Elodie Lafosse Championne de France de la Montagne Production

Apprendre, progresser et faire un maximum de roulage… Telles étaient les motivations qui ont incité Elodie Lafosse à s’engager cette année sur le Championnat de France de la Montagne. Une première saison riche en émotions diverses, durant laquelle elle a connu le pire et le meilleur, et qui se conclut par un titre de Championne de France de la Montagne Production.

C’est en 1990 que Laurent Lafosse, le père d’Elodie, prenait sa première licence pour s’installer derrière le volant d’une Renault 8 Gordini et affronter ses premières Courses de Côte. Le jeune Creusoise, qui a fêté ses 26 ans au mois de septembre, a donc toujours connu son père impliqué dans le Sport Automobile. La course fait partie intégrante de ses souvenirs d’enfance : « Depuis toujours j’ai suivi mon père sur les courses, et il était évident qu’un jour, à mon tour, je prendrais part à des épreuves », débute Elodie.

Une passion naissante qui n’était pas vraiment du goût d’un père protecteur. Car si Laurent appréciait de voir ses enfants l’accompagner sur les épreuves, il avait dû mal à accepter qu’ils puissent s’installer derrière le volant d’une voiture de course : « Il m’a fallu vraiment batailler pour le convaincre, et j’ai dû attendre d’avoir 24 ans pour enfin pouvoir m’essayer au volant d’une auto de course », se souvient Elodie.

Initialement, c’est pour pouvoir s’amuser en circuit que Laurent Lafosse faisait l’acquisition d’une Peugeot 206 issue de la Coupe Peugeot : « Et Il était hors de question que je ne puisse pas essayer cette voiture », commente Elodie. « J’ai su le convaincre de me laisser le volant. » L’essai s’avérait concluant pour la jeune aide-soignante qui a repris aujourd’hui des études d’infirmière.

Il ne lui manquait plus qu’à franchir le pas pour s’aligner au départ de sa première compétition. Des débuts qu’elle partagera avec son père : « Nous nous sommes engagés sur une manche du Free Racing, épreuve qui se déroule dans le cadre du TTE (Trophée Tourisme Endurance). Mais cette expérience en circuit n’a pas été pour moi très concluante. En fait, tous les concurrents évoluent en même temps, et vous vous retrouvez confrontés à des Ginetta, des Mitjet 2 litres, des autos nettement plus puissantes que la 206, et je n’étais pas vraiment à mon aise dans le trafic. Je me suis fait plus peur que plaisir. »

Une Peugeot 206 pour les débuts en Course de Côte
En 2017, c’est sur la Course de Côte de La Tardes qu’Elodie disputera sa première épreuve régionale, seule face au chrono : « Là, l’expérience sera nettement plus enthousiasmante, et me donnera réellement l’envie de continuer. » En 2018, Elodie engagera sa Peugeot 206 sur trois épreuves régionales et sera notamment au départ de St Antonin - Noble Val, et d’Argenton - Bouglon. Ses résultats lui permettaient alors d’obtenir son ticket pour le Finale de la Coupe de France de la Montagne qui avait lieu à Urcy.

A l’issue de cette première saison, Elodie décidait de vendre sa Peugeot 206 S16 pour faire l’acquisition d’une Peugeot 106 XSI : « J’avais envie d’une petite auto pour apprendre. Et même si le challenge paraissait osé, il me semblait qu’il n’y avait rien de mieux que le Championnat pour progresser, car il offre la possibilité de pouvoir rouler le samedi et le dimanche, et donc d’engranger des kilomètres. Et ce dont j’avais avant tout besoin, c’est de roulage. Et puis le Championnat se dispute sur de magnifiques épreuves, ce qui est également très attractif. »

Au moment de s’engager sur le Championnat, Elodie Lafosse ignorait totalement face à qui elle serait en concurrence. De ce fait, sa seule ambition était de se faire plaisir et de parfaire son pilotage : « Je n’avais aucune autre prétention que de progresser. »

Fortunes et infortunes d’une saison riche en émotion
Elodie débutait donc à Thèreval une saison qui sera marquée par des hauts et des bas, sur laquelle elle allait connaitre de belles réussites, de vraies frustrations, d’énormes déceptions. La jeune Creusoise peut se targuer d’avoir eu une formation accélérée en étant confrontée sur une seule saison à tous ce que l’on peut connaitre dans la discipline.

A Thèreval – Agneaux, Elodie réussissait parfaitement son entrée en lice en remportant sa classe et en s’adjugeant par la même occasion la Coupe des Dames : « Je découvrais la voiture que je n’avais pas eu vraiment l’occasion de tester avant le début de la saison, exceptée lors d’une séance en circuit. Je découvrais également le tracé, et ce fut pour moi une révélation car les sensations étaient au rendez-vous, et j’avais le sentiment que nous allions parfaitement nous entendre ma voiture et moi. »

Qui dit première saison, dit totale découverte, Elodie n’avait jamais eu l’occasion de rouler sur aucune des manches du Championnat. Son apprentissage se poursuivait donc à La Pommeraye, où malheureusement la parfaite entente avec sa 106 allait tourner court : « Je suis partie à la faute, j’ai tapé le rail et je termine sur un tonneau » se souvient Elodie. « Honnêtement, sur le moment je n’ai pas eu peur, mais j’ai eu le contre-coup les jours suivants, d’autant que les courbatures se rappelaient à mon bon souvenir. J’ai ressenti les douleurs durant une bonne semaine, et moralement ce n’était pas évident car la voiture avait subi de gros dégâts. »

La petite 106 était réparable, mais pas question pour Elodie et son entourage de prendre le moindre risque, « nous avons préféré changer la caisse et repartir de zéro. Mon père et mon frère Florian ont alors fait un travail exceptionnel en remontant la voiture en un temps record, afin que je puisse poursuivre ma saison sur le Championnat. »

Contrainte de faire l’impasse sur plusieurs épreuves initialement inscrites à son calendrier, Elodie parvenait à s’engager à Dunières. Malheureusement, l’épreuve auvergnate ne sera pas pour elle synonyme de réussite  : « J’ai rencontré un problème mécanique, une clavette de sélecteur de la boîte de vitesses qui est tombée, et de ce fait je ne pouvais plus enclencher le moindre rapport. Il était impossible de réparer sur place et j’ai dû abandonner. » Un abandon d’autant plus frustrant qu’Elodie avait pour objectif sur cette épreuve de reprendre ses marques au volant d’une voiture reconstruite : « Je devais non seulement me réapproprier la voiture qui avait un comportement totalement différent de la précédent, mais également retrouver la confiance. Je perdais là une course, et j’avoue que c’était assez rageant. »

Elodie poursuivait sa campagne en s’alignant au départ de la seconde épreuve auvergnate, le Mont-Dore : « Lors de la journée d’essais du samedi je suis parvenue à retrouver la confiance. Mais dimanche, j’ai dû rouler pour la première fois sous la pluie, avec des gommes qui accusaient une certaines usure, pas idéal pour être sereine. Mais je parviens à terminer la course et je suis contente d’avoir découvert cette épreuve, que tout le monde me présentait comme très compliquée, mais sur laquelle, finalement, je me suis sentie rapidement à mon aise. »

Après une sortie de route et une casse mécanique, on peut avoir le sentiment que le sort s’acharnait sur la jeune pilote de Saint-Domet qui, à Chamrousse, sera une nouvelle fois contrainte à l’abandon : « Lors de la deuxième montée de course, une fuite d’huile m’oblige à m’arrêter. Je suis restée plus d’une heure et demie sur le bord de la route avant que l’on ramène ma voiture au parc. De ce fait, nous n’avions plus le temps de réparer pour la dernière montée. »

Un abandon difficile pour Elodie qui, à ce stade de la saison, savait qu’elle pouvait prétendre au titre : « Avec Elodie (Dodille), nous nous tenions à un point, et en ne marquant pas à Chamrousse, je savais que je risquais d’hypothéquer mes chances de l’emporter. »

Fort heureusement, la Course de Côte de Turckheim allait offrir à Elodie de réels motifs de satisfaction. Elle remportait en effet sa classe et terminait deuxième féminine derrière la Clio de l’inaccessible Pearl Jeannel : « La satisfaction est vraiment au rendez-vous car je me suis sentie en confiance. Samedi, lors de la seconde montée d’essais chronométrés nous avons dû composer avec la pluie, et contre toute attente j’étais devant Aurore (Dodille), ce qui pour moi était enthousiasmant car cela démontrait que j’étais à mon aise sur le mouillé… J’avoue que j’ai de plus adoré le tracé de cette épreuve. »

Pour conclure la saison, Elodie Lafosse remportait une nouvelle Coupe des Dames à Limonest, et par la même occasion de voyait décerner le titre de Championne de France de la Montagne Production : « J’ai vraiment tout donné ! Après toutes les galères que j’ai connues tout au long de la saison, c’était un immense soulagement de parvenir à ce résultat. Emotionnellement, ce fut vraiment très intense. »

Qualifiée pour la Finale de la Coupe de France, Elodie ira chercher sur la Montée des Sarmentelles en Beaujolais une victoire de classe : « Elle me fait d’autant plus plaisir que sur cette Finale il y avait de la concurrence dans la classe A/1, et cette victoire je vais vraiment la chercher, en terminant avec pratiquement une seconde d’avance sur le deuxième. »

Championne de France de la Montagne Production 2019
Lorsque l’on évoque sa saison et sa découverte du Championnat, Elodie veut avant tout retenir le côté positif : « J’ai vraiment tout connu… Une sortie de routes, des abandons mécaniques, des victoires, mais je ne pouvais pas rêver de mieux en termes d’apprentissage. Tout ce que j’ai vécu me permet d’aborder la course différemment, avec plus de recul. Remporter le titre n’était pas l’objectif premier, mais j’avoue que c’est une très belle satisfaction. »

Une satisfaction qu’Elodie partage avec tous ceux qui l’ont soutenu dans cette aventure : « Bien évidemment, en premier lieu je remercie mon père, qui fut à mes côtés tout au long de la saison sur toutes les courses, et qui sur la seconde partie du Championnat a mis sa propre saison entre parenthèses pour favoriser la mienne. Merci à lui et à mon frère Florian pour avoir remonté ma voiture après la sortie de route à La Pommeraye. Merci à mon partenaire le Bar à Ambiance le 16th à Auzances, à mes amis pilotes Florian Bartaire et Raphaël Buxeraud qui tout au long de la saison m’ont donné de précieux conseils, et à SKPB Compétition pour leur aide lorsque j’ai eu des casses mécaniques. »

Elodie ne compte pas en rester là. L’expérience de la saison est concluante et la jeune Creusoise aimerait bien la rééditer : « Mon objectif est de repartir sur le Championnat en 2020. Je vais conserver la 106 et, si le budget le permet, la faire évoluer en adoptant une boîte de vitesses séquentielle. Je souhaite remettre mon titre en jeu… »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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