Vincent Savary à la tête de l’ASA Rhône Cèze.

Entre Vincent Savary et la Course de Côte de Bagnols-Sabran c’est une véritable histoire d’amour. Une histoire qui dure depuis plusieurs décennies, et qui a motivé le pilote Gardois à accepter la présidence de l’ASA Rhône-Cèze, structure organisatrice de la traditionnelle manche d’ouverture du Championnat de France de la Montagne.

On peut être très éloigné des sports mécaniques, et vouer tout de même une passion pour l’automobile. C’était le cas du papa de Vincent Savary qui pour transmettre son goût des belles voitures ne manquait pas de lui offrir régulièrement des modèles réduits.

Le sport auto, il était impossible de l’ignorer, la famille Savary habitait à 7 kilomètres du départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, et on peut difficilement passer à côté d’un tel événement. Si son père, électricien de profession, n’avait que rarement le temps d’accompagner Vincent sur cette manifestation, c’est en compagnie de son grand-père ou d’un oncle passionné de sport auto, qu’enfant il découvrait l’environnement de la Course de Côte : « Je n’ai certainement pas assisté à la toute première édition, mais depuis la quatre ou cinquième, j’ai toujours été présent », se souvient Vincent. « Je me rappelle même que pour ne pas payer l’entrée, mon grand-père me faisait passer par la garrigue, chose qu’il ne faut évidemment pas faire », confirme dans un éclat de rire celui qui aujourd’hui préside à la destinée de l’épreuve.

A l’adolescence, avec les copains, c’est à vélo que Vincent se rendait à Sabran, avant qu’à 16 ans, le permis moto en poche, une 125 cm3 ne remplace la bicyclette : « Avec la moto, on pouvait aller bien plus loin, et toujours avec les copains nous nous rendions alors à Lédenon ou jusqu’au Circuit Paul Ricard. »

Une carrière de pilote en BMW M3 Groupe N
A 18 ans, la voiture allait étendre le champ d’action de la bande de copains, qui se rendaient alors en spectateurs sur de nombreuses épreuves, « avec, il est vrai, une réelle passion pour la Course de Côte. On a découvert le Saint-Pierre, le Mont-Dore en Championnat d’Europe, des épreuves de prestige avec des plateaux énormes. »

Un drame allait alors marquer la jeunesse de Vincent, qui perdait son père dans un accident de voiture : « Je me suis donc retrouvé à la tête de l’entreprise familiale alors que je n’avais que 25 ans. Une entreprise qui employait une trentaine de personnes, ce qui me laissait peu de loisir et bien évidemment pas de temps pour assouvir ma passion pour le sport automobile. »

Vincent Savary ne restait pas pour autant totalement éloigné de l’automobile et prenait part à plusieurs reprises à des stages de pilotage : « J’ai eu l’occasion de rouler à Lédenon aux volants de différentes Peugeot. Ensuite, pour mes 40 ans, mes copains m’ont offert un stage de pilotage chez Fabrice Morel, à Alès. En l’espace de deux jours cela te permets d’apprendre énormément. J’ai également pu rouler en Formule Ford, de quoi me faire plaisir et mieux cerner les premières notions de pilotage. »

C’est en 2008, au volant d’une Saxo Groupe A, que Vincent Savary franchissait le pas : « J’avais remarqué en assistant à la Course de Côte du Pont des Abarines 2007 que de nombreuses petites autos affichaient des autocollants ’’louez-moi’’. Je me suis dit que c’était une excellent manière de faire ma première course. J’ai donc loué cette Saxo avec laquelle je me suis engagé aux Abarines, en double monte avec Patrick Suchon. »

Les sensations étaient au rendez-vous et Vincent Savary engageait par la suite la Saxo à Bagnols-Sabran… Hors de question de s’arrêter en si bon chemin, d’autant que la vente d’un terrain permettait à Vincent de disposer d’un budget pour acquérir sa propre voiture de course : « J’ai découvert alors, sur une annonce, que Nicolas Werver vendait sa BMW M3. Ma femme a été tout de suite emballée, même si la vente du terrain n’était pas finalisée. Mais mon épouse à téléphoné à la banque qui m’a fait l’avance et j’ai pu acquérir la voiture tout de suite. »

Avec son ami Jordan ’’Nano’’ Milesi, Vincent se rendait en Alsace récupérer la M3 avec laquelle il allait écumer les courses du sud de l’hexagone, et accumuler bien évidemment les participations à Bagnols-Sabran.

Bagnols-Sabran, la madeleine de Proust de Vincent
L’épreuve gardoise reste un événement à part pour Vincent Savary qui connait le tracé par cœur : « C’est une vrai histoire d’amour, faite d’immenses émotions, de souvenirs d’enfance, de frustration parfois. C’est pour moi mythique », confie-t-il non sans émotion.

Licencié de l’ASA Rhône-Cèze depuis ses débuts en tant que pilote, Vincent allait au fil du temps s’investir dans l’organisation : « J’apportais mon soutien, mon aide également par le biais de mon entreprise, ce qui me permettait d’être présent pour tout ce qui touchait l’électricité. » Dans son esprit, Vincent, qui a aujourd’hui 58 ans, pensait intégrer le bureau de l’ASA lorsqu’il serait à la retraite. Finalement, il anticipait son implication, et Régis Court ayant décidé de ne pas renouveler son mandat de président, Vincent se portait candidat : « C’était pour moi la suite logique, et j’ai rapidement compris que peu de monde souhaitait prendre la responsabilité d’organiser notre épreuve. J’ai donc accepté la présidence avec le souhait de rajeunir une équipe un peu vieillissante. Régis a bien préparé le terrain avant de passer le flambeau, et à présent entre les anciens expérimentés et les nouveaux venus qui amènent des idées novatrices, nous avons une bonne petite équipe. »

Le seul regret de Vincent Savary est de n’avoir pas pu réaliser une belle dernière année de course au volant de sa BMW : « Je voulais tirer un baroud d’honneur à l’occasion de la saison 2020. Mais la crise sanitaire, et différents problèmes personnels m’en ont empêché. C’est dommage, mais j’ai aujourd’hui de nouveaux défis qui m’attendent et qui sont particulièrement motivants. »

Bagnols-Sabran, une épreuve en constante évolution
En ce dernier week-end de mars, la Course de Côte de Bagnols-Sabran devait être le théâtre du coup d’envoi du Championnat de France de la Montagne 2021. Malheureusement, la crise sanitaire qui perdure a obligé l’ASA Rhône-Cèze a reporter son épreuve fin juillet : « Je tenais à ce que n’annulions pas. Il était important d’organiser cette édition 2021, de montrer notre motivation comme nous l’avions fait en 2020. »

Pour l’avenir, Vincent Savary estime que son épreuve dispose d’excellents atouts pour compter parmi les épreuves phares du Championnat : « Notre tracé est atypique, au fil des ans il a été sécurisé avec de nombreux travaux qui ont été entrepris. Nous n’en restons pas là et nous continuons de travailler notamment sur les talus qui bordent le parcours. Nous essayons de voir avec le Conseil Départemental pour une réfection du revêtement, et nous allons nous attacher à gommer les quelques imperfections dues aux racines des arbres qui effleurent sur la route. »

Le parc concurrents n’est pas oublié et bénéficie lui aussi d’améliorations : « Notre objectif est d’offrir le plus grand confort possible aux concurrents, en aménageant des zones pour les camping-car, en améliorant la sonorisation et la fourniture de l’électricité à chaque pilote. Pour pérenniser notre épreuve, nous nous devons d’être en constante évolution. »

Vincent Savary suit la Course de Côte depuis sa plus tendre enfance. Il a de ce fait suffisamment d’expérience pour faire une analyse assez juste des attraits de la discipline : « On constate l’arrivée de nouvelles autos performantes, tant en Sport qu’en Production, ce qui est bien évidemment réjouissant. Le seul regret que l’on peut avoir, c’est que nous ne puissions pas rapidement nous calquer sur la réglementation européenne, car de ce fait, nous nous privons de magnifiques autos que l’on peut voir rouler chez nos voisins. »

Enthousiaste, motivé, Vincent Savary attend impatiemment l’édition 2021 de la Course de Côte de Bagnols-Sabran. D’autant qu’il sait pouvoir compter sur le soutien de fidèles partenaires : « Nous avons sondé l’ensemble de nos sponsors, et malgré la crise sanitaire, ils nous ont tous assuré qu’ils seraient bien présents cette année. C’est bien évidemment rassurant et je tiens à leur rendre hommage. J’en profite donc pour remercier La Région Occitanie / Pyrénées Méditerranée, le Département du Gard, les conseillers départementaux du Canton de Bagnols-sur-Cèze, la ville de Bagnols-sur-Cèze et son office des sports, la commune de Sabran, les Ambulances Raoux, le Crédit Mutuel, les assurances Allianz Godon et Lopez, la Boulangerie Caractère de Pain, TV sud magazine Gard Rhodanien, Renault Auto Services Bagnols, Garage Ligones. Un immense merci également à tous les membres de mon bureau directeur et tous mes licenciés, ainsi qu’à tous mes nombreux bénévoles sans qui l'organisation ne serait pas possible », conclut Vincent Savary.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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