Pas de réel objectif pour Pierre Courroye cette saison

Son titre de Champion de France de la Montagne 2017, et ses victoires remportées l’année dernière, faisaient de Pierre Courroye un prétendant au titre. Mais le jeune Franc-Comtois, qui a fait du circuit sa priorité, ne s’était pas donné comme objectif de coiffer une nouvelle couronne. Ses victoires acquises en début de saison lui donnent entière satisfaction, même si elles ne se concrétisent pas par un titre.

Le fait de ne pas avoir d’ambitions particulières en Courses de Côte cette saison, n’incitait pas Pierre Courroye à changer de monture. D’autant que la McLaren MP4 12C au volant de laquelle il a remporté le titre en 2017, lui a permis de remporter pas moins de neuf manches du Championnat en 2018, et de terminer la saison en position de Vice-champion.

Dans l’esprit de Pierre, il était très clair que sa priorité était de s’investir pleinement sur le Championnat de France GT en Circuits, qu’il abordait cette saison au volant d’une Alpine A110 du Team Speed Car : « Pour ce qui est de la côte, j’avais juste l’envie de prendre part aux épreuves qui me plaisaient au volant d’une McLaren avec laquelle je me sens en parfaite osmose », confie Pierre. « J’ai la chance de bénéficier d’un support technique de McLaren, et je voulais donc me faire plaisir entre deux épreuves disputées en circuit. »

En début de saison, Pierre Courroye savait qu’entre les séances d’essais et les meetings, son implication en circuit ne lui laisserait que peu de temps à consacrer à la côte : « Je savais que je pourrais m’aligner à Bagnols-Sabran et au Col Saint-Pierre qui se déroulaient à la suite, puisque je devais laisser ma voiture dans le Gard. Abreschviller se situe à 2 heures de la maison, et je pouvais m’y rendre sans problème. J’ai loupé Thèreval – Agneaux, me suis rendu à La Pommeraye qui est une course que j’apprécie réellement et ensuite j’ai poursuivi par Saint Gouëno. »

A l’approche de la mi-saison, Pierre Courroye pointait en tête du Championnat, ce qui bien évidemment le motivait à s’engager, malgré un emploi du temps chronophage en circuit, sur les épreuves suivantes : « Il paraissait alors évident que je revois mes objectifs à la hausse en pensant qu’il y avait peut-être quelque chose à jouer. Mais je restais dans l’esprit du début de saison, c’est-à-dire que j’abordais les épreuves au coup par coup, en fonction des changements de planification de mes séances d’essais en circuit, sans réellement faire de plan. »

Autre sujet de motivation pour Pierre, la collaboration mise en place avec Michelin, avec qui il comptait faire évoluer les gommes disponibles en Courses de Côte : « J’avais eu l’occasion de tester les nouveaux pneus lors de la Montée de Légendes, sur le Col de la Faucille, et nous avions décidé de poursuivre notre collaboration durant cette saison. Ça me tenait à cœur de tester ces nouveaux pneumatiques sur différents tracés. »

Des succès, pour le plaisir !
Excepté quelques réglages de set-up et la révision de la hauteur de caisse, c’est dans la configuration qu’il avait laissé sa McLaren en fin de saison 2018 que Pierre la retrouvait pour prendre part à la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Une manche d’ouverture sur laquelle le jeune Franc-Comtois signait une large victoire : « Je pensais sincèrement, grâce aux nouveaux pneumatiques Michelin, faire évoluer le record. Mais là c’est plus qu’une évolution puisque je l’améliore de trois quatre secondes, soit une seconde au kil’ de mieux. J’étais vraiment ravi de ma course et de nos échanges. Et puis c’est toujours un plaisir de venir à Bagnols-Sabran, pour la belle organisation et parce que les organisateurs sont vraiment sympathiques. »

La McLaren restait dans le Gard entre les deux premières épreuves de la saison, et Pierre retrouvait donc le volant de sa monture sur le Col Saint-Pierre, manche du Championnat d’Europe : « C’est une épreuve que j’apprécie énormément et qui propose un tracé radicalement différent de celui de Sabran. Le parcours est rapide et convient parfaitement à la McLaren, et pour être honnête, je pensais nettement améliorer mes chronos des années précédentes. J’avoue que j’ai connu une petite déception car même si je fais mieux qu’auparavant et que je m’impose, je ne réalise pas les chronos que j’espérais en comparaison de ce que j’avais fait à Sabran. »

A Abreschviller, Pierre Courroye allait connaitre un week-end de galère, avec une McLaren qui avait bien du mal à s’extraire de la ligne de départ. Fortement pénalisé par ses lancements en course, le Franc-Comtois devait se résoudre à la deuxième place : « Sous la pluie je suis plutôt à mon affaire. Il y a deux ans, à Saint Gouëno, je me souviens avoir signé le quatrième temps scratch, Sport et Production confondus, sur une montée sous la pluie. J’étais donc en confiance… Mais la McLaren est conçue à l’origine pour des départs lancés lorsqu’elle évolue en GT3. Le premier rapport tire jusqu’à 110 km/h, et le ralenti se situe aux alentours de 25 à 30 km/h. Je suis donc dans l’obligation de faire patiner les roues sinon je ne m’élance pas. Et sur le mouillé, avec une route froide, c’était l’enfer ! Je perdais deux dixièmes au départ, et à l’épingle qui est pour moi un second départ. Sur un tracé long d’à peine 2 kilomètres, il est impossible de rattraper le temps perdu. J’avais beau me battre sur le haut du parcours, ça n’a pas suffi pour aller chercher la victoire. C’est frustrant, mais je ne pouvais vraiment pas lutter. »

A La Pommeraye, c’est avec plus de trois secondes d’avance, au cumul des deux meilleures montées, que Pierre ira chercher un nouveau succès : « Je réalise un chrono en 57'928, ce qui est un nouveau record, et j’ai passé un magnifique week-end avec Francis (Dosières), Jeannot (Natter, son mécano) et toute l’équipe. Ce sont vraiment des moments privilégiés que de passer des week-ends à leurs côtés. »

S’il remporte un nouveau large succès à Saint Gouëno, Pierre ne garde pas que d’excellents souvenirs de sa visite en Bretagne : « L’organisation est top, il n’y a rien à redire de ce côté-là », tient à préciser Pierre. « Après, concernant le déroulement sportif, j’ai eu quelques déboires qui m’ont contrarié. Lors des essais, au freinage de la dernière épingle, il y avait du sable sur la route et il n’était pas signalé par un drapeau de changement d’adhérence. Je me suis bien évidemment fait piéger et j’ai touché le rail. J’endommage le côté droit de la McLaren et nous avons dû passer la soirée à réparer, ce qui m’a privé de la première montée de course disputée le samedi… Dimanche, la première montée s’est bien passée, mais par la suite la pluie a fait son apparition et j’ai bien craint de ne pouvoir rivaliser avec ceux qui avaient déjà deux chronos à leurs actif. Je me suis alors dit que même si j’avais pris du plaisir, je perdais le bénéfice d’un excellent chrono signé le matin. Finalement, la route a séché et je suis parvenu à m’imposer, donc ça se termine bien. »

A Marchampt, Pierre Courroye allait devoir batailler ferme pour venir à bout d’un Nicolas Werver toujours à son affaire sur ce tracé : « Aux essais j’avais une belle avance, tout allait bien. Mais dimanche, Nico (Werver) et Yannick (Poinsignon) ont réalisé des prouesses. Dimanche matin, je n’ai pas pris part à la première montée d’essais, et j’ai donc assisté aux débats en spectateur. J’ai alors pris conscience que Nico et Yannick allaient très vite sur une portion rapide du parcours. Ils m’ont impressionné et je savais que la baston allait être intense. Ce fut le cas, puisqu’au final je ne m’impose que de trois dixièmes après avoir vraiment tout donné. »

La victoire à Marchampt offrait à Pierre un regain de motivation, d’une part parce que la combativité de ses adversaires directs ne pouvait que l’inciter à faire étalage de son talent. D’autre part parce qu’au passage de la mi-saison, il occupait la tête du Championnat : « Il était alors logique de revoir mes participations à la hausse, voir s’il était possible d’aller chercher quelque chose. »

Et ce qu’ira chercher Pierre Courroye en premier lieu c’est un succès en Franche-Comté, sur la Course de Côte de Vuillafans : « C’est le tracé qui offre le plus de montée d’adrénaline. Et même s’il n’est pas le mieux adapté à la McLaren, je prends énormément de plaisir. Cette année je n’ai pas amélioré mon record de l’an dernier, mais il faut avouer qu’en 2018 j’étais allé chercher un énorme chrono. »

Fin de saison prématurée
A Dunières, Pierre sera victime d’une casse d’embrayage qui sera à l’origine de nombreuses déconvenues : « Nous sommes parvenus à le changer, McLaren m’en ayant renvoyé un. Le lendemain matin au démarrage, j’entends un bruit suspect, et au moment d’enclencher la première il ne se passe rien. Nous avons redémonté, tout contrôlé et tenté de repartir. Et là, même bruit métallique et toujours dans l’impossibilité d’enclencher une vitesse. En redémontant une troisième fois, nous avons constaté que l’arbre primaire tournait dans le vide. En fait, McLaren m’a envoyé un embrayage de McLaren 650S alors que la mienne est de la génération qui précède et l’embrayage est à peine plus gros. Celui que j’ai reçu ne convenait pas et de ce fait l’arbre primaire tournait dans le vide. »

Contraint à l’abandon, Pierre ne pouvait être que frustré alors qu’il venait de signer un nouveau record sur la première montée. A l’issue de cette épreuve, afin de satisfaire la demande des organisateurs, le jeune Franc-Comtois prenait part à la Course de Côte du Mont de Fourches, l’épreuve la plus près de chez lui : « Et là je gagne mais je casse une pompe à huile. On était à une semaine du Mont-Dore, et chez McLaren on m’a expliqué qu’avec l’appui du staff de mécanos de McLaren, il fallait au moins deux jours pour réparer et je n’avais à ce moment-là que Jeannot (Natter) de disponible. Même si Jeannot se donne toujours à 200% pour que je puisse être compétitif, là ça s’avérait mission impossible. »

« Après, il s’offrait à moi la possibilité de disposer d’une pompe à huile d’occasion sous 24 heures, mais pour avoir une pompe neuve, il fallait attendre trois semaines. Nous avons donc préféré en rester là et attendre de recevoir la neuve », précise Pierre.

De plus, son programme en circuit l’empêchait d’être à Chamrousse, puisqu’une séance d’essais était programmée ce jour-là, et Pierre ne pourrait pas être à Limonest qui se déroulait le même week-end que l’épreuve de Magny-Cours en circuit, il voyait donc ses quelques chances de remporter le titre réduites à néant : « De ce fait, je n’avais plus de raison d’aller à Turckheim, et j’ai préféré mettre un terme à ma saison. »

Courte saison, mais bilan largement positif
A l’heure de faire les comptes, c’est à la quatrième place du Championnat que l’on retrouve Pierre Courroye. Une position pour lui anecdotique, car ce que veut avant tout retenir le jeune Franc-Comtois c’est que le bilan de cette saison reste largement positif : « J’ai remporté six épreuves, et j’ai surtout passé d’excellents week-end en compagnie de toute l’équipe à Francis Dosières, avec Philippe Marion que je coache sur chaque épreuve. Le plaisir était au rendez-vous et c’était pour moi l’essentiel. Pour quelqu’un comme moi qui n’avait pas de réel objectif en début de saison, je ne peux être que satisfait. »

A l’heure de faire le bilan, Pierre Courroye a une pensée pour ceux qui étaient à ses côtés : « Je remercie le département GT de McLaren pour son précieux soutien technique, McLaren Zurich (Martina Merki et Rodrick Pike). Je remercie également toute l’équipe du Team Garage Dosières et plus particulièrement Francis Dosières et son fidèle mécano Jeannot Natter. La société Lattesso (Erich Kienle et Edwin Stucky), les pneumatiques Michelin et plus particulièrement José Nunez et Philippe Planeix, les huiles Motul et plus particulièrement David Calmet, La société Racing Lubes, Cyril Labes Immobilier, la société Citeos, la société Satelec du groupe Fayat. Je remercie également le Team Speedcar de Pascal Destembert pour la confiance accordée. Pour finir, je remercie également toute les personnes qui m’ont soutenu durant toute la saison, mes amis, ma famille. »

Côté circuit, c’est au volant d’une Alpine A110 du Team Speed Car que Pierre Courroye prenait part au Championnat GT4. Neuvième de la série l’an dernier, il espérait réaliser cette année encore quelques résultats probants : « Nous étions cette année plus de quarante participants, et j’attendais beaucoup de cette saison parce que j’étais persuadé que l’Alpine me conviendrait mieux que la Ginetta avec laquelle j’évoluais l’an dernier. Ce fut le cas. »

L’auto typé karting permettait à Pierre d’en tirer sa quintessence, et dès les essais préparatoires sur le circuit du Pôle Mécanique d’Alès, il avait de très bonnes sensations. Cette saison, c’est avec Rodolphe Wallgren, vainqueur du Championnat amateur l’an dernier, qu’il allait partager le volant de la belle.

La saison débutait à Nogaro où les deux hommes terminaient neuvième de la première course et dixième de la seconde : « On a cassé un embrayage lors des qualifs ce qui nous a obligé à nous élancer des stands. Donc au final le résultat n’est pas si mal puisqu’on rentre dans le top 10 et qu’on marque des points. »

A Pau, après avoir terminé 27ème de la première course, Pierre sera pris dans un énorme carambolage sur la seconde. A Lédenon, un abandon précédera une belle sixième place. On retrouvait ensuite l’équipage à Spa-Francorchamps où il se classait 14ème et 11ème des deux courses disputées sur le circuit belge. Mi-septembre, c’est à Magny-Cours que Pierre Courroye et Rodolphe Wallgren placeront leur Alpine à la onzième place avant d’abandonner sur la deuxième course.

La saison se terminait en ce week-end des 12 et 13 octobre au Paul Ricard, où pour l’occasion Pierre faisait équipe avec le pilote Russe Dmitry Gvazava. Lors des qualifs, Pierre signait le cinquième temps, « ce qui est très satisfaisant compte tenu du plateau très relevé avec plus de 40 voitures. » Les deux hommes devront malheureusement renoncer lors de le première course, avant de classer leur Alpine au 15ème rang de la seconde.

« Côté circuit, le bilan de la saison n’est pas aussi bon que celui de l’année précédente car nous avons connu notre lot de problèmes. Mais bon, j’ai tout de même vécu une belle saison et j’ai hâte de retrouver le volant l’an prochain », confirme Pierre.

La saison 2020 devrait encore principalement être axée sur le circuit : « Même si je pense faire quelques apparitions en Courses de Côte », conclut Pierre Courroye.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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