Une première saison qui en appelle d’autres

Impliqué dans le sport automobile en circuit depuis de nombreuses années, en tant que pilote et team manager, Thierry Tierce revenait cette saison à la côte au volant de sa Seat Léon Supercopa. Une saison de découverte du championnat durant laquelle il n’a pas manqué d’aligner les bons chronos, et de savourer pleinement les combats qu’il a livrés.

Enfant, du haut de ses 10 ans, Thierry Tierce savait déjà quel serait son avenir… Il serait mécanicien ! Même s’il n’est pas issu d’un milieu où la mécanique était au centre des préoccupations, il se découvrait très tôt une passion pour les automobiles sportives. Tout gamin, il se rendait sur le circuit de La Châtre, proche de chez lui, pour voir évoluer les bolides dont le vrombissement des moteurs ne pouvait le laisser indifférent.

Compétiteur dans l’âme, s’il ne pouvait pas assouvir sa passion pour le pilotage, c’est dans le club de football de Saint-Amand-Montrond que durant une vingtaine d’années il dépensait son trop plein d’énergie. Devenu mécanicien, Thierry Tierce créait son propre garage, avant d’étendre son activité à d’autres infrastructures, pour disposer aujourd’hui d’un groupe qui couvre plusieurs villes dans la périphérie de Bourges. Mais dans sa prime jeunesse, ses occupations professionnelles ne permettaient pas à Thierry de consacrer du temps à la compétition.

Des débuts tardifs mais très impliqués
C’est donc en 2007, la quarantaine passée, que Thierry se lançait dans le sport automobile : « J’ai monté une Renault Clio 16S pour faire du slalom », se souvient-il. « J’avais en fait un copain qui roulait en slalom et qui m’avait sollicité pour que je l’aide à financer sa saison. Et de fil en aiguille, nos discussions tournant autour du sport auto, je me suis lancé à mon tour. »

Après deux saisons passées au volants de sa Clio 16S à sillonner slaloms et courses de côte de sa région, Thierry Tierce décidait de changer de monture : « J’ai alors acheté une Renault Clio 2 Cup avec laquelle j’ai fait une saison avant de me tourner vers la Clio 3. »

La saison 2010 sera pour Thierry marquante à plus d’un titre. Car s’il avoue avoir fait cette année-là de belles performances, avec notamment une victoire en Groupe A sur la Course de Côte de Sancerre, il est surtout resté marqué par la disparition de Daniel Moimeau, victime d’un tragique accident sur la Course de Côte de Bonnes : « J’avoue que j’ai alors pris un énorme coup au moral. Dans la foulée, je me suis engagé pour ma première participation sur le Mont-Dore et j’étais accompagné par mes jumeaux (Corentin et Pierre). A cette occasion, ils ont eu la chance de croiser Lionel Régal qui était alors l’idole de mes deux fils… Quinze jours après, il se tuait sur la Course de Côte de Saint-Ursanne. A ce moment-là j’ai décidé d’arrêter la course de côte car je ne voulais surtout pas que mes enfants aient envie de suivre mon exemple. »

Conscient qu’il avait transmis sa passion à ses jumeaux qui faisaient alors leurs premiers pas en karting, Thierry Tierce décidait de se tourner vers le circuit, discipline réputée plus sécurisée que la course de côte : « J’ai alors acheté une Clio 3 Cup avec laquelle j’ai roulé de 2011 à 2014. Cela m’a permis de me faire énormément plaisir et d’améliorer mon pilotage. D’autant qu’avec mes fils qui participaient à des courses de kartings, nous avons en 2011 ou 2012 pris part à 19 week-ends de compétition. »

Création du Tierce Racing
Changement radical en 2015 puisque Thierry délaissait le volant pour se consacrer à un nouveau rôle, celui de manager au sein de sa propre équipe, le Tierce Racing : « Dès 2014, nous avons intégré la Twin’Cup et à l’âge de 16 ans, mes fils ont monté leur propre Twingo pour participer à cette compétition qu’ils ont terminé aux troisième et quatrième places. Ensuite, en 2015, j’ai donné ma Clio à Pierre, et Corentin disposait de sa voiture. Cela leur a permis de participer à la Coupe de France aux volants de Clio 3 Cup. » A l’issue d’une saison qui avait vu évoluer une soixantaine de participants, Corentin accrochait la septième place juste devant son frère.

En 2017, Thierry Tierce décidait d’accroitre son implication en circuit. Pour cela, il se portait acquéreur d’une structure plus importante et de voitures neuves mise à la disposition de ses clients : « Durant trois ans, nous avons joué les premiers rôles dans le cadre de la Clio Cup », rappelle le Team Manager. Corentin remportait pour sa part le titre Junior en 2018.

L’aventure aurait alors pu se poursuivre, mais fin 2019, Renault mettait un terme à l’exploitation de la Clio 4 Cup pour la remplacer par la nouvelle version, la Clio 5 Cup. « Mais aucun de mes clients ne souhaitaient évoluer vers ce modèle, et de ce fait j’ai concentré mes efforts uniquement sur Corentin, seul à courir en Clio 5. Il a alors intégré une nouvelle équipe, ce qui m’a permis de me libérer du temps et d’envisager de passer à autre chose. »

Si sa position de patron d’une équipe lui permettait d’assouvir sa passion pour la compétition automobile, elle le laissait éloigné du volant. Et le manque ne tardait pas à se faire sentir : « Je n’apprécie pas vraiment de vivre la compétition en spectateur, il me faut être acteur sinon ça ne me convient pas », reconnait Thierry. A ce moment-là, il disposait de trois Clio Cup mises à la vente, et une d’entre elles sera échangée contre une Seat Léon Supercopa MK2 : « J’avais eu l’occasion d’essayer cette voiture et j’avoue que ça m’a bien plu. L’opportunité se présentait d’en acquérir une, et comme avec mon copain Jean-Pierre Pope nous nous étions dit qu’un jour nous ferions le Championnat de France de la Montagne ensemble, je me suis lancé. »

Une certaine appréhension se faisait ressentir au moment d’effectuer les premiers essais au volant d’une Seat plus puissante qu’une Clio, et qui nécessite de maîtriser le freinage du pied gauche : « Mais finalement je me suis très rapidement senti à mon aise avec cette voiture », confie Thierry qui a eu l’occasion de rouler en essais sur les circuits de Lurcy-Lévis, de Mornay à Bonnat, et à Magny-Cours.

C’est donc au volant d’une Seat Léon Supercopa avec laquelle Thomas Chavot avait remporté le Groupe A à Urcy en 2018 sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, que Thierry entamait à La Pommeraye une campagne de France avec comme objectif de découvrir les épreuves : « Excepté le Mont-Dore, je n’avais jamais pris part à aucune épreuve du championnat. J’abordais donc cette saison 2021 avec le souhait de me familiariser avec les tracés et évidemment de me faire plaisir. »

Sensations et résultats au rendez-vous
La première découverte se fera donc sur le tracé angevin de La Pommeraye qui ne manquait pas d’impressionner Thierry : « Les conditions étaient difficiles et le parcours assez rapide, et en début de week-end cela ne me paraissait pas évident à aborder. Mais j’étais très à mon aise au volant et j’ai rapidement trouvé le rythme. Et quand j’ai vu que Geoffroy n’était pas loin devant moi, ça m’a bien motivé. Pour un début de saison, je suis content du résultat et du fait de m’être bien pris au jeu », reconnait Thierry qui terminait deuxième de sa classe derrière Geoffroy Bouhin.

Au moment de se lancer sur l’ascension qui mène de Vuillafans à Echevannes, Thierry Tierce n’était pas totalement dans l’inconnu : « J’ai fait rouler la famille Paget en Clio Cup et nous sommes devenus amis. Ils m’ont rendu un immense service à l’heure de me rendre à Vuillafans en me prêtant une voiture et en me donnant de très précieux conseils. Au fil du week-end j’ai bien cerné la course, et même si j’ai commis une petite erreur sur la dernière montée, tout s’est vraiment bien passé. »

Quatrième d’une classe particulièrement fournie à Vuillafans, Thierry Tierce allait faire de même à Dunières : « Comme tout le monde, on a galéré le samedi avec le brouillard. Et j’avoue que je manquais de grip et que durant tout le week-end j’étais un peu sur la défensive. »

On retrouvait ensuite Thierry sur le Mont-Dore pour sa 10ème participation à l’épreuve auvergnate, le seul rendez-vous du championnat qu’il avait déjà affronté : « J’avais eu l’occasion de faire rouler Stéphane Auriacombe avec une Supercopa sur cette épreuve, et il m’avait dit que ça allait vraiment vite. J’étais donc un peu inquiet. Mais même si je découvrais le comportement de la Seat sur ce tracé, je me suis réellement éclaté. J’ai passé une week-end extraordinaire en terminant dans le sillage de Sarah (Bernard-Louvet) de quoi être pleinement satisfait. »

C’est à Turckheim que devait se terminer la saison de Thierry Tierce qui, malheureusement, enregistrait en Alsace son seul abandon de la saison : « Le fait qu’il bloque la piste avant la course m’a empêché de faire des reconnaissances et je n’abordais pas cette épreuve dans les meilleures conditions. J’attendais réellement mieux de ce rendez-vous, espérons que la prochaine fois ça se passera sans encombre. »

Une implication à long terme !
Sa participation au championnat 2021 devrait en toute logique être la première d’une longue série, Thierry s’étant pleinement épanoui sur les épreuves, au volant de sa Supercopa : « Pour moi qui suis à quelques années de mettre un terme à ma carrière professionnelle, je sais d’ores et déjà de quoi sera faite ma retraite », confie-t-il enthousiaste. « Pour être tout à fait honnête, il y a trois pilotes évoluant sur le championnat pour qui j’ai une certaine admiration, Christian Boullenger, Michel Bineau et Jean-Jacques Maurel. Trois copains retraités qui vivent pleinement leur passion en parcourant la France entre chaque course. Ils sont pour moi des exemples à suivre et je veux leur ressembler dans les années à venir », explique Thierry.

En s’engageant sur le Championnat de France de la Montagne, Thierry savait à peu près à quoi s’attendre et avoue ne pas avoir été déçu : « On retrouve une bonne organisation sur les épreuves, une excellente ambiance dans les paddocks, et c’est pour moi primordial. »

Pour cette saison 2021, Thierry Tierce a bénéficié de nombreux soutiens, et en premier lieu de celui de Corinne son épouse, par qui il débute ses remerciements : « Elle était à mes côtés sur la quasi-totalité des courses. Un immense merci à mes enfants, notamment par l’intermédiaire du Garage Tierce, à Stéphane Auriacombe par le biais de la Société Toucan, à Edgar Faure du Contrôle Technique Sancoinnais. J’en profite pour remercier Jean-Pierre Pope avec qui je m’entends super bien ce qui nous permet de nous rendre de petits services, et c’est vraiment sympa. »

En toute logique on retrouvera Thierry Tierce en 2022 sur le championnat : « J’espère être au départ de six à huit épreuves, normalement au volant de la Supercopa, mais si une opportunité se présentait, il se pourrait que je change de voiture. Nous verrons ! »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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