Le pilote de la Honda Civic enchaîne les succès

Depuis de nombreuses années, Samuel Durassier vient régulièrement défier les animateurs du Groupe F2000 sur les manches du Championnat de France de la Montagne. Pour cette saison 2019, au volant de sa Honda Civic Type R, le Charentais a totalement dominé sa catégorie sur le Championnat pour finalement remporter le Trophée FFSA du Groupe F2000.

Pour les plus anciens passionnés de Course de Côte, le surnom de ’’Dudu’’ résonne encore dans les esprits. C’est ainsi que l’on appelait Alain Durassier, le père de Samuel, pilote assidu de la discipline mais également des rallyes et slaloms durant les années 70 et 80. Dès son plus jeune âge, Samuel ne manquait pas de suivre son père sur les épreuves et de s’imprégnait de l’atmosphère de la compétition.

La passion est parfois inscrite dans les gènes, c’était apparemment le cas chez les Durassier, puisque Samuel se découvrait très tôt un attrait pour le sport automobile. Après avoir suivi durant de nombreuses années son père, Samuel décidait de lui succéder en faisant l’acquisition d’une Citroën AX Sport groupe A, avec laquelle en 1998 il prenait part à ses premiers slaloms : « J’ai conservé cette auto que j’ai fait évoluer en F2000, avant de la vendre par la suite pour acheter une Citroën Saxo Challenge que j’ai monté en Groupe A », se souvient Samuel.

Au fil des saisons, Samuel faisait évoluer sa monture en apportant des évolutions dans divers domaines : « Au final, j’ai modifié les voies pour la configurer F2000, avec un moteur qui initialement devait développer aux alentours de 200 chevaux. » C’est au volant de cette Saxo qu’en 2009, il prenait part à ses premières manches du Championnat de France de la Montagne.

De la Citroën à la Honda…
Depuis, Samuel Durassier est resté fidèle au Groupe F2000, et si la Saxo connaissait à son tour des évolutions en passant en voies larges, elle sera par la suite remplacée par une Honda Civic Type R : « Les premières années sur le Championnat, je m’engageais sur trois ou quatre épreuves durant la saison, les manches les moins éloignées de chez moi. Par la suite, lors des saisons 2011 et 2012, avec la Saxo, j’ai dû prendre part à une dizaine d’épreuves par an, ce qui m’a donné l’occasion de me battre avec Dimitry Nugue qui roulait en Peugeot 106 puis en Ford Fiesta. »

Avec son papa, Samuel décidait pour poursuivre de trouver une auto disposant d’une cylindré plus importante. Ils portaient alors leur choix sur une Honda Civic Type R venues du Rallycross, et qui devait donc être reconfigurées pour la Course de Côte : « Nous l’avons intégralement refaite, sans chercher à avoir un énorme moteur au départ, mais en nous attelant à monter une boîte séquentielle pour fiabiliser l’ensemble. Ensuite, nous l’avons fait évoluer, et à ce jour j’en suis à ma troisième évolution moteur. »

Pour cette saison 2019, en s’engageant sur le Championnat, Samuel Durassier avait pour objectif de partir à la quête du Trophée FFSA du Groupe F2000 : « Mais je savais que j’allais avoir comme principal adversaire Jean Turnel, qui alignait une toute nouvelle Peugeot 206, et qui est un pilote très performant. Malheureusement, une casse moteur au Col Saint-Pierre a mis un terme à sa saison, et je me suis retrouvé un peu esseulé », regrette Samuel.

Bien évidemment, le retrait de Jean Turnel allait contraindre Samuel Durassier à aborder les épreuves plus en gestionnaire qu’en combattant : « Ça devenait un peu moins motivant, même s’il fallait faire le job pour assurer deux montées puisque cette année nous étions classés au cumul. Mais lorsque le dimanche tu avais quatre montées de courses, et qu’à l’issue des deux premières j’avais déjà creusé un écart substantiel, il n’était pas évident de se motiver et de trouver du plaisir alors que je roulais juste pour ne pas casser la voiture. »

Une succession de victoires sur le Championnat
Sa Honda Civic Type R n’étant pas prête au moment de se rendre à Bagnols-Sabran, Samuel Durassier se voyait contraint de déclarer forfait sur la manche d’ouverture de la saison. Mais on le retrouvait par la suite sur la seconde épreuve gardoise, le Col Saint-Pierre, où il remportait un premier succès en F2000 : « Ce fut pour moi un excellent week-end, notamment parce que j’avais prévu d’acheter des pneus et que Michelin m’a proposé de m’en prêter pour faire des tests avec leurs nouvelles gommes. Débuter la saison avec des pneus neufs sans rien avoir à débourser et plutôt très agréable », reconnait Samuel dans un sourire. « Je remercie Michelin qui m’a permis de faire une belle course, en réalisant deux montées dans les chronos réalisés par Jean (Turnel) l’année précédente. De quoi être satisfait. »

Les trois épreuves comptant pour la campagne de l’Ouest étaient cette année inscrites au calendrier de Samuel Durassier, qui à trois reprises viendra s’imposer en F2000. Il signait un premier succès à Thèreval – Agneaux en devançant la Clio de Christian Boullenger : « Sur ce type de tracé court, les nouveaux pneus Michelin sont vraiment performants et j’ai pu réellement signer de bons chronos. De plus j’aime bien le tracé de l’épreuve normande sur lequel je m’étais imposé en F2000 en 2006, à l’occasion de la Finale de la Coupe de France. C’est une épreuve que je connais bien et sur laquelle je prends du plaisir. »

L’an dernier, des douleurs dorsales avaient obligé Samuel à déclarer forfait au moment de s’élancer sur le tracé de La Pommeraye. Le pilote de Charente-Maritime avait donc une envie de revanche à l’heure d’aborder cette 55ème édition. Au final, c’est avec plus de cinq secondes d’avance qu’il remporte son groupe devant la Clio de Matthieu Moimeau : « Il n’y avait pas une grosse concurrence », reconnait-il humblement. « De ce fait je n’avais pas la même intensité d’attaque sur les montées, et il m’était difficile d’aller chercher des records. »

La campagne de l’Ouest se concluait par un nouveau succès du pilote de la Honda Civic à Saint Gouëno, où une nouvelle fois il devançait largement la Clio de Christian Boullenger : « La satisfaction vient du fait que je suis là encore parvenu à améliorer mes temps de l’an dernier. En un sens c’est logique, puisque je suis monté en puissance du côté de la motorisation. Je sais qu’il y a encore du potentiel à exploiter, mais pour cela il faudrait que je dispose d’une réelle concurrence. »

Pour la première et unique fois de la saison, à Vuillafans, ce n’est pas Samuel Durassier qui allait se hisser sur la plus haute marche du F2000. Sur l’épreuve Franc-Comtoise il était en effet devancé de 70 millièmes par la Clio de David Lamarche : « Tout le week-end j’ai dû composer avec des problèmes sur la voiture. J’ai débuté le week-end par une sortie lors des essais. J’ai tordu un bras de direction que nous sommes parvenus à réparer avec Christophe Uny. Ensuite j’ai eu un problème avec une batterie lithium qui m’a lâché… Sur la dernière montée, il me suffisait de faire un temps raisonnable pour, au cumul, m’imposer. Mais je n’ai pas pu prendre le départ car la voiture a refusé de démarrer. Louper la victoire pour 70 millièmes, c’est je l’avoue un peu frustrant. »

Lorsque l’on évoque le Mont-Dore, sa cinquième place et sa victoire en F2000, Samuel Durassier confie qu’il ne faut pas trop s’y attarder : « Elle n’est pas réellement révélatrice lorsque l’on tient compte des conditions météorologiques… Dimanche matin, je savais qu’il fallait impérativement faire un temps car on ne savait pas comment la météo allait tourner. J’y suis parvenu, sans toutefois battre mon record. Après, je suis content de ma montée sur le mouillé avec les nouveaux pneus Michelin, mais pour le reste, ce week-end ne sera pas le plus marquant de la saison. »

C’est à Chamrousse que Samuel Durassier allait conclure sa saison par une nouvelle très large victoire, trente secondes devant son premier poursuivant : « J’étais un peu seul sur cette épreuve, la seule satisfaction c’est que je fais mieux que l’an dernier. Sinon, Chamrousse est une très belle épreuve, avec toutefois des portions très bosselées. »

A son calendrier, Samuel Durassier avait inscrit la Course de Côte de Limonest, mais un manque de budget le voyait contraint de renoncer à prendre part à cette ultime confrontation du Championnat : « Je n’avais rien à gagner, et j’avais pris part aux sept épreuves indispensables pour être classés au Championnat en fin de saison. J’ai donc préféré faire des économies, en sachant que je dispose d’un budget très limité. »

Vainqueur du Trophée FFSA du Groupe F2000
Pour la première fois de sa carrière, Samuel Durassier remporte le Trophée FFSA du Groupe F2000, une consécration qui bien évidemment lui fait plaisir : « Après, j’ai regretté le manque de concurrence, et avec le cumul de deux montées, les écarts sont encore plus flagrants. C’est un peu la double peine ! Pour le reste, j’ai remporté le Groupe sur la Finale de la Coupe de France l’an dernier, je remporte cette année le trophée sur le Championnat, c’est toujours enthousiasmant. Excepté à Vuillafans, je n’ai pas connu le moindre problème avec la voiture, je suis donc très satisfait de ma saison. Mon seul regret c’est de ne pas suffisamment rouler, mais pour cela il faudrait que je dispose de budgets plus importants, mais étant dans une région éloignée des épreuves, il n’est pas évident de trouver des partenaires. »

Même s’il ne croule pas sous les partenaires, Samuel Durassier veut remercier ceux qui l’ont accompagné cette saison : « Je veux avant tout remercier mon père, parti trop tôt et qui m’a transmis cette passion. Merci à ma femme Jennifer et à ma fille Mayline et je n’oublie la famille Dussat, Bernardo et Jeannie, et ’’Patou’’ et les sociétés M3, Raymond Poitevin de Citroën Bourcefranc Le Chapus. »

Samuel Durassier ne cache pas qu’il avait dans l’idée d’acheter une Peugeot 308 Cup pour aborder la saison 2020. Mais là encore, le budget va manquer, et le pilote de Sainte-Soulle sait qu’il va devoir se résoudre à conserver sa Honda Civic : « Je vais essayer de faire évoluer encore un peu ma voiture, notamment avec peut-être une nouvelle cartographie, et je repartirai avec sensiblement le même programme. J’espère juste que la concurrence sera au rendez-vous, ça serait pour moi plaisant d’avoir des adversaires qui viennent me chercher. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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