En l’espace de quelques années, Fabien Bourgeon est devenu ’’la référence’’ en CM. Au volant d’un TracKing conçu en la collaboration avec son père au sein de la structure Bourgeon Concept, le jeune pilote de l’Ain domine la classe de la tête et des épaules. Large vainqueur de la catégorie sur toutes les épreuves auxquelles il a participé, Fabien remporte à l’issue de cette saison un second Challenge Open CM consécutif.
Pour cette saison 2018, c’est au volant d’un tout nouveau TracKing que Fabien Bourgeon débutait sa campagne de France : « Nous souhaitions disposer de la dernière évolution du côté de la motorisation, en intégrant le moteur GSX-R 2017, plus évolué et disposant de plus de chevaux. Cela nous obligeait à relever un petit défi technologique, car nous avons réalisé l’intégration du moteur origine - adaptation faisceau électrique, mise en route – en autonomie, sans l’aide d’un motoriste. Ce n’était pas évident, car le risque était avant tout de mettre l’électronique en défaut, ce qui a pour effet d’entrainer un manque de puissance », explique Fabien. « Nous y sommes parvenus dans un laps de temps assez court, et pouvoir nous présenter à Sabran en temps et en heure était déjà une petite victoire pour nous. »
Si bien évidemment Fabien s’était fixé comme objectif de conserver son titre dans le cadre du Challenge Open, sa priorité cette saison était de découvrir les épreuves qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’aborder, où de réapprendre celles qu’il n’avait pas affrontées depuis plusieurs années : « Nous avons déjà en tête la saison 2019, et pour y prendre part dans les meilleures conditions, il faut que je dispose d’un maximum d’infos sur chacune des épreuves. A ce jour, je n’avais pris part au Saint-Pierre et à Vuillafans qu’une fois, je n’avais jamais roulé à Abreschviller et sur les courses de l’Ouest, et malheureusement, je n’ai pu me rendre cette année qu’à Saint Gouëno. »
Invaincu tout au long de la saison
Prêt pour Bagnols, Fabien n’avait toutefois pas eu l’occasion de tester sa nouvelle monture, et c’est donc sur le tracé gardois qu’il allait valider les réglages de son TracKing : « Depuis 2013, nous débutons chaque saison avec une nouvelle voiture, nous avons donc une certaine expérience de ce cas de figure. »
Bagnols-Sabran représentait un autre défi pour Fabien Bourgeon qui, l’an dernier, suite à une violente sortie de route, avait été victime de diverses fractures qui l’avaient tenu éloigné des épreuves durant de longues semaines : « La fin de saison 2017, particulièrement chargée, m’avait permis de me remettre en confiance, mais j’abordais tout de même ce rendez-vous avec une petite appréhension, notamment à l’approche du dernier virage. Ce qui me rassurait, c’est de savoir que nous avions tout fait sur l’auto, pour que le problème qui avait entrainé la sortie de route ne se reproduise plus jamais. »
Fabien parvenait rapidement à rentrer dans sa course, pour battre le record en CM, accrocher un premier succès dans la catégorie, assorti d’une vingtième place au scratch : « L’auto fonctionnait bien, le moteur était prometteur, tout s’est bien passé pour moi. »
Cela faisait quatre ans que Fabien Bourgeon n’avait pas eu l’occasion d’affronter les pentes du Col Saint-Pierre. Il redécouvrait l’épreuve cévenole, ce qui n’allait pas l’empêcher de signer un nouveau succès en CM : « C’est une course magnifique… Samedi, sous la pluie, je me suis éclaté, et se battre au sein d’un plateau européen c’était génial, d’autant que nous sommes parvenus à signer d’excellents chronos. »
A Abreschviller, Fabien Bourgeon allait une nouvelle fois survolé les débats alors qu’il découvrait le tracé lorrain : « L’épreuve ne me ’’semblait’’ pas attractive, tant son tracé est court, mais finalement on y prend un plaisir fou… Cette épreuve a changé ma vision des épreuves aux parcours restreints. Les sensations sont d’une rare intensité, cela requiert une réelle perfection dans l’approche de la course, et puis on trouve à ’’Abresh’’ une excellente ambiance avec une organisation au top. Nous avons vraiment passé un très bon week-end. »
Pour la première fois de sa carrière, Fabien Bourgeon effectuait cette saison un déplacement sur l’une des épreuves de l’Ouest, en l’occurrence Saint Gouëno : « C’est à mon sens un tracé super sympa mais certainement un des plus difficiles de la saison. En termes de pilotages, il faut vraiment être hyper pointu sur un parcours qui propose un rythme effréné », analyse Fabien qui termine treizième au scratch, en accrochant, comme à son habitude, une victoire en CM. « Et puis l’ambiance de Saint Gouëno, dont tout le monde parle, n’est pas un mythe, c’est vraiment une épreuve festive. »
Pour Fabien Bourgeon l’édition 2018 de la Course de Côte de Vuillafans était une redécouverte : « J’avais hâte d’y retourner car lors de ma dernière participation, en 2014, j’étais seul en CM, et il m’avait été difficile de me lâcher totalement. L’épreuve est magnifique, avec un gros rythme et de magnifiques épingles. Tout s’est très bien passé, je me suis senti super bien dans l’auto, ce qui m’a permis de me faire un maxi plaisir sur la dernière montée. »
Le Mont-Dore est l’épreuve sur laquelle Fabien à certainement été le plus assidu. Le pilote de l’Ain n’a pas loupé une édition depuis 2013 et connait donc parfaitement l’épreuve auvergnate, sur laquelle il signait un nouveau succès en CM : « L’an dernier j’étais parvenu à battre le record que détenait Javier Villa depuis 2014, et cette année je l’améliore encore, ce qui est pour moi un réel sujet de satisfaction. »
Pas de surprise pour ce qui est de Chamrousse, où c’est une nouvelle fois Fabien Bourgeon que l’on retrouve en tête des CM à l’arrivée de l’épreuve iséroise : « Lorsque je suis arrivé à Chamrousse, j’ai vu que j’étais bien placé pour le Trophée Lestienne, et je me suis dit qu’il ne fallait pas que je passe à côté. Je remercie d’ailleurs Jean-Michel (Lestienne) grâce à qui j’ai retrouvé un sujet de motivation au moment où ma position au championnat était jouée », avoue Fabien. « Sur la deuxième montée de course, j’avais bien amélioré mon chrono et j’ai dû attaquer sur la dernière pour faire un temps similaire et récupérer la première place du Trophée. »
Ce n’est pas pour des raisons tactiques que Fabien ne sera pas au départ de Turckheim, mais parce que son emploi du temps ne lui permettait pas : « Simon (Taponard) avait fait une touchette au Mont-Dore, et il voulait impérativement être à Limonest. Nous avons donc profité du week-end de Turckheim pour finir de réparer son TracKing. »
Pour conclure la saison, Fabien Bourgeon était au départ de Limonest où il signera un ultime succès en CM : « Là nous avions les yeux rivés sur les écarts entre chaque montée pour ne pas perdre la première place du Trophée Lestienne », confie Fabien dans un large sourire. « Dimanche matin, j’ai commis une grosse faute sur la première épingle droite, et j’ai frisé la correctionnelle. Je n’avais donc plus de joker et j’étais dans l’obligation de faire deux bonnes dernières montées, et je parviens à faire un faible écart entre les deux manches. Parfait pour moi ! »
2019 s’écrira en E2-SC
Invaincu cette année en CM, Fabien Bourgeon bat tous les records de la catégorie et remporte un nouveau Challenge Open CM. Cerise sur le gâteau, il gagne également le Trophée Assurances Lestienne, de quoi être totalement satisfait de sa saison. Une saison qui permet à Fabien de confirmer la bonne tenue des TracKing et l’osmose qu’il a su créer avec sa voiture : « C’était assez sympa de disputer le Challenge Open face à deux autres TracKing. L’objectif pour moi était bien évidemment de conserver le titre mais surtout de mieux cerner les épreuves et de perfectionner les datas que nous avions pu jusqu’alors enregistrés. Nous n’avons rencontré aucun souci sur l’ensemble de la saison, ce qui démontre une nouvelle fois la fiabilité de notre auto, et le professionnalisme de l’équipe », analyse Fabien. « Pour le reste, même si l’écart était parfois important face à mes adversaires, je n’ai jamais voulu relâcher la pression et je me suis escrimé à me battre sur chaque course jusqu’à l’issue des dernières montées. L’important était d’engranger de l’expérience pour 2019, et de ce fait je me devais d’être au maximum. C’est pour cela que sur les épreuves, j’ai toujours été en progression sur mes chronos. »
« Pour être franc, j’avais un peu hâte que la saison se termine, parce que j’étais au bout de l’auto, en essayant de donner systématiquement le meilleur, et je ne voulais surtout pas partir à la faute, car ça aurait été mal perçu de sortir alors que je dominais mon sujet. Finalement, cette saison n’était pas aussi simple à gérer que l’on pourrait le croire », ajoute Fabien.
Cette saison 2018 aura permis à l’équipe Bourgeon Concept de préparer l’avenir, et notamment 2019 qui s’annonce comme la saison du renouveau : « Nous sommes en phase de développement de notre nouveau Proto ouvert (E2-SC et CN). C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. 2018 aura été la plus belle manière de conclure mon histoire en CM, catégorie dans laquelle j’évolue depuis cinq ans, maintenant j’ai les yeux tournés vers l’avenir. »
Un avenir qui se dessine en E2-SC, car si les TracKing seront toujours à la disposition de clients qui voudraient évoluer en CM, les nouveaux Protos conçus par le Team Bourgeon Concept viendront étoffer les plateaux des courses de côte : « Ce proto sera encore 100% maison, puisque nous prenons en charge l’intégralité de la conception : la cellule, les trains roulants, les épures de suspensions, l’aérodynamique, la carrosserie. Notre but est de construire une auto innovante, moderne et agressive, qui disposera pour la mienne d’un V8 Cosworth », explique Fabien.
La phase de développement est terminée, reste à débuter la construction de ce nouveau proto que Fabien espère être en mesure d’aligner à Bagnols-Sabran : « C’est un travail titanesque, mais particulièrement motivant. Il est difficile de donner une date de roulage, mais nous ferons tout pour être prêt pour la manche d’ouverture du Championnat. »
En parallèle, Bourgeon Concept développe le proto en version CN 2 litres et bien évidemment, à court ou moyen termes, ces protos seront disponibles pour évoluer aussi bien en course de côte qu’en circuit : « Aujourd’hui, on ressent surtout qu’il y a un bel engouement pour le E2-SC, et on peut espérer que l’an prochain des pilotes étrangers viendront rouler en France, car plus les plateaux seront étoffés, plus les épreuves seront intéressantes. »
Vient l’heure des remerciements, et Fabien a une pensée pour l’ensemble des personnes qui, autour de lui, de prêt ou de loin, lui ont permis de m’exprimer toute cette saison sereinement et en pleine confiance : « Merci à l’équipe, pour tous ces bons moments, même quand je suis un peu désagréable (!), et mon père bien évidemment, pour tout le travail effectué. Merci à mon Community Manager et photographe officiel Nicolas Millet ! », poursuit-il dans un éclat de rire. « Merci à mes sponsors, et principalement Monsieur Borrelly, pour son soutien reconduit toutes ces années maintenant. Je tenais aussi à féliciter et remercier tous les organisateurs, promoteurs, bénévoles, vidéastes et photographes, et bien évidemment le public : vous faites vivre notre sport, félicitation les courageux ! »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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