Vainqueur du Challenge Open Formule Renault

Après une année 2022 marquée par les déconvenues et les mésaventures, il aura fallu toute la détermination de Thierry Bertin pour se relancer sur une nouvelle campagne au volant de sa Formule Renault. Détermination et combativité seront pour le Franc-Comtois les clés du succès, puisqu’il remporte le Challenge Open DE/7.

Le succès, Thierry Bertin a pris l’habitude de le côtoyer. En près de trente ans de compétition, le Doubien de naissance a eu l’occasion de signer des victoires au scratch sur des courses de côte régionales et de très nombreuses victoires de classes sur le Championnat de France de la Montagne. En 2014, il remportait un Challenge Open au volant d’une Dallara BP 08 propulsée par un moteur 1300 Hayabusa. Il rééditera cette performance à l’issue de la saison 2017.

Durant les saisons suivantes, Thierry Bertin allait se partager entre courses de côte en monoplace, et rallyes historiques qu’il abordait au volant d’une BMW 323 I. En 2021, lors de sa participation à la Course de Côte de Turckheim, il trouvait un acquéreur pour sa Dallara. Pour poursuivre sur les épreuves de Montagne se posait alors le choix toujours délicat d’une nouvelle monture. Une expérience avortée avec un Proto Funyo faisait hésiter Thierry à se tourner vers le Championnat Production, mais c’est finalement sur une Formule Renault qu’il jettera son dévolu. Particularité tout de même, alors que la plupart des animateurs de la classe DE/7 disposent de Tatuus, le Franc-Comtois décidait d’opter pour une Caparo.

Sur le papier, sa monoplace affiche des performances qui n’ont rien à envier à ses rivales. Malheureusement, dès les premières apparitions de la Caparo en course, Thierry rencontrait quelques problèmes. Par la suite, les dysfonctionnements succèderont aux tracas mécaniques, et il faudra attendre la dernière épreuve inscrite à son calendrier, la Course de Côte de Turckheim, pour que Thierry puisse terminer la saison 2022 sur une note d’optimisme. Il se testera ensuite à Limonest au volant d’une Norma 2 litres, mais la bonne prestation livrée à Turckheim l’incitait à conserver sa Formule Renault Caparo à l’heure d’aborder la saison 2023 : « Même si la saison 2022 fut catastrophique, puisque la voiture que j’ai achetée n’a jamais convenu à mes attentes, j’ai beaucoup investi sur cette monoplace et je ne me voyais pas m’en séparer alors que j’avais le sentiment d’être parvenu au bout du tunnel », confie Thierry Bertin.

En termes d’investissement, Thierry avait offert à sa Formule Renault une boite de vitesses et un faisceau électrique neuf, et avait fait un énorme travail sur les réglages de trains : « Je savais que cette voiture était compétitive et je voulais absolument faire gagner cette Caparo, ne serait-ce que parce qu’aucune autre n’évolue en course de côte. » Le Franc-Comtois estimait également que conservait sa Caparo allait lui offrir un autre avantage : « Elle est plus lourde que les Tatuus, et donc avec le lest obligatoire de 30 kilos pour satisfaire à la nouvelle réglementation, j’étais avantagé », analyse-t-il.

L’hiver qui précédait la saison 2023 était donc consacré à une révision dans les règles de l’art de la monoplace, afin de s’assurer d’une réelle fiabilité pour la campagne à venir : « Lors de la petite séance d’essais que nous avons programmée sur le circuit de Pouilly-en-Auxois, je me suis rendu compte que la voiture n’était plus la même. C’était plutôt rassurant pour la saison à venir. »

Livrer un duel à Didier Chaumont
Même s’il savait disposer d’une voiture compétitive, Thierry Bertin ne s’était pas fixé d’objectif particulier en début de saison : « L’important n’était pas d’être devant, je voulais juste me battre avec mon vieil ami Didier (Chaumont). Nous sommes les plus expérimentés des pilotes évoluant sur le Challenge Open DE/7, et de ce fait nous voulions nous livrer un sympathique duel. »

Le coup d’envoi de la saison permettra à Thierry Bertin de s’opposer une première fois à son rival, car si à Bagnols-Sabran Anthony Neveu impose sa Formule Renault en tête de la classe DE/7, Didier Chaumont termine deuxième juste devant Thierry : « Compte tenu de ce que j’avais vécu lors de la précédente saison, c’était plutôt prometteur », estime le Doubien. « On voyait bien que le travail avait payé même si je devais encore composer avec un peu de sous-virage. Je n’étais pas en totale confiance, mais content de terminer troisième, pas loin de Didier. »

Le duel se poursuivait sur les pentes du Col Saint-Pierre où l’expérimenté Didier Chaumont signait un énième succès de classe, juste devant Thierry : « Pour aller vite sur le Col Saint-Pierre, il faut parfaitement connaitre, ce qui n’est pas forcément mon cas. Donc j’estime ne pas m’en sortir trop mal même si j’étais un peu perdu sur deux ou trois portions. Mais je fais une belle progression et j’en suis pleinement satisfait. »

Difficile de faire lâcher Didier Chaumont qui, à Abreschviller, viendra chercher une nouvelle victoire en tête des Formule Renault, une nouvelle fois devant Thierry : « Là je ne suis vraiment pas loin et lors d’une discussion avec Ludovic Cholley, il me fait comprendre que si j’opte pour des pneumatiques Pirelli ma monoplace allait être totalement transformée. Ça méritait de le tenter. »

C’est sur une épreuve régionale, la Course de Côte de Donzy-le-Pertuis, que Thierry Bertin chaussait sa Caparo pour la première fois de gommes italiennes. Cette participation se soldait par une huitième place au scratch et une victoire de classe : « Ce fut un déclic. En plus des nouveaux pneus, j’ai modifié mes appuis de flaps à l’avant et à l’arrière, et j’ai ressenti immédiatement une réelle progression. »

Une progression qui se confirmera sur la Course de Côte du Pin où Thierry plaçait sa Formule Renault au deuxième rang de sa classe derrière le rapide Sébastien Pomaret : « Ça me convient parfaitement. Je garde à l’esprit que j’ai ensuite un championnat à gérer, et qu’il serait absurde de prendre le risque de sortir de la route pour aller chercher une victoire qui ne m’offre rien. J’ai avant tout bien cerné le comportement de la voiture dans sa nouvelle configuration, et puis Sébastien Pomaret est un garçon qui roule fort. »

On retrouvait ensuite Thierry Bertin sur le championnat à l’occasion de la Course de Côte de Saint Gouëno où il terminait deuxième à seulement neuf millièmes d’Antonin Saintmard. : « C’est une course un peu compliquée et qui peut-être un peu dangereuse, mais j’avoue avoir vraiment roulé », explique Thierry. « J’étais en confiance avec l’auto et il y a des endroits délicats où je n’ai pas hésité à ''souder''. Le problème c’est qu’il y a des endroits bosselés où l’auto talonne et où je perds clairement du temps », estime Thierry. « Alors certes je ne gagne pas, mais je suis en progression et je n’ai aucune frustration parce que je suis hyper content pour Antonin qui est vraiment un bon gars, et sur cette épreuve il s’est vraiment ''arraché ''. »

Si Thierry Bertin termine troisième à Marchampt derrière Anthony Neveu et Benjamin Brenot, il se classe premier des pilotes évoluant en Formule Renault sur le championnat : « Anthony était intouchable et Benjamin Brenot est un jeune qui va très vite. Mais pour ma part j’estime avoir fait le job en marquant les points pour le Challenge. Mon objectif à ce moment-là était d’être au départ de Vuillafans, et donc de ne surtout pas endommager l’auto. »

Vuillafans… Pour Thierry Bertin c’est la course à la maison. C’est là qu’enfant il a découvert la course de côte, c’est sur cette épreuve qu’il souhaite plus que partout ailleurs s’illustrer. Et ce sera le cas puisque le Doubien inscrit cette année son nom au palmarès de la classe DE/7 : « J’ai roulé comme jamais, en étant aux delà de mes limites sans avoir toutefois le sentiment d’avoir pris de gros risques », confie Thierry. « Je connais parfaitement le tracé et j’ai énormément travaillé sur les réglages de trains arrière, indispensables pour aller vite sur cette épreuve. Je m’impose sur la dernière et émotionnellement c’est très fort de gagner devant ma famille, mes copains d’enfance, c’était une énorme satisfaction. »

Thierry Bertin ira dans la foulée chercher une nouvelle victoire de classe sur une manche du 2ème Division, la Course de Côte de La Broque : « C’est une épreuve que j’aime énormément sur laquelle il n’y avait pas, il faut être honnête, une énorme concurrence. Mais j’étais confronté à Fred Ehrhardt qui est un sérieux client et qui m’a donné du fil à retordre. »

Le Mont-Dore est un des rendez-vous attendus par les animateurs du Championnat de France de la Montagne. Thierry Bertin voulait préparer au mieux l’épreuve auvergnate, et pour cela, deux mois auparavant, il a commencé à étudier de près les caméras embarquées de Baptiste Tognet-Bruchet, vainqueur de la classe DE/7 en 2022 : « J’ai vraiment appris par cœur, bien enregistré les rapports de boîte sur chaque virage parce que nous avons la même boîte de vitesses. Au final je termine quatrième, alors qu’il n’y a eu que deux montées de course, mais honnêtement, si je n’avais pas aussi bien ''bossé'' cette épreuve, ça aurait pu être bien pire », analyse Thierry qui se classe premier des pilotes de la classe DE/7 engagés sur le championnat.

C’est à la même quatrième place que Thierry Bertin terminait la Course de Côte de Chamrousse, à nouveau leader des Formule Renault sur le CFM : « L’objectif à Chamrousse était d’être devant Didier (Chaumont). Je savais que si je le devançais je remportais le Challenge Open parce qu’à cause des vendanges, il était peu probable qu’il soit au départ de Turckheim et de Limonest. Je n’ai donc pas pris de risque, je me suis juste focalisé sur les chronos de Didier. Après, en toute franchise, je ne sais pas où Anthony Neveu, Benjamin et Thierry Brenot sont allés chercher leurs temps, parce que là je n’étais pas en mesure de le faire », confie humblement le Franc-Comtois. « Je ne suis peut-être pas dans les bons réglages, où alors je manque de vivacité ou de train avant, je ne sais pas. »

Le week-end alsacien de Thierry Bertin sera couronné de réussite puisque c’est lui qui s’imposait dans la classe DE/7 sur la Course de Côte de Turckheim : « Un magnifique rendez-vous durant lequel j’améliore sur chaque montée. J’ai vraiment travaillé au niveau des appuis, apporté des modifications après Chamrousse et dès la seconde manche d’essais je savais que j’étais dans le coup. »

Devancé par Thierry et Benjamin Brenot sur la manche de clôture du Championnat de France de la Montagne, Thierry Bertin marquait de nouveaux points à Limonest en se classant une nouvelle fois en tête des Formule Renault engagées sur le championnat : « J’avoue que ce n’est pas le tracé que j’affectionne le plus. Je reconnais que c’est vraiment très bien organisé malgré les difficultés que représente la mise en place d’une épreuve en ville, mais je ne suis vraiment pas fan du parcours », confie Thierry. « J’ai passé un bon week-end et c’est là l’essentiel. »

Vainqueur de l’Open DE/7 et de la classe sur la Finale
Pour conclure la saison, Thierry Bertin se rendra à Steige pour honorer sa qualification sur La Finale de la Coupe de France de la Montagne. Sa participation à l’épreuve alsacienne lui permettra de terminer l’année en beauté en remportant la classe DE/7 : « C’est la cerise sur le gâteau… Je découvrais le tracé mais j’ai vraiment peaufiné les reconnaissances. Ça aide énormément, les recos sont la base si tu veux être rapide. La plupart des concurrents dans la classe étaient des pilotes qui roulent essentiellement sur des épreuves régionales et qui de ce fait sont moins habitués à des parcours rapides. J’étais donc à mon avantage », estime Thierry.

Durant cette année 2023 Thierry Bertin n’aura pas seulement animé les courses de côte. Il aura l’occasion à trois reprises de s’installer derrière le volant de sa BMW 323 I pour prendre part à trois rallyes historiques : « Au mois d’août je me suis engagé sur le Rallye VHC Haute Vallée d'Azergues, le Rallye de l’Ain-Jura au mois de mai, ensuite le Rallye des Vignes et pour finir le Rallye du sel en août. J’ai connu des fortunes diverses avec des abandons sur les deux premiers rallyes. Sur le Rallye des Vignes et le Rallye du Sel on signe de bons résultats, de quoi être contents et se faire plaisir. »

Astrid, la fille de Corinne, la compagne de Thierry, roule pour sa part en Autocross, et cette année Thierry avait décidé de l’accompagner en s’engageant sur une épreuve : « J’ai acheté une auto avec laquelle j’étais au départ de l’Autocross des Graves, à Servilly dans l’Allier. Je me suis rapidement rendu compte qu’il était difficile de faire glisser une traction et que c’est tout de même du ''casse voiture'', ce qui ne me correspond pas du tout moi qui prend un soin énorme des autos avec lesquelles je roule. Mais sinon c’était sympa de partager ce week-end elle avec sa Saxo, moi avec ma 205. »

A l’issue de cette saison 2023, Thierry Bertin remporte donc le Challenge Open DE/7. Un résultat qu’il met sur le compte de sa longue expérience : « Il est clair que face à des pilotes plus jeunes, le travail et les années d’expérience jouent en ma faveur. Je ne pense pas que je roule plus fort qu’auparavant, mais le travail de préparation que je mène en amont porte ses fruits. Donc même si avec l’âge on perd un peu d’insouciance, on gagne en sagesse et c’est payant », analyse Thierry qui est pleinement satisfait de sa saison : « Je n’avais pas d’objectif particulier et finalement je fais le doublé en remportant le Challenge Open et ma classe sur la Finale, nous ne sommes pas si nombreux à avoir fait le doublé cette année. »

Sa victoire sur le Challenge Open DE/7, Thierry Bertin l’a doit à son talent, son expérience en tant que pilote et à la fiabilité de sa Formule Renault Caparo. A l’heure des remerciements, il veut avoir une pensée pour ceux qui l’ont soutenu : « Un immense merci à MMA Assurances à Besançon, à tous les organisateur pour leur travail et leur accueil. Merci également à Eric (Brachin), qui accompagne Vincent Lagache sur les épreuves et qui à Chamrousse m’a débloqué le dos. Sans lui je n’aurais pas pu rouler. Par la même occasion je veux remercier Antonin (Saintmard) qui a démonté ma structure et m’a apporté une aide précieuse. Je remercie bien évidemment Corinne (Beffy) ma compagne qui assure l’intendance en plus de ses fonctions de chronométrage et de relations concurrents sur les épreuves. Merci aux animateurs de la classe DE/7 avec qui je me suis très bien entendu, et je ne peux oublier l’ami Didier (Chaumont) avec qui je me suis bien battu. Je sais que l’an prochain il va mettre les bouchées doubles et que ce sera à nouveau un sérieux client. »

Satisfait de sa monoplace, Thierry Bertin n’a pas envie de changer de voiture. Sa seule interrogation vient du fait qu’il ne sait pas s’il pourra trouver des pneumatiques avec lesquels il pourra pleinement défendre ses chances : « Je vais essayer… L’objectif en 2024 est d’être au départ de toutes les manches du championnat. Je vais délaisser le régional pour me concentrer sur le Championnat de France de la Montagne », conclut Thierry Bertin.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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