L’Auvergnate étoffe son palmarès de plusieurs victoires de classe

C’est au volant d’une nouvelle Formule Renault qu’Estel Bouche abordait le Championnat de France de la Montagne 2017. Une saison d’apprentissage de sa nouvelle monture, qui allait lui permettre de signer plusieurs victoires de classe, de confirmer sa progression, et de terminer deuxième du Challenge Open Sport Hors Catégorie.

En l’espace de cinq ans – elle a débuté en Course de Côte en 2013 – Estel Bouche est devenue une des pilotes féminines incontournables du Championnat. Si au volant de sa Formule Renault elle ne peut prétendre au titre de Championne face à des rivales disposant d’autos plus performantes, la pilote auvergnate compte aujourd’hui parmi les fers de lance de sa catégorie. Tout au long de la saison, Estel a enchaîné les résultats probants, avec en point d’orgue une performance de tout premier ordre au Mont-Dore, où elle a largement dominé les débats du côté des Formules Renault.

Une nouvelle Formule Renault pour 2017
A l’issue d’une saison 2016, qui la voyait accrocher la deuxième place du Challenge Open Formule Renault, Estel Bouche décidait de changer de monture, sans toutefois changer de catégorie, puisqu’elle portait son choix sur une Formule Renault nouvelle génération : « J’avais le sentiment qu’il était temps de passer à autre chose, de franchir un cap », explique Estel. « J’aurais bien aimé me tourner vers la F3, mais mon budget ne me permettait pas d’acheter une auto suffisamment compétitive. De ce fait, il me paraissait judicieux de tenter l’aventure avec une Formule Renault plus récente. »

C’est en essayant la Norma de Yannick Latreille sur circuit, qu’Estel découvrait un élément particulièrement attrayant : « Les palettes au volant… J’ai tout de suite compris qu’il fallait que j’en dispose, tellement cela offre un réel confort de pilotage. La nouvelle Formule Renault apparaissait donc comme un excellent compromis, tant par sa configuration que par son coût. Elle se présentait comme la voiture idéale pour moi, et j’estime que cela s’est confirmé par la suite. »

Le Salon des Sports mécaniques d’Issoire permettait à Estel de faire ses premiers tours de roues au volant de sa nouvelle monture, et d’en cerner le comportement : « J’ai de suite réalisé que j’avais là une auto qui me convenait parfaitement, et que dans la logique des choses j’allais pouvoir me faire plaisir à son volant. »

Deux pilotes seulement – Estel Bouche et Didier Chaumont – engageaient des Formule Renault nouvelle génération sur le Championnat de France de la Montagne 2017. La création d’un Challenge Open nécessitant l’inscription de trois pilotes au minimum, c’est donc dans le cadre du Challenge Open Sport Hors Catégorie qu’allait évoluer Estel et son adversaire direct : « Ça ne changeait rien à mon approche de la course. Mon objectif était de me confronter à l’ensemble des Formule Renault, A et B confondues. Le seul changement venait du fait que nous étions tous pénalisés financièrement, car en étant répartis dans deux classes distinctes, nous ne pouvions prétendre qu’à la moitié des primes en cas de bons résultats. » Si Estel Bouche avait comme prétention de défier ses adversaires évoluant en classe DE/7, elle n’affichait pas d’objectif particulier en termes de résultats, et n’avait d’autres ambitions que de tester sa nouvelle voiture, d’en assimiler le comportement, et bien évidemment de se faire plaisir.

Succession de victoires de classe
Même si elle avait eu l’occasion de tester sa nouvelle monture à Issoire, à l’heure d’affronter le premier rendez-vous de la saison, Bagnols-Sabran, la Formule Renault ne disposait pas encore de réglages adaptés à la Course de Côte : « Nous avons été accueillis par la pluie, et de ce fait j’ai abordé le début du week-end très prudemment. Les conditions n’étaient évidemment pas idéales pour mettre au point la voiture. » Difficulté supplémentaire, Estel rencontrait un souci moteur qui l’obligeait à faire l’impasse sur une des montées d’essais.

« Par la suite tout est rentré dans l’ordre, et nous avons pu bénéficier d’une montée sur le sec. Je me souviens qu’alors, je me suis dit qu’avec cette auto, au Mont-Dore ça allait être génial, tellement les sensations étaient bonnes. » Bonnes sensations, mais également bons résultats puisqu’Estel terminait deuxième des Formule Renault et première des Formule Renault A : « C’est une énorme surprise, je ne m’y attendais absolument pas. Je suis vraiment ravie de mon week-end. »

On retrouvait ensuite Estel à Abreschviller, un rendez-vous mosellan qui s’annonçait difficile : « Nous sommes arrivés à 3h30 du matin, la veille du départ. Cela nous a obligeait à prendre part aux essais le lendemain, sans avoir fait de reconnaissance », se souvient la professeur d’Anglais. « Ce fut un week-end difficile, sur lequel j’ai rapidement pris conscience que les réglages de la voiture étaient loin d’être optimisés. J’avais des problèmes pour négocier l’épingle et quelques soucis de freins. Par chance, Olivier Augusto nous est venu en aide et nous a donné de précieux conseils. Dès la montée suivante, en tenant compte de ses indications, j’ai pu ressentir une progression. Je me dois de le remercier pour son intervention. » Plus en confiance, Estel parvenait à se mettre en valeur en terminant deuxième des Formule Renault A, à nouveau sur le podium de la Formule Renault, A et B confondues, cinq dixièmes derrière Didier Chaumont et seulement un dixième derrière Kevin Petit.

Estel et l’équipe Chrono Montagne n’allaient pas manquer de mettre à profit les enseignements engrangés à Abreschviller, dès leur rendez-vous suivant, à La Pommeraye. L’Auvergnate sortait vainqueur de la confrontation angevine en devançant son premier poursuivant de plus de deux secondes : « Je ne peux être que contente du résultat. J’aime beaucoup le tracé de La Pommeraye, l’ambiance qui y règne, car nous retrouvons chaque année des partenaires qui sont devenus aujourd’hui des amis. J’ai pris énormément de plaisir, et je commençais vraiment à bien comprendre le comportement de ma voiture. »

La belle prestation d’Estel à La Pommeraye se confirmait par la suite à Marchampt en Beaujolais où, deuxième des Formule Renault à seulement cinq dixièmes de Kevin Petit, elle s’imposait dans sa classe : « Là encore j’adore ce tracé, et être devant Didier sur un parcours aussi long est une belle satisfaction. Avec la chaleur extrême qui régnait cette année à Marchampt, le week-end fut un peu difficile, mais j’en garde un très bon souvenir. Je peux considérer qu’à partir de Marchampt, je me suis vraiment éclatée au volant », reconnait Estel dans un immense sourire. Satisfaction supplémentaire pour l’Auvergnate, avec le retour sur le Championnat de son frère Benoît, qui au volant de sa F3000 se classait au quatrième rang et s’imposait en tête des monoplaces.

A Dunières, Estel retrouvait un tracé pour lequel elle n’a que peu d’affection. Le manque de grip du tracé auvergnat pose problème à bon nombre de concurrents, ce qui est le cas pour la pilote de Murol : « J’ai vraiment l’impression de rouler sur des œufs, de ne pas cerner les limites de l’adhérence. Une adhérence qui évolue d’une montée à l’autre et qui fait que dès que l’on touche l’accélérateur, on a le sentiment que l’auto nous échappe. J’ai un peu de mal à me faire plaisir, et j’ai toujours peur de casser la voiture. » Malgré ces difficultés, Estel parvenait à devancer Didier Chaumont pour remporter une nouvelle victoire de classe : « Je suis assez surpris du résultat. Je pense que mon résultat est plus le fruit d’une contre-performance de Didier, que d’une performance de ma part », analyse-t-elle en toute honnêteté.

Estel au sommet du Mont-Dore
Les épreuves auvergnates s’enchaînent au calendrier du Championnat de France, et après avoir affronté le tracé de Dunières, c’est à domicile, sur les pentes du Mont-Dore, qu’Estel Bouche allait réaliser une performance de tout premier ordre. A l’issue d’une confrontation épique, elle terminait en tête des Formule Renault en devançant de plus d’une seconde Marc Pernot, et de plus de trois secondes Didier Chaumont : « C’était un week-end magique ! Contrairement aux éditions précédentes je n’avais aucune pression. J’évoluais au volant d’une nouvelle voiture, sans attendre rien de spécial et avec comme seule envie, celle de me faire plaisir. Depuis Bagnols-Sabran, j’attendais ce rendez-vous car j’étais intimement persuadée qu’avec cette auto, sur mon épreuve à domicile, j’allais prendre énormément de plaisir au volant », confie Estel.

« Au sein de l’équipe, la pression était certainement plus sur Yannick, qui avait un titre à défendre en CN/2, que sur moi. De ce fait, je me suis sentie libérée, et j’ai vraiment roulé en étant super à mon aise. On s’est rendu compte que ça allait le faire pour moi, et alors que nous avions décidé de ne pas chausser de gommes neuves pour ne pas entamer le budget, finalement j’ai mis des pneus neufs. J’ai alors attaqué à fond, mais sans excès. Tout a parfaitement fonctionné, et au final, à l’arrivée de la dernière montée, quand j’ai vu mon temps, j’ai pensé que ce n’était pas le mien. Puis j’ai vu une horde de pilotes qui s’approchait de moi en applaudissant, et j’ai compris que je venais de réaliser une belle perf. Emotionnellement ce fut très fort, c’est un moment que je n’oublierai jamais », avoue Estel dont la voie laisse entrevoir que l’émotion est encore présente.

Une magnifique performance associée à un autre résultat probant : « J’ai vu par la suite que je finissais deuxième féminine, derrière Charlie (Martin) mais devant Sarah (Louvet) et Martine (Hubert), et ça aussi c’était particulièrement satisfaisant. A ce stade, je me suis dit que même si j’arrêtais de courir, j’avais réalisé ce que je souhaitais. C’était vraiment une consécration pour moi. »

C’est par une nouvelle victoire de classe qu’Estel Bouche allait conclure la Course de Côte de Chamrousse, où elle se classait deuxième des Formule Renault derrière Etienne Pernot, mais en tête des F.R.A : « Durant tout le week-end je savais que je n’irais pas chercher Etienne. Mon objectif était de contenir Didier (Chaumont), en sachant que ce serait très chaud, car il est toujours très rapide à Chamrousse. Mais Didier a vraiment été malchanceux et a accumulé les problèmes tout au long du week-end. Au final je m’impose, mais j’ai vraiment eu ma part de chance », analyse Estel en toute humilité.

Didier Chaumont allait prendre sa revanche sur la dernière confrontation de la saison, à Limonest, où il terminait dans le sillage de Marc Pernot, mais devant Estel troisième des Formule Renault : « Nous sommes arrivés très tard et nous n’avions pas de voiture pour reconnaitre. Ce n’était pas l’idéal pour aborder cette épreuve. Je me suis fait une frayeur sur la première montée d’essais en me trompant sur un virage et en tirant tout droit. Après, tout au long du week-end, j’avais un train de retard sur chaque montée. »

Première des Formule Renault sur la Finale de la Coupe
Dixième au général et première féminine à Saint-Geniez-d’Olt, Estel signait un résultat identique à Issoire, avant de se classer huitième à La Tardes où elle s’imposait en Formule Renault et terminait à nouveau première féminine. Tout au long de la saison, l’Auvergnate signera d’excellents résultats en régional, ce qui lui permettait de se qualifier pour le Finale de la Coupe de France disputée cette année à Quillan. Seizième au scratch, Estel accrochait alors la victoire en Formule Renault et se classait deuxième féminine derrière Emeline Bréda : « Nous avons passés un week-end magnifique sur une course superbe, avec un accueil au top. Le parcours était difficile à reconnaitre, mais alors que je ne me faisais aucune illusion, finalement ça a plutôt très bien marché. »

Le premier constat que l’on peut faire à la vue des résultats enregistrés cette année par Estel Bouche, c’est que l’Auvergnate est en constante progression. Elle qui a débuté en 2013 a depuis marqué les esprits et étoffé son palmarès de nombreuses victoires de classe. A l’issue de cette saison 2017, elle ne peut tirer qu’un bilan largement positif : « Cette année j’étais vraiment en confiance, et c’est ce qui me permet d’améliorer mes chronos sur toutes les épreuves. Globalement je suis très contente, même si je suis consciente qu’un pilote plus expérimenté aurait peut-être pu réaliser de meilleurs résultats avec cette Formule Renault. Je suis persuadé que cette voiture permet de signer de meilleurs chronos », confie humblement Estel. « J’ai encore une belle marge de progression. Mais j’estime avoir le temps, et ce n’est pas dans mon tempérament de vouloir griller les étapes. L’auto me convient, même si je sais que l’on peut encore faire évoluer les réglages. »

Une évolution qui devrait donc se poursuivre en 2018 alors qu’Estel souhaite repartir pour une nouvelle campagne sur le Championnat, toujours au volant de sa Formule Renault : « Reste à boucler les budgets, et pour cela il faut que nous trouvions des partenaires prêts à nous suivre. »

Une chose est sûre, Estel sera suivie l’an prochain par l’équipe Chrono Montagne, dont elle est l’une des sociétaires et dont elle remercie bien évidemment les membres pour leur implication : « Je remercie Yannick pour tout ce qu'il fait pour moi. Outre le fait qu'il prépare ma voiture du mieux qu'il peut, il déborde de motivation. Je remercie également mes filles Géraldine et Matilde, elles aussi à fond dans la course. Leur soutien sans faille est une sacrée source d'énergie et de dépassement de soi ! Un énorme remerciement à Didier (Chaumont) pour ses attentions et sa sympathie. Merci aussi à toute l'équipe Chrono Montagne et à nos partenaires et amis : SAS Bonnaigue à La Bourboule, la concession Bony Automobiles à Issoire, LB Menuiseries et Super U à La Pommeraye, le garage BARD au Cendre, Alban Couderc Création à Saulzet-le-Chaud et enfin la ville d'Issoire. Rendez-vous pris l'année prochaine ! »

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 d’Estel Bouche.


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