La jeune iséroises défie ses homologues masculins

Meilleure féminine sur le Finale de la Coupe de France de la Montagne à deux reprises, double Championne en 2ème Division… A moins de 30 ans, Emeline Bréda s’est déjà construit un enviable palmarès. Il ne lui manquait qu’une victoire scratch, c’est chose faite, puisqu’elle a remporté cette saison la Course de Côte du Luc, et a une nouvelle fois tenu la dragée haute à ses homologues masculins sur les épreuves du Championnat de France.

Depuis 2017, c’est au volant d’une Dallara F307 que Emeline Bréda se partage entre épreuves régionales et manches du Championnat de France de la Montagne. Une F3 qui semble pleinement lui convenir et dont elle a pris la mesure au fil des saisons.

Si Emeline a incontestablement progressé durant ces dernières années, sa monoplace a également évolué, et ce grâce aux mains expertes de David Guillaumard : « Il a pris en charge ma F3 et a réalisé un excellent travail dessus. Durant la pause hivernale, nous l’avions ramené chez lui, et une nouvelle fois il a apporté des évolutions qui me permettent de disposer d’une auto non seulement à ma convenance, mais également plus performante. »

Un des rares effets positifs du confinement qui débutait au mois de mars, c’est qu’il permettait à David Guillaumard de prendre le temps de peaufiner les évolutions apportées à la Dallara F307 : « Il a travaillé notamment sur l’aérodynamisme, et grâce à cela je disposais cette année d’une voiture au top… J’avais le sentiment jusqu’alors de ne pas être parvenue au bout de la voiture, cette saison 2020 me l’a confirmé. »

Au mois de juillet Emeline prenait part à la journée d’essais organisée par Nicolas Schatz sur le Circuit du Bourbonnais, ce qui lui permettait de mieux cerner les évolutions de sa monoplace : « J’avoue que cela m’a fait un bien fou parce que j’avais peur, après une pause aussi longue – cela faisait presque 1 an que nous n’avions pas roulé – d’avoir des difficultés à retrouver les automatismes. Mais finalement ces essais ont été hyper concluants, j’ai signé des chronos que je qualifierais d’inespérés, donc c’était nickel ! » lâche Emeline qui ne se départit jamais de son sourire.

A la découverte du Mont-Dore et de Turckheim
Emeline Bréda allait devoir partir cette année à la découverte de deux des trois épreuves inscrites cette saison au calendrier du Championnat de France de la Montagne. En effet, la jeune iséroise n’avait jamais eu l’occasion d’arpenter les tracés du Mont-Dore et de Turckheim : « Je faisais donc de cette découverte mon objectif prioritaire. La raison principale qui m’a motivé cette année à m’engager sur le Championnat, c’est réellement de découvrir ces deux courses qui jouissent d’une belle réputation. Après, en termes de résultats, je n’avais pas de prétention particulière. »

Enthousiaste, Emeline avoue avoir trouvé fabuleux le tracé de la Course de Côte du Mont-Dore : « C’est vraiment génial, je me suis réellement éclatée » lâche-t-elle. « C’est certainement une course que je referai », ajoute-t-elle en ne cachant pas qu’elle avait beaucoup travaillé en amont : « J’ai visionné des caméras, j’ai pas mal reconnu et David (Guillaumard) m’a donné de précieux conseils, et notamment des points clés qu’il faut constamment garder à l’esprit. »

D’entrée de jeu, sur une épreuve qu’elle découvrait, Emeline Bréda allait affoler les chronos en se positionnant, samedi à l’issue de la première montée de courses, en tête de sa classe : « C’est quand même cool », confie-t-elle dans un nouvel éclat de rire. Mais malheureusement, l’Iséroise n’allait pas pouvoir capitaliser sur cette première ascension : « Sur la deuxième montée de course, je me fais arrêter tout en haut du parcours sur un drapeau jaune, ce qui m’oblige à me relancer. Et là, je m’élance derrière Geoffrey (Schatz) qui est parti à la faute, ce qui m’oblige à m’arrêter une nouvelle fois en haut du parcours. J’avais alors 10 kilomètres dans les pneus et je sentais bien que la tenue de route en était affectée. J’ai donc préféré ne pas prendre de risque et ne pas me relancer une troisième fois. Je sais qu’en allant chercher un chrono, j’aurais été contrainte de prendre des risques. »

Dimanche, Emeline allait une nouvelle fois se mettre en valeur en terminant au pied du podium de la F3 dans le sillage de Didier Brun, d’Arnaud Cholley et de Fabien Ponchant : « Avec Arnaud on a bataillé jusqu’à la dernière montée pour la troisième place. Finalement je prends l’habitude de me battre avec la famille Cholley, que ce soit avec Arnaud ou avec Patrick, son père, et c’est plutôt très cool… Ce sont vraiment des adversaires super sympas et c’est très plaisant de se battre sur la piste, et le soir de boire un coup ensemble, le vainqueur payant sa tournée. »

Toute première victoire scratch
A l’issue du Mont-Dore, Emeline Bréda mettait cap au Sud, pour aller faire une petite visite dans le Var à l’occasion de la Course de Côte du Luc en Provence. Et sa participation à cette édition 2020 allait marquer les esprits, puisqu’elle se soldait par sa toute première victoire scratch. Un succès obtenu devant notamment de talentueux pilotes locaux, tels que Thomas Clausi et Jérémy Debels : « Evidemment c’est mon meilleur souvenir de la saison. Une première victoire scratch c’est quelque chose de fabuleux, surtout après avoir livré de magnifiques combats avec les garçons tout au long de la journée. Devancé Thomas Clausi, qui est pour moi une référence en F3 et qui en plus roulait chez lui, c’était incroyable ! » La performance est d’autant plus notoire que ses adversaires du jour avouaient avoir réalisé à l’occasion de cette édition, leurs meilleurs chronos sur cette épreuve. « Pour moi le résultat est donc juste génial ! L’ambiance avec mes concurrents était extraordinaire, j’en garde un fabuleux souvenir », commente Emeline.

Après le Var, c’est en Alsace, du côté de Colmar, que l’on retrouvait Emeline Bréda à l’occasion de la Course de Côte de Turckheim : « Là encore je découvrais, et je ne cache pas que ce fut très dur. Le tracé est beau, mais qu’est ce qu’il est difficile. J’ai eu du mal à me mettre dedans tout au long du week-end, cela se ressent sur mes chronos. En fait, j’ai eu le sentiment que certains virages sont fourbes et que l’on peut se faire facilement piéger. Il faut vraiment bien connaitre pour aller vite. J’avais pourtant bien travaillé sur les vidéos, bien reconnu, mais ça n’est pas suffisant », estime Emeline qui termine samedi sixième de sa classe et septième le dimanche.

Sa dernière participation à Bagnols-Sabran en 2019 avait laissé à Emeline d’excellents souvenirs. C’est donc avec un réel plaisir qu’elle retrouvait le tracé gardois, mais une météo peu clémente allait sérieusement perturber les débats : « J’aime quand c’est sec, ou alors quand c’est totalement humide, mais le mix des deux ne me convient pas. Je déteste quand on doit composer avec une route où l’on a du mal à trouver ses repères, en essayant de garder à l’esprit où se situent les parties grasses et les zones sèches. »

De ce fait, Emeline n’était pas foncièrement à son aise tout au long de se week-end passablement perturber par la pluie. « Et mes chronos s’en ressentent. Ce ne fut pas un super week-end, même si Bagnols-Sabran reste une magnifique course sur laquelle les sensations sont énormes, notamment sur le final », analyse l’Iséroise qui samedi, remporte tout de même la Coupe des Dames à l’issue de la première course.

Quatrième du Challenge Open F3
A l’heure de faire le bilan, Emeline Bréda occupe la 4ème place du Challenge Open F3, la 6ème place du Championnat 2ème Division, et termine deuxième féminine sur les deux Championnats, derrière Cindy Gudet qui évolue au volant d’une Tatuus Formula Master : « J’estime avoir fait un beau début de saison au Mont-Dore, et j’avoue être un peu déçue des mes performances à Turckheim et à Bagnols-Sabran. Mais j’ai découvert de belles épreuves, et déjà le fait d’avoir pu rouler est tout de même une excellente chose. »

Lorsqu’on rappelle à Emeline Bréda que 2020 restera dans les annales comme la saison de sa toute première victoire scratch, l’Iséroise reconnait en effet que la Course de Côte du Luc fut le point d’orgue de sa saison : « Oui, évidemment, ça restera à jamais gravé dans mon esprit. »

Ce succès, et tout les bons moments vécus cette saison, la souriante Iséroise veut les partager avec ceux qui sont constamment à ses côtés. Ses premiers remerciements vont vers Brigitte et Gilles, ses parents : « C’est grâce à eux que je cours, qui sont derrière moi tous les week-ends et sans qui je ne pourrais pas réaliser ce que je réalise. Un immense merci à Jessica (Masson) et David (Guillaumard) qui fait un magnifique travail sur la voiture, à Pierrot Vian et Christiane. Merci également à ma sœur Mélanie et à son mari Aurélien, ainsi qu’à Marvin. Merci à mes superbes sponsors : AMD Auto, Villeton Entreprise, Fab Dif, N.C.D Transport, Péron Maçonnerie, H.L.G Service, Vival à Châbons, S.I.P à Châbons, Chris graphique, Garage Vittoz, Taxi Simard, Danthon Matériaux, Entreprise Breda peinture et plafond tendu, M4W. Je profite de l’occasion pour adresser mes remerciements à tous les commissaires au bord des routes, ainsi qu’aux photographes et vidéastes qui nous font toujours de très belles photos et vidéos. Merci aux organisateurs qui ont pu nous faire rouler cette année. Merci au Team les Galapiats pour ce qu'ils m'ont apporté. »

Si Emeline Bréda a la certitude de repartir en 2021 au volant de sa Dallara F307, en revanche rien n’est encore défini concernant son programme : « Je suis aujourd’hui dans l’incapacité de dire si je repars sur le championnat, si je me concentre sur des épreuves régionales ou sur la 2ème Division. Il faut que j’étudie ce qui est le plus judicieux de faire. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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