Yannick Poinsignon Vice-champion de France

Double Champion de France en titre, Yannick Poinsignon partait cette année à la conquête d’une troisième couronne. Mais l’obligation de griller deux jokers en début de saison pénalisera le Vosgien qui doit sa deuxième place au championnat à la détermination sans faille du clan Poinsignon et un élan de solidarité.

A l’issue des saisons 2011 et 2012, Yannick Poinsignon accrochait le titre de Vice-champion de France de la Montagne Production. Son palmarès s’enrichissait rapidement de quatre Trophées FFSA du groupe FC acquis au volant de la Simca CG Turbo familiale, et de très nombreuses victoires remportées sur des épreuves régionales avec la Pedrazza Formule 2.

Régulièrement sur le podium du Championnat Production, Yannick Poinsignon sera à nouveau Vice-Champion de France en 2019 et 2022 avant de connaitre la consécration en 2023 en remportant avec sa BMW M3 E92 un premier titre de Champion de France de la Montagne. A l’issue de la saison 2024, Yannick conservait sa couronne et se présentait donc comme l’homme à battre à l’heure où était donné le coup d’envoi de la saison 2025.

Une saison 2025 que le Vosgien abordait une nouvelle fois avec sa BMW M3 E92, mais avec un changement d’importance puisque le bolide bavarois qui jusqu’alors disposait d’une motorisation 4 litres se voyait offrir un 4.5 litres : « Nous avions déjà eu l’occasion de le tester en 2023 mais sans qu’il ne bénéficie d’une réelle révision et d’une possible amélioration », explique Yannick. « Pour cette saison 2025 nous avons voulu repartir avec cette motorisation 4.5 litres mais des évolutions afin de l’optimiser. » Ce changement allait entrainer d’autres modifications, la règlementation obligeant alors à lester la voiture : « Avec le 4 litres nous étions déjà au-dessus du poids réglementaire de près de trente kilos. Donc même si nous avons dû rajouter des kilos supplémentaires, ce n’était pas à l’excès et on conservait une voiture au comportement similaire. »

Mais la réception tardive des pièces nécessaires et la préparation ne laissaient pas un laps de temps suffisant à Yannick pour mener à bien des essais avant d’aligner sa BMW au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison : « On plongeait en partie dans l’inconnue, en gardant à l’esprit qu’avec un moteur plus ''coupleux'' nous allions nécessairement devoir composer avec des réactions différentes. Cela m’obligeait à bien cerner le comportement pour adapter mon pilotage. »

Double Champion de France de la Montagne Production en titre, Yannick Poinsignon affichait comme premier objectif de conserver sa couronne pour la troisième année consécutive : « Quand tu es champion, tu as toujours à l’esprit de garder ton titre le plus longtemps possible », avoue le Vosgien. « Mais bien évidemment tu espères également améliorer tes chronos sur l’ensemble des épreuves. On court pour gagner mais aussi pour progresser. »

Même s’il comptait parmi les favoris logiques au départ de cette campagne de France 2025, Yannick pouvait s’attendre à une forte opposition, venue de pilotes disposant de voitures performantes : « On ne pouvait pas ignorer que Jean-François (Ganevat) a des facilités pour s’adapter à une nouvelle voiture. Il a toujours été rapide que ce soit avec son Alpine, avec la Porsche où lorsqu’il roulait en groupe N avec sa BMW. C’est ''un vite'', on le savait, mais l’on ne s’attendait pas à le voir aussi rapidement compétitif, on pensait qu’il lui faudrait un peu de temps pour se familiariser avec sa Renault R.S. 01… Mais il a très vite compris. Quant à Anthony (Dubois) on avait vu en fin d’année dernière qu’il était performant, et on savait qu’il avait travaillé sur l’auto, donc on pouvait prévoir qu’il serait un adversaire de taille. La seule chose que l’on ne pouvait pas présager c’est que nous allions nous battre sur chaque épreuve à coup de dixièmes de secondes, en s’échangeant les victoires. »

Deux jokers grillés d’entrée de jeux
La campagne de France de Yannick Poinsignon semblait débuter de la meilleure des manières, puisque le Vosgien imposait sa BMW M3 E92 sur la première montée de course de l’épreuve de Bagnols-Sabran. La suite ne sera malheureusement pas aussi réjouissante : « Sans avoir roulé avant d’aborder cette épreuve, je signe mon meilleur chrono sur ce tracé de Sabran. Ça semblait être de bon augure, mais sur la montée suivante, une casse moteur entrainera une sortie de route et des dégâts conséquents. »

Suite à un choc violent contre le muret, Yannick est alors persuadé que c’est la casse du pont de sa BMW qui a entrainé sa sortie de route : « Mais en ramassant les morceaux sur la route, je trouve des parties en aluminium, et je vois quelqu’un qui me ramène un axe de piston. Là j’ai compris que le moteur était mort. » C’est initialement la casse d’une bielle qui entrainait le blocage du moteur et qui envoyait la M3 en tête-à-queue contre un muret : « Le moteur était détruit : Bloc, bielles, pistons, vilebrequin. Mais ce n’était pas les seuls éléments qui avaient souffert. J’avais également de la carrosserie, un pare-chocs arrière, l’extracteur arrière, une jante, un porte-moyeux, et nous avons dû faire un passage par le marbre parce que la pointe arrière droite de la voiture avait bougé », explique Yannick.

« Ça s’arrête là ! », pense alors le double Champion de France après un accident qui lui assène un coup au moral : « On avait travaillé comme des fous, on venait juste de terminer la voiture et là j’avoue que l’envie de repartir n’y était plus. Dans mon esprit on rentrait la voiture au garage et on verrait l’année prochaine. » S’il y a une chose qui n’est plus à faire, c’est la réputation de la famille Poinsignon. Guy, le père, Yannick, son frère Christophe, et l’ensemble de la famille sont connus pour leur sens de l’entraide, leur bienveillance envers l’ensemble des pilotes évoluant sur le championnat. Ils sont nombreux à avoir un jour bénéficié des conseils ou de l’aide du Team Poinsignon qui a sauvé plus d’une course des acteurs du CFM. Là, c’est Yannick qui était dans le besoin, et juste retour des choses, un élan de solidarité allait se mettre en place : « Immédiatement après ma sortie, les appels téléphoniques se sont succédé de la part de gens qui me proposaient leur aide. Mon cousin m’a aidé à remonter la voiture que nous avons menée au garage de Dominique Epin. Mon père qui comptait rester dans le Gard entre Sabran et le Col Saint-Pierre a fait un bout de route et Bertrand (Simonin) l’autre bout pour ramener la voiture. Face à cet élan je ne pouvais que me relancer. » 

La détermination légendaire du clan Poinsignon et la non moins légendaire solidarité des Montagnards permettront à Yannick de se présenter au départ d’Abreschviller. Mais forfait sur le Col Saint-Pierre, le Vosgien grillait deux jokers dès le début de saison. A Abreschviller, il pouvait toutefois aligner sa BMW M3 E92, qui retrouvait son moteur 4 litres sur l’épreuve mosellane. La confrontation à Abreschviller permettait à Yannick de signer son premier succès de la saison en devançant Anthony Dubois d’une seconde une : « Avec seulement une semaine d’écart entre les deux premières manches, il nous était impossible d’être présents sur le Saint-Pierre, mais c’était rassurant d’être à Abreschviller », reconnait Yannick. « C’était un véritable challenge parce qu’il a fallu commander des pièces que nous n’avions pas et réparer dans un laps de temps très court. Le second challenge c’était d’occulter ce qu’il s’était passé à Bagnols-Sabran et se relancer l’esprit libéré en allant chercher un résultat qui me permettait de me relancer sur le championnat. »

La victoire en Lorraine offrait à Yannick Poinsignon un regain de sérénité, même s’il savait que sur la suite de la saison, toute erreur lui était interdite : « Ce qui joue nécessairement dans ton approche des courses. Tu gardes à l’esprit que tu dois aller vite pour prétendre à la victoire, mais que tu n’es pas en droit de prendre de gros risques. Ce n’est pas évident à gérer et il est clair que ça jouera par la suite sur certaines de mes performances. C’est le jeu, on ne peut pas faire autrement. »

A Hébécrevon, Yannick sera une nouvelle fois en lutte pour la victoire face à Anthony Dubois qui imposait son Alpine A110 cinq dixièmes devant la BMW du Vosgien : « Ce fut très compliqué parce que j’ai souvent eu, à l’exception de l’année dernière, des problèmes avec le châssis sur cette épreuve. Durant l’hiver nous avions fait des révisions qui finalement nous ont perturbé à Hébécrevon où je n’ai pas réussi à retrouver le châssis que j’avais lors de la précédente édition. J’ai bataillé tout le week-end avec du sous-virage, ce qui m’a empêché de me battre pleinement. Je n’étais pas dans les chronos que j’avais signés précédemment. »

Yannick Poinsignon renouait avec la victoire à La Pommeraye, où il devançait à l’arrivée Jean-François Ganevat de huit dixièmes : « Un week-end sans souci, ni mécanique ni avec le comportement de la voiture. Tout se passe pour le mieux même s’il a fallu cravacher pour tenir Jean-François à distance. » Mais le même Jean-François Ganevat prendra sa revanche à Saint Gouëno en signant son premier succès sur le championnat, une seconde trois devant Yannick qui connaissait un week-end difficile : « J’avais des problèmes de pression d’essence, mais que nous n’avons pas vu tout de suite. Ce n’est que sur la troisième montée, sur laquelle j’ai dû m’arrêter, que la pression est vraiment descendue, il me manquait un bar de pression et de ce fait le boîtier s’est mis en sécurité et la voiture ne tournait plus rond. En fait j’avais le problème depuis la première montée de course, mais de manière moindre. Avec une auto aussi puissante, quand il te manque une trentaine de chevaux, tu ne l’identifies pas tout de suite, d’autant que ce n’est pas le genre de choses que tu vérifies dans tes acquis. » Finalement, la seconde place permet à Yannick de sauver les meubles. « J’aurais pu, à cause de ce manque de pression d’essence, casser le moteur, donc je peux m’estimer content de terminer deuxième. »

Le combat à Marchampt sera une nouvelle fois particulièrement intense et ce n’est que pour trente-six millièmes que Yannick Poinsignon imposait sa BMW M3 devant l’Alpine A110 d’Anthony Dubois : « Ce fut une super bagarre, qui nous a permis de nous rapprocher du record que détient Pierre Courroye. Vraiment un super week-end et un succès que nous avons pu pleinement savourer. »

A Vuillafans, Yannick devra une nouvelle fois s’incliner face à Jean-François Ganevat à qui il concédait quatre dérisoires dixièmes de secondes : « Je commets une erreur que je dois assumer », reconnait le Vosgien. « J’avais de l’avance au départ de la dernière montée, et j’ai pris la décision de chausser des vieux pneus parce que j’étais persuadé que le match était plié et que je voulais économiser mes pneumatiques. Mon expérience aurait dû me faire garder à l’esprit que rien n’est jamais acquis avant l’arrivée de la dernière montée. J’aborde donc la dernière ascension de manière plutôt décontractée, et je le paie cash. Je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même, pour la première fois de ma vie où je lâche avant la fin », avoue Yannick dans un éclat de rire.

A Dunières c’est à la troisième place que l’on retrouvera Yannick Poinsignon qui se voyait devancé par Anthony Dubois et Jean-François Ganevat : « Ce n’est pas le tracé le mieux adapté à ma voiture. J’ai déjà gagné à Dunières mais sans vraiment réaliser des prouesses sur cette épreuve. Donc je savais dès le départ qu’il me serait difficile d’aller chercher la victoire. J’ai essayé, mais Anthony et Jean-François ont été plus rapides. »

La seconde manche auvergnate, le Mont-Dore, sera là encore le théâtre d’un combat de titans d’où Yannick sortait vainqueur en devançant, au cumul des deux meilleures montée, Anthony Dubois d’un dixième : « Si je voulais préserver une infime chance de conserver le titre je n’avais pas d’autre choix que de m’imposer sur le Mont-Dore… Ce fut un week-end très compliqué, je me suis tordu la cheville samedi matin et j’ai dû rouler avec un strapping sur la cheville durant les deux jours. C’était limite et je ne me voyais pas terminer la course. Donc ce succès est d’autant plus réjouissant. »

« Extrêmement déçu ! » lâche Yannick lorsque l’on évoque Turckheim où il termine troisième, six dixièmes derrière Anthony Dubois et un dixième derrière Jean-François Ganevat : « C’est une épreuve que j’aime beaucoup mais qui n’a pas voulu me sourire. Sur la première montée il y a eu une sortie de route et je suis parti en glisse sur de l’absorbant, ce qui me fait lâcher du temps. Dimanche matin, un concurrent casse une durit et laisse de l’eau sur le tracé. Sur tout le haut j’étais en glisse. Et sur la dernière montée j’ai été gêné et j’ai dû me relancer avec des pneus chauds et un moteur trop chaud qui s’est mis en sécurité… Quand ça se joue au dixième, le moindre grain de sable te pénalise. On avait beaucoup misé sur ce rendez-vous, mais rien n’a fonctionné comme nous l’espérions. »

La saison de Yannick Poinsignon se concluait par une ultime deuxième place à Limonest où il était devancé de neuf dixièmes par Jean-François Ganevat : « On pensait que nous terminerions la saison sous le soleil, mais c’est la pluie qui s’est invitée à la fête. Du coup je n’ai pas pris de risque. Les positions au championnat étaient acquises et je me suis bien battu avec Anthony et Jean-François mais sans prendre de réels risques. »

Vice-champion de France
Les deux jokers joués sur les deux manches du début de saison obligeront Yannick Poinsignon à aborder sa campagne de France avec une certaine prudence, souvent incompatible avec des prétentions à la victoire. A l’issue d’une saison qui fut âprement disputée, il se classe deuxième du Championnat Production, ce qui ne peut finalement que le satisfaire : « Quand on voit comment s’est engagée la saison, on ne va pas se plaindre. Après Bagnols-Sabran, dans mon esprit la saison s’arrêtait là. Donc terminer Vice-champion c’est plutôt une bonne chose, c’est une place que beaucoup souhaiteraient accrocher. Ce que je retiendrai c’est la solidarité dont j’ai bénéficié, l’entraide qui m’a permis de poursuivre ma saison. Ça fait chaud au cœur et ça remotive parce que ça donne envie de leur offrir de beaux résultats. »

Leur offrir de beaux résultats mais également les remercier pour leur soutien : « Un immense merci à mon père pour la préparation et le travail réalisé, ma mère pour l’intendance sur les épreuves, mon épouse et les enfants, nos mécanos/amis (Richard, Fred, Pierre), nos cousins (Olivier et Cyril), les spectateurs qui nous supportent sur les épreuves et en dehors, les organisateurs qui se battent pour nous mettre sur pieds de belles épreuves, les commissaires et bien sûr les partenaires qui nous suivent : Epinal Express, Les transports Fra, Automobiles Epin, Le Domaine Saint Wendelin, Le Bar Au Bon accueil, Les lubrifiants Seven, Le Domaine du Pélican, HTR development, Le Restaurant l’Abreuvoir, le Garage Auto Service, Milwaukee, F&MS, RB Rénov Bois 25, Brossard Travaux Forestiers, Michelin Compétition,  Le Contrôle technique Auto Sécurité. Un remerciement particulier pour la réparation du début de saison à mon père et Bertrand pour le rapatriement de la voiture, Virginie, Bernard et Alexandre pour le démontage, Olivier, Stéphane et Dominique pour les réparations en carrosserie, Christophe, mon père et Bernard pour le remontage. »

S’il n’a pas été en mesure de conserver son titre cette année, Yannick Poinsignon a la ferme intention de le reconquérir en 2026 : « Je vais repartir avec la BMW M3 E92, avec la motorisation 4.5 litres. Je sais que je dispose avec cette voiture de sérieux arguments à faire valoir. Si je suis épargné par les galères et que ça veut sourire, tout est possible. Nous verrons face à qui nous allons devoir nous battre, mais ça s’annonce une nouvelle fois passionnant », conclut le double Champion de France.

 

©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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