
La saison 2025 de Yann Durieux fut pour le moins exemplaire. Le Bourguignon a réalisé le sans faute ce qui lui vaut de conserver le Trophée FFSA du groupe GT Sport, de remporter le Challenge Open GT/2 et de terminer à la cinquième place du championnat.
C’est en téléspectateur assidu, qu’aux côtés de son père Guy, Yann Durieux a découvert le sport automobile en suivant lors des dimanches de Grands Prix les duels épiques que se livraient Alain Prost et Ayrton Senna. Mais les Durieux père et fils n’allaient pas se contenter d’assouvir leur passion de la compétition derrière le petit écran. Ils ne manquaient pas de se rendre également sur les bords des spéciales de nombreux rallyes, les montées de courses de côte ainsi que dans les gradins du circuit de Dijon-Prenois.
Si un temps Yann Durieux hésitait à préférer une école de pilotage plutôt que d’intégrer un lycée agricole et apprendre la viticulture, il décidait finalement de suivre le chemin de son père, viticulteur de renom. Au fil des ans, Yann approfondira sa passion pour le vin au point de créer des crus d’une exceptionnelle qualité. Mais l’envie de s’épanouir derrière le volant restait bien présente ce qui poussait le Bourguignon à prendre part à des Tracks Days, puis à du Drift.
A l’approche de la quarantaine, Yann perdait son père, fervent supporter de la marque aux losanges. Et pour lui rendre hommage, Yann allait disputer ses premières compétitions au volant d’une Renault, en l’occurrence une Alpine A110. Sous les conseils de son ami Jean-François Ganevat avec qui il partage la passion du vin et de la vitesse, Yann se portait acquéreur d’une Alpine ex-Francis Dosières. En 2024, il décidait alors pour la première fois de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne, ce qui lui vaudra en fin de saison de remporter le Trophée FFSA du groupe GT Sport… Débuts prometteurs pour le Bourguignon.
2025 pour poursuivre sa progression
Même si la saison 2024 a permis à Yann Durieux de signer de très belles prestations sur les manches du Championnat de France de la Montagne, le Bourguignon considère ne pas encore exploiter pleinement le potentiel de son Alpine A110 Cup : « J’en suis même loin », estime-t-il. « J’ai encore une réelle marge de progression avant d’être dans les temps records du groupe. A mon sens, je me devais d’être au bout de la voiture pour avoir la légitimité de passer dans une catégorie supérieure. »
Difficile d’apporter des modifications à une Alpine évoluant en GT Sport et qui doit se conformer rigoureusement à sa configuration d’origine. La pause hivernale était donc exclusivement consacrée à une importante révision : « On a revu les suspensions, la boîte de vitesses, l’embrayage, la moindre rotule. Tout de ce qui pouvait éventuellement poser un problème au cours de la saison », confie Yann.
Vainqueur du Challenge Open GT Sport en 2024, Yann Durieux avait vu le Challenge Open GT/2 lui échapper au profil d’Alexandre Garnier. Le Bourguignon avait donc l’intention cette année de réaliser le doublé : « Mais en ne sachant pas à l’heure où je me suis inscrit qui allait animer le groupe, il était difficile d’établir de vrais objectifs. Clairement je voulais avant tout améliorer mes chronos, sachant que si je parvenais à être plus rapide sur les épreuves, il était probable que je joue la gagne. Et puis j’étais conscient qu’en étant au départ de l’ensemble des épreuves et en visant les victoires en GT Sport, il y avait de fortes chances que je termine dans le top 10. De ce fait je n’étais pas qualifiable pour la Finale de la Coupe de France, et je devais donc tout miser sur le championnat. »
Vice-champion de France de la Montagne 2ème Division Production en 2024, Yann Durieux avait également l’intention de défendre une nouvelle fois ses chances sur ce championnat, non pas au volant de son Alpine mais avec une Porsche 991 Cup. C’est d’ailleurs au volant de cette voiture qu’il débutait sa saison sur la Course de Côte de Lodève où, samedi, il accrochait la sixième place avant de se classer deuxième derrière Ronald Garcès sur la course du dimanche : « Je suis un très bon du lundi », plaisante Yann en laissant sous-entendre qu’il lui faut du temps pour se mettre en route. « Le schéma une course le samedi, une le dimanche, ne me convient pas spécialement. J’ai abordé le samedi comme une journée d’essais, avec une voiture que je ne connaissais pas et avec laquelle il n’était pas évident de rouler en toute sérénité. »
Pour le Bourguignon le changement de monture n’a pas été de tout loisir : « L’Alpine est une auto plutôt docile, alors que dans la Porsche tout tremble, les réactions sont beaucoup plus vives au point que j’avais la sensation samedi que la voiture était en panne. Mais dimanche j’étais dans le coup, plus à mon aise, et les chronos étaient au rendez-vous puisque je suis à quatre dixièmes des temps réalisés par le regretté Jean-Marc (Gandolfo). »
Douze épreuves, douze victoires !
A l’heure de se présenter au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du championnat, Yann Durieux retrouvait le volant de son Alpine A110 Cup. Le week-end gardois se conclura par une victoire, mais laissera au Bourguignon un goût d’inachevé : « Je ne suis pas parvenu à réaliser les chronos que j’espérais, à me lâcher complètement. Je me suis rendu compte qu’en changeant de voiture il fallait passer par un nécessaire temps d’adaptation. J’avais l’audace de penser que l’on ''pouvait rouler'' deux voitures différentes, ce n’est pas aussi évident et cela m’a permis de remettre les pendules à l’heure. » Yann décidait donc de concentrer ses efforts sur son Alpine et de délaisser sa Porsche et de ce fait la 2ème Division.

La 51ème édition du Col Saint-Pierre laissera à Yann Durieux des souvenirs impérissables : « Difficile d’oublier la dernière montée sous la pluie et dans le brouillard, avec une visibilité réduite. Je suis parvenu à ''souder'' dans le brouillard, sans me poser de question, la sensation était extraordinaire et je peux remercier Francis (Dosières) de m’avoir motivé à apprendre vraiment le tracé par cœur. Ces montées d’adrénalines, c’est finalement après ça que l’on court, c’est extraordinaire », analyse Yann qui signe dans les Cévennes son deuxième succès en GT Sport en terminant huitième.
Les victoires de groupe allaient se succéder pour le viticulteur de Messanges qui restera invaincu tout au long de la saison. A Abreschviller il plaçait son Alpine au sixième rang du Production : « J’avais la chance d’avoir des adversaires, comme Christophe Poinsignon qui, s’il n’évolue pas dans le même groupe, joue dans des chronos identiques aux miens, et nous nous lancions donc de sympathiques défis avec à la clé une bonne bière », commente Yann. « A Abreschviller il faut être propre et efficace, ce que je suis parvenu à faire et finalement ça a payé », ajoute Yann qui se classe dans le sillage de cinq GTTS.
A Hébécrevon, c’est au pied du podium que l’on retrouvait le Bourguignon à l’arrivée : « Quatrième, c’est ma meilleure performance de la saison », précise Yann Durieux. « Je me souviens que l’an dernier, à La Pommeraye, je n’avais pas été à mon aise entre les rails. Je voulais donc me lâcher sur le bas du parcours d’Hébécrevon pour voir quelles étaient les sensations. Ça m’a plutôt réussi. »
Ce n’est pas sans une certaine appréhension que Yann abordait la Course de Côte de La Pommeraye où, lors de la précédente édition, il avait eu du mal à exploiter pleinement son Alpine : « Et là ce fut un grand ouf de soulagement parce que dans le rapide et dans les rails j’étais détendu, sans pression. Je sais qu’il me reste encore du temps à gagner sur ce tracé, mais je suis très content de mon week-end. »
Pour la première fois de la saison, Yann Durieux ne pointait pas dans le top 10 à l’arrivée de la Course de Côte de Saint Gouëno où il classe son Alpine A 110 au douzième rang, avec à la clé une victoire de groupe : « J’avais fait une petite sortie l’an dernier, rien de méchant, mais j’avais tout de même en début de week-end une petite appréhension. Et puis il faut noter qu’il y avait pas moins de huit GTTS au départ et qu’il m’est difficile voire impossible de rivaliser avec elles. Donc finalement je peux me satisfaire de ma position et des vitesses de passage que j’ai pu atteindre, notamment au ''Pas de Saint Gouëno''. »
Yann Durieux retrouvait le top 10 dès la Course de Côte de Marchampt avec une neuvième place finale et un succès de groupe : « J’adore ce tracé. J’ai pris un plaisir phénoménal et j’aurais bien aimé l’aborder avec la Porsche. Je suis super content de mes passages, avec notamment une dérive des quatre roues à certains endroits. Je pouvais difficilement faire mieux même s’il y a toujours moyen d’en gratter un petit peu. » Le tracé particulièrement redouté de Vuillafans offre de fabuleuses sensations, et Yann Durieux n’allait pas se priver de prendre un réel plaisir sur le parcours Franc-Comtois : « Je suis très content de mes passages et de mes chronos, même si là encore je sais que je peux faire mieux encore. »
Septième à Dunières, Yann Durieux se satisfaisait pleinement de son week-end même si c’est une des rares épreuves sur laquelle il n’a pas amélioré ses chronos de l’an dernier : « En 2024 j’avais roulé avec des pneus neufs et cette année j’ai joué à l’économie avec des gommes usagées. Je suis malgré tout parvenu à refaire des temps similaires mais pas à améliorer. » La seconde épreuve auvergnate, le Mont-Dore, permettra à Yann de poursuivre sa série de victoires en GT Sport, même si dans le Massif du Sancy il ne rentrait pas dans le top 10 : « C’est toujours compliqué d’aborder le Mont-Dore, même si je l’ai beaucoup bossé avec Francis (Dosières). Mais je suis toutefois content de mes chronos même s’il me reste une bonne marge de progression sur ce tracé. »

Le plateau de la Course de Côte de Turckheim était des plus conséquent, ce qui n’empêchait pas Yann Durieux de placer son Alpine au huitième rang : « J’avais bien bossé cette épreuve l’année dernière et j’avais adoré. Je savais qu’il y a quelques portions où je n’avais pas eu le cran de me lâcher autant que la voiture le permettait, et cette année j’ai pu vraiment tout donner. » En conclusion de la saison Yann Durieux accrochait une septième place sur la Course de Côte de Limonest : « Je me suis fait réellement plaisir sous la pluie même si le week-end débutait mal avec la sortie de mon ami Fanfan (Jean-François Ganevat) samedi. Je ne savais pas s’il pourrait repartir et de ce fait je suis un peu sorti de ma course. Mais finalement il s’impose et moi je m’en sors très bien en signant de très bons chronos sur le mouillé. C’était compliqué mais ce fut une belle expérience. »
Trophée de groupe, Open GT/2 et 5ème place au championnat
Durant sa campagne de France 2025, Yann Durieux a pris part aux douze manches que compte le calendrier du championnat. A douze reprises, il a imposé son Alpine A110 Cup dans le groupe GT Sport en ayant rejoint l’arrivée de l’ensemble des montées de courses programmées durant la saison. Régulier, performant, le Bourguignon remporte le Trophée FFSA du groupe GT Sport, le Challenge Open GT/2, le Trophée Michelin qu’il avait également déjà remporté l’an dernier, et se classe cinquième du Championnat Production : « Le bilan est largement positif et bien évidemment je suis super content du résultat final, d’une part parce que je suis à l’arrivée de toutes les épreuves, que je réalise le doublé Trophée et Open – ce qui était l’objectif initial – et que je pouvais difficilement prétendre à mieux qu’une cinquième place au championnat. Face aux GTTS bien plus performantes il m’était impossible de viser une meilleure position », confie Yann Durieux.
« Je suis d’autant plus satisfait qu’à aucun moment je n’ai eu le sentiment de gérer », poursuit-il. « J’ai roulé ''Banzaï'', sans me poser de question et en n’hésitant pas à me lâcher, ce qui procure énormément de plaisir au volant. L’équipe qui m’entoure a réalisé un travail formidable et grâce à ceux qui gèrent ma voiture je savais disposer d’une auto saine et performante, ce qui me mettait bien évidemment en confiance. J’adore rouler en franchissant des paliers, en augmentant le rythme montées après montées, en étudiant où je peux en gagner un peu et en allant chercher les dixièmes qui font la différence. »
Résultat et plaisir furent les maitres mots d’une saison particulièrement réussie. Réussie d’un point de vue sportif, mais également d’un point de vue humain grâce à ceux avec qui Yann partage sa passion : « Je ne remercierai jamais assez Fanfan (Jean-François Ganevat) de m’avoir fait découvrir le Championnat de France de la Montagne. Merci à Francis et Marc Dosières ainsi qu’à toute leur équipe avec qui nous partageons de fabuleux week-ends. Merci à Max qui m’a donné de précieux coups de mains lors des assistances, à Rodolphe Donguy de l’Atelier d’Erine Légende, mon préparateur qui s’occupe de toutes mes voitures, à mon épouse Christéla et à ma fille Manon, à Anthony Dubois qui répond présent lorsque j’ai besoin de conseils. Un grand merci à tous ceux avec qui nous avons partagé des moments de convivialité : La famille Poinsignon, Alex (Garnier), Morane (Cat-Mackowiak) Ronald (Garcès) et tous les autres… Je n’oublie pas Antoine Uny qui est toujours présent même s’il a moins roulé cette saison. Je veux rendre un hommage à Jean-Marc (Gandolfo) dont le rire nous manque. Il est clair que l’an prochain, lorsque je m’installerai au volant de la Porsche, je penserai bien à lui. Je conclurai avec un remerciement anticipé aux partenaires qui souhaiteraient me rejoindre pour une saison 2026 qui s’annonce passionnante. »

Durant cette année 2025, Yann Durieux a eu l’occasion d’aligner sa Porsche 991 Cup à Saint Ursanne – Les Rangiers. Une expérience qui lui a offert de belles sensations : « Saint Ursanne est un passage obligé pour tout pilote, une épreuve sur laquelle j’ai pris un plaisir de fou. Je me suis rendu compte que j’étais plutôt à mon aise avec cette auto que j’ai engagée par la suite à Montgueux où je remporte le Production en signant de bons chronos. Cette participation a démontré que je pouvais être bien sur un tracé nettement moins ''billard'' que celui des Rangiers, et donc j’ai envie de repartir avec cette voiture. » L’appel est donc lancé à d’éventuels sponsors qui souhaitent soutenir un pilote qui n’a pas commis la moindre erreur cette année, qui a remporté son groupe sur toutes les manches du championnat et qui se présente à présent comme un des acteurs majeurs du Championnat Production.
On retrouvera donc Yann Durieux au départ du Championnat de France de la Montagne 2026 au volant de sa Porsche 991 Cup, pour ce qu’il considère comme une année de transition : « Je sais qu’il va falloir prendre le temps de me familiariser avec la voiture et de ce fait je ne me battrai pas pour la gagne. Le plateau annoncé en GTTS pour 2026 devrait être énorme et il sera difficile à mon sens de tirer d’entrée son épingle du jeu. Mais même si je sais que ma Porsche ne sera pas la plus performante, je me dis que si je parviens ''à rouler'' une voiture de 550 chevaux pour une tonne deux-cents, je pourrais prétendre disposer d’un ''avion'' pour la saison 2027 », analyse Yann qui sera logiquement au départ de toutes les manches du Championnat de France de la Montagne. « Pour ce qui est de la 2ème Division, on verra. Je pense que je serai à Lodève, mais pour la suite rien n’est encore arrêté. Si Saint Ursanne n’est pas programmé le même week-end qu’une manche du CFM, je serai au départ de l’épreuve suisse. Et puis je compte bien m’aligner sur mes régionales préférées, Urcy et Montgueux », conclut Yann qui souhaite poursuivre sa progression.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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