Une saison de Côte, Rallyes et Circuit en Historique

Depuis sa première apparition sur le Championnat de France de la Montagne en 2018, Jean-Michel Godet est resté fidèle à la Mitjet. Une fidélité récompensée puisque le Nordiste, qui a remporté le Challenge Open GTTS/1 en 2018, a par la suite toujours figuré sur le podium de ce même Challenge. C’est une nouvelle fois le cas à l’issue de cette saison 2020 où on le retrouve sur la deuxième marche du podium.

Jean-Michel Godet est un homme d’expérience, qui gravite depuis de nombreuses années dans l’univers de la compétition automobile. L’ancien Directeur Commercial au sein du Groupe Mondadori devenu Reworld Media, qui édite notamment les magazines Auto Plus, Sport Auto et l’Auto-Journal, a eu l’occasion de prendre part à de nombreux rallyes prestigieux. Il compte notamment plusieurs participations au Monte-Carlo. On le retrouvera également en circuit, surtout en endurance historique. Et si depuis 2018 il a décidé de suivre son ’’pote’’ Jean-Michel Lestienne sur le Championnat de France de la Montagne, il n’en délaisse pas pour autant les circuits qu’il arpente au volant d’une Alfa-Romeo GTAM et d’une MG B.

Pour ce qui est de la Course de Côte, le programme initial de Jean-Michel Godet était de rivaliser une nouvelle fois avec son ami Jean-Michel Lestienne au sein du Team Schatz Compétition. Mais l’apparition de la crise due au Covid-19 rendait sa participation hypothétique : « Je n’avais pas la certitude d’être suivi par mes partenaires », confie Jean-Michel Godet. « Si du côté de l’historique, Vulcanet, La Crèmerie Parisienne, Mecatechnic RRS et Motul ont joué le jeu, en revanche j’ai bien compris la frilosité de certains soutiens qui m’épaulent habituellement en Course de Côte. J’ai toutefois eu la chance extraordinaire de pouvoir évoluer au volant d’une Mitjet qui m’était prêtée par Jean-Mi (Lestienne), ce qui s’apparente à du vrai sponsoring. Sans son soutien je devais soit acheter une Mitjet, soit en louer une, ce qui change radicalement les choses », analyse Jean-Michel Godet.

Pour ce qui est de l’approche de sa saison, Jean-Michel Godet fait une analyse en forme de lapalissade : « Nous n’avions pas de sponsors, mais nous n’avions pas non plus d’épreuves, ça contrebalance », rappelle-t-il en évoquant l’annulation de dix des treize manches du Championnat.

Nouvelle saison avec des Mitjet reboostées
Du côté des Jean-Michel (Lestienne et Godet) l’année 2019 laissera un goût amer dû à la frustration de ne pouvoir rivaliser face à des concurrents disposant d’autos plus performantes : « Nos Mitjet étaient issues de la Coupe, donc ’’stocks’’, est nous devions rivaliser avec une auto disposant d’évolutions et d’une motorisation bien plus performantes. » Hors de question de se présenter à nouveau au départ de cette saison 2020 avec des Mitjet pénalisées par un défaut de compétitivité, le Team Schatz allait s’atteler à remettre les autos à niveau.

« Mon 1300 cm3 a donc été transformé en 1400 avec un calculateur Sodemo qui nous permettaient d’optimiser les performances. Le Team Schatz a réalisé un super boulot, et il est vrai que nous disposions de voitures radicalement différentes en comparaison aux modèles de l’année précédente », reconnait Jean-Michel.

Les essais sur le circuit du Bourbonnais certifiaient les allégations de Jean-Michel Godet qui confirmait la nette évolution de sa Mitjet : « En termes de couple, il était évident que la voiture était nettement plus performante. Moi qui passais d’une 1300 cm3 à cinq rapports à un 1400 disposant d’une boîte six vitesses, c’est un atout indéniable, qui te permet notamment d’avoir plus d’allonge. »

S’il a remporté le Challenge Open dès son entrée en lice en 2018, Jean-Michel Godet reconnait en toute humilité qu’il a eu sa part de chance. Pour cette saison, il ne visait pas spécialement un succès mais voulait avant tout se faire plaisir : « En essayant d’accrocher un podium et de terminer au plus près de la première place », confie-t-il.

Podium en GTTS/1
Sur le Mont-Dore, où débutait cette année cette courte saison, Jean-Michel Godet se classait à deux reprises à la troisième place des Mitjet, derrière le local de l’épreuve, Ferdinand Loton, et Jean-Marc Tissot : « J’ai amélioré mes chronos de l’année précédente et la voiture était vraiment sympa à piloter. J’étais à moins d’une seconde au kil’ de JM Tissot, je n’étais donc pas largué ce qui pour une première avec la Mitjet dans sa nouvelle configuration n’était pas mal du tout. D’autant que ce n’était que ma deuxième participation au Mont-Dore. »

Le week-end alsacien de Jean-Michel Godet débutait plutôt bien puisque samedi, à l’occasion de la première course disputée à Turckheim, il se classait au deuxième rang des Mitjet : « J’étais content car là encore j’étais loin d’être largué et je gardais à l’esprit que le dimanche m’offrait la possibilité de me rapprocher encore un peu plus. »

Malheureusement, sa quête de succès allait faire commettre à Jean-Michel l’irréparable. « J’ai fait preuve d’un excès d’optimisme et j’ai freiné trop tard à l’approche d’une courbe. Plus précisément, le fond plat a talonné sur une bosse, ce qui m’a propulsé en avant, et au moment où la voiture a repris de l’adhérence sur la route, j’ai tapé dans les freins mais la distance était trop courte pour me ralentir suffisamment  », commente le Nordiste. La Mitjet grimpait alors sur le talus avant d’être stoppée net par un lourd ballot de paille. Bilan, une blessure à la main qui nécessitait alors son transfert à l’hôpital de Colmar.

« J’ai eu la chance d’être pris en charge par les Ambulances Mader et Franck m’a traité en VIP, je ne pouvais pas espérer mieux. » Le diagnostic suite au premier examen laissait apparaitre une déchirure entre l’auriculaire et l’annulaire : « Ma main gauche est passée entre le volant et une des branches qui a provoqué une déchirure entre les doigts. Encore aujourd’hui, je n’ai pas totalement récupéré ma mobilité et je n’ai pas la certitude que cela reviendra. Après, ça ne me gêne en rien pour tenir un volant, donc ce n’est pas très grave. »

Outre la blessure, les dégâts sur la Mitjet étaient importants avec un demi-train avant gauche hors d’usage, des triangles cassés, un amortisseur tordu, le radiateur endommagé, le pare-chocs détruit, le capot endommagé. Plutôt que de payer la facture, Jean-Michel Godet, préférait racheter la Mitjet à son ami Jean-Michel Lestienne : « Il était prévu que je lui rachète, ce fut donc l’occasion. J’ai fait faire les réparations et cela m’a permis de faire poser une calandre de Mercedes trouvée dans une casse, et qui à mon avis a plus de gueule que la calandre Skoda », précise badin Jean-Michel Godet.

Deuxième du Challenge Open GTTS/1
La sortie de route à Turckheim mettait un terme prématurée à sa saison, mais ne l’empêchait pas de figurer à la deuxième place du Challenge Open GTTS/1 : « Soyons honnêtes, cette saison nous disposions de Mitjet compétitives et nous ne sommes pas vraiment parvenus à réduire l’écart qui nous séparait de Jean-Marc Tissot. Il faut donc savoir se remettre en question et reconnaitre que JM Tissot avait 1 an d’avance et que nous avons toujours trainé ce retard qu’il était impossible de rattraper en trois week-ends de course. »

Malgré tout, Jean-Michel Godet veut dégager les points positifs de cette courte saison : « J’ai pu rouler… Au volant d’une auto nettement plus compétitive et qui m’a donné pleinement satisfaction. J’ai fait une c…., j’en suis seul responsable, c’est le jeu ! »

En dehors du Championnat de France de la Montagne, les deux Jean-Michel, Lestienne et Godet prenaient part au mois d’avril au Rallye d’Aumale, aux volants de leurs Alfa-Romeo GTAM : « C’est un rallye plutôt de prestige que de pure vitesse, mais l’ambiance y est super sympa. C’est une très belle épreuve disputée dans la région de Chantilly, donc près de chez moi, et cela nous permet de passer, avec Isabelle ma coéquipière dans la vie et dans l'auto, un excellent week-end en compagnie de Jean-Michel et d’Aline son épouse. C’est une épreuve qui sera à nouveau à notre calendrier cette année. »

Les deux Jean-Michel participaient également aux Classic Days qui se tenaient fin août sur le circuit de Magny-Cours : « J’avoue que la préparation de mon Alfa-Romeo GTAM m’a coûté un bras, et j’ai hésité à la lancer en circuit. Mais je me suis dit que si je ne me faisais pas plaisir avec cette auto, c’était ridicule de l’avoir préparée… Et finalement je suis super content car c’est une auto vraiment agréable à piloter. » Les deux Jean-Michel étaient engagés dans les séries « Old 2 » qui est moins typée compétition que la « Old 1 ». « J’avais eu l’occasion de rouler dans la série « Old 1 » avec la MG B, et je m’étais retrouvé confronté à des furieux qui ont des comportements en piste pour le moins surprenants. N’ayant pas l’intention d’endommager nos Alfa, nous avons préféré être raisonnables. Cela nous a permis de faire six sessions de 20 minutes durant le week-end, de quoi se faire réellement plaisir. »

Au mois d’octobre, c’est au Portugal que l’on retrouvait Jean-Michel Godet à l’occasion de l’Estoril Classics, épreuve sur laquelle il alignait sa MG B dans la catégorie Sixties’ Endurance. Mais sa participation à la manifestation portugaise allait être la source d’une nouvelle déconvenue : « Quand ça ne veut pas sourire, il faut être fataliste », lâche Jean-Michel avant d’évoquer ses déboires : « Nous avons pris part aux 40 minutes d’essais libres et ensuite aux 40 minutes d’essais chronos. Pour la course, sachant que mon pote (Nicolas Berthy) avait moins roulé que moi, je lui ai dit de prendre le départ, au cas où nous rencontrerions un problème, qu’il ait l’occasion auparavant de se faire plaisir… Il a fait un tour avant de rejoindre les stands avec une butée d’embrayage hors-service. La course se terminait là ! »

Une saison 2021 centrée sur l’Historique
Pour Jean-Michel Godet l’avenir aura un goût de parfum d’antan, puisque c’est vers l’historique qu’il devrait concentrer ses efforts : « Nous venons de racheter une TVR Grantura MK3 de 1963. Une auto très sympa fabriquée à une trentaine d’exemplaire, un truc typiquement britannique, donc assez fou mais super efficace. » Avec cette auto plus vive que la MG B, Jean-Michel devrait donc se concocter un sympathique petit calendrier en Sixties' Endurance : « L’idée c’est d’être si possible au départ des 10 000 tours du Castellet en mars, Spa Classic en mai, Le Grand Prix de l'Âge d'Or à Dijon en juin, Vallelunga Classic à Rome en septembre et Estoril Classics en octobre. Mais le rendez-vous de l'année reste Le Mans Classic que nous ferons avec la MG B en juillet. »

On devrait également retrouver Jean-Michel Godet au volant de son Alfa GTAM, accompagné de son acolyte Jean-Michel Lestienne, qui dispose d’une auto similaire : « Nous devrions nous engager au Rallye des 3 Forêts et au Rallye d’Aumale en avril ainsi qu’aux Classic Days à Magny-Cours en Mai, au Goodwood Revival (en spectateurs pour 3 jours de folie « so British ») en septembre et au Classic Festival à Nogaro en octobre. Ça parait être un programme des plus sympathique. »

Jean-Michel Godet n’a pas tourné pour autant la page de la Course de Côte : « Comme l’évoquait ces jours derniers Jean-Mi, ça serait sympa de faire rouler en courses de côte le Proto électrique ERC 140. Quant à la Mitjet, j’ai vécu ma sortie de route comme un signe (la fameuse date de péremption évoquée par Jean-Mi Lestienne...), et j’ai donc décidé de la vendre. »

On le voit, Jean-Michel Godet prend toujours autant de plaisir en assouvissant sa passion pour les sports mécaniques. Et à l’heure de prendre quelques distances avec la Course de Côte, il n’oublie pas de remercier ceux qui l’ont accompagné sur cette discipline : « Un grand merci à RRS qui m'équipe des pieds à la tête, La Crèmerie Parisienne, Mecatechnic Motul qui m’aident en historique et dont j’affiche les couleurs en côte, et bien évidemment mon ami Jean-Michel Lestienne qui m’a embarqué dans cette galère », lâche-t-il dans un éclat de rire. « Un grand merci au Team Schatz pour la préparation des autos et le coaching. J’ai eu le sentiment ces dernières saisons de rouler comme un pilote d’usine qui n’avait comme seule préoccupation que de piloter sa voiture. Et un grand merci à Isabelle, ma compagne, pour sa patience… Et je conclurai en revenant sur la disparition de Jean Turnel qui nous a profondément marqués. C’est d’une infinie tristesse car au-delà d’un super pilote toujours aussi véloce malgré les années, c’était un garçon d’une extrême gentillesse  »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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