Yann Machka entre passion et profession

Privé de Challenge faute d’adversaires – ils n’étaient que deux cette saison 2019 à évoluer en A/4 sur le Championnat – Yann Machka avait à cœur de terminer premier de sa classe. Et si une casse moteur met un terme prématuré à sa saison à l’issue du Col Saint-Pierre, c’est bien lui que l’on retrouve en fin d’année au sommet de la hiérarchie de cette classe A/4.

Si la Course de Côte reste pour Yann Machka un loisir, le pilotage est en revanche un métier. Moniteur de pilotage, le Mosellan qui a eu à maintes reprises l’occasion de démontrer son talent derrière le volant, est particulièrement sollicité, ce qui ne lui laisse que peu de temps pour assouvir sa passion sur sa discipline de prédilection.

En quête d’un nouveau succès en A/4
Malgré tout, Yann tenait à être une nouvelle fois au départ du Championnat, et après avoir remporté le Challenge Open A/4 en 2018, il se relançait au volant de sa Clio Cup 4 pour une nouvelle campagne en 2019 : « 2018 fut une saison d’apprentissage avec la Clio, et je savais qu’elle disposait d’un potentiel que je n’avais pas eu encore l’occasion d’exploiter. De ce fait, j’ai voulu poursuivre à son volant ».

Avec seulement deux engagés cette saison dans la classe A/4, Yann Machka savait qu’il ne pourrait prétendre à un nouveau trophée sur un Challenge : « Mais j’avais à cœur d’améliorer mes chronos et de terminer la saison en leader de la classe », confie-t-il. « Il est clair que le manque d’opposition fut un peu décevant. »

Durant l’intersaison, Yann Machka se contentait d’une simple révision sur une Clio qui ne lui avait donné aucun souci lors de la saison précédente, et il pouvait donc repartir l’esprit serein.

Les manches d’ouverture de la saison étaient inscrites au calendrier de Yann Machka que l’on retrouvait donc sur les épreuves gardoises de Bagnols-Sabran et du Col Saint-Pierre. A Sabran, le Mosellan se retrouvait confronté à Vivien Tonon à qui il allait livrer bataille durant tout le week-end : « J’étais vraiment très content de retrouver Vivien. Nous nous étions contactés avant l’épreuve et nous étions impatients de pouvoir nous affronter sur ce tracé de Sabran. Je savais que je devais défier un adversaire de taille, ce qui allait nécessairement me tirer vers le haut et me motiver à bien faire. »

La journée de course débutait mal pour Vivien Tonon qui, parti en tête-à-queue, laissait le champ libre à Yann Machka : « Sur la deuxième montée je le devance de deux dixièmes, le match était donc loin d’être terminé. Et sur la dernière montée, alors que je voulais avant tout être constant dans mes chronos pour ne pas commettre d’erreur, lui signe un chrono d’extraterrestre et me passe devant… Je me suis fait prendre à mon propre jeu », analyse Yann Machka fataliste et malgré tout totalement satisfait de cette entrée en matière.

C’est à Saint-Jean-du-Gard que l’on retrouvait par la suite Yann Machka, cette fois face à Eric Peyrard, autre animateur du Championnat, qui faisait son entrée en lice sur l’épreuve cévenole. Yann n’allait pas laisser passer l’occasion de devancer son principal adversaire : « C’est une épreuve vraiment difficile, surtout sur le haut du tracé où il n’est pas évident de bien mémoriser les virages. C’est d’autant moins évident que ce tronçon est rapide. Mais j’adore ce parcours… J’étais content de retrouver Eric, mon adversaire de la saison passée, qui était très motivé pour sa première manche de l’année. Il avait bien bossé sur sa voiture durant l’hiver, et je savais qu’il pouvait s’avérer être un adversaire coriace. »

Finalement, Yann Machka aura raison de son rival et remportera sa classe, mais la jeune garde de la classe A/3 allait lui donner du fil à retordre, puisque lancés dans un duel pour la Coupe de Meilleur Jeune, Elie Théophile et Jimmy Ermann pointaient à l’arrivée juste devant la Clio Cup 4 : « Ils ont vraiment roulé très fort, et c’est vrai que j’aurais bien voulu terminer devant eux. Mais sur la dernière montée de course, après le passage du Belvédère, le moteur ne délivrait plus sa puissance et je termine la montée au ralenti. »

Casse moteur et fin de saison prématurée
Yann Machka avait de légitimes raisons d’être inquiet en revenant au parc. Le démontage laissera voir que deux bougies avaient fait chalumeau et avaient troué deux pistons de sa Renault : « Le moteur était hors-service et je savais dès lors que ça allait compromettre la suite de ma saison. Il fallait que je trouve un moteur et je n’avais pas envie d’investir dans un moteur neuf sorti de chez Renault Sport, son prix étant prohibitif. »

Mais Yann avait une contraindre, sa Clio était louée durant la saison pour un autre championnat, et il devait donc impérativement réparer : « Je suis parvenu à trouver un moteur de chez Renault Sport mais à un tarif abordable. Cela à permis au pilote qui m’a loué la voiture d’honorer son engagement en slalom. »

Pris par le remontage de sa Clio Cup et par de nombreux engagements auprès de clients, Yann Machka n’était plus en capacité de poursuivre sa saison, qui connaissait un terme prématuré à l’issue du Col Saint Pierre : « Mon entreprise Redline Performance s’est énormément développée, et j’ai énormément de travail. J’ai des stages de pilotage qui sont aujourd’hui réservés 1 an à l’avance pour ce qui est des week-end, et plus de deux mois avant pour les stages en semaines. Ca ne me laisse plus beaucoup de temps libres », commente Yann qui loin de se plaindre de sa situation est toujours autant enthousiaste à l’idée de pouvoir vivre de sa passion. « Les rares week-ends de libres, j’ai dû les consacrer à la réparation de ma Clio, je n’avais donc plus la possibilité de pouvoir courir. »

La situation était bien évidemment frustrante pour Yann Machka pour qui la compétition fait partie intégrante de son métier : « J’étais un peu dégouté, et pour être tout à fait honnête, je n’ai pas encore eu l’occasion de me réinstaller derrière le volant de la Clio. »

Difficile de tirer un bilan d’une saison qui s’est déroulée sur deux épreuves, pour Yann Machka un seul mot lui vient à l’esprit, la frustration, celle de ne pas avoir pu s’exprimer au volant et d’avoir été privé des week-ends avec les copains : « J’avais vraiment hâte de me retrouver sur des épreuves comme Vuillafans ou le Mont-Dore, des tracés que j’apprécie particulièrement, et finalement, je n’ai pas pu être présent. »

On l’a vu, le patron de Redline Performance a un emploi du temps bien chargé, qui ne va pas lui laisser la possibilité de courir durant la saison 2020 : « Ca sera une année réservée exclusivement au travail. J’ai un planning sur lequel je n’ai pas un seul week-end de libre. Mais il est clair que je reprendrai la compétition, certainement en 2021, peut-être en me tournant vers le circuit. Pour ce qui est de la Clio Cup 4, elle est à la location, elle dispose d’un moteur neuf et si des pilotes sont intéressés, ils peuvent me contacter. Et si quelqu’un veut s’en porter acquéreur, la discussion est ouverte. »

La Course de Côte reste pour Yann Machka sa discipline de cœur, et il lui parait évident qu’il viendra à nouveau dans un avenir proche, affronter les tracés des épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Dès que j’en aurais la possibilité, il est évident que l’on me reverra sur des Courses de Côtes, il suffit que je trouve le temps… J’adore cette discipline et l’adrénaline qu’elle procure, pour rien au monde je délaisserai la Course de Côte. »

Si sa saison fut courte, elle lui aura tout de même permis de terminer en tête de la classe A/4 sur le Championnat de France de la Montagne. Yann Machka veut donc remercier aujourd’hui ceux qui lui ont permis d’être au départ du Championnat : « Un grand merci à Philippe de Sécuritest Remilly, Ton de chez Aerovention.nl, Arnaud Fuchs ingénieur chez Renault Sport, Christophe cuisine, Barbat TP, et bien évidemment Redline Performance. Merci également à Olivier (Ricloux) pour la carrosserie, Bertrand (Simonin) pour l'assistance, la famille Poinsignon pour leur accompagnement, ma petite amie Mélanie, mon beau-frère Nicolas et Cyril R. Je n’oublie Gilles (Huntzinger) et Thomas (Gasser) de Pilotes TV, Nicolas Millet pour les photos. »

Propos recueillis par Bruno Valette ©

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