termine à une seconde du Montpelliérain. 

Sur le Col Saint-Pierre, Alexandre Chamagne se retrouvait une nouvelle fois confronté à Jean-Marie Almeras et Grégory Mollon qui, à l’arrivée, le devançaient dans cet ordre : « Samedi je gagne une seconde au kilomètres par rapport à l’an dernier, mais je n’ai rien pu faire face au chrono stratosphérique signé par Greg (Mollon) samedi soir. Il a osé à des endroits où moi je ne pouvais pas mieux faire. Dimanche matin j’ai voulu être raisonnable en optant pour des pneus pluie. C’était une erreur. Ça me coute cher. Pour la dernière montée je chausse des slicks et là nous devons faire face à une grosse averse. Mais je gagne tout de même sept secondes par rapport à la montée du matin en pneus pluie. Dommage d’avoir fait cette erreur stratégique qui me met loin de l’objectif final espéré, mais je repars avec de précieux points. »

La puissance est primordiale sur le tracé lorrain d’Abreschviller. Au volant de son Escort, Alexandre Chamagne aura du mal à contrer les assauts de Jean-Marie Almeras qui impose sa Porsche une seconde devant la Ford du Haut-Saônois : « Il faut vraiment avoir une excellente vitesse de pointe et dans la ligne droite après l’épingle je régule beaucoup trop longtemps. C’est là que je perds une demi-seconde à chaque montée. Au fond de moi j’espérais battre Jean-Marie que j’avais devancé en 2022, et si je suis satisfait du résultat j’ai tout de même une pointe de déception. »

Ses obligations professionnelles obligeaient Alexandre Chamagne à faire l’impasse sur la Course de Côte de Quillan : « Je ne pouvais pas m’engager sur les cinq courses prévues en six semaines au calendrier. Quillan étant la course la plus éloignée de la maison, j’ai donc privilégié la campagne de l’Ouest. » Une campagne de l’Ouest qui se résume pour les Véhicules Historiques de Compétition à deux manches – La Pommeraye et Saint Gouëno – Hébécrevon n’étant pas inscrite au calendrier.

Et sur les deux manches de l’Ouest, Alexandre Chamagne allait signer deux incontestables succès en devançant largement ses poursuivants. A La Pommeraye tout d’abord où il remporte le Production cinq secondes cinq devant la Porsche de Jean-Marie Almeras : « C’est mon épreuve préférée, ma course de cœur. Je tire mon chapeau aux organisateurs, et à ceux de Saint Gouëno pour leur accueil et le travail réalisé pour que nous puissions courir dans les meilleures conditions », rappelle Alexandre. « Vraiment j’adore La Pommeraye, c’est court mais ce tracé nécessite une concentration optimale. Et puis je signe en Anjou des chronos similaires à certains concurrents évoluant en Moderne. Je suis en confrontation avec la Peugeot 205 GTI de Gilbert Payneau et c’est plutôt très sympa. »

A Saint Gouëno se sont six secondes qui à l’arrivée séparaient Alexandre Chamagne de son premier poursuivant, Michel Rolland : « La première satisfaction vient du fait que j’ai pu comparer mes chronos avec ceux réalisés par les concurrents britanniques engagés avec des Escort sur le Saint Gouëno Masters. Quand on connait la qualité de préparation des Escort anglaises et irlandaises, qui disposent notamment de boites séquentielles, terminer dans la même seconde est vraiment une source de satisfaction. Pour le reste je suis bien évidemment très content de m’imposer sur cette épreuve. »

La dynamique de succès allait se poursuivre à Marchampt où Alexandre Chamagne s’imposait deux secondes devant la BMW 323i de Grégory Mollon. Un succès au prix de gros efforts, et Alexandre s’excusait même d’être trivial dans la manière d’expliquer sa prestation : « Là je me suis vraiment sorti les doigts… ! Depuis que j’ai cassé mon moteur en 2023 sur cette épreuve, j’ai toujours eu une appréhension. C’est une course sur laquelle je suis conscient d’être en manque de vitesse de pointe. Et comme sur la campagne de l’Ouest, les choix de pneumatiques sur le train avant m’ont permis d’être mieux et j’ai pris le pari d’augmenter un peu le régime moteur et essayant de tirer la quintessence de la voiture… Ça s’est avéré payant. »

En proie à des problèmes mécaniques, Grégory Mollon ne pourra aligner sa BMW 323i que sur les deux dernières ascensions de la Course de Côte de Vuillafans. Et s’il termine deuxième, c’est à plus de six secondes d’Alexandre Chamagne qui s’impose sur l’épreuve Franc-Comtoise : « C’est ma course à la maison, avec celle de Turckheim. C’est une course à gros cœur que j’abordais pour le seconde fois. J’améliore de plus d’une seconde au kil’, la mécanique y est pour quelque choses et la confiance que je peux avoir sur ce tracé également. »

La Course de Côte de Dunières sera le théâtre d’un intense combat d’où Alexandre sortait vainqueur en devançant Grégory Mollon de trois dixièmes de secondes : « Ce fut pour moi la grosse surprise de la saison. Je suis arrivé en étant pas spécialement au sommet de ma forme. Là-dessus, en début de week-end, je me suis fait piquer par un insecte et je me retrouve avec un bras enflé et une infection. Je suis contraint de rouler en étant sous antihistaminiques, donc compliqué », reconnait le Franc-Comtois. « Dans mon esprit, j’avais présagé que je terminerais troisième derrière Greg (Mollon) et Michel (Rolland). Mais j’ai tenu la tête de la course durant tout le week-end, même si Greg nous sort un temps incroyable sur la dernière manche, je suis parvenu à conserver les commandes et à m’imposer. Pour moi c’était le tournant du championnat parce que l’avance prise me permettait de gérer la fin de saison. »

Le duel entre Grégory Mollon et Alexandre Chamagne se poursuivait sur les pentes du Mont-Dore et cette fois c’est le pilote de la BMW qui aura le dernier mot en devançant à son tour de trois dixièmes de secondes la Ford d’Alexandre : « Ce Mont-Dore fut pour moi une délivrance parce que le résultat valide mon second titre de Champion de France de la Montagne VHC Production. C’est la deuxième année que j’aborde cette épreuve auvergnate avec comme objectif d’être à l’arrivée pour remporter le titre », explique Alexandre. « C’est pour moi le plus beau parcours du championnat, pas spécialement adapté à ma voiture, mais je me fais plaisir même si je subis plus que je ne profite parce que j’ai toujours en tête d’être à l’arrivée. »

C’est l’esprit libéré qu’Alex se rendait à Turckheim où il allait conclure sa saison par un nouveau large succès, six secondes devant Nicolas Uttewiller : « C’est la première course sur laquelle ma chérie a pu m’accompagner et j’ai vraiment vécu un super moment, en famille avec mon père, ma chérie et mon beau-fils. C’était top et je me suis vraiment fait plaisir. » Malgré tout Alexandre, qui avait opté pour des pneus déjà bien usagés, sera l’auteur de quelques figures de style : « Ça m’a valu de me faire gronder par ma chérie qui me suivait sur la vidéo. Alors que je lui avais promis d’être prudent sur la dernière ascension, j’ai bien failli aller à la faute. C‘est finalement anecdotique. Ce que je retiens c’est que je voulais être le premier qui en groupe 2 descendrait sous les trois minutes vingt, je parviens à signer un 3'19''2 et je sais qu’il y avait moyen de descendre en trois dix-huit. Donc pour moi c’est la plus belle clôture de la saison que je pouvais connaitre. »

Clôture de la saison parce qu’Alexandre Chamagne ne se rendra pas à Limonest. Pilote, le Franc-Comtois est également Président de l’ASA Luronne qui organisait ce même week-end la Finale de la Coupe de France des Slaloms : « Je me devais d’être présent et je savais donc que je ne serais pas au départ de Limonest. J’ai suivi à distance la lutte entre Greg (Mollon) et Michel (Rolland) pour la deuxième place du championnat, c’était plutôt sympa », confie Alexandre. « Quant à la Finale des Slaloms, elle s’est très bien passée, ce fut un très bel événement. Nous avons bénéficié d’une bonne météo et nous n’avons eu que des retours positifs de la Ligue et de la FFSA. »

Second titre consécutif de Champion de France
Alexandre Chamagne remporte donc pour la seconde année consécutive le titre de Champion de France de la Montagne VHC Production ainsi que le Challenge Open VHC du groupe 2. Le Franc-Comtois a connu une saison difficile, face à des adversaires tenaces, mais se réjouit de cette nouvelle consécration : « Je suis très content d’avoir remporté le titre deux années de suite car nous sommes très peu à l’avoir fait », rappelle Alexandre. « Je sais que les investissements réalisés sur l’auto ont apporté un réel plus et quand je garde à l’esprit que cela fait deux ans que je roule sans aucun partenaire, la récompense est toujours enthousiasmante. La saison a été difficile parce qu’il m’a fallu gérer à la fois mes participations au championnat, mes obligations professionnelles et les six courses qu’organise l’ASA Luronne. Ce n’était pas évident tant d’un point de vue physique que psychologique », poursuit le Haut-Saônois. « Mais c’est une vraie fierté pour moi d’être double Champion de France et un bel hommage pour ma grand-mère et mon oncle. Après je reconnais que si le plaisir est intense, ce titre n’aura jamais la saveur du premier. »

Chez les Chamagne la course est une histoire de famille et Alexandre est particulièrement attaché à cet environnement familial, au partage avec ses proches. C’est en toute logique vers eux que vont ses premiers remerciements : « Avant tout je veux remercier mon père (Alain) et avoir une pensée pour ma grand-mère et mon oncle, mes deux étoiles. Un immense merci à Tabata, ma chérie, qui fut un soutien moral tout au long de la saison et qui m’a motivé pour aller chercher des victoires. Immense merci également à Pascal Régnier, mon préparateur, pour tout ce qu’il fait et à Jeff qui m’a fait une boîte de vitesses avec laquelle je n’ai pas rencontré le moindre problème en deux ans. Merci à Mark qui me permet d’avoir un moteur d’enfer, à Pascal et à son épouse Maryline, au membre de l’ASA Luronne, Agnès et Philippe Ginel, Mylène et Sébastien Brisard. Je veux avoir une pensée pour tous les amis de l’association ''VHC Le Club'', ma seconde famille, et un merci également aux organisateurs, commissaires, officiels et bénévoles sans qui nous ne pourrions pas rouler. Je leur tire un immense coup de chapeau. Je n’oublie pas Philippe Ballester, le Promoteur du Championnat, pour son investissement et ce qu’il apporte au championnat, ainsi que tous les gens qui travaillent à ses côtés, les photographes, les vidéastes de Pilotes TV et les speakers Didier Ohmer et ses acolytes Benoit Defloor, Fabien Maillard et Maxime Basset. Merci également à Pierre Barré et Axel Jonquard qui ont géré à merveille ma communication sur les réseaux sociaux. »

Pour ce qui est de la saison à venir, rien n’est encore définitivement arrêté : « Aucun pilote n’a jamais remporté le titre en VHC Production trois années consécutives, le défi est donc à relever », rappelle Alexandre. « Mais tenter de conserver le titre demande de vrais sacrifices et un investissement tant personnel que financier qu’il va m’être difficile à assumer. Il est clair si un partenaire providentiel souhaitait me soutenir, cela pourrait me motiver, mais dans l’état actuel des choses il m’est difficile de me projeter. » Investi dans le sport automobile, Alexandre partage sa vie avec quelqu’un de tout aussi investi que lui. Tabata Serrano est en effet présidente de l’ASA Chambley et à ce titre organise plusieurs épreuves : « Et nous aimerions partager des week-ends de course à bord de la même voiture, donc se tourner peut-être vers le rallye. Le calendrier du Championnat de France de la Montagne est très conséquent, et pour l’heure je pense être au départ de plusieurs courses qui me plaisent, mais je ne suis pas sûr de m’engager pour défendre mon titre », conclut Alex.
 

©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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