Damien Chamberod Vice-champion de France

Après une année sabbatique en 2020, Damien Chamberod faisait cette année son retour sur le Championnat de France de la Montagne. Retour attendu tant l’Isérois avait réalisé des prouesses lors de ses dernières apparitions. Et l’attente des observateurs de la discipline ne fut pas déçue, Damien a une nouvelle fois démontré, en accrochant à l’issue de sa campagne 2021 le titre de Vice-champion de France, qu’il comptait parmi l’élite des Montagnards.

Plusieurs raisons ont poussé Damien Chamberod à ne pas s’engager sur le Championnat de France de la Montagne en 2020. Le peu de courses inscrites au calendrier, la crise sanitaire due à la Covid-19, le budget nécessaire pour disputer un ’’mini-championnat’’… Ces différents paramètres incitaient Damien et son équipe à faire l’impasse pour concentrer leurs efforts sur 2021 : « Clairement, je voulais avant tout protéger mes parents », débute le pilote isérois. « A l’issue du confinement, la méconnaissance que nous avions de la pandémie incitait à prendre le maximum de précautions, et je ne voulais pas que mes parents soient exposés à la maladie. Ensuite, je me voyais mal solliciter des partenaires empêtrés dans la crise et qui étaient contraints de mettre des employés au chômage. De ce fait, risquer de grever un budget qui n’est pas extensible à merci pour disputer seulement trois courses ne nous apparaissait pas opportun, alors que nous souhaitions par la suite disputer l’intégralité du championnat. Il semblait plus raisonnable de conserver nos finances pour une saison 2021 qui s’annonçait âprement disputée. »

Sa Norma M20 FC évoluant en E2-SC ayant démontré sa compétitivité, Damien Chamberod conservait la voiture dans la configuration dont elle disposait en 2020. Il ne lui restait qu’à faire quelques tours de circuit pour confirmer que sa monture ne laissait pas apparaitre quelques défaillances : « Nous avons programmé deux séances d’essais que 15 tours chacune. La première sur le circuit du Laquais, à Champier, près de chez nous. Mais nous étions très limités par l’interdiction de dépasser un nombre de décibels, ce qui nous a obligé à adapter un second silencieux. Je ne pouvais même pas accélérer dans les lignes droites pour éviter un bruit trop perceptible. Je me suis donc contenté d’étudier les réactions de l’auto dans les virages. Par la suite, nous avons investi le circuit de Bresse où, là encore, nous avons limité les essais à une quinzaine de tours. Si on exclut les tours de chauffe, c’était vraiment la limite nécessaire pour me refamiliariser avec ma voiture. »

Pour un pilote aussi talentueux que Damien Chamberod, la réadaptation est souvent rapide. Sauf que, changement notoire, l’Isérois qui jusqu’alors disposait de pneus Avon, a fait le choix d’opter pour des Pirelli. Un changement de pneumatiques qui entraine nécessairement une acclimatation à de nouvelles données : « Compte tenu des nombreux paramètres dont il faut tenir compte, il était évident que nous manquions de roulage en essais avant de débuter la saison », analyse le pilote de la Norma.

En 2019, Damien Chamberod avait fait son entrée en lice à la mi-saison. L’isérois n’avait donc pris part qu’à cinq épreuves, mais avait fortement marqué les esprits en terminant à cinq reprises à la deuxième place. Des résultats qui laissaient présager que, pour cette saison 2021, il serait un des candidats au podium, voire au titre : « Nous savions que de nombreux pilotes, et pas des moindres, nous rejoignaient dans le groupe E2-SC. Sans parler de Geoffrey (Schatz), Fabien (Bourgeon) avait démontré en 2020 ce dont il était capable, Billy (Ritchen) arrivait avec une grosse auto, Cyrille (Frantz) était à nouveau de la partie, et s’il n’évolue pas en E2-SC, Kevin (Petit) reste un sérieux adversaire. Ça annonçait réellement une superbe saison. En ce qui me concerne, n’ayant pas roulé depuis presque un an et demi, j’avais espoir de terminer sur le podium du Championnat, car il apparaissait difficile de prétendre au titre. »

Tout premier succès sur le Championnat
Damien Chamberod ne pouvait rêver meilleur début de saison. Vainqueur de plusieurs épreuves régionales, l’Isérois n’avait jamais eu l’occasion d’inscrire une manche du Championnat de France de la Montagne à son palmarès. Une lacune qu’il allait combler dès l’ouverture des débats, à La Pommeraye, en imposant sa Norma huit dixièmes devant l’Osella de Cyrille Frantz : « C’est pour l’heure le plus beau souvenir depuis mes débuts en Course de Côte », avoue Damien. « Lorsque j’ai débuté en 2013, mon rêve le plus cher était de remporter une épreuve sur laquelle mon père s’était déjà imposé. Mais dans mon esprit, ça serait en régional, certainement pas sur une manche du Championnat de France. Et en régional, j’ai remporté deux courses, le Pilat et Donzy, que mon père n’avait jamais eu l’occasion de disputer. Sur les épreuves régionales qu’il a remportées, j’ai toujours terminé deuxième sans parvenir à me hisser sur la plus haute marche du podium. Et là, alors que je dispute mon tout premier championnat complet, que je découvre La Pommeraye, débuter par une victoire sur une épreuve que mon père à remporté 18 ans auparavant, ça restera un immense souvenir. »

Même si au final il accède au podium en terminant troisième, la Course de Côte de Vuillafans se présentera comme bien plus complexe à appréhender pour Damien Chamberod : « Samedi, je suis sorti lors des essais, et j’avoue que cela aura des conséquences pour la suite. Cette sortie, liée à un problème technique, affectera mon approche des épreuves suivantes. J’ai un peu perdu la confiance en la voiture, et je garde à l’esprit que l’on a un budget très serré. En ayant endommagé la lame et le capot avant, une biellette de direction et quelques autres pièces, cela représente vite une somme conséquente. Et je ne peux occulter que notre budget reste limité », confie l’Isérois.

« La météo a joué réellement en ma faveur à Vuillafans » reconnait Damien en toute honnêteté. « Je ne suis pas du tout dans le coup, je découvrais l’épreuve, et sur un tracé aussi étroit et rapide, ce n’était pas évident. Dans ces conditions, logiquement je ne pouvais pas prétendre mieux qu’à une cinquième ou sixième places. Et je dois mon résultat en partie à la pluie. »

Ce n’est pas en toute sérénité que Damien Chamberod se rendait à Dunières. On l’a vu, sa confiance était entamée, et il n’était donc pas évident de se lâcher sur un tracé auvergnat qui n’offre par toujours une parfaite adhérence : « Tout au long du week-end, j’ai pointé à la quatrième place, et je suis parvenu à détrôner Fabien du podium sur la toute dernière montée. Même si j’étais en retrait, ça reste une belle satisfaction d’avoir terminé au troisième rang. »

A Marchampt, Damien était une nouvelle fois en position de terminer sur le podium avant qu’un problème technique ne le fasse rétrograder au quatrième rang : « Pour 16 millièmes, c’est rageant tout de même », lâche-t-il en conservant son sourire. « C’est le scénario inverse de Vuillafans où Billy (Ritchen) était devant moi tout le week-end pour finalement terminer cinquième… Et là c’est lui qui me déloge du podium », explique Damien avant de revenir sur ses déboires : « En fait, le filtre du turbo s’est dévissé avant de se retourner et d’obturer l’entrée du turbo. Du coup je n’avais plus de puissance et j’ai dû m’arrêter. C’était un peu dur de voir passer les autres alors que j’étais dans le public, au milieu de gens hyper sympas qui m’avaient payé un coup à boire. Mais quand tu entends à la sono les chronos de tes adversaires et que tu sais qu’ils te passent devant, c’est très frustrant. »

Performance inattendue au Mont-Dore
Rendez-vous attendu par l’ensemble des animateurs du Championnat de France de la Montagne, le Mont-Dore sera le théâtre d’une superbe performance de Damien Chamberod, qui pourtant ne se faisait guère d’illusions à l’heure d’aborder cette épreuve : « N’étant pas spécialement en confiance, je redoutais le Mont-Dore qui est une course sur laquelle je n’ai pas vraiment un très bon feeling. J’ai dû disputer cette épreuve à trois ou quatre reprises, et je n’ai jamais pris réellement de plaisir sur ce tracé. Mais là ce fut une révélation. Je n’aurais jamais imaginé battre le record de Christian Merli. Ce fut un super moment. Après je suis réaliste, le record datait de 2017, et si Merli revenait au Mont-Dore, je pense qu’il ferait aussi bien si ce n’est mieux, mais c’est toujours très plaisant », confie Damien qui termine l’épreuve auvergnate à la deuxième place.

C’est sur son terrain, à Chamrousse, que Damien poursuivait sa saison et qu’il allait une nouvelle fois se hisser sur la deuxième marche du podium : « Ça n’était pas gagné d’avance, car sur la deuxième montée j’ai une vis du train arrière qui s’est desserrée, ce qui m’a fait partir en tête-à-queue sur un gros freinage. Ca me prive d’un temps et cela m’oblige à faire un excellent chrono sur la troisième montée. La pression était énorme, d’autant qu’un tête-à-queue ne met jamais en confiance et que j’avais énormément de proches qui étaient venus me voir sur cette épreuve à domicile. Quand tu passes la ligne d’arrivée et que l’on te dit que tu es deuxième, tu lâche un soupir de soulagement et tu es particulièrement content. »

Turckheim allait mettre en évidence un souci que jusqu’alors Damien semblait avoir occulté, celui du bon choix des pneumatiques : « A Chamrousse déjà j’avais le sentiment que le comportement de la voiture était un peu ’’flou’’. Certes je finis deuxième, mais je suis assez éloigné de Geoffrey (Schatz) alors que c’est à Chamrousse que je pensais être le plus près » Et le comportement erratique de l’auto allait se confirmer à Turckheim : « En fait à Chamrousse et à Turckheim, sur des tracés longs, nous pensions que le pneu ’’violet’’ de Pirelli n’était pas adapté. Nous avions donc opté pour des gommes ’’rouges’’, mais nous ne sommes jamais parvenus à les faire fonctionner correctement. Sur la dernière montée, je reprends des ’’violets’’ et même si je cale au départ tellement il y avait de grip, aux acquis on se rend compte que ça faisait un chrono en 2’23’’200, ce qui me mettait qu’à deux secondes de Geoffrey. Je peux donc avoir de gros regrets. »

Pour conclure la saison, à Limonest, Damien Chamberod allait signer une superbe performance en terminant au deuxième rang à seulement 1’’7 de Geoffrey Schatz : « J’avoue que je me suis mis énormément de pression. Je me présentais à Limonest en occupant la deuxième place du Championnat, mais la position de Vice-champion était loin d’être définitivement acquises. Fabien (Bourgeon) et Kevin (Petit) pouvaient toujours me passer devant. Et alors que je n’avais rien calculé jusqu’alors, je me suis mis à cogiter. Finalement la pression a été positive puisque le résultat est là. Quand j’ai passé la ligne d’arrivée à l’issue de la deuxième montée de course et que j’ai vu le chrono j’étais vraiment soulagé. »

Une victoire pour le Vice-champion de France
Même si cette saison 2021 est marquée par la réussite, Damien Chamberod ne peut cacher un énorme regret, celui de ne pas avoir participé aux FIA Hill Climb Masters : « Je voulais y aller » confie-t-il. « Geoffrey, Fabien, Kevin voulaient que nous montions une belle équipe, et j’avoue que j’étais très réceptif à leurs arguments. Mais après il y avait le problème du budget, et nous ne voulions pas, pour ce rendez-vous spécifique que sont les Masters, empiéter sur le budget de 2022. Même s’il y avait une énorme solidarité autour de moi pour m’apporter aide et soutien financier, mon entourage estimait que ce n’était pas raisonnable d’aller au Portugal… Ma femme est Portugaise, le public là-bas et chaud bouillant, la course est fabuleuse… Mais la raison est passée avant le cœur, et finalement ils m’ont dissuadé d’y aller et j’ai renoncé à m’y rendre. J’espère que les résultats de 2022 me prouveront que j’ai eu raison. »

Un premier succès sur une épreuve du Championnat de France de la Montagne et au final une place de Vice-champion de France, Damien Chamberod peut-être pleinement satisfait de sa saison qui démontre qu’il marche dans les pas de Bernard, son illustre père : « Mon père a été Vice-champion pendant 10 ans, et il a remporté le titre pour la première fois à 50 ans. Moi j’ai tout juste 40 ans, nous verrons ce que l’avenir me réserve » lâche Damien dans un immense éclat de rire. « Ca ne veut absolument rien dire, mais j’espère que je ne devrai pas attendre 10 ans si je dois connaitre à mon tour la consécration. »

A l’heure de tourner la page de sa première saison complète sur le Championnat de France de la Montagne, Damien Chamberod veut avoir une pensée pour tous ceux qui l’ont accompagné dans cette aventure : « Je voudrais remercier tout d’abord toute mon équipe, amis et famille, qui ont travaillé dur tout au long de la saison, afin que je sois toujours dans les meilleures conditions. Je remercie également tous ceux qui ont contribué à mettre à disposition une voiture au top, Emap Motors, Nova Proto, Atelier Chabord, Europe Carrosserie, Expo-K et Pirelli. Enfin un immense merci à tous nos partenaires, qui malgré une année difficile ont continué à nous soutenir, et sans eux rien ne serait possible : Entreprise BONIN TP, ADN Alpes Dauphiné Nettoyage, Isère Froid Climatisation, Transports Laffond, Jean Pierre Ruga, Jacky LOISEAU, Œil pour Œil Sassenage, Max Motorsport, D-Microns, INS, SARL SPIE, Grenoble Transmission GTM, Payants 38, Bernard truck, Sori, D.D Concept, La Collab, Caveau Quinard et Igol Lubrifiant. Un dernier mot pour vous remercier vous qui me soutenez au quotidien, sur les réseaux ou lors des week-ends de course, c’est un kiffe énorme et ça me pousse à me donner à 200%. Pour finir, félicitation à tous ceux qui se sont battus très dur pour que les épreuves aient lieu et offrir un magnifique Championnat ! »

Le souhait de Damien Chamberod est évidemment d’être au départ du Championnat en 2022, en s’alignant sur la totalité des manches inscrites au calendrier : « Je dois encore découvrir Hébécrevon et Saint Gouëno. Pour le reste, si l’opportunité se présente, je me verrai bien repartir au volant d’une auto de dernière génération bénéficiant des dernières évolutions. Mais pour l’heure, nous sommes à la recherche de budgets conséquents qui nous permettraient de faire un maximum d’essais préparatoires avant de débuter la saison. Il est très important d’aborder les premiers rendez-vous dans les meilleures conditions, et de ce fait les tests hivernaux sont primordiaux », conclut le Vice-champion de France.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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