Championne de France Sport 2025

Championne de France 2024 au volant d’un Speed Car, Mylénia Machado se lançait le défi de conserver son titre en s’installant dans le cockpit d’un Revolt 2P0. La jeune femme connaitra une saison difficile mais conservera sa couronne et accrochera la neuvième place du CFM.

La voile à Violette Dorange qui à 22 ans fut la plus jeune navigatrice à traverser l'Atlantique en solitaire ; la course de côte à Mylénia Machado qui au même âge était la première femme à s’engager sur le Championnat de France de la Montagne au volant d’un Proto Speed Car évoluant en CM… La comparaison ne s’arrête pas là puisque les deux femmes ont en commun de faire preuve d’une incroyable détermination et sont toutes deux des compétitrices dans l’âme. 

Depuis de nombreuses années, Mylénia rêvait de devenir pilote, et elle assouvira ce rêve avec sagesse et détermination. Sa première saison fut consacrée à l’apprentissage et lui permettait de progresser au fil des épreuves. L’année suivante, en 2023, elle accrochait le podium du Challenge Open CM en plaçant son Speed Car GTR au troisième rang. Sa campagne 2024, qu’elle abordait en restant fidèle au Speed Car, lui permettait de remporter ce Challenge Open CM, mais également de coiffer une première couronne de Championne de France de la Montagne.

L’année 2025 sera celle de ses 25 ans, et la jeune femme était une nouvelle fois prête à relever de nouveaux défis. Elle troquait son Speed Car contre un Revolt 2P0, celui-là même avec lequel Cindy Gudet avait remporté deux de ses six titres de Championne de France. Le défi était de taille pour une pilote qui ne comptait préalablement que trois années d’expérience. Mais une nouvelle fois Mylénia allait le relever de fort belle manière : « Il me semblait judicieux pour cette saison de franchir un nouveau cap », débute Mylénia. « Je ne cache pas que nous avons étudié toutes les possibilités qui nous étaient offertes, et j’avoue que mon choix penchait plus sur un Proto 2 litres parce qu’à mon sens je manquais encore un peu d’expérience pour rejoindre la catégorie reine. Mais j’ai toujours eu une réelle admiration pour le travail réalisé par Dan et Fabien Bourgeon, et m’installer derrière le volant d’un Revolt était un peu l’aboutissement d’un rêve qui pouvait me paraitre inaccessible. »

Mylénia Machado ne manquait de prendre conseil auprès de celle qui avant elle avait accumulé les titres de Championne de France, Cindy Gudet. De la discussion entre les deux femmes naissait la certitude que le Revolt 2P0 était la voiture idoine qui allait permettre à Mylénia de poursuivre sa progression : « Succéder à Cindy au palmarès pour finalement m’installer au volant de sa voiture, se présentait comme une continuité qui ne manquait pas de me séduire. J’étais très fière de lui succéder l’année dernière, je l’étais tout autant de pouvoir m’installer derrière le volant de son Revolt 2P0. » 

Mi-novembre 2024, Mylénia effectuait ses premiers essais sur le circuit de Pouilly-en-Auxois avec le Revolt, sous les conseils avisés de Cindy Gudet : « C’était vraiment top… La peur et l’excitation ont rapidement laissé place à d’excellentes sensations, même si je savais que j’allais encore devoir énormément travailler pour être performante avec cette nouvelle voiture », confie Mylénia. « J’avoue que j’avais le sentiment de rentrer dans un nouvel univers. Je n’avais plus de toit sur la tête et quand le moteur pousse ses premiers rugissements, tu sens monter l’adrénaline. Dès les premiers tours j’avais un énorme ''smile'' et j’ai lâché ma petite larme en terminant la première session. Mais ensuite ce fut vraiment comme une évidence, j’étais sûre d’avoir fait le bon choix. »

Durant l’hiver, Mylénia Machado concentrait ses efforts sur la recherche de partenaires, et à l’approche du début de saison un dernier travail de mise au point était entrepris sur sa voiture : « Il a fallu notamment l’adapter à ma morphologie. L’équipe Bourgeon Concept a tout mis en œuvre pour que je puisse disposer d’une voiture à ma convenance avant que je fasse une nouvelle séance d’essais avec ce qui était à présent ma voiture, plus celle de Cindy. »

L’objectif premier de Mylénia Machado à l’heure de se lancer sur une nouvelle campagne de France était d’essayer de conserver son titre. Pour le reste, difficile de prétendre à une place sur le championnat alors qu’elle faisait tout juste son entrée dans la cour des grands : « Honnêtement, quand on garde à l’esprit que je ne me sentais pas réellement capable d’intégrer le groupe E2-SC, il m’était difficile de faire des prédictions sur un éventuel classement. Je n’avais au compteur que deux saisons de course et si j’espérais bien garder mon titre, pour le reste je voulais avant tout apprendre la voiture, bien cerner son maniement et ses limites. »

Plusieurs top 5 pour une première saison en Revolt
La manche d’ouverture de la saison, la Course de Côte de Bagnols-Sabran, était abordée par Mylénia comme une épreuve d’apprentissage, sur laquelle la prudence était de mise : « Le seul objectif était de rejoindre l’arrivée et d’engranger le maximum d’informations en conditions de course », confie la Bourbonnaise. « Débuter sur un tracé aussi compliqué que celui de Sabran n’est pas facile, la place étant réduite entre les murets et la falaise. Il fallait que je m’adapte au gabarit du Revolt. » Si Mylénia ne réalisait pas d’exploit sur ce premier rendez-vous, elle quittait tout de même Bagnols-sur-Cèze en s’adjugeant la Coupe des Dames : « C’est positif dans le sens où j’ai pu cerner la voiture. Mon père et l’équipe LMJ Technology, au sein de laquelle j’évolue, ont su parfaitement s’adapter et j’avais la chance de rouler sur les terres de Monsieur Imbert, un de mes principaux partenaires. J’étais donc super contente. »

La seconde épreuve gardoise, le Col Saint-Pierre, ne lui permettra malheureusement pas de poursuivre son apprentissage : « Samedi soir, la boîte de vitesses s’est bloquée en position ''neutre'' et nous n’avons pas tenté de faire une réparation de fortune au risque de faire plus de mal. Nous avons fait le choix de sacrifier ce week-end », explique Mylénia. « C’est évidemment très frustrant parce que le Col Saint-Pierre offre un des parcours les plus longs du championnat et que de ce fait j’ai perdu la possibilité de faire beaucoup de roulage. »

Sa participation à Abreschviller offrira l’occasion à Mylénia de retrouver le sourire, puisqu’elle accrochait la septième place au scratch, la première des féminines : « L’approche n’était pas évidente en début de week-end parce que j’avais peur de solliciter la boîte de vitesses. Mais par la suite j’ai pu me lâcher, comprendre ce que veut dire l’aéro quand tu sens la voiture s’écraser à plus 240 km/h. On commence à rentrer dans les hautes vitesses de la catégorie reine et les sensations sont assez incroyables. Terminer dans le top 10 dès la troisième épreuve est plutôt enthousiasmant. »

Il n’aura manqué qu’un dixième à Mylénia Machado pour placer son Revolt 2P0 à la quatrième place de la Course de Côte d’Hébécrevon. Un dixième qui la sépare de la Norma de Julien Bost. Mais la cinquième place, assortie d’une nouvelle Coupe des Dames, ne pouvait que la satisfaire : « C’est un vrai plaisir d’aller à Hébécrevon où je retrouve une partie de ma famille qui réside dans la région. Ce n’est pas le tracé le plus simple, notamment sur le bas du parcours, mais j’ai continué à apprendre tranquillement et le résultat est au rendez-vous. »

C’est à nouveau à la cinquième place que l’on retrouvait Mylénia Machado à l’arrivée de la Course de Côte de La Pommeraye où elle pointait à une seconde seulement du double Champion de France, Sébastien Petit : « Très heureuse, d’une part parce que j’ai vraiment pu bien travailler sur cette épreuve avec le Revolt, et d’autre part parce que j’ai eu la surprise de voir Cindy (Gudet) nous rejoindre pour cette course. C’est le petit bonheur supplémentaire du week-end », confie Mylénia. « Les tracés rapides ne me dérangent pas, bien au contraire, et au fil des montées j’étais en amélioration et je suis au final très satisfaite de me rapprocher des garçons. On sait alors que l’on part dans la bonne direction. »

La progression de Mylénia se poursuivait à Saint Gouëno où elle parvenait à accrocher la quatrième place, neuf dixièmes devant la F3000 de Miguel Vidal : « C’est toujours plaisant de se battre avec des garçons expérimentés. J’apprécie Saint Gouëno et même si un souci mécanique me fait perdre des tours sur la relance du ''Fer à Cheval'', le résultat final est bien là. Ce fut par moment frustrant, je me suis battue jusqu’au bout et j’ai juste le petit regret de me dire que si je n’avais pas rencontré de problème j’aurais pu mieux faire encore. »

Si la campagne de l’Ouest fut marquée par une belle réussite, avec des places dans le top 5 et trois Coupes des Dames, il n’en sera malheureusement pas de même à Marchampt où on retrouvait Mylénia Machado dans les profondeurs du classement. A sa décharge, la jeune Bourbonnaise n’a pu dans les vignobles du Beaujolais, accrocher un chrono que sur les deux dernières ascensions du week-end : « A oublier ! » lâche-t-elle. « L’enchainement des courses et mes obligations professionnelles ont fait que je n’étais absolument pas dans l’esprit de courir. Pas concentrée, pas dans le coup et je me loupe sur les deux premières montées avant que la pluie ne fasse par la suite son apparition… Rien qui allait finalement », se désole-t-elle.

Mais Mylénia retrouvait de sa superbe dans le Doubs avec une sixième place sur la Course de Côte de Vuillafans : « C’est un tracé sur lequel il faut avoir vraiment un gros cœur (Mylénia employait une autre expression que l’on peut difficilement retranscrire, Ndr) » lâche-t-elle dans un éclat de rire. « Je m’en suis vraiment rendu-compte avec le Revolt et je me suis fait un plaisir de fou en étant en plus dans le coup. » Mais une petite erreur d’inattention sur la dernière ascension viendra un tant soit peu gâcher cette belle prouesse : « Je termine dans le rail et c’est dommage parce que je pense que j’étais en mesure de faire un top 5. Mais ça reste un bon souvenir. »

Ce qui se présentait initialement comme une légère erreur de parcours entraînera des conséquences bien plus importantes que ce que la jeune femme pouvait imaginer. Même si le choc ne paraissait pas réellement violent, le Revolt laissait apparaitre des stigmates importants et Mylénia devait se rendre à l’évidence, son budget n’allait pas lui permettre de poursuivre : « Pour moi ma saison s’arrêtait prématurément. Il était clair que financièrement je n’avais pas le droit à l’erreur cette année, et là je me retrouve dans une situation compliquée parce que j’avais le sentiment d’avoir travaillé tout l’hiver pour aborder cette saison dans les meilleures conditions, et tout s’écroulait. » Dans le clan Bourgeon il n’était pas question que l’aventure s’arrête là, et grâce au travail acharné de Lewis, de Dan et de Fabien, Mylénia pourra se présenter au départ de Dunières : « Ils ont bossé comme des malades durant trois semaines pour que je ne sois pas dans l’obligation de faire l’impasse sur une épreuve. Un immense merci à eux, à la solidarité de l’équipe. »

Le week-end de Dunières débutait dans la difficulté, Mylénia sera victime d’un petit souci qui la privait de la première montée de course du samedi soir. Mais dimanche elle pouvait se relancer sans problème pour placer son Revolt 2P0 au sixième rang et quitter la Haute-Loire avec une nouvelle Coupe des Dames : « Le reste du week-end se déroule excellement bien, une très bonne remise en jambe que j’ai abordée sans réelle appréhension, même si je savais que là je n’avais vraiment plus aucun droit à l’erreur. Je voulais avant tout valider les réglages après la réparation, et tout s’est passé pour le mieux. »

C’est au huitième rang que l’on retrouvait Mylénia Machado à l’arrivée du Mont-Dore. Dans le Massif du Sancy elle viendra chercher une nouvelle Coupe des Dames : « A nouveau j’ai eu un souci sur la première montée de course avec la casse d’une tulipe de cardan. C’est ma course presque à domicile et j’avoue que sur le moment j’ai eu du mal à digérer la déception. Nous avions organisé un réceptif avec la présence de mes partenaires, et j’étais en panne. » Une fois la déception passée, et grâce au soutien de son équipe, Mylénia pouvait être au départ dimanche matin : « Une nouvelle fois je dois remercier Lewis qui a fait un aller-retour à Bourg-en-Bresse pour aller chercher la pièce défectueuse. Merci également à ma copine Julie et mon ami Charly, qui était présent de loin, et qui a permis de réduire le trajet. »

Dimanche, Mylénia Machado pourra offrir cette huitième place à ses partenaires et aura la satisfaction d’avoir pleinement réussi son week-end auvergnat : « Je pouvais difficilement espérer mieux parce que lorsque l’on se loupe sur une montée au Mont-Dore on prend un train de retard. C’était important pour moi de ne rien lâcher et de permettre à mes partenaires de me voir sur le podium avec la Coupe des Dames. »

Deux cents mètres… C’est la distance que parcourra Mylénia Machado sur la Course de Côte de Turckheim avant qu’une casse de turbo ne l’oblige à abandonner : « On avait enchainé les petites déceptions, mais celle-là elle sera énorme », reconnait la Bourbonnaise. « J’attendais vraiment ce rendez-vous qui permet, sur la plus longue épreuve de la saison, de faire du roulage. Et tout se termine deux cents mètres après le départ. Hyper frustrant, mais on peut difficilement prévoir les casses mécaniques qui font partie du sport automobile. »

La dernière confrontation de la saison n’offrira pas à Mylénia l’occasion de faire réellement la fête même si elle repart de Limonest avec une nouvelle Coupe des Dames : « J’étais grippée, l’auto n’était pas performante avec le nouveau turbo, c’est le genre de week-end où rien ne va comme tu veux et sur lequel tu n’es absolument pas en confiance. »

Second titre consécutif de Championne de France
La saison de Mylénia Machado a été marquée par des hauts et des bas. Les performances de premier ordre ont succédé à des déconvenues. Au prix de gros efforts, la Bourbonnaise remporte son second titre consécutif de Championne de France de la Montagne en ayant accumulé les victoires dans la classe E2-SC/2 et en ayant remporté à neuf reprises la Coupe des Dames. On la retrouve à la neuvième place du Championnat Sport, un résultat probant pour une première saison au volant du Revolt 2P0 : « Je reconnais que ce fut une saison difficile, qui a nécessité de travailler énormément. Finalement l’apprentissage s’est plutôt bien passé. A mi-saison j’occupais la cinquième place du championnat, mais des soucis mécaniques me font dégringoler à la neuvième position en fin de saison. C’est toujours un peu frustrant, mais ça fait partie du jeu. Mais j’ai la fierté de décrocher à nouveau le titre de Championne de France, ce qui n’était pas gagné d’avance et ce qui est important pour mes nombreux soutiens. »

Des soutiens à qui la double Championne de France ne manque pas rendre hommage : « Je tiens à remercier en priorité mes partenaires qui m’ont soutenu dans ce changement de catégorie : Clem’s Auto, Domaine de Lascamp, Garage Europneus Fernandes, SARL Vieira David, Thierry Simond, Desmoules Pose, Allier TP, Calard Recyclage, Climcop, Rapid Pare-Brise Montluçon, Limousin Pièces Auto Limoges, Garage Delarbre, Acto Intérim Montluçon, Justo Particuliers, SARL Guareton, Nicolas Millet Photography, Point S Montluçon - Néris-les-Bains, Colas Montluçon, DEKRA Montluçon, Ville de Montluçon, Isocombles Montluçon, PUM, RJFM, Rédaction RMB. Je tiens également à remercier l’équipe LMJ Technology pour son accompagnement durant cette saison, ainsi que mes parents, ma famille, mes amis et mes collègues de la maternité. Une mention spéciale à Lewis, Cindy, Julie et Charly, ainsi qu’à Fab et Dan Bourgeon. »

Mylénia Machado ne cache pas que compte tenu de ses résultats de début de saison, elle espérait être en mesure d’offrir à ses partenaires une place dans le top 5 à l’issue de sa campagne de France 2025. Et si elle n’y est pas parvenue, ce n’est peut-être que partie remise : « Je vais me relancer en 2026 avec le Revolt 2P0 après avoir fait un gros travail de révision et de mise au point de la voiture durant l’intersaison. Notre priorité sera d’optimiser la voiture pour défendre pleinement mes chances en 2026. Mon souhait est d’être présente sur l’intégralité des manches du championnat, et si ça fonctionne tenter d’accrocher quelques podiums », conclut la Championne de France dont la motivation n’est jamais entamée.

 

©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Mylénia Machado.

 


← Retourner à la liste d'articles